French Collection #17
24 juin 2009[FRENCH] Les héros masqué existaient dans la littérature populaire bien avant les comics. Zorro a d’ailleurs en partie inspiré la création de Batman. Mais c’est avec la création des comics que les héros masqué connurent leur essor. Petit historique de The Clock, le premier héros masqué du comic field.
The Comics Magazine est le premier titre de ce qui deviendra Centaur Publications. Le titre sera rebaptiser Funny Pages au Vol. 1 n° 6. Ce numéro accueillait dans ses pages un personnage nommé The Clock, qui a l’honneur d’être le premier héros masqué en bandes dessinées. On ne parle pas encore de super héros, appellation qui sera inaugurée par Superman bien que certains historiens des Comics aiment à rappeler qu’avant la création de ce dernier, Dr. Occult portera un costume dans un des épisodes de sa série.
The Clock est donc le premier héros masqué en bandes dessinées, ce que la quasi-majorité des lecteurs de comics ignore, si tant est qu’ils connaissent le personnage (comme quoi ce titre n’est vraiment qu’honorifique). Le titre fut donc ravit à deux ans près au Crimson Avenger de DC Comics qui est un héros étrangement proche de par ses caractéristiques de The Clock.
La légende raconte également que The Clock inspirera ultérieurement un personnage bien plus populaire. La majorité du matériel de Quality, qui avait repris le personnage comme nous le verrons ultérieurement, était dessiné par le Will Eisner – S.M « Jerry » Iger studio. Will Eisner, qui ne s’entendait pas bien avec Iger, avait de très bon contact avec le patron de Quality, Everett M. « Busy » Arnold. C’est ce dernier qui lui présenta le représentant d’un journal qui souhaitait publier un Comic strip novateur dans leurs pages. Le représentant appréciait le personnage de The Clock publié par Quality, mais trouvait le dessin affreux. A l’inverse, d’autres travaux du studio Eisner – Iger lui plaisaient beaucoup en termes de dessin mais pas de personnage. Will Eisner reviendra un peu plus tard avec un projet qui combinait les aspects des deux séries et qui deviendra Will Eisner’s Spirit. Au-delà de ces faits, il est intéressant de s’attarder un peu plus sur le devenir de ce personnage. Outre le fait qu’il sera un des héros le plus populaires de Centaur Publications l’histoire ultérieure de The Clock est intéressante.
Le personnage apparut dans les numéros de Funny Pages jusqu’au Vol. 1 n° 11 de juin 1937. Il apparaît également dans les Vol. 1 n° 1 et 2 de Funny Picture Stories et dans les numéros 2 et 5 de Detective Picture Stories. En 1938 après avoir racheté Comics Magazine, Centaur Publications rééditera les deux épisodes de The Clock parus dans Funny Picture Stories dans les numéros 8 et 9 de Keen Detective Funnies en 1938 soit après la réapparition du personnage chez Quality. Car entre temps l’éditeur (qui à cette époque s’appelait Ultem) avait vendu le personnage à Quality Comics avec visiblement l’accord de son créateur George Brenner. Car les nouveaux épisodes publiés chez Quality sont créés par l’artiste. Visiblement les rééditions de deux épisodes par Centaur Publications n’entraîna aucune réaction de Quality. Mais comme il s’agissait d’épisodes antérieurs peut être n’a t’elle pas voulu intenter un procès ou peut être l’accord prévoyait il cette possibilité.
Toujours est-il que le personnage réapparaît dans le numéro 3 de Feature Funnies de Quality sous la plume de George Brenner qui assure aussi bien le scénario que les dessins et l’encrage. La série continuera jusqu’au numéro 20 qui est le dernier du magazine sous ce titre. Devenu Feature Comics au numéro 21 le magazine continuera d’accueillir le personnage jusqu’au numéro 31. Il est ensuite au sommaire du magazine Crack Comics jusqu’au numéro 35. Lorsque Quality, elle-même en cessation, vendit son portefeuille de droits d’exploitation à DC Comics, The Clock en faisait naturellement partie.
Mais l’histoire de The Clock ne s’arrête pas là. En effet en 1992 Malibu a réutilisé les vieux personnages de Centaur Publications qu’il considère tombés dans le domaine public pour créer la série The Protectors (qui durera 20 numéros jusqu’à ce que Malibu soit rachetée par Marvel Comics). Au sein de la série The Protectors le personnage de Brian O’Brien est présenté comme le président des Etats Unis et ne possède pas d’identité secrète. Il possède cependant de nombreuses amitiés parmi le milieu des super-héros qui laissent supposer qu’il les a beaucoup côtoyés. Or Brian O’Brien est l’identité secrète originelle de The Clock et l’on peut affirmer qu’il s’agit donc bien du même personnage qui a abandonné son identité secrète. Cette situation permet donc d’éviter d’éventuelles poursuites judiciaires avec DC Comics à qui appartient « légalement » tout en utilisant le personnage. Le personnage apparaîtra en « situation » dans un panel de flashback au coté de Miss Fury (un personnage hors continuité Centaur mais libre de droit auquel Malibu avait déjà consacré une mini-série).
Bien que le personnage ne soit jamais physiquement réapparu dans la continuité DC Comics, il en est fait mention. The Shade (le vieil ennemi du Flash du golden age) mentionne dans son journal que contrairement à ce que beaucoup pense The Clock n’est pas mort en 1944 mais est resté actif à Chicago (Starman #20).
The Clock ne possède aucun super-pouvoir. Il s’agit de Brian O’Brien, un jeune homme de la bonne société, qui occupait précédemment la fonction de District Atorney. Il opère en costume de soirée et porte un foulard en guise de masque. Ultérieurement, il utilisera un loup. Très bon athlète, il porte aussi sur lui deux colts 45 peacemaker. Enfin, il laisse une carte de visite marqué « The Clock Has Struck » après ses exploits.
Lors de la réécriture du personnage dans Crack Comics #1, The Clock rencontre Pat « Pug » Brady, un vagabond qui essaye de lui voler sa montre. Il se prend d’amitié pour celui qui a été champion de boxe poids lourd à la faculté et arrière de football américain de l’équipe nationale américaine pendant sa dernière année d’université. Pug a ensuite intégré l’entreprise de commerce de son père. Un jour, un de leur concurrent qui avait perdu à contrat à leur profit est venu à leur bureau. L’homme ruiné par cette perte a menacé de tuer son père et Pug l’a défendu arme au poing. L’homme étant mort de ses blessures il fut poursuivit mais acquitté. Entre temps son père était mort de chagrin et les affaires avaient périclitées. Après le procès, toutes les portes se fermèrent devant lui et il devint un vagabond. Pug l’aidera a arrêté The Big Shot et découvrira son identité secrète. Les deux hommes feront alors équipe, le fait que une fois lavé et rasé ressemble comme un jumeau à Brian O’Brien n’est est sans doute pas étranger. Pug disparaît dans Crack Comics #21, remplacé par une jeune orpheline appelé Butch.
Le personnage apparaîtra en France après guerre dans deux fascicules de la Collection Fantôme 1ère série (non numérotée) des Editions Mondiales. « Le masque rouge » est la traduction de l’épisode de Crack Comics #1 et bien que The Clock porte un masque rouge sur la couverture il n’en est rien à l’intérieur de ce fascicule. « Masque noir » traduit l’épisode de Crack Comics #2 dans lequel The Clock rencontre une nouvelle fois The Orchid, une mystérieuse aventurière qui connaît son identité secrète.
Seulement deux petites apparitions françaises pour le premier héros masqué du comic field, malheureusement pendant sa période Quality, mais qui méritaient d’être soulevées.
[Jean-Michel Ferragatti]
Merci, pour ce retour aux sources du héros masqué!Encore un article bien intéressant sur l’histoire des comics et de ses personnages!