French Collection #173

[FRENCH] Cette semaine, nous continuons nos explorations marveliennes prè-Lug des deux côtés de l’Atlantique avec la pierre angulaire de l’univers Marvel et qui deviendra le quatuor le plus connu de l’univers des comics de super-héros. Comme nous l’avons vu dans French Collection #170, les Editions Planète publièrent en 1968 un volume d’Anthologie Planète intitulé Les chefs d’œuvres de la bande dessinée. En plus de Spider-Man, le volume contenait une autre série de la continuité super-héroïque moderne de l’univers Marvel.

Car si Spider-Man était devenu la série la plus populaire de l’éditeur américain, elle n’était pas celle qui avait inauguré sa renaissance. Les chefs d’œuvre de la bande dessinée ne pouvaient donc pas ne pas publier un extrait de la série des Fantastic Four. Et pas n’importe quel extrait puisqu’il s’agit de quelques pages en couleur de The Starling Saga of the Silver Surfer!

Car aussi original qu’aient été les dessins de Steve Ditko sur Spider-Man, tous les lecteurs de Les chefs d’œuvre de la bande dessinée de l’époque restèrent marqués par la puissance graphique des quelques pages dues à Jack « King » Kirby sur cet épisode devenu mythique par l’introduction de The Silver Surfer, Galactus & Uatu The Watcher.

Il faut dire qu’il s’agit d’un épisode très mature puisqu’il s’agit du Fantastic Four (1961 Series) #50 et que les thèmes et le dessin de Kirby avaient évolués bien loin des premières aventures du quatuor qui étaient inspirées de celles des Challengers of the Unknown qu’il avait créé chez DC Comics (cf. French Collection #88).

Vous pourrez néanmoins remarquer sur le scan le travail des Editions Planète qui ont juste traduit et lettré les bulles de dialogues et captions primordiales et pas tous les titres et crédits.

L’approche des Editions Planète sera ensuite reprise, même si je pense que les responsables éditoriaux n’étaient sans doute pas informés de l’existence du volume d’Anthologie Planète Les chefs d’œuvre de la bande dessinée, par les éditions Héritage quelques mois plus tard.

En effet avec L’incroyable Hulk & L’étonnant Spider-Man, les Fantastic Four sera la troisième série Marvel traduit en français dans la belle province du Québec. Il est à remarquer que malgré le nationalisme viscéral de nos cousins québécois le nom du comic n’a pas été traduit, ceci alors même qu’à la télévision la série animée s’intitulait Les quatre amis fantastiques. Par contre l’accroche américaine The World’s Greatest Comic Magazine! a elle été traduite par un « Le plus fabuleux des comiques » un peu hasardeux.

Au-delà de cette accroche, la couverture de Fantastic Four n° 1 met en avant comme Les chefs d’œuvre de la bande dessinée la présence de The Silver Surfer & Galactus en plus du quatuor vedette de la série. Et ceci sans doute en partie pour les mêmes raisons de maturité tant scénaristique que graphique. L’épisode est cependant plus tardif puisqu’il s’agit de Fantastic Four (1961 Series) #77.

Comme pour la série L’incroyable Hulk (cf. French Collection #172), le format papier en couleur sera éphémère puisque dès le numéro 2 Fantastic Four optera pour le format canadien classique des « Whites » (couverture couleur sur papier pelliculé mais intérieur N & B sur papier de faible qualité).

Nous pouvons remarquer que la stratégie des éditions Héritage fut très différente de celle des éditions Lug. En effet, Lug portera toujours une vision plus « luxueuse » des Fantastic Four et en tout cas privilégiera la couleur dès que cela était possible. Seules les contraintes de la censure auront raison de la couleur pour un bref laps de temps. Deuxièmement contrairement aux éditions Héritage, Lug abordera la série de manière chronologique en publiant les premiers épisodes et non pas ceux plus « sensationnels » d’un Kirby dans sa période cosmique.

Comme nous l’avons déjà indiqué dans nos précédentes chroniques, les parutions Héritage se caractérisent par un caractère pérenne et beaucoup plus cohérent que leur homologues françaises. Les Fantastic Four durera en solo 162 numéros (pour 115 fascicules) et continuera encore en back-up de la série L’étonnant Spider-Man. La série ayant été publié de manière assez constante en France, rares sont les épisodes que le lecteur français n’a pas lu. Néanmoins l’épisode « Where Treads the Living Totem » publiée dans Fantastic Four (1961 Series) #80 à été traduit dans Fantastic Four n° 2 par les éditions Héritage alors qu’il faudra attendre 2009 et le tome sept de L’intégrale des Fantastic Four chez Panini pour le découvrir en France (mais en couleur).

La vraie différence fut le rythme de parution. Si Fantastic Four n° 1 des éditions Héritage fut bien publié en septembre 1968 il faudra attendre presque deux ans au lecteur canadien pour voir apparaître le numéro 2 et son changement de format. Mais à partir de là, le rythme de publication sera très régulier. Mensuel pour le format classique de 32 pages appelés numéros simples puis le rythme de parution devient bi-mensuel (une fois tous les deux mois) au début de l’année 1978. Le format passe alors à 64 pages pour ce qui est appelés numéros doubles.

En France, après les épisodes Fantask 1ère série & Marvel 1ère série (sur lesquels nous reviendrons dans un prochain French Collection) les aventures des Fantastic Four ne seront plus publiés qu’en album prestige moins soumis à la commission de surveillance et sa censure. La fin de l’année 1979 verra la traduction en France de Fantastic Four (1961 Series) #118 alors qu’à la même date le lecteur québécois lisait la traduction de Fantastic Four (1961 Series) #211 dans Fantastic Four n° 101 / 102.

La popularité des Fantastic Four aura sans doute beaucoup pâtie de ce retard chronique de traduction qui était même devenu un sujet de plaisanterie chez les fans. A l’inverse, les Fantastic Four furent une des plus longues séries des éditions Héritage et resta très populaire.

Au-delà de la fidélité aux épisodes américains qui est moins sensible que sur les autre séries Marvel traduites en France (par Lug comme Artima – Arédit) à la fois sur le format et les retouches, la vraie marque de différence entre les séries françaises et canadiennes est que les lecteurs québécois ont lu les aventures de leur héros favoris au même rythme que les lecteurs américains.

Les promesses qu’avait apporté la publication Les chefs d’œuvre de la bande dessinée aux lecteurs françaises ne seraient tenus qu’avec parcimonie. Les Fantastic Four ne furent d’ailleurs pas les seuls dans ce cas comme nous le verrons dans notre prochaine chronique.

[Jean-Michel Ferragatti]

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