French Collection #184
18 décembre 2012[FRENCH] Cette semaine, nous allons revenir comme promis sur l’un des deux adversaires de Flash [Barry Allen] qui avaient organisé la deuxième course contre Superman en se faisant passer pour Rokk & Sorban. Le personnage d’Abra Kadabra (ultérieurement renommé Citizen Abra) est apparu pour la première fois dans Flash #128 (1959 Series) sous la plume de John Broome & Carmine Infantino.
Abra est un citoyen de la Terre du 64e siècle passionné de prestidigitation (stage magician). Malheureusement pour lui, ce genre de spectacle ne recueille plus aucun succès. En effet, la société du 64e siècle est arrivée à un tel stade de développement que la science permet de réaliser tours véritablement magique et que les spectateurs ont perdus le gout du merveilleux.
Abra est donc un nostalgique des anciens temps où son talent aurait été reconnu. Il est également devenu dépressif du fait de l’absence d’applaudissement et doit se contenter d’enregistrements sonores pour satisfaire ce qui est devenu un besoin compulsif.
C’est à ce moment, qu’il apprend que des scientifiques ont construit une machine à voyager dans le temps. Malheureusement, le combustible qui l’alimente est extrêmement rare et seul un voyage sera possible. A ce stade de l’épisode, les habitués de l’univers DC Comics doivent se poser des questions. En effet, le voyage temporel est assez classique dans la super-continuité de l’époque. Batman [Bruce Wayne] & Robin [Dick Grayson] l’utilisent (le plus souvent à leur corps défendant], Atom [Ray Palmer] également mais surtout les membres de la Legion of Super-Heros le maitrise parfaitement alors qu’ils ne sont « que » du 30e siècle !
Il faudra donc en déduire qu’entre le 30e siècle et le 64e siècle la technologie a été perdu. Ce point bien que paraissant anecdotique est intéressant et nous le développerons dans plusieurs chroniques à venir.
Quoiqu’il en soit, Abra se rend au laboratoire des scientifiques et vole la machine en les hypnotisant avec sa broche. Arrivé au XXe siècle, Abra se lance dans une série de démonstration afin de recueillir des fonds lui permettant de réaliser son rêve. Il organise un spectacle de magie. Malheureusement, ce jour-là personne ne vient car il y a un match de baseball. Dépité, Abra trouve selon lui une idée géniale pour devenir célèbre.
Comme les journaux sont pleins des exploits de Flash [Barry Allen] il en déduit que le meilleur moyen d’obtenir une audience est de dérober des objets. Il vole donc une statue en pleine inauguration puis oblige les spectateurs à l’applaudir grâce à sa broche hypnotisante. Barry Allen qui est présent en subi lui aussi les effets et ne s’interpose pas.
Il le fera la deuxième fois mais sera neutralisé par Abra qui le force à l’applaudir. A leur troisième rencontre, le magicien du futur transforme même Flash [Barry Allen] en projectile et l’expédie dans l’espace. Il réussira bien entendu à revenir et envoyer Abra Kadabra dans une prison du XXe siècle. Dans son apparition suivante, Abra Kadabra réussit à sortir de prison en utilisant des récipients de cuisine pour hypnotiser le gouverneur de Central City. Ne voulant surtout pas retourner en prison, Abra Kadabra décide de monter un spectacle de marionnette ridiculisant Flash [Barry Allen]. Le spectacle sur le principe d’un guignol a du succès mais rapidement décline car il peine à se renouveler.
Abra Kadabra fait porter cet échec à Flash [Barry Allen] et réussit à le transformer en marionnette de bois grâce à sa super-technologie. Mais il a fait l’erreur de ne pas transformer son cerveau de manière à ce qu’il ait conscience de son humiliation.
Ayant un contrôle total des molécules de son corps, Flash [Barry Allen] réussit à reprendre le contrôle de lui-même et à vaincre le magicien du 64e siècle une nouvelle fois. A partir de ce moment-là, Abra Kadabra agit par vengeance.
Lors de leur rencontre suivante, il transmet ses « pouvoirs magiques » à Flash [Barry Allen] qui se retrouve impuissant à les contrôler et incapable de combattre le crime.
Le scénario de cet épisode est d’ailleurs assez illogique. En effet, pour transmettre des « pouvoirs magiques » encore faudrait-il qu’Abra Kadabra en possède ce qui n’est pas le cas comme nous le savons. Cet épisode atypique ayant été écrit par Gardner Fox, il est possible qu’il n’est pas maitrisé les fondamentaux du personnage.
Mais l’interaction de Flash [Barry Allen] avec le caractère magique des pouvoirs d’Abra Kadabra est de toute façon un peu flottante. En effet, Abra Kadabra indique plusieurs fois que ses pouvoirs magiques viennent du 64e siècle sans que Flash [Barry Allen] ait vraiment l’air de comprendre qu’il s’agit en fait d’appareil technologique.
Mais durant toutes ses aventures, Abra Kadabra est resté au XXe siècle. L’épisode suivant nous le montre de retour dans son 64e siècle. Les autorités ont instauré une règle obligeant les citoyens à applaudir Abra Kadabra dès qu’il le voit espérant ainsi traiter son besoin compulsif et l’empêcher de retourner dans le passé.
Mais son mobile est devenu la vengeance et non plus la reconnaissance. Il va donc se substitué à Flash [Barry Allen] au XXe siècle tout en faisant croire qu’il l’a tué au 64e siècle. C’est donc Flash [Barry Allen] qui est emprisonné pour son meurtre. Mais Abra Kadabra apparaît sur Earth-2 et se trouve confronté à Flash [Jay Garrick]. Les deux Scarlet Speedsters parviennent à le livrer une nouvelle fois à la justice de son temps et il est cette fois emprisonné.
Son apparition suivante donnera lieu à une réunion de justicier puisqu’il affrontera en même temps ses deux anciens ennemis Flash [Barry Allen] & Flash [Jay Garrick] mais également Dr. Fate [Kent Nelson] (French Collection #143) & Dr. Mid-Nite [Charles McNider] (French Collection #30). Et jusque dans cet épisode, il semble que le caractère magique des pouvoirs d’Abra Kadabra soit incertain pour les super-héros de la continuité super-héroïque de DC Comics puisque Dr. Fate [Kent Nelson] s’étonne que ses propres pouvoirs magiques n’est pas neutralisés ceux d’Abra Kadabra.
Comprenant qu’il n’y arriverait pas par des moyens conventionnels, Abra Kadabra élaborera un plan très complexe pour neutraliser Flash [Barry Allen]. Il l’immobilisera dans une clinique et lui fera croire que sa vie de super-héros est en réalité le fantasme de l’infirme qu’il est devenu suite à l’impact de l’éclair dans sa première aventure. Mais il fera une erreur dans son illusion en faisant apparaître le Reverse Flash [Eobard Thawne] dans ses « rêves ». Si Flash n’existe pas il ne peut donc exister de Reverse Flash. Barry se délivre donc et arrête une nouvelle fois Abra Kadabra.
Mais le motif du Professor Zoom / Reverse Flash [Eobard Thawne] va continuer à marquer sa carrière. En effet, dans le story arc Trial of Flash, Abra Kadabra va usurper l’identité du Professor Zoom pour faire accuser Flash [Barry Allen] du meurtre du vrai Professor Zoom. Afin de se disculper, Flash [Barry Allen] va se rendre au XXVe siècle (le siècle de résidence d’Eobard Thawne) et comprendre que son véritable ennemi qu’il ira ensuite combattre au 64e siècle. Tout cela grâce à son Cosmic Treadmill (un tapis de course cosmique qui lui permet de dépasser la vitesse de la lumière et de voyager dans le futur). Mais, sur place il est capturé et ne devra sa sauvegarde qu’aux Rogues (une équipe de super-vilain qui ont en commun d’avoir Flash [Barry Allen] comme adversaire). Suite à cet épisode, Flash [Barry Allen] trouvera la mort dans la mini-série Crisis on Infinite Earths et toute la continuité super-héroïque de DC Comics sera bouleversée tout comme l’histoire d’Abra Kadabra.
En France, Abra Kadabra apparaît tout d’abord dans Superman et Batman & Robin 1ère série n° 14 à une époque ou visiblement Sagédition avait décidé de se « diversifier » un peu. Les lecteurs ont sans doute été un peu perdu par ce personnage qui a l’air de bien connaître Flash (il s’agit de leur troisième rencontre) alors qu’ils le découvrent. Mais ses autres exploits seront plus classiquement (et chronologiquement) rapportés dans les numéros de Flash 1ère série (époque Pop Magazine ou Collection Cosmos) chez Artima – Arédit. Cependant, comme nous le verrons dans notre prochaine chronique, son « association » avec l’image du Professor Zoom [Eobard Thawne] ne s’arrête pas là.
[Jean-Michel Ferragatti]