William Cook et John Mahon sont d’anciens employés de National Allied Publications, alors propriété du Major Malcolm Wheeler-Nicholson (qui fusionnera ultérieurement avec Detective Comics et All-American Publications). Ils sont mécontents de leurs conditions de travail au sein de National et décident de partir pour créer une maison d’édition qui deviendra Centaur Publications après plusieurs opérations de concentration (avec pour mémoire Star Comics, qui appartient à Harry « A » Chesler, et Ultem Publications).
Pour la production de ses magazines, Centaur fait appel à des artistes internes ou freelance ainsi qu’à des sociétés spécialisées comme le Harry « A » Chesler studio et le Will Eisner – S. M « Jerry » Iger studio. C’est ainsi que de très nombreux artistes qui deviendront des noms connus de la profession verront leurs travaux publiés dans un des magazines de Centaur. Nous pouvons citer pour mémoire George Brenner, Bill Everett, Paul Gustavson, Bob Kane, Tarpe Mills, Basil Wolverton, Ben Thompson, et Jack Binder. Il faut rajouter à ce vade-mecum les noms de Jerry Siegel et Joe Shuster qui publieront notamment un épisode de Dr. Mystic chez Centaur. Le personnage sera rebaptisé Dr. Occult dans les pages de More Fun et est considéré comme l’un des premiers personnages de la continuité de super héros de DC Comics. Centaur est un éditeur novateur et sera le premier à publier des Comics consacrés à un thème unique. Il s’agit de Detective Picture Stories (décembre 1936) bientôt suivit par Western Picture Stories et Funny Picture Stories. Il peut également s’enorgueillir d’avoir publié en premier The Clock, le premier héros masqué des comics, devançant de près de deux ans Crimson Avenger de DC Comics. En 1939, suite au formidable succès d’Action Comics et de Superman, Centaur décide de lancer un magazine consacré au genre super-héroïque. Il s’agira d’Amazing Man Comics qui débute au #5. Le héros éponyme est dessiné par Bill Everett qui quittera rapidement la société avec certains de ses cadres pour fonder Funnies Inc qui deviendra le studio responsable de la création de Marvel Comics.
Comme beaucoup de personnages de Centaur, Masked Marvel ne possède pas d’identité secrète et consacre tout son temps à combattre le crime. Il s’agit plutôt d’un émule de Doc Savage que de Superman. Il possède une base secrète au sommet d’une montagne (l’équivalent de la forteresse de la solitude de l’homme de bronze, gimmick qui sera intégré au mythe de Superman pendant le silver age) dans laquelle il met au point de nombreux gadgets et appareils. On peut citer pour mémoire des avions ultramodernes à long rayon d’action et des appareils de vision à distance précurseurs de la télévision. De plus, il fait équipe avec trois coéquipiers mystérieux appelés ZR, ZY et ZL (ce dernier mourra d’ailleurs un peu dans l’indifférence générale dans un des premiers épisodes).
Bien que très connu pendant la fin des années trente et le début des années quarante Centaur Publications disparu complètement en 1942, visiblement à cause de problème de distribution (problématiques qui ont faillit tuer Marvel dans la fin des années cinquante). Michael Chambon y fera allusion dans son roman « Les aventures extraordinaires de Kavalier et Clay ».
Cette disparition prématurée occasionna un manque de visibilité de l’éditeur chez les premiers membres du fandom américain. Ce n’est qu’avec la publication des deux tomes du Gerber Photo-Journal, qui comportait nombres de couvertures des Comics de Centaur, que quelques collectionneurs s’intéressèrent véritablement à cet éditeur. Ce regain d’intérêt amena de nombreuses découvertes sur l’histoire de l’éditeur et de ses artistes, magazines et personnages.
C’est ainsi qu’au début des années 1990, l’éditeur Malibu repris à son compte la quasi-intégralité des personnages de Centaur dans le titre The Protectors ainsi que plusieurs spin-off. Cette ligne éditoriale sera assez rapidement abandonnée au profit de l’Ultra-verse et ceci avant la faillite de Malibu et son rachat par Marvel.
Ce que bien peu de spécialistes de Centaur savent, c’est que de nombreuses aventures de héros de Centaur, dont Masked Marvel, ont été traduites en France pendant les années quarante. Le personnage est tout d’abord apparut dans les pages de l’hebdomadaire L’Aventureux au numéro 6 de 1940 (comme la plupart des journaux illustrés pour la jeunesse de l’époque L’Aventureux utilisaient un système de millésime et recommençaient sa numérotation au numéro un tous les ans) daté du 11 février 1940.
Il faudra ensuite attendre mars 1945 pour voir réapparaître Masked Marvel en Récit Complet dans la Collection Fantôme 1ère série (non numérotée) des Editions Mondiales pour des rééditions mais aussi des aventures inédites. Les problèmes de traduction que nous avons évoqués dans French Collection #1 frapperont également le personnage qui sera baptisé indifféremment L’homme prodigue, L’homme masqué ou L’homme d’acier (surnom attitré à l’époque à Steel Sterling de l’éditeur MLJ et pas encore à Superman).
Au total, dix épisodes au minimum de ce héros ont été publiés en France (dont sa première apparition), ce qui en fera l’un des super-héros les plus visible en France avant 1949. Plutôt honorable pour un personnage inconnu de la plupart des lecteurs de comics français et américains.
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