French Collection #20

[FRENCH] Le comic field regorge de personnages ayant eu une existence très brève où qui sont tombés dans l’oubli après une carrière de second plan. La chronique d’aujourd’hui revient sur les apparitions aux États Unis comme en France d’un certain Red Torpedo, de l’éditeur Quality.

Nous avons déjà évoqué deux fois le titre Crack Comics de l’éditeur Quality. La première pour parler de l’origine de Black Condor (French Collection #11) et la seconde lors de la reprise du personnage de The Clock par l’éditeur (French Collection #17). Mais le titre comporte le premier épisode de nombreuses autres séries dont l’une d’entre elle nous intéresse plus particulièrement. Il s’agit de Red Torpedo. Créé par l’artiste Henry Kiefer aux crayons (dessin et encrage) et sans doute aux scénarios (le crédit est incertain) il s’agit d’un super-héros que nous qualifierons de « spécialité ».

[book id=’104′ /]

Capitaine de l’US Navy, Jim Lockhart est visiblement un ingénieur de formation. Il propose en effet au Captain Wells, son supérieur, de mettre en chantier un submersible révolutionnaire manœuvrable par un seul homme. Mais le projet est trop novateur pour sa hiérarchie qui refuse de débloquer les crédits nécessaire. Face à ce refus, le capitaine Lockhart démissionne et entreprend de construire son prototype en secret. Sa fiancée, Meg, l’aide dans son projet. Après quelques essais, le submersible est opérationnel. Et très rapidement, Jim Lockhart utilise son submersible en forme de torpille pour couler les bateaux des forces de l’Axe en les éperonnant au moyen de son étrave en forme de foreuse. Les marins ennemis lui donnent le surnom de Red Torpedo à cause de la couleur et de la forme de son appareil.

Cette chronologie est intéressante car Crack Comics #1 est publié en mai 1940, soit presque deux ans avant l’entrée en guerre des États Unis (en décembre 1941 après l’attaque de Pearl Harbor). Red Torpedo est donc l’un des premiers super-héros à combattre les forces de l’Axe. Mais afin d’éviter tous problèmes diplomatiques, les pays de l’Axe sont qualifiés de « Pays barbare » même si les uniformes et le physique de leur « glorieux leader » ne laissent aucun doute.

Pendant ce temps, l’Europe est à feu et à sang et de nombreux réfugiés demandent l’asile dans les consulats américains. Bien que le pays ne sont pas entrée en guerre, il décide d’organiser un convoi humanitaire afin de rapatrier les malheureux en Amérique. Les dirigeants nazis décident de profiter cette l’opération pour provoquer les États Unis et les forcer à rentrer en guerre. Red Torpedo intervient et coule le sous-marin ennemi chargé de cette base besogne. Il monte ensuite à bord du navire de réfugié pour s’entretenir avec le capitaine. Une fois de retour en Amérique, celui-ci raconte son « aventure » à son vieil ami le Captain Wells qui commence à soupçonner que Jim Lockhart et Red Torpedo sont la seule et même personne.

En Allemagne, Hitler ordonne la construction d’un navire indestructible afin de détruire Red Torpedo (le pilote et le navire sont tellement associés l’un à l’autre qu’il porte le même nom). Un monstre flottant est construit et lâché dans les mers nordiques où il laisse un sillage de feu et de sang. En apprenant ses sinistres exploits, Red Torpedo décide de couler ce géant des mers. Une fois dans les eaux de l’Arctique il utilise sa foreuse pour briser la banquise et enfermé son adversaire dans un carcan de glace. Il monte ensuite discrètement à bord et surprend une conversation entre les officiers du navire géant. Son seul point faible se trouve à l’aplomb de la proue du navire et donc inaccessible à tous les sous-marins. Surpris, Red Torpedo est poursuivi sur la banquise et considéré comme mort après un plongeon dans les eaux glacées. Mais son costume est visiblement étanche et il parvient à rejoindre son submersible. Il utilise un instrument de levage afin de positionner son navire dans une position inclinée. Le sous-marin s’enfonce dans les profondeurs quasiment à la verticale avant de remonter encore une fois à la verticale. Il transperce le navire nazi de part en part juste sur son point faible et repars combattre d’autres ennemis de la liberté.

Suite à cette première aventure, Red Torpedo reviendra pendant dix numéros et ses aventures s’arrêteront au numéro 20 de Crack Comics. Comme beaucoup de héros trop spécialisés ses aventures pêcheront par manque d’originalité. C’est ainsi que son seul adversaire récurrent sera un pirate nommé The Black Shark. Tout au long de ses aventures, nous découvrons que son submersible est aussi capable de voler et de lancer un rayon d’énergie. Red Torpedo découvrira même Merrezonia, une civilisation sous-marine. Pour ce faire, il utilise un scaphandre lui permettant de plonger à de grandes profondeurs. Il est visiblement remplacé par Hack O’Hara une bande d’aventure mettant en scène un taxi new-yorkais qui lui perdurera jusqu’à la fin du titre.

C’est sans doute cette disparition prématurée ainsi que son utilisation compliquée qui l’empêchera de faire partie du revival de la continuité Quality lors de son rachat par DC Comics. Il n’est cependant pas le seul super-héros de Quality à connaître ce sort. C’est même plutôt l’inverse qui se produit puisque seuls quelques personnages de Quality sont utilisés par DC Comics dans la série Freedom Fighters. Les autres sont censés être partis en 1941 sur Earth X pour combattre les nazis qui ont gagnés la guerre sur cette terre parallèle (dédiée aux personnages de Quality) du fait de l’absence de super-héros.

Cependant, quelques autres personnages de Quality seront utilisés dans la série All-Star Squadron de Roy Thomas où quasiment tous les personnages du golden age de DC Comics, et des éditeurs rachetés par ce dernier, sont aperçus. Red Torpedo ne fait malheureusement pas partie du lot. Il sera expliqué ultérieurement qu’à l’été 1941 Uncle Sam lance une première mission d’assistance à destination de Earth X avec Hourman, Invisible Hood, Magno, Miss America, Neon the Unknown et Red Torpedo (Midnight and Doll Man sont aussi du voyage mais involontairement et séparés de l’équipe principale). Sous le nom des Freedom Fighters, l’équipe principale essaye de stopper l’attaque japonaise sur Pearl Harbor. Mais c’est un échec et tous les membres de l’équipe sont tués (All-Star Squadron #32) sauf Uncle Sam qui repars sur Earth 2 avec Midnight and Doll Man qui ont pendant ce temps aidés la résistance française à Paris. Il repars ensuite avec Doll Man, Black Condor, Human Bomb, Phantom Lady, The Ray et Red Bee.. Ce dernier est tué au combat alors que corrélativement Hourman revient à la vie. Red Torpedo reste lui décédé jusqu’à Crisis in Infinite Earth.

Dans la continuité post-Crisis in Infinte Earth, Red Torpedo est toujours membres de l’équipe des Freedom Fighters qui essaye aussi de stopper l’attaque japonaise sur Pearl Harbor. Mais cette fois, Red Torpedo n’est que réputé décédé. Il est en fait capturé par l’armée japonaise et passe le reste de la guerre comme prisonnier. Il refait surface en 1951 pour construire « The Flying Star », un vaisseau spatial pour le compte du Doctor Mid-Nite I qui assumait à cette époque le rôle de Starman II. Plus récemment, il a été aperçu dans la série Aquaman: Sword of Atlantis comme administrateur du Windward Home. A noter que DC est en train de lui préparer une sorte d’hommage puisque de la même manière que l’androïde Red Tornado doit son nom à une héroïne des années 40 (membre de la Justice Society), les previews de DC montrent que Red Tornado se découvrira prochainement une sorte de famille composée d’autres êtres artificiels, y compris une certaine Red Torpedo dont le nom est à l’évidence un clin d’œil.

En France, Red Torpedo ne sera publié qu’une seule fois dans le fascicule « La Torpille Rouge » dans la Collection Fantôme 1ère série (non numérotée) en septembre 1945. Il s’agit de la traduction de l’épisode publié dans Crack Comics #1 qui restera malheureusement unique. Ce personnage méconnu méritait bien une petite chronique.

[Jean-Michel Ferragatti]
Comic Box

Le magazine des cultures comics

Recent Posts

Review : Venom : The Last Dance

Après deux volets ayant conquis le box-office sans pour autant séduire la critique, Venom :…

3 semaines ago

Review : Christopher Reeve, le Superman éternel

Hasard du calendrier, Christopher Reeve fait l'objet de deux documentaires en ce mois d'octobre. Le…

4 semaines ago

Review : Super/Man : L’Histoire de Christopher Reeve

Le documentaire Super/Man : L'Histoire de Christopher Reeve plonge au cœur de la vie de…

1 mois ago

Marvel Studios’Thunderbolts* : premier trailer

Pour bien commencer la semaine, Marvel Studios nous présentent les premières images de Thunderbolts*, prévu…

2 mois ago

Review : The Penguin – Saison 1

La série The Penguin s’inscrit dans l’univers sombre et corrompu du Gotham City, mis en…

2 mois ago

Review : Agatha All Along – Episodes 1 à 4

Qui l'aurait cru ? La sorcière Agatha Harkness, ennemie de la Sorcière Rouge dans la…

2 mois ago