French Collection #238

[FRENCH] Cette semaine, retour sur la série fondatrice du Modern Marvel Age avec un épisode quasi-inconnu en France pour « oubli » de publication par l’éditeur lyonnais Lug. Après avoir vaincu Galactus en allant récupérer l’Ultimate Nullifer, The Human Torch [Johnny Storm] se présente au Metro College ou il s’est inscrit en première année de faculté. Il y rencontre Wyatt Wingfoot, un autre qui deviendra son « coturne » et un ami fidèle de Fantastic Four Family.

Plus grand et sans doute plus athlétique que ne l’était Ben Grimm dans sa jeunesse, Wyatt Wingfoot est originaire de la tribu amérindienne (fictive) des Keewazi. Son père « Big Will Wingfoot » était d’ailleurs le plus grand champion olympique que les Etats-Unis aient jamais eu. Son grand père Silent Fox est le chef des Keewazi. Sa proximité avec Johnny va l’amener à devenir un membre informel de l’équipe des Fantastic Four. Il sera d’ailleurs déterminant dans leur affrontement contre The Black Panther où il démontrera qu’il a hérité de son enfance indienne de nombreux talents, ce qui peut malgré tout passer pour un discours assez caricatural du « peau rouge pisteur ».

Il accompagnera ensuite Johnny jusqu’à la cité d’Attilan à bord du Gyro-Cruiser que leur a offert The Black Panther afin de retrouver Crystal, son grand amour. Ils feront en chemin la rencontre de John Prester, un croisé resté en animation suspendue pendant 700 ans. Ils ne réussiront cependant qu’à ramener Lockjaw, le chien de la famille royale d’Attilan qui possède le pouvoir de se téléporter. Une fois Crystal & Johnny réunies, Wyatt passera au second plan avant de disparaître complètement jusqu’au Fantastic Four (1961 Series) #80.

Nous le retrouvons à bord du Gyro-Cruiser sur les terres des Keewazi car les anciens pensent que « le totem s’est réveillé ». Et très rapidement, Wyatt devra se rendre à l’évidence que Tomazooma, the living Totem, the walking Death s’est réveillé. Tomazooma est un des dieu-esprit de la tribu des Keewazi, mais en l’occurrence il s’agit d’un robot construit par les dirigeants de la Red Star Oil Company afin de terrorisé la tribu et de la forcer à continuer à leur vendre le pétrole qu’ils extraient de leur sous-sol. Comme son nom le laisse supposer, la Red Star Oil Company est en fait le paravent utilisé par les autorités de l’U.R.S.S. pour affaiblir les Etats-Unis (l’anticommunisme primaire de Marvel & surtout Stan Lee étant toujours de rigueur).

Mais heureusement, Wyatt pourra non seulement faire appel à ses amis pour vaincre ce robot, mais également aux forces de la tribu qui possède un équipement de pointe grâce à la fortune que leur confère l’exploitation du pétrole. Ce thème de la tribu supposé arriéré et qui est au contraire à la pointe de la technologie est une constante dans les aventures des super-héros Marvel, ainsi que la volonté de ces communautés de rester indépendantes.

A la fin de l’épisode, nous voyons la silhouette du vrai Tomazooma au-dessus des plaines des Keewazi, réel esprit protecteur de la tribu. Le robot Tomazooma sera de nouveau vu en flashback dans Silver Surfer (1968 Series) #4 et dans Marvel Two-in-One (1974 Series) #19 ou nous apprendrons que l’un des dispositifs qui activait le robot était des Null-Bands qui sont tombés entre les mains d’un nouveau super-vilain appelé The Cougar.

Le réel Tomazooma sera lui entre aperçu en quelques occasions comme la scène de Thor (1966 Series) #300 qui montre la majorité des dieux terrestres venus s’entretenir avec Zeus & Odin quant à la menace des Celestials. Malgré, ou à cause, de ces brèves apparitions Tomazooma va petit à petit s’attirer une réputation de personnage insignifiant. Nous le reverrons ainsi dans les deux one shots Fantastic Four Roast (1982 Series) & Fantastic Four: The Legend (1996 Series). Le premier est un numéro parodique dessiné par Fred Hembeck tandis que Tomazooma sera la covedette de la rubrique The FF’s Lamest Foes (les ennemis les plus lamentables des FF) dans le deuxième.

Son apparition suivante dans Wolverine (1988 Series) #149 ne redorera pas son blason. Wolverine tombe par hasard sur un entrepôt remplit de vieux androïdes et robots. Il s’agit en fait du repaire du Reanimator, un mutant possédant l’habilité de contrôler les créatures mécaniques. Le mutant griffu le plus connu de l’univers s’alliera à Nova [Richard Rider] & The New Warriors pour neutraliser les robots y compris le vieux Tomazooma. Les apparitions suivantes seront plutôt orientées sur l’aspect divin de Tomazooma dont le point d’ancrage le plus fort est son intervention auprès des autres dieux de l’univers Marvel en liaison avec The Celestials, The Deviants & The Eternals et toutes les intrigues qui en découlent.

La version robotique a été revue très récemment dans Original Sin (2014 Series) #0 ou le nouveau Nova [Sam Alexander] est vu le détruire de la même manière que son illustre prédécesseur (scène que les fidèles lecteurs de Comic Box ont pu découvrir en avant-première dans le #91). Son introduction est plutôt raccord avec sa première apparition puisqu’il attaque une nouvelle fois un champ de pétrole qui pourrait être celui des Keewazi. Mais la glasnost étant passée par là, le commanditaire soupçonné n’est pas russe mais une multinationale américaine sans scrupule comme la Roxxon Energy Corporation.

Par contre, Mark Waid a mal fait ses recherches historiques car Tomazooma y est qualifié de « divinité Aztèque » et non plus amérindienne. En français, l’épopée de Tomazooma The living Totem a été des plus contrariés. Logiquement, le personnage aurait dû apparaître dans Fantask 1ère série n° 3 dans l’épisode du Silver Surfer dès 1969. Mais la case ou il apparaît combattant The Thing [Ben Grimm] a été supprimé au remontage de l’épisode ! Cela aurait d’ailleurs posé un problème chronologique puisque Fantask 1ère série n° 3 ne publiait que les épisodes #7 & #8 de Fantastic Four (1961 Series) datés de 1962 alors que l’épisode de Silver Surfer (1968 Series) #4 datait de 1969.

Nous aurions alors pu nous attendre à voir apparaître le personnage dans une chronologie respectée au sein de l’album Une aventure des Fantastiques n° 9. Mais une nouvelle fois, Tomazooma The living Totem ratait son rendez-vous avec la France. En effet, les Editions Lug décidèrent de supprimer l’épisode de leur ordre de publication.

L’explication la plus simple repose sur un problème de pagination. En effet, les Editions Lug essayaient le plus possible de publier des arcs narratifs cohérents dans ces albums assez chers pour le lectorat de l’époque qu’ils étaient obligés de réaliser pour contourner les avis négatifs de la commission de censure sur les Fantastic Four. Ainsi, cet épisode orphelin pouvait facilement être supprimé pour permettre une pagination plus cohérente. Il n’est pas cependant impossible de penser que l’éditeur à souhaiter éviter l’apparition d’un « dieu » païen dans ses pages afin d’éviter tous problèmes avec la frange catholique de la commission de censure.

Nos amis québécois eurent plus de chance puisque l’épisode des Fantastic Four (1961 Series) #80 fut publié dans le n° 2 de la série Les Fabuleux Fantastic Four en 1970. L’occasion suivante de voir Tomazooma The living Totem fut également une occasion ratée. En effet, comme nous l’avons indiqué le personnage apparaît en flashback dans Marvel Two-in-One (1974 Series) #19 qui est le quatrième épisode « oublié » une nouvelle fois des Editions Lug (avec les n° 1, 8 & 13).

Une nouvelle fois, cette coïncidence est quelque peu troublante. Tomazooma faisait il l’objet d’une autocensure de l’éditeur lyonnais ? En tout cas, le personnage « maudit » apparaît dans la réédition de l’épisode du Silver Surfer (1968 Series) #4 dans Nova n° 7 en 1978 ! Malheureusement, les éditions Artima – Arédit ont déjà interrompu leur publication pour publier l’apparition divine de Tomazooma dans Thor (1966 Series) #300. Encore une fois, l’honneur est sauf grâce à nos cousins québécois qui lurent l’épisode dans Le puissant Thor #109/110.

La première vrai apparition de Tomazooma se fera donc (hormis la case publiée dans Nova n° 7) dans Wolverine 1ère série n° 88 chez Panini. Et c’est toujours chez le même éditeur que sera enfin publiée en 2009 sa première apparition dans L’intégrale Fantastic Four 1968. Les américains ont vraiment raison, il s’agit bien d’un des personnages les plus lamentables de l’univers Marvel qui a même été incapable de réussir sa publication en France ! Néanmoins, il ne faut pas être trop dur, car il m’aura permis de rédiger cette chronique et surtout de la dédicacer à mon ami Chris Malgrain dont Fantastic Four (1961 Series) #80 est un des épisodes préférés !

[Jean-Michel Ferrgatti]
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