French Collection #243
18 février 2015[FRENCH] Cette semaine nous restons dans le genre war comics avec une chronique sur une équipe assez peu évoquée de la continuité super-héroïque DC Comics lorsqu’il est question de ce genre. Bien moins connue que Sgt. Rock & the Easy Company (cf. French Collection #62), The Haunted Tank (cf. French Collection #107) & The Loosers, Lt. Hunter’s Hellcats est néanmoins une série de war comics de la continuité super-héroïque DC Comics qui a eu une certaine pérennité.
Créé par Howard Liss aux scénarios et Jack Abel aux dessins, sous la supervision du mythique Editor de war comics Robert Kanigher, Lt. Hunter’s Hellcats apparait pour la première fois dans Our Fighting Forces (1954 Series) #106 paru en mars – avril 1967 à la suite d’une série dont il prendra la « succession » (elles n’auront que ce numéro en commun) et dont nous reparlerons plus avant. Ses créateurs ont visiblement beaucoup d’ambition pour leur série puisqu’elle bénéficiera de la couverture pour chacune de ses apparitions, sauf la dernière, ou son nom apparaît même en plus gros que celui du magazine.
Benjamin « Ben » Hunter est un officier de police de la brigade criminelle qui a obtenu le grade de Lieutenant lors de son incorporation dans l’armée américaine début 1940. Nous le découvrons en train d’haranguer un groupe de soldat américain afin de les convaincre de se battre contre l’ennemi. Car, du fait de son passé de policier, ses supérieurs lui ont demandé de mettre sur pied une équipe spéciale constituée de repris de justice mobilisés, et qui ont tous été mis aux arrêts, afin de tenter des missions quasi-suicide. Tous ces hommes étant la lie de la société avant même d’être celle de l’armée, le commandement ne fait que peu de cas de leur survie. Bien entendu, une amnistie de leur condamnation leur sera promise en échange de leur engagement même si les officiers n’y portent pas grand cas en raison du taux de perte envisagé.
Les plus cinéphiles d’entre vous reconnaîtront facilement la trame du film The Dirty Dozen (Les douze salopards en français) sorti justement en juin 1967 aux USA et lui-même tiré d’un livre éponyme. La promotion du film ayant commencé bien avant sa date de sortie, il est évident que la série a été créée pour profiter de son succès annoncé. Hunter n’arrive à convaincre ses futurs recrues de l’écouter, puis de le suivre, qu’en démontrant qu’il est plus bagarreur qu’eux. Et il a fort à faire car son premier « adversaire » est un prisonnier du nom de Brute. Malgré sa victoire, Hunter devra tout au long de ses aventures remettre son « titre » (et son autorité) en jeux. Cela donnera même lieu au rituel hebdomadaire du « Jour de correction du lieutenant ». C’est-à-dire se faire cogner par chacun des membres de l’équipe pendant toute une journée.
En plus de Brute, qui est un véritable colosse, Hunter recrute Light Fingers (pickpocket dans le civil comme son nom l’indique), Snake-Oil (un ancien escroc qui parle huit langues dont le japonais et l’allemand), Brains, Swinger (un cambrioleur dont la spécialité est la haute voltige d’où son surnom) & Hard Head. Les talents de l’équipe seront notamment mis à contribution lorsque l’équipe devra se faire passer pour une troupe de cirque itinérante. Leur première mission sera de débarquer en secret sur une île tenue par les forces impériales japonaises avant de faire sauter une base de bombardier. La réussite de cette première mission sans aucune perte vaudra à l’équipe le surnom de Lt. Hunter’s Hellcats.
Au cours des missions suivantes, l’équipe s’étoffera mais toujours autour du noyau principal de la premier demi-douzaine de membre. Passerons donc dans ses rangs Long Shot, Crakcer, Zig-Zag, Alley Cat, Whisper, Buzzard & Little Joe (qui sera un des seuls à décédé en mission). Très rapidement, l’équipe sera très souvent utilisé pour des missions d’infiltrations et d’exfiltrations, comme par exemple se laisser capturer pour détruire une base de sous-marins, récupérer deux savants capturés par les forces impériales japonaises ou la fille d’une général allemand qui souhaite négocier avec les alliés.
L’une des missions sera plus personnelle pour Hunter puisqu’il devra délivrer Juliette Devereux, chef de réseau de résistance français (encore une fois ce tropisme américain qui veuille que seule les femmes et les enfants français ont été des résistants) qui était sa camarade d’université. Il retrouvera dans cette mission Karl Brenner, une de leur autre connaissance de jeunesse devenu un officier nazi qu’il tuera en le noyant.
Une autre des missions exceptionnelles des Lt. Hunter’s Hellcats les ramènera en arrière puisqu’il s’agira de cambrioler une banque afin de récupérer dix millions de francs français envoyé par le gouvernement de la France libre que les nazis ont interceptés. Cela posera d’ailleurs « un cas de conscience » aux hommes de Hunter qui essayeront de garder l’argent pour eux dans un réflexe bien compréhensible de la part de criminel de droit commun. La même tentation se reproduira lorsqu’ils devront livrer une rançon afin de délivrer un professeur français (qui se révélera être une charmante jeune femme).
Les missions des Lt. Hunter’s Hellcats prendront à un moment un tournant un peu plus extraordinaire avec notamment un épisode ou Hunter affrontera un officier nazi au sabre dans le désert pour s’attirer les faveurs d’un sheik arabe. Bien entendu, les Lt. Hunter’s Hellcats croiseront d’autres personnages de la continuité super-héroïque DC Comics comme Mademoiselle Marie (cf. French Collection #72), ce qui posera au début quelques problèmes de misogynie (renvoyant au personnage de Maggott des Dirty Dozen interprété par Telly Savalas).
Les Lt. Hunter’s Hellcats laisseront Mademoiselle Marie, pour aller affronter un commando de soldat nazi entrainé pour combattre dans des conditions de froids extrême ou des occupants de l’Italie qui ont remis au gout du jour les jeux du cirque romain. Vers la fin de la série, les Lt. Hunter’s Hellcats seront rejoint par une jeune femme nommée Heller. Personnage torturé, Heller s’est engagé dans le Women’s Auxiliary Corps afin de poursuivre l’assassin de son policier de père nommé Tommy Carlin et qui s’est ensuite engagé dans l’armée pour fuir sa responsabilité.
Lors de leur dernière mission, les Lt. Hunter’s Hellcats devront débarquer en Crète ou tous les agents alliés ont été capturés, soumis à un lavage de cerveau puis exécuter. Afin d’éviter que cela n’arrive à l’équipe, les officiers alliés leur font avaler une pilule de poison qui les tuera en 24 heures à moins qu’ils ne soient capable de revenir chercher l’antidote. Ils découvriront alors que le colonel nazi en charge s’appelle Minotaur et utilise un ancien labyrinthe crétois pour rendre ses prisonniers complètement fous. Hunter et ses hommes se laisseront capturer pour récupérer un chef de la résistance grecque nommé Zorba (sans doute en hommage au film éponyme).
Lt. Hunter’s Hellcats seront cependant aperçu une dernière fois dans la continuité historique dans l’épisode suivant. Fait assez rare, leur apparition est en fait une transmission de témoin. La série s’arrêtant (sans doute à cause d’un succès mitigé), Robert Kanigher organisera leur sortie en une page. Hunter voyant ses hommes fatigué décide de leur trouver des remplaçants qui se révéleront être The Loosers dont nous reparlerons dans un prochain French Collection.
Lt. Hunter’s Hellcats est donc « encadré » par deux séries et nous revenons maintenant sur la première qui s’appelle Capt. Hunter’s. L’homonymie des deux séries amènera les Editors de DC Comics a les liés puisqu’il sera expliqué que les deux héros de la série Capt. Hunter’s sont en fait les fils jumeaux de Benjamin « Ben » Hunter. Il sera indiqué ultérieurement que l’unité des Lt. Hunter’s Hellcats sera dissoute en 1945 après la réédition des forces impériales japonaises.
Nous ne saurons jamais ce que sont devenus les membres de l’équipe (et donc si Heller a retrouvé l’assassin de son père) si ce n’est qu’Hunter est lui resté dans l’armée et promu Colonel. Le Major Nick Hunter & le Captain Phil Hunter sont donc les fils jumeaux du Colonel Hunter et partagent une sorte de lien émotionnel leur permettant de savoir lorsque l’un d’entre eux est en danger. Ce lien leur sera très utile à la fois dans leur enfance mais également lors de leur engagement au sein des bérets verts pendant les guerres de Corée & au Vietnam. Nous reviendrons d’ailleurs sur ces deux personnages dans un prochain French Collection.
Nous apprendrons ensuite dans la récente mini-série DCU: Legacies que le Colonel Hunter est toujours en vie mais en opération extérieur lors du bicentenaire de la création des Etats-Unis le 4 juillet 1976. Sans doute est-ce à cette époque (bien que la temporalité de la série soit assez floue car elle tend vers l’anticipation), bien que techniquement âgé de 74 ans, qu’il prendra la tête de l’équipe des Creature Commandos sous le nom de Capt. Lucius Hunter après que les scientifiques aient modifié son corps (le faisant ressembler à une sorte de cyborg) et lui aient fait subir un traitement de rajeunissement.
En France, la période classique de Lt. Hunter’s Hellcats a été publié par l’éditeur nordiste Artima – Arédit dans le Petit Format Brûlant 1ère série. Quasiment tous les épisodes du run de 19 épisodes a été publié (à ma connaissance, seuls deux épisodes n’ont pas été publiés) malheureusement dans un grand désordre, les premiers épisodes ayant été publié vers la fin de la série. Pour une fois, les traductions des noms des personnages n’ont pas été farfelues et la plupart ont gardé leur nom d’origine (sauf Heller qui a été une fois rebaptisée Hélène). Le nom de l’équipe a toutefois été changé en « diables rouges ». Il est à noter que l’éditeur nordiste a publié à la suite d’un épisode « officielle » de Lt. Hunter’s Hellcats un autre épisode visiblement one-shot de war comics de DC en baptisant l’équipe de commando « la compagnie des caïds » laissant ainsi penser qu’il s’agit d’un épisode des Lt. Hunter’s Hellcats.
Et il est intéressant à la lecture de l’épisode il est possible de se demander si cet épisode n’est en effet pas un épisode qui était destiné au départ aux Lt. Hunter’s Hellcats. Les deux épisodes partageant la même équipe créative, les ressemblances (notamment graphiques) sont très fortes et a pu le laisser penser à l’époque.
[Jean-Michel Ferragatti]