French Collection #261

[FRENCH] Cette semaine, nous revenons sur un retour évoqué par ellipse dans certaines de nos précédentes chroniques et qui va durablement marquer la continuité moderne Marvel. En effet, entre les épisodes du revival Atlas (cf. French Collection #251) et la réécriture moderne de ses origines (cf. French Collection #255) Stan Lee a ramené Captain America [Steve Rogers] dans le présent de la continuité super-héroïque Marvel (après un épisode test dans la série Human Torch ou un imposteur usurpe le costume).

Mais cette fois, il n’est plus question d’écrire les aventures d’un Captain America [Steve Rogers] moderne comme en 1954 et Stan Lee va se servir de son ancien partenaire The Submariner (cf. French Collection #257) pour expliquer le retour du héros étoilé. Dans The Avengers (1963 Series) #4, après avoir vu son association avec Hulk [Bruce Banner] échoué en face des Avengers, Namor est fou furieux (comme d’habitude diront certains). Il nage vers les mers glacés d’Europe du nord et découvre une tribu d’esquimaux en pleine cérémonie religieuse devant un bloc de glace abritant une forme humaine. Toujours plein de rancœur vis-à-vis des humains, il les disperse brutalement et lance leur idole de glace au loin.

Le bloc dérive au gré des courants et se retrouve pris dans le golf stream. Sous l’effet de la température, la gangue de glace fond et libère son « prisonnier ». Le destin veut que les Avengers qui font route vers les Etats-Unis dans leur sous-marin après leur combat contre Hulk [Bruce Banner] & Submariner croisent cette forme dérivante. Ils récupèrent à leur grande surprise un homme congelé dont les lambeaux d’un uniforme militaire laissent entrevoir un costume coloré. The Wasp [Janet van Dyne] est la première à reconnaitre le célèbre Captain America qui avait disparu à la fin de la seconde guerre mondiale (invalidant ainsi rétroactivement les épisodes d’Atlas mais également une partie des derniers publiés par Timely).

Sous l’effet de la chaleur, l’homme bondit de sa bannette et se met à hurler ! Il faudra toute l’aide des hommes de l’équipe pour le retenir avant qu’il se calme. Comme sorti d’un cauchemar, il remet son masque et se présente à eux comme Captain America [Steve Rogers]. Mais l’équipe est très méfiante car il s’est passé vingt ans depuis sa disparition et son apparence est celle d’un jeune homme (en théorie Steve Rogers s’enrôle dans l’armée vers 17 ans et combat pendant 4 ans). Captain America [Steve Rogers] se lance dans une démonstration de ses talents qui convient tout le monde. A lui tout seul, il arrive à contenir les membres masculins de l’équipe que sont Thor [Don Blake], Iron Man [Tony Stark] & Giant Man [Hank Pym]. Excusez du peu !

Une fois la tension retombée, les membres des Avengers doivent se résoudre à l’évidence. Ils sont bien en présence d’un Captain America [Steve Rogers] dans sa vingtaine. Il leur raconte alors les circonstances de sa disparition. Lui et son partenaire Bucky étaient chargé de garder une base militaire sur le théâtre européen des opérations lorsqu’un agent nazi (qui reste d’ailleurs anonyme dans l’épisode mais pas pour très longtemps dans la continuité) lança un avion cible bourré d’explosif. Les deux amis s’élancèrent pour empêcher l’avion de décoller. Bucky parvint à sauter sur l’avion tandis que Captain America [Steve Rogers] le ratait. Malgré ses cris, Bucky ne sauta pas de l’avion qui explosa en plein vol. Sous le choc, Cap s’enfonça dans l’eau désespéré et coula à pic.

Il suppose que le froid de l’eau la maintenu en animation suspendu et que pour une raison inconnue il s’est retrouvé à coté de leur sous-marin. Tandis qu’il se repose du terrible choc The Avengers arrivent à New-York. Une horde de photographe les attend et ils sont photographiés sous toutes les coutures. Un flash plus fort que les autres éblouit tout le monde. Lorsque l’effet retombe, des statues de pierre ont remplacés The Avengers. Les photographes pensent qu’il s’agit d’une mauvaise plaisanterie de l’équipe pour couper court aux interviews et repartent dépités. Réveillés par le bruit, Captain America [Steve Rogers] sort du bâtiment et se met à déambuler dans New-York. Tel un Rip van Winckle moderne il est surpris par tous les changements. Il découvre le bâtiment des Nations Unies ainsi que les nouveaux modèles de voiture. Un officier de police le reconnait et l’emmène dans un hôtel ou il découvre la télévision.

Epuisé, il s’endort et est réveillé par l’entrée d’un intrus. Encore ensommeillé, il croit reconnaître Bucky et s’élance vers le jeune homme qui se révèle être Rick Jones, leader de la Teen Brigade, partenaire de Hulk [Bruce Banner] et amis des Fantastic Four et des Avengers. Avec son aide, il va réussir à retrouver l’agresseur des Avengers. Il s’agit d’un extraterrestre qui est à l’origine de la légende de la méduse. Son vaisseau s’est écrasé dans l’océan et il s’est retrouvé piégé sur Terre. Il a survécut en paralysant les hommes qui l’approchaient trop près au moyen d’une de ses armes. The Submariner qui connait son existence, comme toutes les légendes de la mer, lui a promet de l’aider renflouer et réparer son vaisseau en échange de son aide pour neutraliser The Avengers.

Convaincu par Captain America [Steve Rogers] il va libérer l’équipe au grand désespoir de son commanditaire qui l’observe à distance. Mais à ce moment, la garde d’honneur Atlante croise le chemin de l’empereur des mers. Fou de joie, ce dernier les entraine dans un combat contre les vengeurs qui essayent de renflouer le vaisseau de leur agresseur. L’équipe est pratiquement débordée lorsque Captain America [Steve Rogers] se lance dans la bataille. Il est à remarquer que son ancien partenaire de combat n’a pas l’air de le reconnaitre (ou peut être pense-t-il qu’il s’agit d’un imposteur). A ce moment, l’extraterrestre fait décoller son vaisseau et exploser l’île. Persuadé qu’il s’agit d’un tremblement de terre auquel ses adversaires ne survivront pas, Namor part de la scène de combat avec son peuple retrouvé.

Mais bien entendu The Avengers ont survécus et décident d’accueillir le nouveau venu qui les a sauvés dans leurs rangs. Ce dernier qui est sans attache est ravi de retrouver une famille de substitution. La fin de l’épisode nous montre au contraire un Rick Jones triste. En effet, il devine que sa ressemblance avec Bucky va sans doute pousser Captain America [Steve Rogers] à lui demander de devenir son assistant. Mais ses pensées restent près de son ami Hulk [Bruce Banner] qu’il a le sentiment d’abandonner. Le personnage de Captain America [Steve Rogers] deviendra un des pivots de l’univers Marvel et prendra même la tête de The Avengers quelques temps après.

Stan Lee va rapidement développer la thématique qu’il avait prévu pour le personnage. Tous les héros moderne de l’éditeur possèdent une faiblesse qui les rend plus proche des lecteurs. Pour Captain America [Steve Rogers] il s’agira de mettre en lumière le décalage qui existe entre un homme du passé attaché aux valeurs altruistes des jeunes combattants de la seconde mondiale et le monde tel qu’il existe au début des années soixante. Un homme perdu dans le monde que son sacrifice a contribué à sauver. Un homme d’autant plus emblématique qu’il incarne les valeurs d’un pays que ce dernier ne partage plus nécessairement.

Le choix de la série d’accueil est logique. Du fait de son accord de distribution avec Independent News, la filiale de distribution de son concurrent DC Comics, le nombre de titre publié par Marvel est limité. Il n’est donc pas possible de consacrer une revue au retour de Captain America [Steve Rogers] sans en supprimer une autre. The Avengers est l’équivalent de The Justice League of America justement de DC Comics. Bâtie sur le modèle de la Justice Society of America il s’agit d’une équipe qui rassemble les personnages de l’éditeur qui ne possèdent pas leur propre titre. Il était donc logique qu’un nouveau venu sans revue d’attache soit rattaché à cette équipe. En France, The Avengers (1963 Series) #4 a été publié pour la première fois en N&B dans le Petit Format de l’éditeur nordiste Artima – Arédit Eclipso n° 19. L’épisode sera réédité en couleur par le même éditeur dans Vengeur Color n° 2 puis chez l’éditeur lyonnais Lug dans Strange Spécial Origines n° 187bis puis chez Panini dans Marvel : Les origines n° 2 et bien sur L’intégrale Avengers n° 1.

[Jean-Michel Ferragatti]

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