Et il est possible de comprendre les doutes de Stan Lee. En effet, au départ Dr. Strange ne ressort pas du genre super-héroïque qui porte le succès de Marvel, mais du genre occulte (Black Magic) qui a été sous le feu des critiques des opposants aux comics quelques années plus tôt. Bien que publié dans Strange Tales #110 (1951 Series) dont le titre ressort du fantastique, le succès n’est pas du tout assuré. De plus, le titre possédant déjà une série vedette qui raconte les aventures solo de The Human Torch [Johnny Storm], sa visibilité sera faible.
Le personnage est d’abord prévu pour s’appeler Mr. Strange afin d’obtenir une forte identification au titre. Mais Lee considère que le nom est trop proche de celui de Mr. Fantastic et décide de le baptiser Dr. Strange. Il se rendra compte un peu trop tard qu’un adversaire d’Iron Man [Tony Stark] portait déjà ce nom. Il ne sera d’ailleurs plus jamais revu. Un autre épisode est sans doute mis en chantier dès le début du processus créatif puisque Strange Tales #111 (1951 Series) comporte un autre épisode du Dr. Strange. Les résultats sont sans doute plutôt favorables puisque le personnage revient dans Strange Tales #114 (1951 Series) et obtient son origine dans le numéro suivant.
Les aventures de Human Torch [Johnny Storm], il est vrai d’une qualité assez faibles, s’interrompent dans Strange Tales #134 (1951 Series). Dès le numéro suivant, Nick Fury, Agent of S.H.I.E.L.D. devient la série vedette du titre, Dr. Strange continuant à jouer les séries secondaires. Steve Ditko quitte la série avec l’épisode de Strange Tales #147 (1951 Series). Etrangement, c’est à partir de ce moment que le personnage commencera à apparaître régulièrement en ouverture du magazine.
Strange Tales #168 (1951 Series) marque le dernier épisode de Nick Fury, Agent of S.H.I.E.L.D. qui quitte le magazine pour obtenir son propre titre du fait de la fin de la limite de distribution qui pesait sur Marvel. Le numéro suivant prendra alors le titre de Dr. Strange (1968 Series). A cette occasion, les Editors de Marvel décident de rappeler l’origine du Dr. Strange. Dan Adkins est aux crayons et pinceaux sur cet épisode qui nous intéresse aujourd’hui.
Lorsqu’il se réveille dans une chambre d’hôpital, il apprend que bien qu’indemne, les nerfs de ses mains ont été touchés. Il ne pourra plus jamais tenir un scalpel. Orgueilleux, il décide alors d’abandonner définitivement la médecine et passe les mois suivants à dépenser sa fortune en interventions chirurgicales qu’il sait pertinemment sans espoir. Réduit à l’état de clochard, il entend dans une taverne d’un port une histoire concernant un vieil asiatique capable de guérir n’importe quelle maladie. Prêt à tout pour un peu d’espoir, Stephen Strange s’envole pour l’Himalaya à la recherche de la retraite de The Ancient One.
Après avoir affronté une terrible tempête de neige et alors qu’il a franchi son point de non-retour, il découvre enfin l’objet de ses recherches. La confrontation entre cet occidental orgueilleux dont la seule motivation est l’argent et un vieux sage asiatique détaché du monde n’est pas sans heurts. The Ancient One utilise sa magie pour canaliser la violence de son visiteur mais celui-ci, incapable de surpasser son incrédulité, pense qu’il a à faire à un charlatan. Piégé dans le château de son hôte à cause de la tempête de neige, Strange fait la connaissance de Mordo, le disciple de The Ancient One. Un jour, alors que l’ennui se fait plus fort, il découvre que Mordo complote contre son maître. Malheureusement il est découvert et Mordo lui lance un sort l’empêchant de rapporter sa découverte à son maître qu’il souhaite évincer.
Son incrédulité est mise à rude épreuve par ce sortilège dont il ressent les effets. Il voit de plus The Ancient One attaqué par des forces mystiques et les dissiper par sa seule volonté. Convaincu de l’existence de la magie il demande à son hôte de le prendre comme élève. Il pense ainsi pouvoir obtenir suffisamment de pouvoir pour contrecarrer les plans de Mordo et sauver The Ancient One. Mais comme ce dernier accepte, il le libère également du sortilège de Mordo au grand étonnement de Strange. Son nouveau maître lui explique qu’il est parfaitement informé de la traitrise de son disciple mais qu’il préfère lui faire croire l’inverse afin de le garder sous sa surveillance.
Il lui explique également qu’il s’avait tout de lui et que la tempête est une manifestation mystique qu’il a créée pour le forcer à rester et lui montrer la voie qui lui est destiné. Stephen Strange va donc suivre l’enseignement de son maître, déjouer les plans de celui qui se fera appeler The Baron Mordo [Karl Amadeus Mordo], prendre la succession The Ancient One pour devenir le sorcier suprême de la Terre, sauver sa dimension plusieurs fois et enfin s’intégrer à la continuité super-héroïque de l’éditeur Marvel Comics.
En France, cette redite des origines du Dr. Strange a été publié par l’éditeur nordiste Artima – Arédit dans le Petit Format N&B Etranges Aventures 1ère série n° 22 dont il a l’honneur de la couverture (avec une couverture « inédite ») et qui est presque contemporain du Dr. Strange #169 (1968 Series). Assez bizarrement, les numéros suivants publieront des traductions d’épisodes publiés dans Strange Tales (1951 Series) tous dessinés par Steve Ditko. Le changement significatif de style a du perturber plus d’un lecteur. Pourquoi ne pas avoir alors publié Strange Tales #115 (1951 Series) qui est l’épisode originel relatant les origines du Dr. Strange ? Sans doute le style d’Adkins a-t-il été jugé plus moderne ? Mais alors pourquoi reprendre ensuite les épisodes et ne pas poursuivre avec les épisodes « moderne » ?
En effet, en découvrant que leurs séries côtoyaient dans le même magazine celle de leur concurrent et rival, Marvel Comics & DC Comics demanderont à l’éditeur nordiste de mettre fin à cet état de fait. Il est enfin à remarquer que l’épisode, réalisé bien avant que le politiquement correct ne frappe (bien qu’en tant qu’ancien fumeur je suis intimement persuadé que fumer tue), comporte des scènes ou le Dr. Strange fume une cigarette et noie son désespoir dans l’alcool.
[Jean-Michel Ferragatti]
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