French Collection #266
29 juillet 2015[French] Cette semaine, nous continuons l’exploration de la mythologie de Superman pendant le silver age en répondant à la question : Pourquoi Clark Kent n’est-il pas devenu un grand sportif. Dans l’imaginaire américain les qualités sportives sont extrêmement importantes lorsqu’il est question de « juger » la popularité d’un adolescent. Les comics et films américains sont remplis d’exemple de capitaine de l’équipe de football local adulés par les foules.
Il est donc possible de se poser la question pourquoi Superboy n’est pas devenu un athlète local sous son identité secrète de Clark Kent ? Comme d’habitude plusieurs versions ont été donné à cette question au fur et à mesure de l’évolution de l’histoire (ce que nous appelons la mythologie ici) de Superboy / Superman [Clark Kent]. Dans un premier temps, comme nous l’avons indiqué dans plusieurs chroniques, la vie de Clark Kent antérieure à son arrivée à Metropolis est traitée en deux cases. Avec la création du comic Superboy (1949 Series) qui a bien entendu comme vedette le personnage du même nom.
Dans un premier temps, il est expliqué que Clark se tient éloigné des terrains de sport car il a peur que les gens ne s’interrogent sur ses aptitudes physiques et qu’il considère que cela serait injuste vis-à-vis de ses compétiteurs. Il passe donc toute son enfance et son adolescence à passer pour une mauviette comme le fera des décennies après un certain Peter Parker. La question va de nouveau se poser un peu plus tard lorsque Clark rejoindra l’université de Metropolis. Cette fois-ci, impossible de ne pas intégrer une équipe de sport. Clark Kent va donc essayer de se mettre à l’aviron. Malheureusement, dosant mal sa force il brise la rame à plusieurs occasions et se fait donc exclure de l’équipe pour incompétence.
Cette astuce scénaristique avait déjà été utilisée dans les premières années du Superman daily comic strips en 1942. En effet, compliqué de ne pas succomber aux appels de la nation lorsque l’on représente l’espoir du peuple américain. C’est ainsi qu’en 1941 après l’entrée en guerre des Etats-Unis dans le conflit mondial Clark Kent se résout à s’engager dans l’armée américaine. Mais il est recalé à la visite médicale à cause de sa vue ! Comment l’homme le plus parfait du monde peut-il être recalé me direz-vous. C’est simple, il a lu le test visuel de la pièce d’à côté grâce (ou à cause plus exactement) de sa vision au rayon X.
L’astuce est en réalité très naïve lorsque l’on sait qu’un épisode de quelques pages publié dans le magazine Look le montrait mettre fin à la seconde guerre mondiale en quelques minutes en livrant Hitler & Staline à la Société des Nations. Néanmoins, ces quelques strips permettent d’expliquer pourquoi Clark Kent n’est pas mobilisé alors qu’il est un spécimen humain parfait. L’astuce sera donc réutilisé dans les années cinquante pour expliquer son absence dans les équipes sportives de sa faculté. La thématique sportive va revenir dans les aventures de Superboy [Clark Kent] avec l’introduction d’un nouveau personnage secondaire dans ses aventures à partir de Superboy #157 (1949 Series) daté de juin 1969.
Bradley « Bash » Bashford est le sportif vedette du lycée de Smallville. Pas très intelligent, il passe son temps à faire la cour à Lana Lang (cf. French Collection #109), se moquer de Clark Kent et manger des bananes. C’est d’ailleurs cette manie qui va lui valoir la vedette de son épisode d’introduction. Le zoo de Smallville a fait l’acquisition d’un gorille albinos très rare nommé Koko. Bash réussit à énerver le quadrupède et à forcer l’intervention de Superboy [Clark Kent] qu’il n’arrête pourtant pas de dévaloriser. Le gardien du zoo est malgré tout obligé d’utiliser un tranquillisant sur Koko. Malheureusement, le tranquillisant comporte un virus inconnu qui affaibli le quadrupède. Pour soigner la pauvre bête, Superboy [Clark Kent] se rend sur une planète qui se trouve dans un système solaire avec une étoile rouge afin de trouver des bananes lui permettant de reproduire « à l’inverse » le processus qui a donné des superpouvoirs à Superboy [Clark Kent]. Grâce à ses « super-bananes » (qui nous font fortement pensé aux super-cacahuètes de Super-Goffy de Disney), Koko est guéri. Mais Martha Kent va donner le reste des bananes à Lana qui elle-même va les donner à « Bash ». L’ingestion des « super-bananes » va lui donner des superpouvoirs lui permettant de devenir SuperBash. Grisé par ses nouveaux pouvoirs, il va même jusqu’à se battre avec Superboy [Clark Kent] afin de prouver qu’il est le plus fort.
Mais rapidement, « Bash » se rend compte que ses pouvoirs ne peuvent sauver la terre de la collision avec un gigantesque météore. Il supplie alors Superboy [Clark Kent] de l’arrêter pour sauver la planète. Mais magnanime, Superboy [Clark Kent] expliquera que « Bash » l’a aidé sous son identité de SuperBash pendant qu’il était en mission extérieur. Ce petit mensonge va sceller une amitié ambiguë entre les deux adolescents. « Bash » est à la fois un admirateur de Superboy [Clark Kent] mais a également une attitude bravache. Il souhaite ainsi régulièrement « affronter » son ami d’homme à homme pour prouver qu’il est le meilleur sportif des deux.
C’est à cause de cette attitude qu’un drame va se passer. Lasser d’être rudoyer par la vedette sportive de son lycée, Superboy décide d’affronter « Bash » à la loyale en tant que Clark Kent. Il va ainsi créer un sérum affaiblissant à base de Green Kryptonite (cf. French Collection #117) pour se confronter à son « bourreau ». Il réussit à le battre lors d’un match de boxe, mais lorsqu’il s’affronte au football américain, « Bash » se blesse gravement obligeant Clark à redevenir Superboy. Cette aventure va créer une nouvelle relation ambiguë mais cette fois-ci entre Clark & « Bash ». Ce dernier va à la fois le protéger mais continué à la taquiner afin de garder sa réputation intacte.
Le personnage de Bradley « Bash » Bashford est clairement inspiré d’Eugene « Flash » Thompson dont Peter Parker est le souffre-douleur alors que Spider-Man est son idole. L’équipe éditoriale de DC Comics a clairement lorgné sur les scénarios de la série concurrente dont le succès est flamboyant à cette époque. « Bash » apparaîtra régulièrement dans les aventures de Superboy [Clark Kent] avec souvent des thèmes récurrents. Il sera ainsi blessé une nouvelle fois à la colonne vertébrale « à cause » de Superboy [Clark Kent]. Il obtiendra des superpouvoirs à deux nouvelles occasions toujours par « accident » mais de manière assez peu valorisante. La première fois, il obtiendra des pouvoirs solaires à cause d’un supervolteur solaire abandonné par Lex Luthor (cf. French Collection #149) pour devenir Glowman, un personnage incontrôlable.
La deuxième fois ne sera guère plus valorisante puisqu’il sera transformé en une sorte de monstre vaguement humain, The Moutain-Man par un échappé du XXXe siècle qui s’est emparé d’un cadran H-Dial (à venir dans un futur French Collection). Le personnage sera abandonné lors de la refonte de la continuité super-héroïque de l’éditeur DC Comics après le run Crisis on Infinite Earths. Comme nous l’avons vu dans nos chroniques précédentes consacrées à la mythologie de Superman, le scénariste & dessinateur John Byrne a complètement redéfini le personnage de Superman [Clark Kent] justement après Crisis on Infinite Earths dans la série Man of Steel.
Encore une fois, Byrne simplifiera ce qui avait été construit pendant tout le silver age sur ce thème. Ainsi, Clark Kent est devenu la star de son lycée. Le côté « sportif » du personnage qui était une des premières motivations des scénaristes du début du silver age en prendra donc un petit cout au passage mais Byrne rebondira sur cette notion. En effet, un peu honteux d’avoir volé la vedette à ses camarades qui n’avaient pas de superpouvoirs, Clark décidera de devenir le défenseur des USA. En Français, comme d’habitude, tous les épisodes évoqués dans cette chronique ont bien entendu été publié dans les publications des éditeurs Sagédition en France ainsi qu’Interpresse en Belgique tandis que le début de la série Man of Steel a été publié en collection privilège par Lug – Semic.
[Jean-Michel Ferragatti]