French Collection #267

[FRENCH] Cette semaine, nous continuons notre exploration du début de l’ère Marvel moderne avec un personnage qui a eu un peu de mal à s’imposer avant de devenir une grande vedette dans les comics comme au cinéma.

Toutes les nouveautés du début de l’ère Marvel moderne n’ont pas eu un succès équivalent à celui des Fantastic Four (cf. French Collection #173) ou Spider-Man (cf. French Collection #171). Le deuxième personnage de la continuité super-héroïque Marvel du silver age fut même un échec. The Incredible Hulk que nous avons déjà étudié dans cf. French Collection #172 est lancé dans son propre comic daté de mai 1962 alors que Fantastic Four (1961 Series) n’en ait qu’à son quatrième numéro.

Le personnage le plus populaire des Fantastic Four est The Thing [Ben Grimm] dont les racines proviennent des comics de monstres qu’Atlas Comics (l’un des ancêtres de Marvel) publiait entre autres sous la plume de Stan Lee & les pinceaux de Jack Kirby & Steve Ditko. Lorsqu’il est question de créer un nouveau personnage, Lee travail dans cette continuité. Le nouveau personnage sera un monstre incompris comme The Frankenstein Monster qu’il adore. Mais il aura également des caractéristiques du personnage de Robert Louis Stevenson Dr Jekyll & Mr Hyde. Nous reviendrons d’ailleurs dans une prochaine chronique sur les racines du personnage chez Atlas Comics. Le Dr Bruce Banner est l’un des meilleurs physiciens atomistes des Etats-Unis. Il a développé la Bombe Gamma dont le premier test est en cours lorsque Rick Jones, un jeune orphelin dont nous avons déjà parlé à plusieurs reprises, fait irruption sur le champ de tir pour gagner un pari.

Banner ordonne à son second Igor d’arrêter le compte à rebours afin qu’il puisse mettre le jeune homme à l’abri. Mais bien entendu, Igor est un traître (à quoi fallait-il s’attendre d’autre d’un personnage avec un prénom 100 % russe, donc communiste) et n’en fait rien. Banner réussit à mettre Rick Jones à l’abri mais est bombardé de rayon gamma lorsque la bombe explose. Miraculeusement, il a survécut à la déflagration. Mais lorsque la nuit tombe, le Dr Bruce Banner se transforme en un monstre gris (car c’est bien connu, la nuit tous les monstres sont gris) à la force décuplé et au physique pataud, ce qui lui vaudra le surnom de Hulk (qui signifie lourdaud en anglais) par les gardes militaires de la base ou réside Banner. Le monstre possède encore une grande partie de la psyché de Banner, même s’il déteste son alter-ego. Il est donc capable de parler et d’agir comme un adulte dans l’intérêt de son alter-ego. Rick Jones qui assiste à la première transformation va se transformer en compagnon de la créature afin de payer sa dette envers son sauveur. Il va devenir le lien entre les deux formes de son bienfaiteur malgré que The Hulk ait menacé de le tuer pour dissimuler son secret.

Heureusement pour le jeune homme, la créature se retransforme en Bruce Banner au lever du soleil. Dès le deuxième épisode, deux changements majeurs interviennent. Premièrement, Stan Goldberg (qui deviendra par la suite célèbre pour son travail chez l’éditeur Archie Comics) qui est le coloriste de Marvel Comics a des ennuis avec la couleur de The Incredible Hulk. Le gris est une couleur complexe et il est quasiment impossible de maintenir une teinte uniforme sur un numéro complet. Il est donc décidé que le monstre gris va devenir un titan vert ! Deuxièmement, Paul Reinman qui avait encré Jack Kirby sur le premier numéro est remplacé par Steve Ditko.

Sur le plan scénaristique, Le Dr Bruce Banner décide de bâtir un abri souterrain capable de résister à son double monstrueux afin de s’enfermer toutes les nuits afin d’éviter de faire des dégâts irrémédiables. Rick Jones, est lui charger de le surveiller et de le libérer au petit matin.

Mais il se laisse convaincre par le General Thunderbolt Ross de piéger The Incredible Hulk dans une capsule spatiale. Ce qu’il ignore c’est que le General compte laisser le monstre en orbite. Mais dans la capsule, The Green Titan est exposé à la lumière du soleil et redevient Bruce Banner avant d’être irradié par les rayons cosmiques qui ont donnés leurs pouvoirs aux Fantastic Four. Apprenant la traitrise, Rick réussit à ramener la capsule sur terre et se rend compte qu’il est capable de contrôle Hulk suite à son irradiation. Ces répits vont permettre à Bruce de créer une machine aux rayons gamma qui lui permettra de maitriser ses transformations, y compris d’avoir le physique de Hulk en gardant l’esprit de Banner.

La série rentre alors dans une routine à peine brisée par un épisode introduisant le personnage de Tyrannus (cf. French Collection #216) et le retour de Steve Ditko aux crayonnés & à l’encrage dans The Incredible Hulk #6 (1962 Series) qui est aussi le dernier de la série. En effet, le succès du personnage est limité et Stan Lee, qui est contraint par un accord de distribution peu avantageux, décide d’arrêter la série et de continuer à faire vivre le personnage dans d’autres séries de l’éditeur. Nous le verrons ainsi affronter les Fantastic Four puis s’intégrer à l’équipe des Avengers (cf. French Collection #248) et enfin venir renforcer le sommaire de Tales to Astonish (1959 Series) à parti du numéro 59. Renforcer est un bien grand mot puisque comme nous l’avons vu dans French Collection #265 le titre devra attendre la sortie de Giant-Man [Henry Pym] et l’arrivée de Namor the Submariner pour vraiment apporter de la visibilité au titre.

Dès Tales to Astonish #60 (1959 Series), les fondamentaux de la série changent à l’inverse du style graphique qui revient une nouvelle fois à Steve Ditko. Ces nouveaux fondamentaux sont comme nous allons le voir très important car ils perdurent encore aujourd’hui dans toutes les versions modernes du personnage, y compris cinématographique. Premièrement, Rick Jones n’accompagne plus son ami puisqu’il est devenu le sidekick officiel de Captain America [Steve Rogers] (cf. French Collection #261). Deuxièmement, Bruce Banner ne change plus de forme en fonction du cycle solaire ou grâce à sa machine aux rayons gamma mais durant ses périodes de stress. Comprenant mieux les raisons de ses transformations, il décide donc de « rester zen », ce que nous retrouverons dans une forme plus développée dans l’univers Marvel cinématographique. De plus, à partir de cet épisode, The Incredible Hulk possède une personnalité totalement distincte de celle de Bruce Banner. Il est devenu ce géant au corps surpuissant mais avec l’intellect d’un jeune enfant.

Enfin, Banner travaille sur un robot, surnommé The Banner Bot, quasiment indestructible. Il est capable de résister à une explosion atomique au ground zero (centre de l’explosion). Bien entendu, The Banner Bot va être dérobé par un ennemi des Etats-Unis qui va s’en servir notamment pour combattre The Incredible Hulk préfigurant ainsi les armures Hulk Buster apparues dans les comics mais encore une fois dans les adaptations cinématographiques récentes. Il est à remarquer que nous ne connaitrons jamais l’identité du traitre qui dérobe The Banner Bot dans la plus pure tradition ditkoienne. The Incredible Hulk se débarrassera de son adversaire en le projetant dans un puits sans fond (ce qui ramène une nouvelle fois aux racines Marvel du personnage sur lequel nous reviendrons bientôt).

Enfin, les premiers épisodes publiés dans Tales to Astonish #60 (1959 Series) verront l’apparition du Major Glenn Talbot qui deviendra le rival de Bruce Banner dans le cœur de Betty Ross, la fille du General Thunderbolt Ross, ainsi que d’un dispositif de chaînes indestructibles construit par Bruce Banner sur un design de Tony Stark !. En France, la quasi intégralité de cette nouvelle période du Green Titan [à l’exception de Tales to Astonish #100 (1959 Series)] sera une nouvelle fois publiée dans l’ordre de parution américain d’abord dans le Petit Format en N&B Etranges Aventures 1ère série de l’éditeur nordiste Artima – Arédit dans les numéros 23 à 25 puis dans ultérieurement toujours dans le même titre. Assez étrangement, le deuxième épisode de cette nouvelle période a été publié en couleurs des années plus tard dans Télé Junior 1ère série n° 34 au sommet de la vague de dessin animé Marvel en France.

[Jean-Michel Ferragatti]

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