French Collection #295
17 février 2016[FRENCH] Après avoir chroniqué ses origines, puis son premier adversaire apparu dans le premier épisode de ses aventures, nous allons cette semaine étudier le premier adversaire vraiment récurrent de Dr. Strange. Comme nous l’avons vu dans French Collection #289, le premier adversaire du Dr Strange est l’entité horrifique Nightmare qui ne reviendra qu’ultérieurement l’affronter. Dès le deuxième épisode, publié dans Strange Tales #111 (1951 Series) va apparaître le premier adversaire récurrent de Dr Strange, le Baron Karl Amadeus Mordo.
Mordo, pour les intimes, est un noble originaire de Transylvanie qui a rejoint The Ancient One, le sorcier suprême de la terre pour apprendre les arts de la magie. Bien qu’il soit très doué, The Ancient One a tout de suite détecté chez lui une soif de pouvoir l’empêchant de lui succéder. Il décide tout de même de le prendre comme apprenti afin de le garder sous contrôle.
C’est dans ce contexte que Stephen Strange va rencontrer les deux hommes dans leur refuge tibétain (French Collection #263). Coincé avec eux par une ruse de The Ancient One, il va découvrir que Mordo complote contre son vieux maître. Strange va vouloir dénoncer le Baron mais ce dernier va lui lancer un sort incapacitant. Strange qui était un incrédule découvre que la magie existe réellement et décide d’accepter l’offre de The Ancient One de lui enseigner pour réussir à se délivrer du sort de Mordo et prévenir le vieil homme.
Mais tout cela n’était qu’une sorte de « test » car dès que Strange accepte de devenir son disciple, The Ancient One le délivre de son sort et lui révèle ses raisons de conserver Mordo à son service malgré sa duplicité. Mais les lecteurs de Strange Tales (1951 Series) ne découvriront les origines du Dr Strange que dans le #115 alors que le Baron Mordo apparait dès le #111. Utilisant la projection astrale comme le Dr Strange l’avait fait dès sa première apparition, Mordo va hypnotiser Hamir, le serviteur de The Ancient One, afin qu’il empoisonne la nourriture de son maître dans le but de l’affaiblir pour que Mordo puisse lui soutirer ses secrets. Mais Dr Strange va essayer de contacter son maître à ce moment-là. Comme il ne reçoit aucune réponse, il projette également sa forme astrale jusqu’au refuge tibétain.
Mordo & Strange vont alors s’affronter au moyen de leur forme astrale. Sentant qu’il est moins fort, le Dr Strange va réussir à tromper Mordo et triompher de lui par la ruse. Après deux numéros sans qu’il n’apparaisse, Dr Strange revient dans Strange Tales #114 (1951 Series) ou il affronte de nouveau le Baron Mordo qui s’est fait passer pour Sir Clive Bentley pour piéger son ennemi de toujours. Heureusement, Strange réussira à vaincre son ennemi grâce à Victoria Bentley, la fille du vrai Sir Clive Bentley qui est mort dix ans auparavant et qui possède un talent pour les sciences occultes. Encore une fois, bien qu’il soit répété que Mordo est plus puissant, le Dr Strange va le vaincre après un combat astral intense. Il est donc clairement acté dans la plus pure tradition Marvel que Mordo est plus puissant que Strange mais est vaincu du fait de son absence de qualité morale.
Après ces trois premières apparitions, Mordo va laisser la place au retour de Nightmare comme nous l’avons vu dans French Collection #289 mais pour revenir dès l’épisode suivant. Une fois de plus, il va tenter de piéger Dr Strange mais cette fois-ci celui qui est complètement devenu le maître des arts mystiques va le vaincre de manière assez simple et même l’humilier. Après trois épisodes à ruminer sa vengeance, Mordo réapparait dans Strange Tales #121 (1951 Series) ou il essaye une nouvelle fois de piéger sans succès Dr Strange. Et cette fois-ci, sans doute conscient de son infériorité, Mordo va inaugurer une longue série dans laquelle il ne va reculer devant rien pour éliminer physiquement le Dr Strange.
Après avoir essayé de capturer son corps physique de manière à ce qu’il dépérisse sous sa forme astrale, il enverra des assassins contre son ennemi juré puis ses disciples essayeront de poser une bombe dans le sanctuaire du Sorcerer Supreme. Car, comprenant qu’il fait de moins en moins le poids face à sa Némésis, Mordo va essayer de trouver des alliés dans son combat. Il va d’abord fédérer les praticiens de la magie noire qui détestent également le Dr Strange puis grâce à ses talents d’invocateur va s’allier à des entités maléfiques extradimensionnelle.
Fort d’un nouveau pouvoir et de l’autorité que cela lui confère, Mordo va lancer une chasse à l’homme qui va durer sur trois épisodes. Lui et ses hommes vont attaquer The Ancient One puis poursuivre Dr Strange en Asie. Ce dernier devra abandonner un temps son identité pour se dissimuler parmi les hommes et utiliser toutes les ruses pour ne pas être pris. Bien qu’ayant réussi à rejoindre son sanctuaire de Greenwich Village, Dr Strange ne pourra résister aux assauts de son ennemi qui triomphera de lui, l’emmenant sur un chemin périlleux que nous emprunterons dans une très prochaine chronique.
En Français, les épisodes de Dr Strange peuvent être trouvés chez deux éditeurs. Le québécois Héritage qui a publié en N&B de manière extensive les aventures du Sorcerer Supreme dans de nombreuses de ses collections. Quasiment tous les épisodes de Steve Ditko seront ainsi publiés par Héritage. L’éditeur nordiste Artima – Arédit va également publier en N&B les épisodes du Dr Strange dans plusieurs de ses Petit Formats pour adultes, qui étaient un petit peu moins regardé par les autorités de censure, mais de manière un peu plus tardive. Mordo aura même les honneurs de la couverture d’Etranges Aventures n° 23 & Eclipso n° 21 (de manière un peu moins explicite) mais sans que, fidèle à la politique de l’éditeur, il n’apparaisse dessus de peur de la commission de censure.
Les lecteurs de l’éditeur lyonnais Lug ne feront qu’apercevoir le Dr Strange, ses aventures occultes ayant été jugé trop risquées pour apparaître en couleur dans ses revues grand public. Et il faudra attendre longtemps avant de voir les épisodes classiques apparaître dans des numéros spéciaux ou commémoratifs comme cela sera également ultérieurement le cas chez Panini.
[Jean-Michel Ferragatti]