French Collection #302
13 avril 2016[FRENCH] Cette semaine, nous allons étudier les origines d’un duo de personnages que nous avons déjà évoqué dans certaines de nos chroniques. Quelques mois après le début de l’ère Marvel moderne, alors même que l’orientation super-héroïque de l’éditeur n’était pas complètement établie, une petite histoire a priori one-shot (sans suite) est publié dans un titre fantastique « classique » et sans doute inspiré du roman de science-fiction The Shrinking Man de Richard Matheson qui sera rapidement adapté en film.
Tales to Astonish #27 (1959 Series) nous montre un homme (plutôt brun) en train de se débattre contre des fourmis avec comme accroche « The Man in the Ant Hill! » (L’homme dans la fourmilière). A l’intérieur, nous découvrons un scientifique blond nommé Henry Pym qui vient d’inventer deux sérums capables de réduire des objets à des tailles minuscules puis de revenir à une taille normale. Il s’agit d’une réussite extraordinaire d’autant plus que le Dr. Pym a été raillé plusieurs fois par ses pairs. Il lui reste maintenant à le tester sur un être vivant et il décide de devenir son propre cobaye. Mais le sérum fait effet trop rapidement que ce qu’il avait prévu et le voilà réduit à la taille d’une fourmi.
Devenu trop petit pour atteindre le sérum capable de lui redonner sa taille normal il s’aventure dans son jardin et est immédiatement pris en chasse par une troupe de fourmis. Il n’a d’autre choix que de rentrer dans la fourmilière ou il va trouver une alliée. Mais toutes les fourmis ne sont pas aussi pacifiques et le Dr. Pym est obligé de se battre et ne doit sa survie qu’à sa science du judo. La fourmi qui l’a aidé va de nouveau le faire et lui permettre d’atteindre son sérum lui permettant de reprendre sa taille. Il décide alors que ses inventions sont trop dangereuses et décide de les détruire.
Plus d’une demi-douzaine de numéros après cet épisode, le personnage d’Henry Pym est de retour en couverture et cette fois-ci avec un costume de super-héros et comme accroche « The Return of the Ant-Man! » (Le retour de l’homme-fourmi). La tendance super-héroïque s’affirme de plus en plus chez Marvel et Stan Lee & Jack Kirby décident de ressortir le personnage sans doute aidé par des retours positifs des lecteurs. Pris de remords, le Dr. Pym décide de refaire des doses de ses sérums et de les conserver dans un endroit sûr en cas de besoin. Très marqué par son expérience, il va s’intéresser de manière scientifique aux fourmis et se fabriquer un costume capable de résister à leurs attaques ainsi qu’un casque cybernétique lui permettant de communiquer avec eux.
En plus de cette activité personnelle, le Dr. Pym dirige une équipe américaine afin de mettre au point un gaz permettant de protéger de la radioactivité. Ce projet est suivi de près par un autre Etat (assez facilement identifié comme l’U.R.S.S.) qui envoi des agents s’emparer de leur travaux. Pris en otage, le Dr. Pym va saisir cette chance pour utiliser de nouveau ses inventions liées aux fourmis. Une fois réduit et revêtu de son costume, il retourne à la fourmilière mais est une nouvelle fois attaqué. Il se rend alors compte qu’il a conservé l’équivalent de sa force humaine malgré sa petite taille. Après avoir vaincu son adversaire, il va partir à la tête d’une armée de fourmi qui va réussir à vaincre les agents ennemis.
Ant-Man [Henry Pym] va continuer ses aventures en solo pendant encore une demi-douzaine de numéros avant que sa vie ne soit bouleversée par la visite du Dr. Van Dyne et de sa fille Janet. Mais l’épisode s’ouvre sur une séance mélancolique puisque le Dr. Pym se remémore les circonstances de la disparition de son épouse la belle Maria Trovaya. Fille d’une savant hongrois transfuge, devenu américaine par leur mariage Maria réussit à convaincre son époux de découvrir son pays d’origine malgré sa réticence. Malheureusement pour elle, l’action politique qu’elle a menée avec son père n’a pas été oubliée par la dictature et la jeune femme est kidnappée avant d’être tué. En Amérique, son père est également tué par une bombe, laissant le jeune savant éploré.
Sa rêverie est interrompue par la venue du Dr. Van Dyne et de sa fille Janet qui présente une certaine ressemblance avec Maria. Troublé, le Dr. Pym va refuser son aide à son confrère qui travaille sur un rayon Gamma (sans doute en parallèle des travaux du Dr. Bruce Banner) afin d’établir une communication avec d’autres formes de vie. Malheureusement pour le Dr. Van Dyne son invention va trop bien fonctionner et attirer un criminel de la planète Kosmos. Cette créature va tuer son « sauveur » et forcer Janet Van Dyne a appelé le Dr. Pym au secours. Mais c’est sous son identité secrète d’Ant-Man qu’il vient en aide à la jeune fille tout en lui recommandant de contacter Lee Kearns du F.B.I. de sa part. Ses fidèles fourmis lui donnent ensuite un indice déterminant sur son adversaire.
Lorsque le Dr. Pym reçoit la jeune Janet Van Dyne, elle se montre si déterminer à venger son père bien aimé qu’il lui révèle son identité secrète et lui propose de devenir sa partenaire dans sa lutte contre le mal. Il lui greffe des ailes de guêpe dans le dos et lorsqu’elle est exposée au sérum de réduction, elles se déploient afin de lui permettre de voler et de devenir The Wasp. Le duo insectoïde va réussir à éliminer la créature de la planète Kosmos avant de voler vers d’autres aventures. Bien sûr, et au corps défendant du Dr. Pym a qui la jeune Janet rappelle par trop sa première femme, les deux partenaires vont tomber amoureux l’un de l’autre. Si The Wasp [Janet Van Dyne] conserve son identité, ce n’est pas le gars du Dr. Pym qui très rapidement se sert de son sérum de changement de taille pour devenir Giant-Man comme nous l’avons déjà vu plusieurs fois.
Le souvenir de sa première épouse va ressurgir une nouvelle fois dans Tales to Astonish #60 (1959 Series). Giant-Man [Henry Pym] apprend que son ami Lee Kearns a été arrêté à Berlin-Est et est accusé d’espionnage. Il décide d’aller le secourir et également d’enquêter sur un programme d’arme secrète dont Lee Kearns lui a parlé avant d’aller en Allemagne. Sur place, il passe le mur au moyen de sa taille de fourmi et retrouve Lee Kearns dans une prison communiste. Ce dernier lui explique que les savants communistes ont mis au point un rayon capable de transformer des gorilles en une véritable armée de soldats communistes. Kearns et Giant-Man [Henry Pym] vont affronter les gorilles déjà transformé et surnommés The Beasts of Berlin! (Les fauves de Berlin) ainsi que tous les soldats communistes présents dans la forteresse.
Puis, après avoir détruit le seul exemplaire du rayon fonctionnant, ils s’enfuient de Berlin-Est en défonçant une section du mur plus de 25 ans avant sa destruction réelle. En France, les épisodes retraçant les premières apparitions d’Henry Pym, Ant-Man et The Wasp [Janet Van Dyne] seront publiés dans la série Strange Spécial Origines de l’éditeur lyonnais Lug. Ceux voulant les découvrir dans une version moderne peuvent se tourner vers le volume Je suis Ant-Man publié très récemment par Panini. L’épisode se déroulant à Berlin-Est a quant à lui été publié par l’éditeur nordiste Artima – Arédit dans son Petit Format N&B Eclipso n° 26 et est le premier a évoqué en France le destin de Maria Trovaya. Il est à remarquer que malgré son contenu explicitement anti-communiste, cet épisode a été publié sans retouche et que la faucille communiste est bien visible sur les gorilles qu’affronte Giant-Man [Henry Pym] alors même que comme nous l’avons déjà évoqué (cf. French Collection #271) Artima – Arédit avait tendance à autocensurer ce type de contenu sans doute pour éviter les affrontements avec les représentant de la presse communiste à la commission de censure. En même temps, les références au mur de Berlin ne pouvaient être masquées sauf à totalement dénaturer et retoucher massivement l’épisode.
[Jean-Michel Ferragatti]
Toujours un plaisir de se replonger sur nos souvenirs de lectures,aussi bien pour les réminiscences
que pour les details sur le contexte de publication.