A cette époque, le vaisseau amiral du groupe n’est plus Captain Billy’s Whiz Bang dont l’humour est devenu très « daté » mais Mechanix Illustrated. Il s’agit d’un titre pédagogique sur les inventions et les différents aspects de la mécanique usuelle qui touche le grand public et non plus uniquement les forces armées. Cette ligne aboutira à la création du genre « Do-it-yourself » que Fawcett investira avec succès.
1940 est une année importante pour le groupe Fawcett. Premièrement le Wilford Hamilton « Captain Billy » Fawcett décède, laissant ses quatre fils à la tête du groupe éponyme. Deuxièmement, l’un d’entre eux (Roscoe Ken Fawcett) créé la société Fawcett Comics dont le personnage phare sera Captain Marvel. Deux des piliers de Mechanix Illustrated prennent en charge le devenir scénaristique et visuel de la nouvelle ligne de comics. Il s’agit de William Parker et Charles Clarence Beck. Après bien des déboires de titres et deux ashcans successifs le personnage de Captain Marvel apparaît officiellement dans Whiz Comics #2.
La continuité super-héroïque de Fawcett va alors grandement se développer avec de nombreux personnages tels que Captain Midnight, Bulletman & Bulletgirl et Spy Smasher (pour ne citer que ceux que nous ne n’étudierons pas dans French Collection). Le succès est si important que Captain Marvel vend plus de magazine que Superman (et sans compter la Marvel Family) et que le tirage de ses aventures fleurte avec le million d’exemplaire. DC Comics, prenant ombrage de ce succès, intente un procès en plagiat à Fawcett. La bataille juridique sera homérique et durera jusqu’en 1953 date à laquelle Fawcett signe une transaction avec DC Comics. Une somme sera versée en « dédommagement » du soit disant préjudice et Fawcett s’interdit de publier ou de « louer » ses personnages à un autre éditeur. Il faut dire qu’à cette date le marché du comics de super-héros est en train de s’effondrer et que le groupe, qui s’est diversifié sur un autre marché, ne souhaite pas poursuivre une bataille juridique onéreuse pour une ligne de moins en moins rentable. Les quelques personnages qui ne sont pas visés par la transaction sont vendus à l’éditeur Charlton, signant la sortie définitive du groupe Fawcett de l’univers des comics.
Mais après la signature de cet accord, Roscoe Fawcett décide de se lancer sur le marché du paperback. Il teste d’abord deux anthologies constituées de réédition de matériel provenant des magazines du groupe (en non des rééditions de livres). Devant le bon accueil de ce galop d’essai, le groupe lance la collection « Gold Metal Books » qui est constitué de livres de poche originaux (paperback originals). L’interdiction contractée avec New American Library est donc contournée. Cette expérience va bouleverser le monde de l’édition qui était jusqu’à lors basé sur des nouveautés en hardback (reliés) et des rééditions en paperback (livre de poche).
En effet pour attirer des auteurs qui alimenteront sa collection Fawcett va révolutionner le mode de rémunérations des écrivains. Le groupe se propose de calculer les royalties de l’auteur en fonction du tirage et non en fonction des ventes, ce qui leur assure une bien meilleure rémunération. La collection va attirer des auteurs qui deviendront extrêmement célèbre comme David Goodis, John D. MacDonald Richard Matheson et Mickey Spillane.
Le groupe Fawcett fera l’objet de nombreuses opérations capitalistiques et ses activités toujours existantes appartiennent à plusieurs groupes de presses célèbres comme Ballantine ou Hachette Publications.
Le premier personnage récurrent de Fawcett à être apparu en France est Don Winslow of the Navy. Les aventures de cet officier des services secrets de la marine américaine étaient initialement publiées en comic strip par le Bell Syndicate. Devant le succès, un feuilleton radiophonique était lancé en 1937 puis le personnage était adapté en serial par Universal Films en 1942. Suite à cette présence médiatique, Fawcett licencie le personnage pour exploiter une ligne de comics books en 1943. Le personnage sera traduit en France notamment dans l’hebdomadaire L’Aventureux des Editions Mondiales (la version comic strip) puis en Récits Complets dans les collections Hurrah !, L’Audacieux et Les Belles Aventures entre autres (toujours aux Editions Mondiales).
Le deuxième personnage important de Fawcett à être publié en France est Nyoka the Jungle Girl. Il s’agit encore une fois de l’adaptation en comic book d’un personnage de serial ayant obtenu un large succès (même si la paternité du personnage remonte à un roman d’Edgard Rice Burroughs, le père de Tarzan). Jungle Girl qui est l’adaptation en comic du film (une première mondiale) apparaît donc en 1942 et met en vedette un personnage très différent des autres « jungle girls ». Habillé dans une tenue de brousse très classique (même si certaines scènes ne sont pas sans recélées un érotisme léger), ayant été élevé par ses propre parents (et non une tribu d’animal), Nyoka n’a qu’une très vague ressemblance avec les tarzanides de l’époque. Il faut dire que son origine cinématographique ne permettait pas les mêmes audaces que ses concurrentes de papier. Elle bénéficiera néanmoins par la suite d’un titre éponyme qui perdurera même lors de l’acquisition d’une partie des titres Fawcett par Charlton.
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