French Collection #321
28 septembre 2016Cette semaine, nous allons continuer l’exploration des deux derniers éditeurs en date apparus dans nos chroniques, Skywald Publications aux Etats-Unis et Les Editions de Poche en France.
Très rapidement après le lancement de leur gamme de magazine d’horreur, Sol Brodsky & Israël Waldman vont tenter une première diversification de leur publications vers le genre super-héroïque. L’éditeur s’était déjà aventurer sur ce terrain avec une réinterprétation du personnage du golden age The Heap (cf. French Collection #317) mais il va cette fois lancer sa propre continuité inédite dans un nouveau magazine. Hell-Rider apparaît donc dans un magazine éponyme (bien que dépourvu de tiret dans l’indice) en août 1971. Les lecteurs américains y découvrent en N&B le jeune Brick Reese, fils de bonne famille qui vient de terminer ses études de droit et dont le père souhaite qu’il intègre le cabinet qu’il a fondé.
Mais Brick n’a aucune envie de suivre la voie qui a été tracée pour lui par sa famille et décide au contraire de partir à l’aventure sur la côte ouest. Un soir alors qu’il rentre dans un bar mal famé à San Francisco pour boire une bière il est pris à partie par le chef d’une bande de motard. Heureusement, en plus de ses études de droit, Brick a trouvé le temps de s’inscrire dans une école d’arts martiaux dont il a obtenu une ceinture noir de karaté. Après avoir basculé le chef de The Wild Bunch (la horde sauvage en français) ces membres calment le jeu et lui explique qu’il s’agissait d’un test car « n’importe qui » n’est pas autorisé à boire dans leur repaire. Après cette entrée en matière un peu brutale, The Wild Bunch propose à Brick de les rejoindre car ils ont toujours besoin d’un bon avocat pour les tirer de leurs nombreux démêlés avec la justice. Mais en réalité, Brick va complétement intégré The Wild Bunch et faire le coup de poing avec eux en chevauchant une grosse cylindrée.
Il est à remarquer que Hell Rider (1971 Series) est un magazine en N&B destiné à un lectorat plus adulte que les comics couleurs des grands éditeurs. Libéré de la tutelle de la Comic Code Authority, les artistes peuvent donner libre cours à leur envie et ne se prive pas de dessiner des jeunes filles complétement nues pour bien insister sur le style de vie supposé des gangs de motards, ainsi que la réalité du courant de libération sexuelle qui était en cours à ce moment aux Etats-Unis et bien sûr attirer le lectorat des jeunes garçons qui sont la cible de la ligne éditoriale de Skywald Publications.
Mais la fête n’a qu’un temps et Brick est rattrapé par la réalité en recevant son ordre d’incorporation au sein de l’armée de terre. Il pourrait comme il l’indique partir au Canada pour éviter la conscription mais il se priverait de pouvoir revenir rouler une nouvelle fois avec ses amis. Mais alors qu’il est à trois semaines de la fin de son tour au Vietnam, il est envoyé en patrouille il est pris dans une embuscade. Toute son escouade est tuée et lui-même est touché au bras mais surtout en plein dans son casque. Il se réveille au Japon après treize jours de coma et apprend quelques jours après que son casque bien que l’ayant protégé a laisser passer la balle qui s’est logé à la base de son crâne. Le médecin lui explique qu’un faux mouvement de sa part peut faire bouger le fragment de balle et le tuer sur le coup. Il lui propose alors de lui administrer le sérum expérimental Q-47 qui devrait permettre de dissoudre le fragment.
Brick accepte et reçoit une injection journalière pendant un mois tout en effectuant sa rééducation. Et le jour ou le médecin lui annonce la réussite de l’expérience, il se rend également compte qu’il a acquis une super-force en défonçant ses appareils de musculation. Ne voulant pas devenir un sujet d’étude, il décide de se taire et de repartir aux Etats-Unis. Son oncle lui apprend alors que son grand-père est décédé et qu’il a hérité de cent-mille dollars. Brick s’achète le dernier modèle sport d’Harley Davidson ainsi qu’un chalet avec vue sur l’océan ou il donne des fêtes plus sauvages les unes que les autres. Mais rapidement son héritage diminue et Brick commence à s’ennuyer. Il décide alors de rejoindre le cabinet de son oncle qui lui confie le « dossier » Julie Storm, la chanteuse de rock la plus en vue du moment.
En plus de traiter ses contrats, il doit aussi veiller sur elle et notamment qu’elle ne retombe pas dans ses addictions après sa cure de désintoxication. Alors qu’il se rend chez elle pour une fête tout aussi délurée que celle qu’il donnait, il assiste à l’enlèvement de Julie par un homme déguisé en chat ! IL réussit à les suivre jusque dans la chambre de Julie ou un homme masqué se faisant appeler The Claw à cause d’un bras mécanique meurtrier menace la chanteuse si elle ne lui révèle pas ou son passé ses bottes de scène. Hilare, elle lui explique qu’elle les a données à une nouvelle chanteuse pour lui porter chance ! Furieux, The Claw lui révèle qu’il y a caché un million de dollar d’héroïne ! Ses hommes partent pour essayer de les récupérer tandis que d’autres emmènent Julie dans un chalet sur Malibu. Brick les a suivis et va intervenir alors que les Cat-Men vont injecter de la drogue à Julie pour la faire replonger au moment où il est assommé.
Encore une fois, il est à noter que les publications de Skywald Publications n’étant pas soumis à la la Comic Code Authority il est possible d’y évoquer les problèmes de drogues, ce qu’elles ne se priveront pas de faire sans doute dans un souci de réalisme mais aussi pour attirer un certain lectorat. A sa grande surprise, il se réveille le lendemain chez lui avec une note de The Claw lui conseillant de se mêler de ses affaires sous peine de mort. Mais Brick décide tout le contr Il se confectionne ensuite un costume de super-héros et décide d’aller délivrer une nouvelle fois Julie. Malgré une entrée remarquée, The Hell-Rider [Brick Reese] surgit dans le chalet de plage et réussit presque à neutraliser tous ses adversaires lorsque sa super-force lui fait défaut.
Assommé, il se retrouve dans un cachot. Heureusement, ses forces lui reviennent et il s’évade juste à temps pour délivrer Julie des hordes de The Claw. Il réussit à l’emmener à l’hôpital avant qu’elle ne succombe à son overdose mais cette exploit en costume lui vaut d’être recherché par la police. Il est une nouvelle fois à remarquer que l’absence d’autocensure conduit à un caractère beaucoup plus violent des combats ou les morts sont nombreuses, tout comme les gerbes de sang et les dents qui volent. Pendant son emprisonnement de nombreux événements mêlant d’autres protagonistes, sur lesquels nous reviendront dans de prochains French Collection, lui permettent de remonter la piste de The Claw jusqu’à Las Vegas.
Dans un affrontement final apocalyptique tous les protagonistes de cette première histoire se retrouvent pour démasquer The Claw qui est mourant et se révèle n’être personne d’autre que l’oncle de Brick (ce qui explique pourquoi il n’a pas été tué la première fois). Suprémationiste blanc, il organisait un vaste trafic d’héroïne pour ériger un empire, attirer des fanatiques afin de prendre le pouvoir aux Etats-Unis et dans le monde et d’imposer ses idées racistes. Après sa première aventure, Brick est préoccupé. Il est recherché par la police sous son identité secrète et pense qu’il ferait mieux de cesser sa carrière. Mais alors qu’il passe chez sa secrétaire Diane pour chercher des contrats, il l’entend appeler à l’aide et surgit dans son appartement sous l’identité du Hell-Rider [Brick Reese]. Diane a été égorgée par une énorme monstre rapidement appelé The Ripper ! Une nouvelle fois, la super force du Hell-Rider [Brick Reese] va lui faire défaut et il ne doit sa survie qu’à l’arrivée sur place de la police qui met en fuite son assaillant.
Il est contacté le lendemain par Jack Samuels un de ses vieux amis dont le frère souhaite le voir. Il s’agit du propriétaire d’un club de charme appelé Nightowl et dont les « girls » sont affublées d’un costume (très léger) de hibou. Mais c’est surtout à cause du sérum expérimental Q-47 que Selwyn Samuels souhaite le voir. En effet, en plus d’être un entrepreneur ayant réussi il s’est également mis en tête de développer une sorte de sérum de super-soldat et est très intéressé par le traitement que Brick a subit. Celui-ci est assez peu enthousiaste et en parle à Jack qui est assez dédaigneux vis-à-vis de son frère qu’il a toujours jalousé. Pendant ce temps, d’autres filles gravitant autour du Nightowl (Diane était une ancienne du club) sont l’objet d’attaque de la part du The Ripper. Suite à l’une des remarques de Jack, Brick soupçonne Selwyn de s’administrer une de ses drogues et d’être The Ripper. Il surprend le monstre au Nightowl mais est laissé pour mort, la gorge déchiré. Il ne doit sa survie qu’à l’intervention de Jack à qui il est obligé de raconter son histoire.
Pendant ce temps, les employés de Selwyn décident de démissionner. Il ne réussit à les convaincre de rester qu’en leur promettant de payer 24h / 24h si elles restent au club sous protection policière. Mais cela n’empêche pas The Ripper de les attaquer et elles ne doivent leur salut qu’au Hell-Rider [Brick Reese] qui abat de sang-froid le monstre qu’il pense être Selwyn. Mais la fin de l’histoire le laissera choqué ! La dernière apparition de The Hell-Rider [Brick Reese] nous le montre en randonné au Mexique. Il est confondu avec un autre sur une route déserte et assommé puis torturé pour avouer ce qu’il sait. Maria, une jeune mexicaine chargé de le soigner lui révèle qu’il est tombé sur un réseau de trafiquant d’esclave à destination des USA, ce qu’il ne veut pas croire ! Mais il doit bien s’y résoudre et décide de démanteler le réseau. Il réussit premièrement à s’évader avec Maria puis revient avec sa moto sous son identité secrète pour finir le ménage. A la fin de l’épisode alors qu’il se repose avec Maria, il se dit que pour une fois son identité de Hell-Rider [Brick Reese] lui a apporté quelque chose de bien.
Bien qu’une publicité montrant la couverture de Hell Rider #3 (1971 Series) par Gray Morrow annonçant une « Full-Length Illustrated Adventure » intitulé The Zodiac Killers se trouve sur les 4e de couverture des magazines Skywald Publications du mois de novembre 1971 le personnage ne réapparaitra pas. Ou en tout cas, pas sous cette forme ni chez cet éditeur car son créateur Gary Friedrich réutilisera sa création sous une forme un peu différente chez un autre éditeur comme nous le verrons la semaine prochaine. En France, les trois aventures de The Hell-Rider [Brick Reese] ont été publiées dans Psycho n° 6 et Cauchemar n° 8 chez Les Editions de Poche. Le personnage a été rebaptisé « Le Cavalier Fantôme », The Claw est devenu « La Griffe » et The Ripper traduit par « L’Etrangleur » ce qui n’est pas incohérent au regard de l’histoire même si la traduction exacte est L’Eventreur et fait clairement référence au personnage de Jack the Ripper ! La piètre qualité de la traduction des Editions de Poche est malheureusement à remarquer comme avec le titre de la dernière aventure du personnage. Shanghai ..70’s style a en effet été traduit par « Shanghai a la mode des annees 70 ». L’aventure se passant au Mexique, le traducteur aurait pu se demander ce qu’une ville chinoise venait faire dans l’histoire.
En cherchant, il aurait peut être compris que le titre original faisait référence au verbe anglais « to shanghai » qui signifie « forcer quelqu’un à rejoindre un équipage de bateau en le droguant » et se réfère plus généralement au trafic d’êtres humains, ce qui est beaucoup plus cohérent avec le thème de l’épisode.
[Jean-Michel Ferragatti]
Qui a été créé en premier : Hell Rider ou le Ghost Rider ?
Ghost Rider.
Merci !
Du coup je n’ai pas compris : le Ripper était bien Selwyn ? Ou quelqu’un d’autre ?
Cela dépend de qui nous parlons Bonredo. Si tu parles du motard à la tête enflammée de Marvel il est apparu en août 1972 dans Marvel Spotlight #5 alors que Hell-Rider est apparu en août 1971 soit deux ans avant !
Mais il y a aussi un autre Ghost Rider dont nous reparlerons mais qui ne chevauche pas une moto et qui est aussi apparu chez Marvel Comics.
Pour Goon, j’ai laissé le point en suspens pour ne pas spoilier au cas ou des lecteurs voudraient lire directement l’épisode. The Ripper n’est pas Selwyn mais son frère Jack. D’où le fait que la traduction française en l’étrangleur fait perdre le clin d’oeil scénaristique qui te fait dire à la fin de l’épisode que tu l’avais sous les yeux.
Apparemment Friedrich aime bien les personnages démoniaques à moto 🙂