Cette semaine, nous allons revenir sur les origines du personnage qui aura suffisamment marqué l’histoire du comic book pour que plusieurs autres personnages s’en inspirent de près ou de loin.
Vin Sullivan a travaillé dans le monde du comic book depuis sa création puisqu’il a été le premier Editor de National Allied Publications, qui deviendra DC Comics, et qu’il a été à l’initiative de l’achat de la première aventure de Superman [Clark Kent]. En 1943, Sullivan créé la société Magazine Enterprises et de manière assez surprenant ne s’aventure jamais dans le genre super-héroïque si ce n’est peu avant la fin de la société avec The Avenger (un des précurseurs méconnus du silver age) & Strong Man. La société se focalise plutôt sur les autres styles en vogue à un moment ou à un autre comme les publications humoristiques, d’aventure ou versant vers le crime et l’horreur ainsi que le western. C’est vers une hybridation des deux derniers que Vin Sullivan demande à son dessinateur Dick Ayers de travailler en l’envoyant au cinéma.
Dans une interview au magazine Alter Ego, Ayers raconte que Sullivan l’envoi regarder le film d’animation The Adventures of Ichabod and Mr. Toad des Studios Walt Disney et plus particulièrement la partie qui s’inspire de la nouvelle The Legend of Sleepy Hollow de Washington Irving dont le personnage principal est The Headless Horseman (le cavalier sans tête en français). Ayers créé donc avec le scénariste Ray Krank un nouveau personnage basé sur le concept de The Headless Horseman et qui se passe au far-west. Le nom du personnage s’inspire lui de la chanson de Vaughn Monroe, (Ghost) Riders in the sky. Le personnage de The Calico Kid apparaît dans Tim Holt #6 (1948 Series) en bac-up story (histoire secondaire) du cowboy de cinéma dont la revue tire son nom. Il s’agit d’un cowboy qui voyage de ville en ville avec un magasin ambulant, son sidekick asiatique Sing Song et son cheval Ebony. Il se fait passé pour un personnage timoré et revêt un masque lorsqu’il rend la justice.
A partir de Tim Holt #11 (1948 Series) nous apprenons que The Calico Kid n’est que l’identité que s’est créé un Federal Marshall du nom de Rex Fury et qu’il décide d’abandonner pour prendre celle de The Ghost Rider ! Trempant un costume entièrement blanc dans un bain de phosphore, il est capable de réaliser des illusions d’optique en pleine nuit au moyen de la doublure noire de sa cape. Il lui est ainsi possible d’apparaître comme une tête flottant dans les airs ou un cavalier sans tête. Il abandonne son cheval Ebony pour un nouveau nommé Spectre qu’il recouvre également de phosphore lors de ses sorties nocturnes. Il utilise deux pistolets mais également un lasso et un fouet complètement noir qui lui permettent d’avoir l’air de manipuler des objets à distances sans les toucher !
Très rapidement, le personnage a du succès et continue d’être publié dans Tim Holt (1948 Series) qui lui-même va prendre une identité masquée sous le nom de Red Mask ce qui occasionnera le changement de nom du magazine en Red Mask (1954 Series). The Ghost Rider [Rex Fury] apparaît également dans l’anthologie A-1 Comics (1945 Series) avant d’obtenir son propre comic : The Ghost Rider (1950 Series). Dans le premier numéro son origine est enfin révélée. Alors qu’ils essayent d’échapper à une bande d’indien dirigé par un renégat blanc déguisé, Rex Fury & Sing Song sont précipité dans le gouffre du diable pour s’y noyer.
Mais non seulement ils survivent à cette épreuve mais Rex Fury est contacté aux portes de la mort par les fantômes de Wild Bill Hickok, Patt Garrett (l’homme qui tua Billy the Kid), Billy Tilghman le marshal de Dodge City, Kit Carson & Calamity Jane. Tous vont lui enseigner leurs savoir afin qu’il puisse faire régner la justice dans le monde des vivants à leur place sous sa nouvelle identité fantômatique. The Ghost Rider [Rex Fury] affrontera des bandits classiques qu’il aurait pu rencontrer sous son identité secrète de Rex Fury mais également énormément de créatures surnaturelles comme des réels (si l’on peut dire) fantômes, vampires ou loups garous.
Le personnage ne subira quasiment aucune modification jusqu’à sa dernière apparition en 1955 puis disparaît des pages de Magazine Entreprises qui arrêtera ses activités en 1958 laissant le personnage libre de droit au prochain renouvellement du copyright. L’impact du Comic Code créé en 1954 qui interdit quasiment toutes les créatures surnaturelles explique sans doute la disparition de la série. Mais tout le monde n’a pas oublié le personnage et surtout pas son dessinateur originel qui a entre-temps migré ses crayons et pinceaux chez Marvel Comics. Il propose visiblement à l’équipe éditoriale de relancer le personnage qui apparaît dans son propre titre : Ghost Rider (1967Series) en février 1967 scénarisé par Roy Thomas & Gary Friedrich (dont nous avons récemment évoqué deux créations dans French Collection #321 & 322).
Les fondamentaux du personnage sont identiques mais le Comic Code étant toujours en application aucune menace surnaturelle n’apparaît dans les épisodes. Il possède par contre lui des pouvoirs surnaturels et notamment la capacité de projeter des flammes de ses mains. L’équipe artistique n’ira pas pousser le vice jusqu’à reprendre l’identité civile du personnage et le lecteur découvre donc le jeune mais courageux instituteur Carter Slade. Comme il vient prendre son poste à Bison Bend, il assiste à une attaque de ranch par des indiens. Il essaye de s’interposer mais ne réussit qu’à prendre une balle. Jamie Jacobs, le jeune fils de la famille du ranch et dernier survivant va tenter de le sauver mais c’est Flaming Star, un Shaman Navajo qui les a recueilli qui va le guérir. Persuadé qu’il était possédé par un esprit revenu des morts, il va lui donner un costume blanc et une poudre de météorite ainsi qu’un cheval nommé Banshee.
Devenu The Ghost Rider [Carter Slade], il opère depuis une mine secrète dont l’entrée est en forme de crâne (comme celle de The Phantom) et est aidé de Jamie qui deviendra son sidekick en utilisant une lanterne magique qui projette l’image de The Ghost Rider. Dès le deuxième épisode, The Ghost Rider [Carter Slade] va affronter un adversaire masqué en la personne de Tarentula, un criminel en costume entièrement noir qui peut être vu comme l’inverse de The Ghost Rider [Carter Slade]. Il s’agit en fait de l’identité criminelle de Clay Rider, le fiancé de la jolie Natalie Brooks dont Carter Slade est secrètement amoureux et dont le frère Benjamin devient le sheriff de la ville. Dans un schéma devenu également extrêmement classique, le sheriff Benjamin Brooks est persuadé que The Ghost Rider [Carter Slade] est un malfaiteur et poursuit donc le héros qui l’aide en secret.
Pendant les sept numéros que dure Ghost Rider (1967Series) notre héros affrontera plusieurs adversaire comme Sting-Ray (a.k.a. Scorpion) qui n’est autre que le pharmacien de Bison Bend mais aussi Towering Oak le frère maléfique de Flaming Star. Le personnage migre ensuite dans Western Gunfighters (1970 Series) ou il partage la vedette avec plusieurs autres série dont le chasseur de prime Gunhawk. Natalie Brooks s’est interposé entre son frère Benjamin et The Ghost Rider [Carter Slade] qu’elle admire et a été paralysée dans le dernier numéro de Ghost Rider (1967Series). Western Gunfighters #1 (1970 Series) marque le retour de Tarentula [Clay Rider], sa capture, la révélation de son identité secrète et son amnésie ! The Ghost Rider [Carter Slade] va ensuite pleinement entrer dans la continuité super-héroïque de Marvel Comics en affrontant Hurricane [Harry Kane], un gangster qui a acquis des pouvoirs de super-vitesse en buvant une potion préparé par un Shaman mais qui a été vaincu par Two-Gun-Kid. Il va ensuite affronter Gunhawk qui le pourchasse pour toucher la prime promise par le sheriff Benjamin Brooks.
Mais Lincoln Slade ne va pas supporter le poids de ses responsabilités et va petit à petit devenir fou. Cette folie va s’exprimer par une obsession vis-à-vis de Mockingbird [Barbara Morse] la femme de Hawkeye [Clint Barton] qui se retrouvera transporté au XIXe siècle avec les West Coast Avengers. The Ghost Rider [Lincoln Slade] va kidnapper Mockingbird [Barbara Morse] et la droguer pour lui faire croire qu’elle l’aime et avoir des relations avec elle. Lorsqu’elle retrouvera ses esprits ils engageront un combat sans merci pendant lequel The Ghost Rider [Lincoln Slade] basculera par-dessus un précipice. Alors qu’il se retient au bord il supplie Mockingbird [Barbara Morse] de l’aider puis essaye de nouveau de la contrôler mais elle le regardera juste tombé et s’écraser au sol. Son esprit prendra le contrôle de l’archéologue Hamilton Slade son descendant moderne qui après avoir sauvé The Ghost Rider [Johnny Blaze] (French Collection #322) hantera Mockingbird [Barbara Morse] pour l’avoir laissé mourir.
Ce n’est pas la première fois que Johnny Blaze rencontre son homonyme puisqu’il a été raconté rétroactivement qu’il s’est également retrouvé transporté au XIXe siècle et avait sauvé The Ghost Rider [Carter Slade]. Homonyme est d’ailleurs incorrect puisque suite à la création de The Ghost Rider [Johnny Blaze] l’équipe éditoriale de Marvel Comics va rebaptiser la lignée des Ghost Riders du XIXe siècle. Dans un premier temps baptisé Night Rider cette appellation sera rapidement changée car elle désigne dans certains Etats du sud des USA des membres du Ku Klux Klan. Dorénavant définitivement appelés Phantom Riders les porteurs modernes ou non du costume continuent de hanter les pages des publications Marvel. En France, les aventures originelles de Ghost Rider [Rex Fury] ont été récemment publiées dans des fascicules confidentiels reprenant des comics libres de droit.
Les personnages de Marvel Comics ont été entraperçus dans les publications des Editions Lug et plus particulièrement The Ghost Rider [Carter Slade] pendant le story arc avec les West Coast Avengers. Les aventures de ces deux prédécesseurs tirés de Western Gunfighters (1970 Series) ont été publiées en français par l’éditeur québécois Héritage dont les scans de cette chronique proviennent.
[Jean-Michel Ferragatti]PS : Petite dédicace particulière à mon ami Antonio Pastucci de l’association Vortex Comics.
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