Cette semaine, nous allons continuer d’explorer les variations d’une catégorie de personnage devenue emblématique de l’univers des super-héros alors que rien ne l’y prédisposait au départ. Avant de devenir un personnage récurent de la continuité super-héroïque de l’éditeur DC Comics, le personnage que nous allons étudier donne son nom à une one-shot story horrifique publiée dans House of Secrets #92 (1969 Series) dont il a par ailleurs l’honneur de la couverture.
Mais Damian qui est rongé par sa conscience interprète la distance de Linda comme des soupçons et décide de se débarrasser d’elle. Mais au moment où il va l’assassiner, The Swamp Thing [Alex Olsen] surgir pour protéger sa femme. Après avoir tué son meurtrier, il s’enfuit devant le regard horrifié de sa femme pour qui il n’est qu’un monstre venant de tuer son mari. L’histoire reçoit un excellent accueil public et reçu le prix Shazam de l’Academy of Comic Book Arts (ACBA) en 1971. Sur la demande de leur Editor, Joe Orlando, le scénariste Len Wein & le dessinateur Berni Wrighston déplacent l’intrigue dans un contexte contemporain pour lancer un magazine éponyme à leur création. Swamp Thing #1 (1972 Series) débutent par l’arrivée de Alec & Linda (remarquer qu’il s’agit du même prénom que le personnage de l’histoire précédente) Holland dans Bayou Country escorté par le Lieutenant Cable.
Les deux savants mettent au point un composé chimique capable d’accélérer la croissance des plantes et de résoudre les problèmes de nutrition dans le monde. Au regard de la sensibilité du sujet, le gouvernement des Etats-Unis souhaite les mettre en sureté. Mais malheureusement ces précautions n’empêcheront Mister E qui représente The Conclave et ses agents d’introduire un micro-espion sur le collier d’un chien qu’ils réussissent à introduire dans le laboratoire. Les nommés Ferrett (le furet en français) et Bruno vont menacer le couple puis pauser une bombe dans le laboratoire. Gravement brûlé dans l’explosion (mention qui deviendra entouré de fumée suite à une remarque de la Comic Code Authority), Alec Holland se précipite hors de son laboratoire et s’enfonce dans les marécages.
Mais sans qu’il n’en ait conscience, The Swamp Thing [Alec Holland] est observé par Anton Arcane au travers d’un miroir actionné par magie. Sorte de biologiste fou passionné d’occultisme (et basé sur l’image du Dr Victor Frankenstein véhicule par le cinéma) il a créé des êtres artificiels nommés Un-Men qu’il envoi capturé The Swamp Thing [Alec Holland]. Arrivé dans son château des Balkans, Arcane se concilie Alec Holland en lui proposant de lui redonner son aspect humain. L’opération réussie parfaitement mais Holland découvre qu’Arcane s’est approprié son corps végétal pour non seulement devenir immortel mais également détruire les villageois qui se sont moqués de lui pendant des années.
Comprenant qu’il a lâché un fou sur le monde, Holland va se sacrifier et reprendre sa forme végétale ruinant ainsi les plans d’Arcane qui semble se suicider à la fin de l’épisode. The Swamp Thing [Alec Holland] va essayer de reproduire sans succès l’expérience qui a permis à Arcane de lui rendre sa forme humaine. Pendant son errance dans le château d’Arcane il va rencontrer une autre de ses créatures, The Patchwork Man qui est une réinterprétation du Frankenstein’s Monster. Il s’agit en réalité de Gregori Arcane, le frère d’Anton que ce dernier a ramener à la « vie » après qu’il est déclenché une mine.
L’épisode suivant nous découvrons que l’avion s’est écrasé dans des marais et qu’Abigail & Matt Cable ont été recueilli par la famille MacCobb. Mais celle-ci ne compte que les utiliser pour guérir leur fils de la lycanthropie qui l’accable. Bien que sauvé une nouvelle fois par The Swamp Thing [Alec Holland], Cable souhaite continuer sa traque dans un schéma très voisin de celui de la série télévisé The Fugitive. Continuant sur sa lancée horrifique, l’épisode suivant de la série racontera la rencontre de The Swamp Thing [Alec Holland] avec Rebecca & Timothy Ravenwood qui sont pourchassé pour sorcellerie par un homme nommé Gideon. L’épisode suivant ressort plus de la science-fiction puisque The Swamp Thing [Alec Holland] va toujours se retrouver confronter à Alec & Linda Holland !
Nullement effrayé par son apparence, le couple va l’emmener au village de Bürgess et à son maire et horloger Hans Klochmann (qui phonétiquement est un jeu de mot censé faire penser à un horloger dans une langue germanique). Alec & Linda Holland ne sont en fait que des robots, comme tous les habitants du village, créé par Klochmann à partir de coupures de presse trouvé dans les journaux. Malheureusement pour le paisible inventeur, son œuvre a été repéré par The Conclave qui va essayer sans succès de s’en emparer en envoyer une sorte de robot commandé à distance. Mais Klochmann sera tué pendant l’invasion et The Swamp Thing [Alec Holland] repartira de nouveau pour cette fois-ci pénétrer de plein pied dans la continuité super-héroïque DC Comics.
En effet, l’épisode suivant conduit The Swamp Thing [Alec Holland] à Gotham City. Nous découvrons que Mister E est un notable de la ville et même membre de The Wayne Fondation sous le nom de Nathan Ellery ! The Conclave a réussit à capturer Abigail Arcane & Matt Cable qui s’est vu retiré le dossier Holland du fait de son obsession à pourchasser The Swamp Thing [Alec Holland]. Ce dernier va une nouvelle fois les sauver et réussir à neutraliser Mister E [Nathan Ellery] qui tombe accidentellement du haut d’un immeuble sous les yeux de Batman [Bruce Wayne] qui a croisé le chemin de The Swamp Thing [Alec Holland]. Nous reviendrons dans de futures chroniques sur les évolutions ultérieures du personnage qui le propulsèrent sur le devant de la scène des comics sous le plume d’autres scénaristes.
Le succès public et critique de Swamp Thing (1972 Series) est aussi important que celui de l’histoire originelle qui a inspiré le personnage mais a fait l’objet d’une polémique dans le milieu des comics. En effet, Len Wein était le colocataire de Gerry Conway par ailleurs co-créateur de The Man-Thing [Ted Sallis] publié à peine un mois avant par Marvel Comics (cf. French Collection #319). La similitude des intrigues amena beaucoup de gens à s’interroger sur un possible plagiat de Len Wein. Ce dernier nia toujours avoir copié son colocataire et ami et avoir trouvé l’idée alors qu’il rejoignait les locaux de DC Comics en métro sans aucune idée pour sa conférence éditoriale avec Joe Orlando comme il expliquait notamment dans une interview publié dans Alter Ego vol. 3 #135 de Roy Thomas.
La controverse resurgit avec la publication de Swamp Thing #1 (1972 Series) plusieurs mois après. Conway & Roy Thomas (alors Editor in Chief de Marvel Comics) trouvent que l’origine de The Swamp Thing [Alec Holland] est trop proche de celle de The Man-Thing [Ted Sallis]. Circonstance aggravante à leurs yeux, Len Wein a scénarisé un épisode de The Man-Thing [Ted Sallis] entretemps et ne peut décemment pas nier qu’il ne connaissait pas le personnage. Mais Marvel Comics n’entamera aucune action, les responsables se rendant compte que les deux personnages ont la même source d’inspiration, un personnage du golden age du nom de The Heap que l’éditeur Skywald avait relancé peut de temps avant eux (cf. French Collection #317).
Mais en réalité, toutes les créatures « marécageuse » de l’histoire du comics, y compris Solomon Grundy que nous avons étudié dans French Collection #147, possèdent une origine commune. Il s’agit de la nouvelle de science-fiction « It! » de Theodore Sturgeon publié en 1940 ! Alfred Bester, créateur de Solomon Grundy a ainsi clairement admis dans une interview que ses deux inspirations étaient une comptine enfantine du XIXe siècle et la nouvelle de Theodore Sturgeon. En France, Swamp Thing (1972 Series) sera publié en intégralité dans le Petit Format N & B de l’éditeur nordiste Artima – Arédit Spectral 1ère série avant de faire l’objet d’une réédition partielle en deux tomes aux Editions du Fromage dans la collection U.S.A. sous la direction de Fershid Bharucha. Le premier tome publiera la one-shot story horrifique publiée dans House of Secrets #92 (1969 Series) pour la première fois en France.
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