French Collection #328
16 novembre 2016Cette semaine, nous allons continuer notre exploration des personnages de la continuité super-héroïque de Marvel Comics ressortant du surnaturel avec un personnage dont le nom évoque le souffre et dont les débuts furent un peu confus.
Suite à l’assouplissement du Comic Code (le règlement d’autocensure des éditeurs) de 1971 en partie initié grâce à lui, Stan Lee a lancé plusieurs concepts s’inspirant des classiques littéraires du fantastique mais également The Ghost Rider [Johnny Blaze] (cf. French Collection #322). Souhaitant capitaliser sur ces succès, il souhaite lancer une nouvelle série intitulée The Mark of Satan et dont le personnage ne serait autre que Satan en personne ! Roy Thomas qui est à ce moment Editor de Marvel Comics pressent des problèmes d’une partie du lectorat qu’il devra gérer et n’est guère enthousiasme. Il revient donc avec une autre proposition. Pourquoi ne pas centrer la série sur le fils de Satan, ce qui permet toujours de l’utiliser comme personnage mais en évitant d’affronter le problème des religieux de tous bords frontalement. Lee accepte et le concept est donné en développement à Gary Friedrich qui avait déjà créé (ou co-créé suivant les versions) les personnages de The Hell-Rider [Brick Reese] (cf. French Collection #321) & The Ghost Rider [Johnny Blaze].
Encore une fois, les récits des différents intervenants de cette création sont contradictoires. Si le fait que l’idée de base est l’œuvre de Stan Lee, Roy Thomas indique que le scénariste Gary Friedrich & l’artiste Herb Trimp en sont les véritables co-créateurs. Mais Herb Trimp a toujours décliné toute paternité du personnage indiquant que Gary Friedrich était venu avec un personnage entièrement défini. Pour corser le tout, Roy Thomas va se rendre compte que la version finale du personnage est extrêmement proche de celle d’un personnage homonyme créé par son ami Biljo White sur la couverture de Komix Illustrated #2 puis dans le fanzine lui-même !
Quoi qu’il en soit, c’est dans Ghost Rider #1 (1973 Series) et sous les crayons de Tom Sutton que va apparaitre pour la première fois celui qui deviendra The Son of Satan ! Les lecteurs américains (ainsi que ceux de French Collection #322) avaient laissé The Ghost Rider [Johnny Blaze] sauvé des enfers par le sacrifice de The Witch-Woman [Linda Littletress] à la fin de Marvel Spotlight #11 (1971 Series). Ghost Rider #1 (1973 Series) qui en est la suite directe s’ouvre cependant sur trois premières cases montrant la tombe de Victoria Hellstrom (tempête de l’enfer en français) : 1928 – 1953. L’homme venu déposé une croix en or sur la tombe reste dans l’ombre mais pas pour longtemps. En effet, quelques pages plus loin nous découvrons que Sam Silvercloud est au chevet de sa fiancée The Witch-Woman [Linda Littletress] avec le père de celle-ci qui n’est autre que le sorcier indien Snake-Dance.
Ce dernier est désespéré car il a compris que sa fille avait été possédée par le démon et que son immobilité maladive ne pouvait être guérie par la médecine traditionnelle. Sam Silvercloud bien que profondément incroyant appelle Daimon Hellstrom dont il a lu une petite annonce indiquant qu’il est spécialisé dans l’exorcisme. A peine a-t-il raccroché que ce dernier se promet de sortir de son indécision et d’assumer son héritage en ouvrant sa chemise qui s’ouvre sur un pentacle étoilé. Mais lorsqu’il arrive à la cabane de Sam Silvercloud, The Witch-Woman [Linda Littletress] n’est plus là. Satan s’est emparé d’elle pour se lancer à la poursuite de The Ghost Rider [Johnny Blaze]. La nuit tombant, il demande à ses hôtes de lui lier les mains avec une chaine constituée de croix ansées et de l’enfermer dans la chambre de The Witch-Woman [Linda Littletress]. Il leur indique également qu’il ne faut sous aucun prétexte le laisser sortir ni le libéré de sa chaine et ceci même s’il sait déjà qu’il va les supplier de le faire. Mais alors que la nuit se déroule exactement comme il l’avait prévu, Sam Silvercloud le libère et assiste à une transformation incroyable !
Devenu The Son of Satan [Daimon Hellstrom] il convoque un char de l’enfer et va secourir en une ellipse de deux pages The Ghost Rider [Johnny Blaze] & The Witch-Woman [Linda Littletress] de son père ! Les lecteurs de Marvel Spotlight #12 (1971 Series) découvriront eux la véritable apparence de The Son of Satan [Daimon Hellstrom] sous les crayons de Herb Trimpe ainsi que les exploits simplement évoqués dans Ghost Rider (1973 Series). Comme son nom l’indique, Daimon Hellstrom est le fils de Satan et possède une nature duale. Le jour, il n’est qu’un simple mortel qui consacre sa vie aux exorcismes alors que la nuit il se transforme en créature de l’enfer. C’est pourquoi Hellstrom s’enchaîne toutes les nuits avec la chaine de croix ansées pour s’empêché de se transformer. Mais l’intervention malheureuse de Sam Silvercloud a libéré pour la première fois sur terre la puissance du Son of Satan. Après avoir soutiré à Sam Silvercloud & Snake-Dance, The Son of Satan [Daimon Hellstrom] est parti en chasse de son père car heureusement pour eux son but est de combattre son père même sous sa forme maléfique.
Il va d’abord sauver Roxanne « Rocky » Simpson qui est resté à la merci des Ruthless Riders (une bande de bikers) et de leur chef Big Daddy Dawson. Puis, une fois qu’il aura obtenu les informations qui l’intéressent il partira sans plus se soucier de la jeune femme qui reste toujours en danger. Chevauchant son char infernal, il se rend directement en enfer ou il va défier son père au moment où celui-ci va s’emparer de l’âme de Johnny Blaze grâce à son trident de Netharanium, un métal auquel son père est particulièrement vulnérable. Ne montrant de nouveau aucune empathie, il va déposer un Ghost Rider [Johnny Blaze] dans très affaibli avec une Linda Littletress certe libérée de sa possession démoniaque mais inconsciente en plein milieu du désert.
Cette apparition en deux temps ne va pas sans quelques problèmes puisque la dernière scène de Marvel Spotlight #12 (1971 Series) présente un gros problème de raccord avec l’intrigue principale développée Ghost Rider (1973 Series). Quoi qu’il en soit, les deux épisodes constituent le diptyque fondateur du personnage qui possède une personnalité très ambivalente qui va petit à petit s’estomper.
Marvel Spotlight #13 (1971 Series) nous en apprends plus sur The Son of Satan [Daimon Hellstrom] et son histoire. Alors qu’il rentre dans sa maison dans la région de Fire Lake il doit essuyer une invasion de démon provenant des tunnels de l’enfer qui se trouve au fonds de la cave de son manoir. Après les avoir vaincu, incapable de se reposer il replonge dans le journal intime de sa mère écrit à son intention. Il relit donc l’histoire de cette jeune femme de bonne famille séduite par le diable ayant pris forme humaine. Une fois marié et installé dans une maison qu’il avait créé de toute pièce à son insu le couple eu très rapidement deux enfants, le jeune Daimon et très bientôt une petite fille. Mais un jour, alors qu’elle descend à la cave elle découvre sa fille et son mari en train de réaliser un rituel satanique. Tandis que la petit s’enfuit, son mari se décide à lui révéler la vérité ce qui la laissera comme folle. Enfermé dans un asile, le père disparu, les deux enfants furent séparés et placés dans des familles d’accueil. Ayant retrouvé un peu de raison, sa mère écrivit son journal et lui donna sur son lit de mort sa chaine de croix ansées pour le protéger de l’influence démoniaque de son père alors qu’il n’avait que treize ans.
Le jeune Daimon allait se consacrer à la prêtrise lorsqu’il hérita de la propriété de Fire Lake après la mort de sa mère. Après avoir découvert son journal intime il tomba sous le pouvoir de son père en enlevant sa chaine à sa suggestion et fut transporter en enfer ou son père lui proposa de le rejoindre avant de le renvoyer sur terre. Daimon trouva la porte des enfers située sous son manoir et retourna en enfer mais pour y affronter son père. Après un combat ou les pouvoirs démoniaques de Daimon se manifestèrent il arriva à s’emparer du spectre de Netharanium en forme de trident de son père et à s’enfuir en lui volant son char démoniaque. Revenu sur terre, il scella la porte de l’enfer avec du Netharanium et repris sa vie d’exorciste le jour comme le relate Ghost Rider #1 (1973 Series). La série va alors reprendre le concept de Daimon Hellstrom homme de dieu et exorciste qui se transforme la nuit venu en The Son of Satan [Daimon Hellstrom] dénué de sentiment mais néanmoins en croisade contre les œuvre de son père, sorte de Dr Jekyll & Mister Hyde ou se rapprochant du concept initial de The Incredible Hulk (cf. French Collection #267).
Mais sans doute pour humaniser un peu le personnage, il va lui être adjoint plusieurs personnages secondaires. Premièrement, il va être contacté par le Dr. Katherine Reynolds de la Gateway University de Saint-Louis dans le Missouri dont les bâtiments semblent hantés ! Il est à remarquer que l’emplacement de l’université est une private joke puisque le scénariste Gary Friedrich et son ami et Editor Roy Thomas sont tous les deux originaires de Jackson dans le Missouri (dont St. Louis est une des principales villes). Après sa rencontre avec le Dr. Katherine Reynolds, The Son of Satan [Daimon Hellstrom] va subir une transformation par traitrise le jour de son anniversaire, le deux février jour de la chandeleur grande fête païenne célébrer par tous les satanistes du monde. Les deux natures de Daimon Hellstrom ont fusionné, ne le contraignant plus à être bénéfique le jour et maléfique la nuit. A l’inverse, il devra combattre en permanence sa nature démoniaque qui risque de prendre le pas sur sa nature humaine.
Deuxièmement, le Dr. Katherine Reynolds lui présentera le jeune étudiant en théologie Byron Hyatt qui viendra compléter une sorte de triangle amoureux, le Dr. Reynolds étant fasciné par Daimon Hellstrom alors même qu’elle ne laisse pas indifférent Byron qui se méfie instinctivement du premier. La vie de Daimon Hellstrom va donc se bâtir dans un premier temps autour du département de parapsychologie de la Gateway University de Saint-Louis jusqu’à plusieurs événements que nous évoquerons dans une prochaine chronique. En France, le diptyque d’origine du personnage a été publié dans deux Petits Formats différents de l’éditeur nordiste Artima – Arédit tandis que la suite du run a été publié dans un magazine a son nom, ce qui ne lasse pas d’étonner quand nous savons le point des groupes d’obédience catholique dans la commission de censure.
[Jean-Michel Ferragatti]
Raven des Teen Titans a elle été inspirée par ce héros, tout comme Magic des New Mutants?
Cela ne m’avait jamais traversé l’esprit mais il y a en effet des similitudes. Après, je pense plus qu’il s’agit de schéma d’idées plus de d’inspiration réelle.