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French Collection #330

Cette semaine, nous allons évoquer dans une courte chronique notre dernier personnage de la continuité super-héroïque Skywald Publications mais également s’intéresser à son artiste que de nombreux amateurs de comics connaissent sous un autre jour.

La ligne super-héroïque de Skywald Publications s’est arrêtée très rapidement après deux numéros du magazine Hell Rider (1971 Series) et un seul de The Heap (1971 Series). La société de Sol Brodsky & Israël Waldman s’est recentré sur son modèle de base, c’est-à-dire des magazines Noir & Blanc constitués d’histoires isolées (one-shot) horrifiques. Néanmoins, nous pouvons voir de temps en temps des amorces de personnages que le scénariste (et le lecteur) peut légitimement avoir l’espoir de voir revenir. C’est ainsi que nous découvrons le personnage de Demona dans Psycho #7 (1971 Series) en juillet 1972.

Le prologue nous montre une étoile filante s’écrasant dans le grand nord canadien. Un homme se précipite sur les lieux de l’impact et découvre qu’il s’agit en fait d’un vaisseau spatial qui est en feu. Il arrive à retirer de la carcasse une magnifique femme qu’il emmène dans son chalet. Il découvre alors qu’il s’agit d’Elvira, une habitante de la planète Elfwhon ou est couramment pratiqué The Witchcraft (la sorcellerie en français). Mais une partie des hommes d’Elfwhon se sont livré aux « Black Arts » (que nous pourrions traduire en français par les arts maléfiques et sans doute la magie noire), ce qui laisse entendre que The Witchcraft est d’une nature différente et n’est peut-être pas maléfique, et ont forcé au minimum Elvira à s’enfuir d’Elfwhon. Il est d’ailleurs intéressant de voir qu’Elvira n’a pas utilisé un sort ou un balai volant pour s’enfuir mais un vaisseau spatial, ce qui laisse supposer qu’Elfwhon est également un monde disposant d’une technologie bien plus évolué que la Terre en plus du fait que ses habitants pratiquent des arts magiques sous plusieurs formes.

Elvira et son sauveur vont tomber amoureux, se marier et avoir une petite fille qu’ils vont appeler Desdemona, sans doute en référence pour l’auteur Gardner Fox au personnage de William Shakespeare qui dans la pièce est une femme trouble dont la vie est d’une certaine manière symbole de malheur. Il est d’ailleurs amusant de voir que les scénaristes appellent régulièrement leur personnage de nom en référence à un archétype transparent dont on peut imaginer que des parents ne les donnerait certainement pas au risque de stigmatiser son enfant. Quoiqu’il en soit, Elvira va élever sa fille en lui enseignant l’art du Witchcraft et devenu une jeune femme elle prendre la diminutif de Demona alors même que son but dans la vie est de combattre les forces du mal sous toute ses formes. L’épisode de Psycho #7 (1971 Series) après ce prologue et une superbe splash page commence alors que des squelettes attaquent une conductrice égarée. Ses cris sont entendus dans la sinistre baie du cap Ichthyc (qui possède une raisonnante proche de la ville fictive d’Ipswich de l’univers littéraire de l’écrivain Howard Phillips Lovecraft) et notamment le manoir de Desdemona Matthews.

Se changeant immédiatement en Demona, elle se rend dans sa tour secrète et grâce à un rituel magique s’élance dans le plan astral (un peu à la manière d’un Dr. Strange [cf. French Collection 263 & 289]). Suivi les effluves maléfiques, elle découvre une caverne souterraine ou se déroule le sacrifice de la conductrice par un grand prêtre devant une idole de pierre représentant Yamm (qui donne d’ailleurs son titre à l’épisode : The Feastings of Prince Yamm traduit en français par Les festins du Prince Yamm). Sur place, Demona ne peut qu’assister impuissante à l’ingestion de la sacrifiée par la statue elle-même. Le grand prêtre lui détecte immédiatement la présence du corps astral de Demona et ordonne à ses squelettes de s’en emparer. Ils la traînent vers la statue de Yamm qui s’apprête à l’aspirer lorsqu’elle disparaît en fumée. Elle est en réalité sauver par son rituel auquel elle avait donné une limite de temps qui l’a ramené dans sa tour secrète. Juste après elle entend frapper à sa porte et ouvre à son allié dans son combat (et sans doute un peu love interest), Jim Croft. En étudiant les grimoires qui se trouvent dans l’institut des études occultes de Jim, il découvre dans le Deilomikron l’origine du Prince Yamm. Dieu vénéré par les phéniciens ils lui sacrifiaient des humains afin que sa force vitale lui permette de submerger le monde. Les deux alliés décident d’arrêter un possible retour du Prince Yamm.

Plus tard, Demona revêt de nouveau son identité de sorcière et s’élance cette fois-ci physiquement après avoir réalisé ses rituels de préparation. Elle affronte dans un premier temps les mêmes squelettes que la dernière fois. Mais cette fois-ci elle est capable de les détruire avec facilité. Elle doit ensuite affronter le grand prêtre du Prince Yamm qui est capable de lancer des décharges magiques comme elle. Demona entend alors un cri d’horreur et se rend compte que la statue du Prince Yamm s’est emparée de Jim et s’apprête à le dévorer. Il tire déjà suffisamment de ses forces vitales pour se mettre à marcher.

Distraite par le cri, Demona est même surprise par un des sorts du grand prêtre du Prince Yamm qui l’emprisonne dans des anneaux magiques (ressemblant au Circle of Cyttorak qui encore une fois appartienne à la série Dr. Strange). Mais heureusement, Demona réussit à se délivrer puis comprenant que les pouvoirs du grand prêtre du Prince Yamm sont aussi puissants que les siens, elle décide de l’attaquer sur le plan physique et réussit à le faire basculer de la falaise ou ils se battent. Elle récupère son amulette sur le corps brisé et réussit à détruire la statue du Prince Yamm en l’appliquant dessus. La dernière case de l’épisode nous montre Demona & Jim enlacés et victorieux. Malheureusement, c’est également la dernière fois que nous les verrons tout court puisque l’épisode inaugural de Demona ne sera suivant d’aucun autre malgré à mon sens le potentiel du personnage.

Le personnage de Demona est à mon avis inspiré du personnage de Vampirella apparu deux ans avant chez Warren Publishing et dont Skywald Publications se voulait le principal concurrent. La référence à la planète Elfwhon dominé par des sorcières et magiciens et la fuite d’Elvira font immanquablement penser à la planète Drakulon et le crash du vaisseau spatial terrien permettant à Vampirella de venir sur terre. Le fait que Vampirella bien qu’associé à la créature de la nuit qu’est le vampire affronte le mal se retrouve aussi chez Demona, sans parler des similitudes de noms. Malheureusement, la sorcière de Skywald Publications n’aura pas la carrière de l’égérie de Warren Publishing. Néanmoins, nous reviendrons dans notre prochaine chronique sur un personnage qu’elle a peut-être influencer chez un autre éditeur.

Enfin, arrêtons-nous un instant sur le dessinateur de l’épisode The Feastings of Prince Yamm. Il s’agit de Steve Englehart qui débutait dans le monde des comics chez Skywald Publications alors que la plupart des amateurs le connaisse comme scénariste et notamment chez Marvel ou sa production a été extrêmement important aussi bien en termes de quantité que de qualité. Nous reviendrons d’ailleurs très prochainement sur certains aspects « cachés » de l’artiste le plus souvent méconnus des fans français. En France, l’unique épisode de Demona a été publié aux Editions de Poche dans Psycho n° 8 mais sans la page de prologue qui raconte l’arrivée d’Elvira sur Terre.

[Jean-Michel Ferragatti]
Jean-Michel Ferragatti

Jean-Michel Ferragatti est l'auteur de la rubrique French Collection, sur comicbox.com. Il a aussi publié "L'Histoire des super-héros T1, l'âge d'or", chez Néofélis.

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