French Collection #88
8 février 2011[FRENCH] Bien que faisant assurément partie du Silver Age américain (ils ont été publiés pour la première fois dans Showcase #6 (soit deux numéros après Flash [Barry Allen]), par une bizarrerie de calendrier The Challengers of the Unknown ressortent du golden age français.
Créés en 1957 par Jack « The King » Kirby, The Challengers of the Unknown sont bien plus associés à une tendance « aventurières » que nous retrouverons dans d’autres chroniques à venir. Comme nous l’avons indiqué dans French Collection #82, le retour de Flash [Barry Allen] n’était qu’un essai parmi d’autres de trouver un genre de comic aussi vendeur que ceux du golden age. Jack Kirby qui venait de se séparer de Joe Simon, son partenaire de quasi-toujours, était revenu travaillé chez DC Comics. Il allait travailler sur plusieurs séries dont Green Arrow (cf. French Collection #58) mais c’est sa création des Challengers of the Unknown qui allait marquer cette partie de sa carrière.
Kyle « Ace » Morgan, Walter Mark « Prof » Haley, Matthew « Red » Ryan & Leslie « Rocky » Davis sont des aventuriers bien connus du grand public. Ace est le pilote d’essai à qui sont confiés les prototypes les plus risqués. Prof Haley est un océanologue capable des plongées les plus extrêmes. Red est l’alpiniste le plus intrépide qui soit (ainsi qu’un acrobate de première force) et Rocky est le meilleur lutteur de sa génération (et non pas boxeur comme il a été retconné ultérieurement). Les quatre hommes se retrouvent à bord d’un avion qui les emmène vers un studio où ils doivent participer à une émission télé. Mais pris dans un orage, l’avion est victime de défaillance et malgré tout le talent d’Ace s’écrase au sol. Miraculeusement, les quatre hommes sortent des débris de la carlingue sans une égratignure. Comme Red constate que même sa montre est intact les quatre miraculés décident d’utiliser ce surplus de temps qu’ils viennent d’obtenir pour réaliser les exploits les plus extraordinaires possibles n’ayant plus rien à perdre.
C’est ainsi que leur exploits leur valent le surnom de Challengers of the Unknown. Cette réputation va les amener à résoudre des situations les plus incroyables les unes que les autres. Après trois nouvelles apparitions dans Showcase #7, 11 & 12 les Challengers of the Unknown bénéficient de leur magazine éponyme (Kirby restera sur le titre jusqu’au #9 avant de partir de chez DC). Devenant une sorte de recours ultime, les Challengers of the Unknown deviennent inséparables et s’installent même une base à l’intérieur d’une montagne. Challengers Moutains abrite aussi bien leurs quartiers d’habitation, leurs véhicules & matériels de recherche mais aussi un quartier de détention. Car peu à peu, les aventures des Challengers of the Unknown vont s’orienter vers un style super-héroïque. Leur combinaison violette laissera place à des uniformes rouge et jaune frappés du symbole du sablier (toujours cette notion du temps « empruntés ») et les menaces étranges qu’ils combattaient disparaitront au profit de super-vilain tels que Karnak, Multi-Man, Volcano Man ou Ultivac.
Néanmoins, les épisodes des Challengers of the Unknown auront toujours une connotation « fantastique » et nombre de leurs aventures mettront en scène des personnages « occultes » de la continuité super-héroïque de DC Comics comme The Doom Patrol, Swamp Thing, Deadman, etc. La composition de l’équipe variera assez peu mais la période Kirby recèle déjà un personnage souvent qualifié de Challenger « honoraire ». Il s’agit de June Robbins, experte en informatique et archéologue à ses heures. Plus tard, Prof Haley sera possédé par une entité maléfique et mis en animation suspendue pour éviter sa mort. Corinna Stark, une experte en science occulte, prendra sa place jusqu’à ce qu’il revienne.
Du fait de leur créateur commun, les Challengers of the Unknown ont souvent été comparés aux Fantastic Four de Marvel. Et il est vrai que les points communs sont nombreux. Premièrement il s’agit de deux équipes même si les Challengers of the Unknown n’acquièreront une dimension familiale qu’à posteriori. Les deux équipes décident après un crash aérien de consacrer leur vie à l’aventure. Les premières aventures des deux équipes ressortent de la science-fiction ou du fantastique. Les membres des deux équipes n’ont pas d’identité secrète et dans un premier temps ont des costumes quasi-identiques (la circonstance que leur dessinateur soit la même personne n’est bien entendu pas anodine dans cet état de fait). Chacun des membres des deux équipes représentent un des quatre éléments primordiaux. Ace représente l’air de par sa profession. Prof Haley représente bien entendu l’élément liquide (le fait qu’il soit le scientifique de l’équipe le rapproche encore plus de Reed Richards). Red représente le feu. L’élément lui est associé premièrement par son surnom qu’il tire de sa couleur de cheveu mais aussi par sa vivacité qui le désigne comme un vrai feu follet.
Enfin, Rocky représente bien sur la terre. Son surnom et son caractère parlent pour lui. Ses points communs avec Ben Grimm sont nombreux. Ce qui est intéressant c’est que dans Challengers of the Unknown #3, Rocky fait un voyage spatial et revient sur Terre doté de super-pouvoirs, dont une super force, le pouvoir de devenir invisible et possède le pouvoir de projeter des flammes avec ses mains). Même si elle ne fait pas partie du quartet d’origine, June Robbins apparaît comme physiquement très similaire à Susan Storm. Toutes ces similitudes (et beaucoup d’autres développées récemment dans Comic Box #68 et le dernier Oldies but Goodies) tendent à montrer le rôle prépondérant de Jack Kirby dans le quatuor des Fantastic Four dont la seule paternité a été au début attribué à Stan Lee. Cette version a depuis été corrigée puisque dans les récentes rééditions, Jack Kirby est crédité au minimum comme co-créateur.
Nous aurons l’occasion de revenir à de nombreuses reprises dans de futur French Collection sur la chronologie des Challengers of the Unknown. La particularité française du quatuor de DC Comics est qu’il a été publié avant l’apparition de Flash [Barry Allen] et qu’il ressort donc techniquement (selon la classification que nous en avons faite) du golden age. En effet, les premières aventures françaises des Challengers of the Unknown apparaissent dans Big Boy / Big Boss 1ère série. Il est a remarqué qu’il s’agit d’aventure post Kirby, ce qui explique le peu d’association que les fans de Marvel feront entre les premiers épisodes de Fantask et cette équipe (la publication en N & B ne pouvant de plus permettre une association de couleur entre les uniformes des deux équipes). D’ailleurs, bien bénéficiant d’une très bonne visibilité de publication, les Challengers of the Unknown apparaîtront dans Aventures Fiction 2ème série et Etranges Aventures en plus de Big Boy / Big Boss 1ère série (sans compter les publications erratiques dans d’autres titres comme « histoire de complément ») et ceci dans une bonne chronologie de publication, il faudra attendre la publication des derniers numéros américains pour voir apparaître des épisodes de Jack Kirby.
En effet, vers la fin du premier volume américain les épisodes originaux seront remplacés par des rééditions du matériel des débuts. Ce n’est que bien des années après leur première publication que les épisodes de Jack Kirby apparaîtront en couleurs chez Arédit.
[Jean-Michel Ferragatti]
« (…)le rôle prépondérant de Jack Kirby dans le quatuor des Fantastic Four dont la seule paternité a été au début attribué à Stan Lee. »
Il est vrai que Lee a une désagréable tendance à tirer la couverture à lui, comme lorsqu’il « oublie » de parler du projet « Silver Spider » lorsqu’il évoque l’origine de Spider-Man , qu’il minimise ou occulte le rôle de Kirby dans la genèse des Fantastic Four, ou même, dans une interview télévisée ahurissante menée par Kevin Smith (qu’on a connu plus évéillé) affirme avec aplomb être l’inventeur du mot « Mjolnir » (le marteau de Thor), ce qui est bien entendu faux, car le terme vient de la mythologie…
Néanmoins cela reste du travail d’équipe. Je pense que certains font l’erreur de tout porter sur Stan Lee mais faire le chemin dans l’autre sens, par retour de manivelle, serait aussi une erreur. Il a fallu les deux pour créer les FF.
Stan Lee ne serait pas » The Man » sans son légendaire sens de » c’est moi qui ai tout fait ! » 😉
Peut-être, mais il éxagère parfois…
C’est vrai, mais il n’est pas tout seul. Par exemple le Silver Spider, prototype de Spider-Man, était le bébé de Joe Simon, pas de Kirby… et ce n’est très pas Stan Lee qui a été se servir dans le bureau de Joe Simon…