[FRENCH] Blue Beetle est l’un des personnages de comic à avoir à son palmarès l’un des plus grands nombres d’épisodes qui lui soient consacrés, aux cotés de personnages tels que Superman, Batman et quelques autres. Mais pour quelles raisons un personnage sans grandes qualités artistiques a t’il réussit à égaler un temps les plus grands ?

La première raison, que nous avons déjà évoquée dans French Collection #6, est la longévité de Blue Beetle dans l’histoire du comic. Publié depuis 1939, avec quelques périodes d’interruption, il est ainsi le premier personnage du golden age à avoir bénéficié d’un revival en 1950 avant même le début du Silver Age.

La deuxième raison est plus terre à terre. Le Fox Features Syndicate n’offrait pas des personnages très originaux à ses lecteurs. Initialement, Blue Beetle n’est lui même qu’une mauvaise copie du Green Hornet. The Flame, que nous évoquerons dans un prochain French Collection, bien que publié avant Human Torch s’en est ensuite très largement inspiré et Samson n’est qu’une relecture d’un personnage mythologique. C’est pourquoi les comics du Fox Features Syndicate ne remportaient pas le même succès que ceux de ses concurrents tels que National allied Publications, Detective Comics et All-American Comics (qui deviendront National Periodical Publications après leur fusion avant de prendre le nom de DC Comics ultérieurement), Timely (qui deviendra Marvel), Fawcett ou même Quality Comics.

Victor Fox, en éditeur averti utilisait donc les quelques personnages qui avait du succès dans plusieurs de ses publications (comme ses concurrents d’ailleurs). Blue Beetle apparu donc dans Mystery Men Comics, Big 3 et bien sur dans les pages de son propre titre. Et ceci quelquefois simultanément.

Ce que l’on sait peu, c’est qu’il bénéficia également d’une carrière féconde en France. En plus de sa publication dans Hurrah ! du numéro 251 au 283 il fut publié dans d’autres hebdomadaires et Récits Complets. On retrouve ainsi les aventures de Blue Beetle (presque invariablement baptisé « Le Fantôme d’acier » ou « Le Surhomme vers la fin de sa carrière) dans les pages de Hurrah ! et les grandes explorations réunies. Il faut savoir que pendant l’occupation nazie, les Editions Mondiales se scindèrent en deux. Une partie resta à Paris en zone occupée et l’autre émigra à Vichy puis à Nice. Les deux maisons d’édition publièrent parallèlement des journaux qui reprenaient les mêmes bandes. Suite à son arrêt en juin 1940 au numéro 264, Hurrah ! reparu en zone occupée en décembre de la même année en reprenant la numérotation au même numéro 264 avec les aventures de Blue Beetle dans ces pages.

Pendant ce temps apparu en zone libre un titre nommé « Hurrah ! et les grandes explorations réunies », à partir de décembre également, et qui reprenait les bandes publiées auparavant dans le Hurrah ! « d’avant guerre ». Ce titre commença cependant sa numérotation au numéro 1. Il faudra attendre le numéro 4 pour y lire les aventures de Blue Beetle. L’hebdomadaire s’arrêta au numéro 7 mais uniquement pour changer de nom. Il devient « Tarzan et grandes explorations réunies » du numéro 1 au 9. Le numéro 10 voit le passage en « Tarzan et grandes explorations réunis » afin de corriger la faute d’accord figurant dans le titre. Enfin, l’hebdomadaire devient simplement Tarzan du numéro 27 au 36 (trompeusement appelé « Tarzan avant guerre » par le BDM). Il est à remarquer que les numéros 35 et 36 n’existent à notre connaissance qu’en un seul et unique exemplaire détenu par un collectionneur Suisse fort connu et récemment décédé. Il est à noter que seuls les numéros 1 à 13 de « Tarzan et grandes explorations réuni(e)s » contiennent des aventures authentiques de Blue Beetle (nous donnerons plus de précisions sur les numéros postérieurs au numéro 13 dans un prochain French Collection).

Notre héros passe ensuite dans les pages de « L’Aventureux », un autre hebdomadaire des Editions Mondiales en zone occupée. Il n’apparaît que dans les numéros 35 et 36. Mais, comme pour Hurrah ! et ses pendants de la zone libre L’Aventureux eu un éponyme en zone libre. Ce dernier recommença dès décembre 1940 mais ne dura que 7 numéros avant de changer de titre. Devenu « L’Audacieux » il poursuivra sa carrière sous ce titre tandis que L’Aventureux reparaissait en zone occupée à partir de janvier 1941. Encore une fois, les deux titres eurent des contenus similaires, voir même identiques mais avec un décalage de quelques numéros. L’Audacieux publia donc également des aventures authentiques de Blue Beetle dans ses numéros 21 et 22 (nous donnerons plus de précisions sur les numéros postérieurs au numéro 36 de L’Aventureux et 23 de L’Audacieux dans un prochain French Collection).

Les publications de notre héros américain ne survécurent cependant pas à l’année 1941, que ce soit en zone occupée ou libre. Les publications étrangères étaient mal vues par les comités de censures et il faudra donc attendre 1946 pour voir réapparaître notre héros. Mais cette fois-ci, non pas dans les pages des hebdomadaires sous le format « À suivre » mais dans des Récits Complets publiant normalement un ou deux épisodes dans leur intégralité par fascicule. Les Editions Mondiales rééditèrent en partie dans la collection « Les Grandes Aventures »les épisodes publiés avant guerre dans leurs hebdomadaires. Les Editions P.I.C. publièrent quant à elles deux épisodes inédits dans deux des fascicules de leur collection « Fantôme ». Enfin, comme nous l’avions indiqué dans French Collection #6, le personnage réapparu pour une réédition du comic strip en 1949 dans l’Almanach de Tarzan.

Au total, neuf épisodes de Blue Beetle furent publiés en France (dont malheureusement l’un d’entre eux est incomplet) entre 1940 et 1946 (sans compter les rééditions) en plus du comic strip.

Sur la même période, seul Superman (French Collection #1) fait mieux, en sachant que Batman (sur lequel nous reviendrons dans le prochain French Collection) et Masked Marvel (French Collection #2) font jeux égal avec Blue Beetle (talonné de près par Fantom of the Fair [French Collection #5]).

Comme aux Etats Unis, la piètre qualité artistique (à l’exception du comic strip) des épisodes n’aura pas empêché le personnage de faire une belle carrière et de marquer les esprits des jeunes lecteurs de l’époque. Il faut cependant indiquer que des circonstances particulières, dont nous reparlerons dans un prochain French Collection, ont grandement augmentées l’audience du personnage.

[Jean-Michel Ferragatti]
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