French Collection #93

[FRENCH] Cette semaine retour complet dans le golden age avec une des équipes les plus connue du monde des comics notamment grâce à une longévité exceptionnelle. Commencée au début des années quarante elle a débordée du medium puisqu’elle a inspirée un serial cinématographique et une émission de radio. Et pourtant, aucun de ses membres n’est un super-héros, même s’ils côtoient les plus grands.

En août 1941 l’éditeur Quality, la jeune maison d’édition de Everett M. « Busy » Arnold, lance un nouveau titre appelé Military Comics quelques mois avant que les Etats-Unis ne rentrent en guerre suite à l’attaque de Pearl Harbor par les forces japonaises. L’anthologie est bien entendu consacrée aux histoires de guerre et dès le début, l’équipe des Blackhawks est en couverture. Il faut dire qu’elle provient du studio Eisner & Iger (qui était réputé pour être le meilleur de la place) et que ses créateurs sont Will Eisner au scénario et Chuck Cuidera et Bob Powell aux crayons.

L’équipe est constituée de sept aviateurs et leur cuisinier constitués sous forme d’un escadron international autonome des forces armées conventionnelles. Leur leader n’est connu que sous le nom de Blackhawk. Il s’agit d’un as de l’aviation polonaise qui a vu toute sa famille mourir sous les bombardements nazis. Seul survivant, il décide de les venger en rassemblant des pilotes d’exception qui ne seront liés par aucun engagement si ce n’est celui de la justice.

L’équipe est constituée de six pilotes venant principalement des pays occupés ou en guerre contre les nazis. André Blanc-Dumont est français, Olaf est nordique (sa nationalité n’est pas très bien définie), Chuck Wilson est américain mais a piloté comme volontaire sous le pavillon de la RAF (les Etats-Unis n’étant pas en guerre), Hans Hendrickson est néerlandais et Stanislaus est polonais.

Chacun possède une personnalité un peu archétypale et des talents en relations avec leur histoire. Olaf a par exemple été hercule de foire, Hendrickson est le plus âgé d’entre eux alors qu’André est bien entendu un homme à femmes. Enfin, Chop-Chop est un chinois qui bien que participant à toute les aventures n’est que le cuisinier de la troupe. Il ne porte pas l’uniforme ni ne pilote. Il est le faire valoir de l’équipe qui le tire très souvent des situations invraisemblables dans lesquelles il a le don de se mettre. Il s’agit très clairement de l’élément comique de la série de la même manière qu’Ebony est celui de The Spirit.

La base d’opération des Blackhawks se trouve sur une île inconnue (surnommée Blackhawk Island) dont la localisation à changée avec le temps. Il n’a jamais été précisé s’il s’agissait de simples incohérences scénaristiques ou si les Blackhawks disposaient de plusieurs bases. Elle comporte des installations militaires derniers cris dont un aérodrome mais aussi une base navale pour sous-marin.

Les Blackhawks ne disposant d’aucun super-pouvoir, leur action repose donc uniquement sur leurs compétences et leur matériel. L’escadron pilote des Grumman XF5F Skyrocket visiblement amélioré. Il a été ultérieurement précisé que Blackhawk était en réalité un américain d’origine polonaise nommé Bart Hawk qui en tant qu’industriel prospère disposait d’une fortune personnelle lui permettant de financer les installations des Blackhawks.

Classiquement, les Blackhawks combattront toutes les forces membres de l’axe principalement sur le théâtre européens. La série aura tellement de succès qu’un magazine éponyme leur sera dédié fin 1944. Il commence en réalité au #9 en reprenant la numérotation d’Uncle Sam Quaterly dont les ventes étaient visiblement insatisfaisantes. Ce deuxième titre survivra après l’arrêt de Military Comics (qui avait entre temps pris le nom de Modern Comics) et ce jusqu’à la faillite de Quality fin 1956.

Il faut dire que concernant les Blackhawks, comme pour énormément de super-héros, la fin de la seconde guerre mondiale aura été difficile. Privés de leurs adversaires naturels, l’équipe s’était reconvertie dans la chasse aux communistes, terroristes et toutes autres organisations internationales menaçant la paix dans le monde. Le magazine publiait également des aventures souvenirs se passant pendant la seconde guerre mondiale.

A l’arrêt du titre, les droits furent immédiatement rachetés par l’éditeur DC Comics qui continua le titre sans interruption à partir du #108. Sous l’impulsion des nouveaux Editors, l’équipe s’attaqua à des menaces plus atypiques. Les aventures prirent un jour plus fantastique avec l’apparition de monstres, d’extraterrestres et de menaces en tout genre faisant basculer le titre vers la science-fiction. L’équipe n’avait cependant pas changée depuis son origine, sauf en ce qui concernait Chop-Chop. Le traitement par trop caricatural du jeune chinois changea graduellement jusqu’à en faire un membre à part entière de l’équipe et les accompagnants dans les missions aux commandes de son propre avion.

Les personnages secondaires se développèrent également un peu plus. Au-delà de quelques Blackhawks fugitifs comme Zeg (un autre polonais), Boris (un russe) et Baker (un anglais) c’est surtout l’arrivé de Zinda Blake, sous le nom de Lady Blackhawk, qui sera remarquable (nous en reparlerons dans un prochain French Collection). Cédant également à la mode des super-pets des séries Superman, deux mascottes apparaitront également de manière récurrente (nous en reparlerons peut être ultérieurement).

Mais le principal changement apparaîtra dans Blackhawk #197. L’équipe adoptera un nouveau costume plus coloré. A cette occasion, Chop-Chop abandonnera sa tenue incongrue et bénéficiera de la même tenue que les autres. Ce côté « super-héro » se concrétisera également au travers d’une nouvelle catégorie d’adversaire beaucoup plus axé « super-vilain » (même si quelques adversaires extraordinaires avaient été vus antérieurement). La transformation sera achevée avec Blackhawk #230 (sur lequel nous reviendrons dans un prochain French Collection) ou les Blackhawks deviennent les agents d’une organisation internationale de contre-espionnage. Malheureusement, cette période ressemblera plus à The Man from U.N.C.L.E. qu’au SHIELD de Nick Fury. La greffe ne prendra pas et deux numéros après que les « anciens » Blackhawks soient revenus le titre était arrêté.

Une tentative de relancée la série début 1976 ne durera que quelques numéros qui continueront la précédente numérotation. L’essai suivant sera bien plus réussi puisqu’en 1982 la série est relancée, toujours en continuant la numérotation originelle, mais en prenant le parti artistique d’un retour aux sources et plus exactement à l’environnement de la seconde guerre mondiale. Après trois années la série s’arrête une nouvelle fois définitivement dans sa numérotation historique. D’autres incarnations des Blackhawks apparaîtront bien entendu dans la continuité super-héroïque de DC Comics mais sous formes de mini-série ou de guest-stars.

En France, les Blackhawks deviendront Les Faucon Noirs et seront extensivement publiés par l’éditeur nordiste Arédit / Artima dès ce que nous qualifions ici de golden age français (c’est-à-dire avant l’apparition de Flash [Barry Allen]). Les histoires étant courtes et ne se suivant pas, ils seront malheureusement utilisés comme histoires de complément et leurs aventures sont éparpillés dans quasiment tous les titres de l’éditeur. Au passage, vous remarquerez l’habilité marketing d’Arédit. En effet, l’extrait en bichromie que vous pouvez voir dans cet article provient d’Audax n° 1 dont la couverture comporte un énorme macaron publicitaire : Bandes Dessinées en Couleurs. Techniquement vrai…. Ils auront néanmoins leur heure de gloire lors du lancement d’un petit format éponyme pendant le Silver Age.

[Jean-Michel Ferragatti]
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