French Collection #95

[FRENCH] Aujourd’hui nous allons voyager entre les ages (le golden et le silver) mais aussi entre les mediums et aborder un éditeur nouveau pour cette rubrique. Car en effet le personnage que nous allons étudier a beaucoup vagabondé mais son influence et sa présence dans les comics reste très significative

The Mysterious Traveler est d’abord apparu comme le narrateur d’une anthologie radio sur le fantastique le 5 décembre 1943. Il est assez clairement inspiré de The Shadow (cf. French Collection #15) et possède comme lui une introduction très distinctive. Alors que retentit le bruit lointain d’une locomotive la voix de l’acteur Maurice Tarplin énonce :

« Je suis le Mysterious Traveler et vous invite à me rejoindre dans un nouveau voyage dans l’étrange et la terreur. J’espère que vous apprécierez le voyage, qu’il vous effrayera un peu et vous fera frissonner. Alors attachez vous, accrochez vous solidement à vos nerfs et soignez votre confort, si vous pouvez ! »

L’émission radio perdurera jusqu’en 1952. Juste avant son arrêt, un magazine à son nom sera lancé et durera cinq numéros. Il s’agit classiquement d’une anthologie de récits de suspense et de fantastique descendante des pulp’s magazines qui ont forgés la culture populaire américaine. Mais dès les années cinquante, ce medium est en perte de vitesse ce qui explique la courte carrière de The Mysterious Traveler Magazine.

A l’inverse, le medium comic book est en pleine expansion pendant la fin des années quarante et le début des années cinquante. Le genre super-héroïque s’épuisant avec la fin de la seconde guerre mondiale, les éditeurs passent à d’autres genres. C’est le début des horror comics dont l’apogée sera la ligne des EC Comics pré comic-code authority. Mais EC n’est pas le seul à se lancer sur le créneau et dès 1948 Trans-World Publications lance Mysterious Traveler Comics. Malheureusement la série ne durera qu’un seul numéro.

Il faudra attendre 1956 et le lancement d’un nouveau titre intitulé Tales of the Mysterious Traveler pour voir le personnage réapparaitre dans un comic. En effet, un nouvel éditeur est apparu à la fin du golden age sous différents noms. Il s’agit de la société qui deviendra connue sous le nom de Charlton Comics. L’activité comic de l’éditeur est en fait une diversification d’une société qui commercialisait des recueils de paroles de chansons populaires. Ayant fait l’acquisition de matériel d’impression, la société va se diversifier dans tout ce qui pourra amortir les importants frais fixes qu’occasionne son matériel industriel. Elle achètera donc des comics entièrement packagé à Al Fago pendant quelques années. Puis elle intégrera un studio dans ses murs afin d’avoir une intégration verticale du métier (Charlton possédait par ailleurs son propre réseau de distribution).

Charlton sera connu pour de nombreuses raisons pas toujours très flatteuses. L’outil de production étant assez ancien, la qualité des comics est souvent médiocre. Toujours soucieux de rentabilité la société est connue pour avoir les tarifs les plus bas du marché. Enfin, l’éditeur n’est pas présent à New-York (berceau historique des grands éditeurs de comic books) mais à son siège à Derby dans le Connecticut. Néanmoins, la société possède également quelques caractéristiques intéressantes. Elle n’est pas très regardante sur la qualité des histoires et de nombreux artistes (scénaristes & dessinateurs) y feront leur début. Son volume de production est tel que n’importe quel professionnel qui fait l’effort d’aller à Derby y trouve du travail. C’est ainsi que de nombreux artistes connus feront des passages chez Charlton après des brouilles avec leur éditeur historique. C’est ainsi le cas de Steve Ditko après son départ de Marvel et d’Amazing Spider-Man.

Tales of the Mysterious Traveler ne durera que treize numéros entre 1956 et 1959. La série reste encore assez connue aujourd’hui notamment du fait que quelques épisodes ont été dessinés par le jeune Steve Ditko.

Reprenant le concept de l’émission radio, The Mysterious Traveler est le narrateur d’épisode ayant le fantastique, l’horreur (post comic code) et la science-fiction. Physiquement il ressemble à un personnage de DC Comics ayant également eu une courte carrière en 1952 : The Phantom Stranger (et qui reviendra quelques années après de manière plus pérenne chez l’éditeur). Un homme en pardessus et chapeau sombre présente des histoires mettant en scène monsieur tout le monde et se terminant avec une chute surprenante. The Mysterious Traveler n’intervient en principe aucunement dans les histoires même s’il lui est au minimum arrivé de le faire une fois.

Ses aventures seront publiées en France de manières extrêmement dispersées dans les petits formats de l’éditeur Artima / Arédit au début du silver age français. Personnage énigmatique et fort, il marquera durablement l’esprit des lecteurs et méritait bien une chronique à son attention.

[Jean-Michel Ferragatti]
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