La dessinatrice Stéphanie Hans est arrivée sur le marché des comics en réalisant de nombreuses couvertures. Puis, chez Marvel, elle a contribué à Journey Into Mystery avant de travailler sur Angela. Ces derniers mois elle s’est concentrés sur une série plus personnelle, Die (co-produite avec le scénariste Kieron Gillen), succès solide chez Image Comics. C’est aussi une nomade dans l’âme, qui jusqu’ici a multiplié les participations à des festivals de BD aussi bien en Europe et en Amérique qu’en Asie. D’où l’intérêt de lui demander dans quel état est son « réseau »
Stéphanie Hans : Je suis confinée à Toulouse, où j’ai élu résidence depuis deux ans. La première semaine a été difficile mais je retrouve mes marques. Normalement j’essaie d’avoir un rythme plus ou moins normal en travaillant en extérieur dans un espace partagé du coup ça a demandé un peu de travail pour me réhabituer à bosser de chez moi. Pour ma situation, je ne me fais pas de soucis. J’ai un bon livre sur le marché et de solides relations avec mes autres éditeurs au besoin. Je me fais plutôt du souci pour mes collègues qui ont des situations plus fragiles que la mienne, en France ou aux états Unis.
CB : Ces dernières années vous avez été une véritable globe-trotteuse. Vous avez participé à beaucoup de salons, en particulier en Asie. Du coup avez-vous vu venir la crise ? Vos contacts vous ont-ils prévenus des mesures de sécurité qui étaient en train de se mettre en place ?
SH : La plupart de mes contacts sont au Japon et à Singapour qui chacun gèrent la crise de façon très différente de la nôtre. Ils sont plus inquiets pour moi et ce qui se passe en France que l’inverse honnêtement. Lorsque mes amis de Singapour ont commencé à envoyer des messages sur leur façon de vivre la crise, ça paraissait tellement lointain. J’ai une conversation de groupe sur Messenger avec le groupe de gens que j’ai rencontré au Japon. Nous sommes maintenant tous dans des endroits différents. Los Angeles, Perth, Kyoto et Osaka. On a tous regardé les choses arriver en parallèle avec un brin de sidérations.
SH : Oui, définitivement, mais ce n’est pas de l’argent sur lequel je compte. Ce sont des extras Mais il y a pas mal d’artistes entre deux gigs ou un peu moins en vogue qui comptent sur les conventions pour vivre et pour qui la perte sera douloureuse.
CB : Vous réalisez régulièrement des couvertures pour des éditeurs tels que Marvel ou DC. Avec la pause actuelle, est-ce que ce genre de commande s’est arrêté ? Est-ce que le mot d’ordre c’est poser le stylo ou au contraire en profiter pour prendre de l’avance ?
SH : Je suis plutôt en contact avec les auteurs et c’est la panique dans les rangs. Apparemment la plupart des éditeurs ont demandé à leurs auteurs de poser les crayons. Marvel continue à me passer des commandes, je crois que DC continue aussi. Ces éditeurs peuvent encaisser le choc, pour le moment mais avec Marvel on a une visibilité à trois mois en général et je ne sais pas bien ce qui va passer si le « lockdown » dure.
SH : Pour le moment je continue à travailler sur ma série (Die, NDLR). J’avais pris un peu de retard donc ça me permet de rattraper. Mon agent américain pour les travaux hors comics a envoyé un message encourageant à tous les artistes pour leur assurer que le business ne s’arrêtait pas même s’il y aurait une période d’ajustement donc théoriquement, si j’avais besoin, je pourrais secouer cette branche-là.
CB : Beaucoup de lecteurs pensent qu’un(e) artiste a juste à empiler des pages en vue d’un projet futur, par exemple un creator-owned. Est-ce que vous pensez que c’est une solution pour vous ?
SH : Non, pas pour moi en tout cas car ma série doit être prête pour le lectorat qui l’attend. Mais si j’avais le temps, j’aimerais en profiter pour me concentrer sur certains projets que je traine depuis un peu de temps. Ou faire du streaming (c’est-à-dire faire des croquis dans des vidéos live, pas regardez des films ou des séries NDLR).
SH : Honnêtement, pour le moment on navigue à l’aveugle. Les local comic books stores ne vont effectivement pas tous se relever et il n’y a aucun moyen de savoir comment va renaitre le marché du comic book. Il y aura effectivement un avant et un après. J’espère que les auteurs trouveront un moyen de soutenir les boutiques, peut être en faisant des séances de signatures.
CB : Même si la distribution de la poste est en vrille, est-ce que c’est un bon moment pour vous passer commande de « art commissions » ou de prints que vous pourriez envoyer dès la fin du confinement ?
SH : Holala, j’ai fermé mon site web parce que le travail sur Die est si intense que je n’ai le temps pour rien. Si je trouve un peu de temps, j’ai prévu de peindre des persos et de streamer mon process. Les lecteurs pourront enchérir pour les acheter. C’est un moyen de compenser mes annulations de conventions et de tester mes techniques de peinture traditionnelle, ainsi que d’offrir à ceux qui l’ont ratée une occasion d’avoir une commission tout de même.
[Xavier Fournier]
Avec nos remerciements à Stéphanie Hans
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