Né en octobre 1926 dans l’état de New York, Joe Sinnott s’est intéressé dès sa jeunesse au dessin et aux comic-books. Ce n’est néanmoins qu’après la Seconde Guerre mondiale que cela devient un choix professionnel. Il commence d’abord comme assistant de l’illustrateur Tom Gill, qui dessine des histoires d’espionnages ou de western pour Atlas Comics (nom de Marvel à l’époque). Désirant monter en gamme, Sinnott décide quelques mois plus tard de proposer directement ses services à Stan Lee. Le jeune artiste arrive chez l’éditeur alors que les personnages comme Captain America sont en train de disparaitre. Pour cette raison Joe Sinnott va surtout produire des récits de guerre ou historiques (mais aussi quelques histoires d’horreur, tant que le Comics Code ne les interdit pas). Il est d’abord dessinateur, en particulier sur les aventures de « l’agent secret Kent Blake ». Vers la fin des années cinquante Marvel, à deux doigts de fermer, fait une « charrette » et réduit ses titres. Joe, qui avait presque exclusivement travaillé pour Atlas jusque-là va donc se trouver de nouveaux clients mais tout en continuant de travailler en indé pour Stan Lee. Il n’a jamais caché l’amitié et l’admiration que Lee lui inspirait. Ainsi donc il produit aussi pour Charlton Comics (dessinant de nombreuses histoires sentimentales) sans renoncer à Marvel. En 1959, dans Tales of Suspense #6 (Marvel), il dessine et il encre « The Mutants and Me » une histoire qui est considéré comme l’un des prototypes (distants) des X-Men et dans tous les cas l’une des mentions du mot « mutant » antérieures aux surdoués de Charles Xavier.
Joe est aussi encreur. Et au début des années soixante, Lee lui demande d’encrer une série dont il n’a jamais entendu parler. Le nez sur ses propres pages, il ne s’intéresse pas vraiment aux autres séries éditées par Marvel. Mais Stan Lee lui propose de filer un coup de main à Jack Kirby sur les Fantastic Four. Qu’est-ce que c’est que ça que les Quatre Fantastiques ? Sinnott ne le sait pas. On lui met dans les mains Fantastic Four #4 en lui disant de se mettre au niveau. L’encreur adore la série, la trouve différente. Ça tombe bien, on lui demande d’encre Fantastic Four #5, la première apparition du Doctor Doom (ou Docteur Fatalis si vous préférez). Joe ne deviendra l’encreur régulier de la série que quelques années plus tard mais le destin ne lui réserve pas le plus mauvais moment pour entrer en scène. En travaillant sur les FF à partir du #44, Joe Sinnott devient le troisième mousquetaire de la série au moment où elle va produire les Inhumans mais aussi le Silver Surfer, Galactus, Black Panther. L’arrivée de Sinnott coïncide avec une certaine maturité du run de Kirby. Ironie du sort : les deux hommes travaillent surtout de chez eux et ne se rencontreront que bien après leur collaboration historique, en 1972, dans les allées d’une convention de comics.
Evoquer quelques exemples du travail de Joe Sinnott c’est forcément s’exposer au jeu des lacunes. Oui, il en manque. Plein. L’apport et la présente du dessinateur/encreur ne peuvent se résumer en un bref article Officiellement « retiré des comics » en 1992, Joe Sinnott avait cependant gardé une activité dans le métier : il a été pendant de nombreuses années l’encreur du strip de Spider-Man (d’abord écrit par Stan Lee puis repris ensuite par Roy Thomas). C’était une manière de reformer, au moins en partie le « Marvel Gang » des sixties. Joe a encré le strip jusqu’à la fin, en mars 2019. Il avait alors 92 ans et n’aura donc guère connu la retraite…
Joe Sinnott, qu’on parle du dessinateur ou de l’encreur, c’était le dernier membre du « ratpack » initial de Marvel. On ne manquera pas de nous opposer que les vétérans John Romita Sr. ou Sal Buscema sont (heureusement) encore de ce monde et que ce sont eux aussi des artistes légendaires. Oui mais Sinnott appartient à une autre catégorie. C’est le dernier qui pouvait dire qu’il était là, dans la pièce, quand des personnages comme Thor ou Doctor Doom ont été conçu. Le dernier témoin d’une ère révolue, parti rejoindre ses potes…
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