Dans le Futur, la famille de Rip Hunter est exterminée par Vandal Savage. Bien décidé à éviter ça, Hunter tente de convaincre les Time Lor… euh les Times Masters de le laisser changer l’Histoire. Comme ils font la sourde oreille, il n’a pas le choix et vole un vaisseau temporel et décide de recruter des compagn… euh des alliés. Les premières minutes du show sont particulièrement parlantes pour qui a déjà vu un jour quelques épisodes de Doctor Who. Cela peut paraître un peu facile à dire puisque Rip Hunter est incarné par Arthur Darvill (ex-Rory Williams et compagnon du 11ème Docteur) mais les ressemblances sont plus poussées que cela. D’abord dans les comics Hunter n’est pas spécialement british mais aussi l’accent de l’acteur et le scénario changent la chose. Plus encore, le Londres du futur ressemble énormément à Gallifrey, la planète d’origine du Docteur. Pour ce qui est des Time Masters, ils ne ressemblent en rien à ceux que l’on a vu dans les comics, lorgnant bien plus sur… les Time Lords de Gallifrey. Si bien qu’au bout de quelques minutes il ne faut pas s’étonner de voir Rip se comporter comme le Docteur et s’emparer d’un vaisseau temporel qui traverse une sorte de boyau temporel lorgnant ouvertement sur le générique de la série anglaise. A ce point-là, c’est presque une surprise que l’engin ne soit pas bleu. Et Rip Hunter, personnage pourtant antérieur, se retrouve donc en clone de Doctor Who. Finalement c’était à prévoir puisque l’écurie de scénaristes des séries DC aime à greffer des archétypes. Avec Arrow, ils ont fait la série Batman qu’on ne leur aurait pas permis de faire. Flash, comme nous l’avions dit au début de sa série, a récupéré au passage quelques archétypes empruntés à la vie de Peter Parker. Et voici donc Legends of Tomorrow, bâtie sur une structure proche de Doctor Who (mais pas que).
Plus exactement on pourrait se dire que cette série c’est Doctor Who (Rip Hunter) recrutant des homologues d’Iron Man (Atom), d’Elektra (White Canary) et de quelques autres personnages forts en caractère (Captain Cold et Heatwave font bien le job sur cet angle-là). Legends of Tomorrow est quelque chose qui tient du mashup ou du supergroup (c’est à dire pas le groupe de super-héros, mais le concept comme on l’entend dans la musique). D’un côté on glane des seconds rôles récupérés dans Flash et Arrow mais de l’autre ces deux séries ont tellement fait leur marché dans l’univers DC ces dernières saisons que l’on n’a pas du tout l’impression que le groupe fait misère. Bien sûr, il hérite des défauts et problématiques qui frappent toute série reposant sur le voyage dans le temps, c’est à dire des quêtes compliquées là où, avec du recul, on voit bien que la solution est devant leur nez. Alors que Rip Hunter décolle dans l’espace-temps en essayant de trouver Vandal Savage tout en discutant avec Hawkman et Hawkgirl de leurs origines, on se dit qu’il suffirait de remonter dans le temps à cet instant-clé, de neutraliser Savage avant qu’il soit irradié et devienne un danger. Mais forcément cela tuerait la série dès le départ. Alors on s’oriente vers une sorte de chasse aux œufs de Paques à travers le temps pour savoir où/quand trouver Savage. Par contre un bon ressort de cet épisode est qu’assez vite les choses deviennent personnelles pour Hawkman et Hawkgirl, bien plus que je l’attendais à ce stade de la série.
C’était à prévoir avec un show basé sur tant de membres (même trop, un ou deux héros en moins n’aurait pas été un mal en termes d’espace), le premier épisode est obligé de jongler avec les circonstances improbables qui réunissent des individualités si différentes. Comme tous les épisodes d’installation, celui-ci est laborieux en plusieurs endroits, en particulier puisque cette fois il faut expliquer/présenter une douzaine de personnages. Les résumés biographiques prennent le pas sur d’autres choses, ce qui fait que par endroit on est obligé de négocier les rebondissements scénaristiques de manière un peu trop « sèche », par exemple l’apparition du sentiment « d’équipe » vers la fin est expédiée un peu trop vite à mon bout avec un « non mais en fait nous sommes tous copains » (d’autant que le pauvre Jax se goure, tout ému que les autres se soient battus pour le sauver alors qu’une partie d’entre eux au moins se préoccupaient du vaisseau). Même chose pour le mercenaire qui traque le groupe et qui, faute de temps, n’est pas réellement « construit » et fait un peu Boba Fett du pauvre. Parmi les héros, celui qui tire le moins son épingle du jeu est sans doute Hawkman. D’abord parce que l’acteur n’a pas une palette d’expressions très riche. Ensuite parce que le scénario ne lui permet pas d’être autre chose qu’un boulet collé aux basques d’Hawkgirl option « mais puisse que je te dis que tu vas m’aimer ! ». Le personnage d’Hawkman n’existe qu’à travers celui d’Hawkgirl, nettement plus sympathique et humaine. De ce côté-là, les auteurs ont certainement une marge de progression, à plus forte raison s’ils veulent construire un jour la « fameuse » camaraderie entre Atom et Hawkman. Preuve qu’on ne s’embarrasse pas de détails et de temps (une ironie vu le propos de la série), la pauvre White Canary a à peine mis le pied sur une piste de danse que ça dégénère en l’espace de 15 secondes.
Il y a quelques ressorts intéressants (par exemple le fait que Martin Stein/Victor Garber soit la locomotive du tandem Firestorm) mais globalement nous avons un patchwork, passage nécessaire pour justifier les épisodes à venir. Oui, il y a beaucoup de fan service, d’allusions (le Wave Rider, par exemple) mais on ne peut pas se reposer sur ça. La majeure partie du casting est assez sympathique mais les épisodes à venir, on serait bien inspiré de s’éloigner des références trop appuyées à l’univers de Doctor Who (à un moment c’est trop) tout en nous démontrant une vraie capacité à retranscrire les époques abordées (ici l’Egypte et l’année 1975, symbolisée surtout par un filtre des couleurs). Autant de choses que l’épisode de la semaine prochaine devra prouver.
[Xavier Fournier]
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