Legends of Tomorrow S02E02
21 octobre 2016La Justice Society of America tombe littéralement les Legends. Et entre des super-héros expérimentés, légitimes, et une bande désorganisée de bricoleurs du temps, le combat est de courte durée. Stargirl, Obsidian, Doctor Mid-Nite, le Commander Steel et la « version 1942 » de Vixen font leur entrée dans l’univers partagé des séries TV de DC. Mais ce n’est pas pour autant que les Legends of Tomorrow sont guéries de leurs défauts intrinsèques.
https://www.youtube.com/watch?v=EDnqPOfFTUk
« We’re all friends here, Rex Tyler told us about the JSA »
La semaine dernière, nous avions été un peu « volés », dans la mesure une bonne partie de la promo de cette deuxième saison s’était faite sur le dos de la Justice Society of America et que… nous n’en avions aperçus que quelques secondes à la fin. Cet épisode reprend les choses où elles étaient restées, donnant d’ailleurs globalement le sentiment d’une sorte de « pilote de saison » en deux parties. Cet effet est d’ailleurs accentué par le fait qu’enfin on nous montre l’entrevue escamotée entre les Legends et Rex Tyler à la fin de la saison dernière. Même si c’est beaucoup plus court qu’on pouvait le penser. Première constatation : les auteurs traitent bien les sociétaires de la JSA, nous montrent une équipe avec des méthodes et un sens. Ce qui n’est pas le cas des Legends, on l’aura compris, d’autant plus que les vedettes de la série mordent la poussière en quelques minutes, au terme d’un combat à la Marvel Comics « Tapons-nous dessus, on éclaircira les choses ensuite ». Mais dès ces premières minutes il est évident, une nouvelle fois, que Legends of Tomorrow souffre d’un problème de production, peut-être de post-production d’ailleurs. Le combat qui démontre l’efficacité de la JSA est servi avec une petite musique de fond de mauvais jeu vidéo des années 80, quelque chose qui tue complètement l’intensité dramatique de la séquence. En deux ou trois autres endroits de l’épisode, la musique viendra ainsi totalement dégrader l’ambiance, se faisant parfois grandiloquente alors que les personnages ne font que parler…
« I was adressing the team leader… »
Côté fond, la série continue de laisser une place peut-être pas si large mais en tout cas régulière à l’évolution des femmes et de la sexualité à travers les âges. On a vu l’allusion aux sorcières de Salem dans l’épisode précédent et cette fois encore Sara Lance à l’occasion de se confronter aux préjugés et à la misogynie, avec inversement une évolution (assez logique) que l’on peut deviner dès que l’on constate que la voix-off n’est plus la même (disparition de Rip Hunter oblige) dans le pré-générique. Par contre, inversement, la série fait totalement l’impasse sur une autre question et rhabille l’Histoire des USA en utilisant une Justice Society beaucoup plus diverse… Ce qui est au demeurant un bien (la JSA d’origine comprenait le plus souvent une seule femme et aucun personnage de couleur) mais pas du tout utilisé. A part une seule référence à la musique noire, le reste se passe dans une sorte de 1942 rêvée où il n’y aucune allusion à la ségrégation, où l’Amérique se réinvente comme un pays « united colors » alors qu’elle ne l’était pas à l’époque. Et même dans Paris occupée, la chose semble passer quand même très « facilement ». Alors qu’il y avait quand même certains problèmes à l’époque et qu’ils valaient d’être soulevés afin de les affronter. Mais Legends of Tomorrow continue de nous servir une version cheeseburger de l’Histoire (peut-être que c’est encore plus évident maintenant qu’il y a un personnage qui martèle « Je suis Historien » à longueur d’épisode).
Paris sera toujours Paris ?
Vous aviez tiqué sur le « château » du Roi de France la semaine dernière ? Vous allez apprécier les Folies Bergère visitées cette fois, réinventées comme un bar de nuit avec un vague néon sur une façade d’immeuble. Il faut être réaliste, cependant, ce n’est pas vraiment comme si on s’attendait à ce que l’équipe traverse l’Atlantique pour filmer dans les vrais lieux, ce qui serait problématique. Mais à ce compte-là sans doute vaudrait-il mieux s’abstenir de faire du « name-dropping ». L’apparition d’un monstre est, elle, un peu entre deux. D’un côté on sent bien l’aspect « pantin 3D avec des mouvements pas du tout naturel ». Mais de l’autre il faut bien dire que si l’on compare à la manière dont Mister Hyde se transformait dans Agents of SHIELD (en gonflant d’une prothèse sur le front), c’est nettement moins pire. Mais le problème majeur des Legends reste cette écriture du groupe central, d’autant plus surprenant qu’à l’évidence les mêmes auteurs écrivent mieux les dialogues de la JSA. Comme pour la saison 1, les chamailleries de gosses de 8 ans reviennent, déclamées avec des voix de stentor pour tenter de faire sérieux. Les discutions pour savoir qui sera le capitaine après Hunter et l’importance apportée à ce rôle (alors que dans les épisodes précédents tout ce petit monde prenait un malin plaisir à désobéir au capitaine) sont des gesticulations artificielles ou des maladresses (la raison pour laquelle les Legends sont repérées par les nazis dans le bar, c’est quand même…).
« They’re just better coordinated than us. »
On regarderait un film clairement comique comme la Momie que ça passerait. Là, le souci c’est que le contexte se veut premier degré (ou en tout cas les acteurs le jouent comme let), le tout étant entrecoupé de déclarations de l’insupportable ordinateur de bord qui déverse les informations que les personnages sont incapables d’apporter par eux-mêmes. Reste que la JSA apporte des choses à la série, une présence similaire à celle du Ghost Rider dans Agents of SHIELD, que les choses sont mises en place de manière à ce que le groupe soit un fil rouge au moins intermittent dans les épisodes à venir. Nate Heywood et son « origin story » sont également bien gérés. Mais Legends of Tomorrow laisse l’impression d’une série qui, au mieux, peut donner quelques bonnes scènes par semaine mais rarement quelque chose de bien sur tout l’épisode. Il suffit par exemple de voir la scène de combat de Sara Lance dans le couloir du bunker pour réaliser que l’ambition n’est pas du tout la même que la chorégraphie du Daredevil (les fameux couloirs ou cages d’escalier) ou du Luke Cage (ses prises d’assaut des repaires de Cottonmouth) de Netflix… Ne boudons pas notre plaisir, à défaut d’utiliser une JSA 100% identique à celle qu’on a pu connaître dans les BD et même si les personnages ne sont pas égaux (Mid-Nite et Obsidian sont là pour remplir et bien malin le téléspectacteur qui arrivera à deviner quels sont les pouvoirs de Rex). Legends nous restitue quand même une incarnation du groupe telle que DC Comics ne nous en propose plus depuis au moins six ans…
[Xavier Fournier]Legends of Tomorrow Saison 2 / Disponible dès le lendemain de la diffusion US en version originale sous-titrée sur MyTF1 VOD et sur l’iTunes Store.