Les Legends of Tomorrow ne sont jamais à court d’idées lorsqu’il s’agit de se compliquer la vie. Alors qu’un de leurs alliés vient d’être tué et qu’il s’agirait de le venger, alors qu’ils viennent de recruter, un peu forcés, Vixen, leur maladresse les force à faire un arrêt dans le Japon du XVI° siècle. Pendant ce temps, dans la salle d’écriture, les scénaristes continuent de faire usage de leur collections de grosses ficelles, non pardon, à ce stade ce ne sont plus des ficelles mais des câbles…
Rex Tyler ayant murmuré « voyageur du temps » dans ses dernières paroles, Vixen s’invite à l’intérieur du vaisseau temporel des Legends, bien décidée à les neutraliser, convaincue qu’ils ont tué Hourman. Et elle progresse de manière rapide, jusqu’à ce qu’un des occupants de l’engin révèle de nouvelles aptitudes. Ce début d’épisode est dynamique, justifie au demeurant la présence régulière de Vixen dans la série mais aussi la montée en puissance d’un autre protagoniste. Par contre, dès ces premières minutes, la maladie chronique de l’écriture rapide qui caractérise la série est de retour. D’une part, on expliquera à cette chère Vixen que les Legends ne peuvent pas avoir tué Rex puisqu’ils avaient déjà quitté 1942. De l’autre, en guise d’explication de comment Vixen peut jouer les passagers clandestins dans le vaisseau, on nous dit que… elle est tout simplement monté à l’intérieur avant qu’ils quittent l’époque en question. Donc avant que Rex décède. Et allez savoir pourquoi Vixen n’ameuterait pas le reste de la Justice Society pour venger l’un des leurs… C’est mystère et boule de gomme. Les questions potentielles seront évacuées assez vite puisque, comme à l’habitude, les Legends ne vont pas tarder à se comporter de façon totalement irresponsable (c’est pratiquement comme s’entraîner au tir au fusil à bord d’un avion de ligne en plein vol). Du coup, l’attention est supposée se concentrer vers une problématique totalement différente. Au moins les scénaristes sont conscients que c’est tellement gros que quelqu’un demandera à voix haute comment ils ont fait pour ne pas se tuer jusqu’ici. Mais faute avouée n’excuse pas tout.
Cet épisode est marqué par un renforcement des références à la culture geek, érigée comme un mode de fonctionnement. Star Wars, Lost… Le temps de faire le rapprochement entre ces occupants un peu idiots du vaisseau, qui sauvent la mise avec leurs références à des films ou des séries TV et l’on se dit « hé mais en fait ils nous la jouent un peu Gardiens de la Galaxie avec ce côté persos idiots et fiers de l’être, ah mais non, il n’y a pas de référence à la musique des sixties/seventies…« . Et que pensez-vous qu’on entend avant la fin de l’épisode ? Bingo. La façon avec laquelle Legends of Tomorrow s’approprie des codes Marvel n’est pas nouvelle. On l’a noté dès la saison 1 avec White Canary/Elektra, Atom/Iron Man et voici que la chose va en s’accentuant, au-delà d’une maladroite tentative de faire de ces idiots dans le temps des Gardiens de la Galaxie « temporels », avec un membre qui, sous couvert d’adopter certaines aptitudes qu’il a dans les comics, ressemble vraiment, pour le coup, à l’un des X-Men. Et en un sens, Vixen avec son background soudainement tribal et cette histoire de pister les Aveng… enfin les Legends tenus pour responsables de la mort d’un proche, c’est un peu Mme Black Panther. Rien ne se créé, c’est certain. Mais la chose serait plus facile à accepter si tout cela était servi sous la forme d’un clin d’œil glissé dans une écriture rigoureuse. Et là, pour le coup, on n’y est pas. Mais alors pas du tout. Au point qu’en de nombreux endroits on aurait envie de demander aux scénaristes (avec la voix d’un Arthur/Alexandre Astier courroucé parlant à Karadoc et Perceval) « non, mais sérieux, en vrai, c’est quoi votre vrai métier ? ».
Il y a une forme d’idiotie assumée dans Legends of Tomorrow : Comme de bien entendu les deux moitiés de Firestorm vont trouver beaucoup plus important d’enquêter sur un vague mystère qui n’a rien à avoir avec le fait de sauver leurs amis. Et c’est vrai que le mystère au final semble une piste intéressante. Mais enfin bon, c’est comme si deux maitres-nageurs se disaient qu’il y mieux à faire que venir au secours de quelqu’un qui se noie. Comme de bien entendu, Nate Heywood, fraichement intégré dans les rangs, ne tarde pas à devenir un vantard qui ne craint rien, jusqu’au moment où en fait, si, il craint quelque chose, pas de chance. Ce qui fait que l’on se demande combien de temps Vixen va résister au virus du zéro QI qui plane dans ce vaisseau. Mais il y aussi, une forme d’idiotie béante qui hante l’écriture. Ou alors il y a quelque part un monteur fou qui s’amuse à couper des scènes essentielles à la structure. Alors qu’on débarque au Japon, donc, un type du XVI° siècle qui n’a jamais vu l’armure de Ray Palmer en action sait – on ne sait pas ni pourquoi ni comment – s’en servir. C’est un peu comme si le type savait directement démarrer une voiture sans jamais en avoir vu. Sans parler du fait que, quelque part en cours de route, on nous avait pourtant dit que cette armure pouvait être actionnée par le seul Palmer.
A quelques scènes de là, un vieux japonais, vu d’abord comme un homme se méfiant franchement des « gaijins », au contraire inexplicablement de comportement, se prend presque pour Maitre Miyagi et sort à un personnage (avec qui il vient d’échanger trois phrases anodines) qu’il lui rappelle son fils. Les revirements artificiels des protagonistes, les personnages qui savent d’un coup faire un truc parce que le scénario en a besoin (mais dans le même temps le même scénario est incapable d’expliquer pourquoi). Et n’oublions pas cette fois, ni vu ni connu, tout ce petit monde décide de changer le cours du temps (le mariage du shogun) sans sourciller deux secondes. Alors qu’en théorie ils se sont formés précisément pour empêcher ce genre de choses. Cela se regarde comme pour guetter telle ou telle mention d’un héros DC, mais alors l’histoire, le sens, pffiou… Legends Of Tomorrow a le goût d’une rédaction de collégien, d’une fanfiction écrite à la va-vite. Alors on recouvre les trous béants de la narration à coups de messages venus d’autres époques (d’ailleurs peut-être intéressants sur le long terme, dans la lignée de ce qui se passait dans le premier épisode de Flash), à coups de démonstrations de pouvoirs et de références à d’autres héros secondaires. Mais bon, franchement, l’écriture est digne de certains films Asylum. Sigh…
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