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Len Wein (1948-2017)

Nous apprenons la mort du scénariste et de l’ancien responsable éditorial Len Wein, à l’âge de 69 ans. On lui doit la cocréation de Wolverine, une implication importante lors de la refonte des All-New All-Uncanny X-Men, la cocréation de Swamp Thing (la Créature du Marais), un rôle important dans le recrutement d’auteurs anglais (dont Alan Moore) chez DC au début des années 80 et la supervision éditoriale des onze premiers épisodes de Watchmen.

En 2007, pour Comic Box #47, nous avions eu la chance de nous entretenir avec Len Wein, figure déterminante des comics des années 70/80. Il nous avait alors donné sa définition de ce qu’est l’Age d’Or des comics… En nous expliquant que c’était, pour chaque lecteur, une période correspondant à son adolescence, à un moment où la capacité d’émerveillement est à son maximum. Lecteur boulimique de comics pendant son adolescence et impliqué dans différents fanzines, Len Wein pousse un jour la porte de DC Comic avec son ami d’enfance Marv Wolfman. Un gentil forcing leur permet d’attirer l’attention du responsable éditorial Joe Orlando et de se voir proposer de scénariser des comics. Leur premier effort conjoint est publié dans Teen Titans #18 et voit la première apparition de Starfire (plus tard rebaptisé Red Star) un héros soviétique à une époque où ils n’étaient pas légion dans les comics. Assez vite Len Wein vole de ses propres ailes et se retrouver à écrire des récits de super-héros ou d’horreur aussi bien pour DC Comics que pour Marvel. C’est presque innocemment qu’en 1971 le dessinateur Bernie Wrightson et lui inventent une première version du monstre Swamp Thing dans l’anthologie The House of Secrets #92. Cette courte histoire n’est pas supposée avoir de suite. Elle a un tel succès que DC Comics demande à Wein et Wrightson de repenser le concept pour lancer une série mensuelle régulière. C’est le premier « hit » de Wein, mais pas le dernier.

Dans la foulée Wein se voit confier l’écriture de la série Justice League of America. La tradition veut alors que tous les 10 numéros environ la JLA rencontre les héros vétérans de la Justice Society of America. Wein trouve que tous les personnages ont déjà été utilisés. Il va donc puiser plus loin et se livrer à une sorte de surenchère en réintroduisant les Seven Soldiers of Victory à l’ère moderne puis en inventant la première version des Freedom Fighters, ex-héros de Quality Comics transférés sur une Terre où les Nazis ont gagné la Seconde Guerre mondiale. Chez Marvel, Wein se retrouver à écrire la série Marvel Team-Up (avec Spider-Man), puis reprend le scénario des Defenders. C’est lui qui décide d’importer Nighthawk (jusque-là membre du Sinister Syndicate) pour en faire un héros et un membre des Defenders. On va aussi le retrouver sur Thor, sur Incredible Hulk, les Fantastic Four ou de nombreuses autres séries… Assez rapidement il prend aussi des responsabilités éditoriales chez Marvel, récupère la supervision de séries comme Power Man ou le run de Jim Starlin sur Adam Warlock/Strange Tales. Wein édite aussi le run de Don McGregor sur Black Panther/Jungle Action, les Avengers… Dans les pages d’Incredible Hulk #180 et 181, il lance le héros canadien griffu Wolverine. A l’époque on ne sait pas encore vraiment de qui il s’agit ou même quels sont ses pouvoirs. Mais le destin va s’occuper de ce personnage colérique. En 1975, Len Wein est de ceux qui planchent activement sur la réinvention des X-Men. Et puisque la décision est prise de rendre les mutants plus « internationaux », on décide d’y récupérer Wolverine… avec le succès que l’on sait.

Puis il claque la porte de Marvel vers la fin des 70’s, retourne chez DC où il édite différentes séries. Il supervise ainsi le lancement des New Teen Titans de Marv Wolfman et George Perez ou encore l’All-Star Squadron de Roy Thomas et Rich Buckler. Encore qu’il s’agisse bien souvent pour lui de laisser de l’autonomie à des auteurs qui se prennent en charge. Parmi Les autres titres édités par Wein, on compte Batman, Green Lantern ou Camelot 3000. C’est là qu’on commence à le voir puiser chez les créateurs anglais. Pour Green Lantern il recrute Dave Gibbons. Camelot 3000 sera le premier contact du grand public américain avec le dessinateur Brian Bolland. Coscénariste de Tales of The Green Lantern Corps avec Mike W. Barr, Len Wein est aussi le co-créateur du terrible Nekron, bien plus tard leader des Black Lanterns. On le retrouve aussi crédité pour le premier numéro de Crisis On Infinite Earths. Après le reboot de DC, il va enchaîner en éditant les Wonder Woman de Perez puis en co-écrivant le crossover Legends. Il édite, enfin, Watchmen, projet mené par deux de ses protégés, Alan Moore et Dave Gibbons. En désaccord avec la fin, qu’il trouve trop proche d’un épisode de The Twilight Zone, il se désolidarisera cependant du dernier épisode…

Au bout de quelques années, Wein quitte DC pour aller vivre sur la côte Ouest des USA et lorgner sur différents projets liés à l’animation. Mais on va aussi rapidement le retrouver en freelance, scénariste d’une cohorte de comics (parmi lesquels une des miniséries de Before Watchmen), bien qu’ils n’aient pas forcément le même impact que ce qu’il a écrit ou édité par le passé. Il faut dire qu’en un quart de siècle l’empreinte de Wein avait été très forte. Son rôle est néanmoins souvent méconnu du grand public, qui ignore généralement le nom du papa de Wolverine. En 2014, une courte apparition dans le film X-Men: Days of Future Past , aux côtés de Chris Claremont, avait néanmoins salué, sous forme de clin d’œil façon caméo de Stan Lee, son héritage conséquent sur l’histoire des mutants de Marvel.

Il y a tout ce que Len Wein a écrit. Et il y a tout ce qu’il a rendu possible. Quand on met tout bout à bout, la somme est conséquente, énorme. La matière première de ses écrits survit encore aujourd’hui aussi bien chez les X-Men que dans les Green Lanterns de Geoff Johns, les Seven Soldiers ou le Multiversity de Grant Morrison. Et puis il y a tous les projets pour lesquels il a dit « banco », des New Teen Titans à Watchmen en oubliant une liste tout simplement interminable. Si Len Wein avait été d’une autre humeur, d’un autre tempérament, le visage moderne des comics ne serait pas le même et manquerait de bien des choses…

Sur la couverture de son premier épisode paru, son Teen Titans #18, il y a cette accroche, cette promesse: « Vous aurez la recette pour de l’action inoubliable et de l’aventure !« . Finalement ce n’était pas une accroche mais une promesse. Et elle a été tenue pendant presque 50 ans de carrière.

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