On avait laissé les Runaways devenant réellement des fugitifs dans les dernières minutes de la saison 1 de la série. Recherchés désormais par la police pour un meurtre qu’ils n’ont pas commis mais aussi toujours en bisbille avec leurs parents, lesquels sont manipulés par le mystérieux Jonah. Avec les bases désormais lancées, voici donc la deuxième saison qui démarre aux USA. Les Runaways peuvent-ils sauver la Côte Ouest de la destruction ?
Visant, à l’image de Cloak & Dagger, une cible plus adolescente que les autres séries issues de Marvel Television, les Runaways ont surpris il y a un an avec leur capacité à porter à l’écran les concepts des comics inventés par Brian K. Vaughan et Adrian Alphona. La saison 1 était une forme d’origin story en dix chapitres. Avec la saison 2, diffusée cette semaine aux US chez Hulu, restait à définir le rythme de croisière. On retrouve les jeunes héros précisément là où on les avait laissés. Encore qu’au début la police semble avoir mis la main sur les Runaways. Les auteurs aiment visiblement jouer avec les attentes des spectateurs (et de la Pride). En fait, cela ne s’est pas arrangé pour les protagonistes. Au début de cette deuxième saison, certains d’entre eux ont même perdu certains objets qui leur donnait leur puissance, leur côté extraordinaire. Les premiers épisodes préfèrent insister sur le fait qu’il vaut mieux se méfier des apparences (à l’image d’une scène vers le début où il semble que les parents ont déjà retrouvé les enfants). Si un droit d’inventaire est bien à l’œuvre (par exemple pas de mutant ou de vrais visiteurs du futur parmi les Runaways, contrairement à la BD) et si certaines menaces ont été revues et corrigées, Lyrica Okano (Nico), Rhenzy Feliz (Alex), Ariela Barer (Gert), Virginia Gardner (Karolina) et Gregg Sulkin (Chase) sont toujours bluffants tellement ils sont des sosies des personnages des comics. Allegra Acosta nous donne toujours une Molly plus vieille que dans la BD mais qui conserve cependant les mêmes valeurs. Elle reste le bébé de la bande (avec, par exemple, une scène marrante où elle trouve une cassette et n’a aucune idée de ce qu’est).
Mais reste que le passage à la saison 2 ne se faisait pas sans questions : Ironiquement les Runaways sont maintenant dans une problématique très proche des Defenders de Netflix, quand les immortels de la Main creusaient sous New York pour détruire la ville. Et on se souvient que les Defenders en question, eux, sont retombés comme un soufflé. Mais ici c’est le contraire. Tout le temps où les Runaways s’efforcent d’empêcher que la Côte Ouest soit détruite par ce qui se cache au fond du puit, ils sont comme portés par l’intrigue. C’est plus tard, une fois que ce fil rouge s’est effiloché, que les auteurs commencent en revanche à bricoler. A trop vouloir brouiller les cartes, ce qui peut passer pour un plan scénaristique assez bien maitrisé sur toute la première moitié de cette saison s’égare ensuite dans trop de directions. Alors qu’elle commence assez bien, cette saison 2 de Runaways s’avère finalement très inégale. Dans les comics, les Runaways reposent sur un univers partagé où super-héros et super-vilains pullulent. Ici, même si la série TV est vaguement reliée à l’univers cinématique Marvel (avec la petite mention de Roxxon au passage), on reste cependant dans un contexte auto contenu et il faut donc « avaler » dans un temps relativement court la présence d’extra-terrestres, de sorcière possédée ou de dinosaure reconstitué.
Une fois qu’on a passé ce préambule, Runaways est efficace, sans doute parce que la problématique interne repose sur les sentiments des enfants mais aussi de leurs parents, qui les aime mais sont contraints de faire le Mal pour eux… tout en se méfiant de leurs partenaires. Au demeurant ces adversaires semblent inégaux. Julian McMahon (ancien de Nip-Tuck et ex-Doctor Doom de la Fox) trouve ici l’occasion de donner corps à un grand méchant qui aime plaire et n’en est que plus dangereux. James Marsters en Victor Stein, bien qu’il soit hors d’état de nuire pendant quelques épisodes, émerge lui aussi du lot. Certains parents plus calmes, presque comiques, tels que Brigid Brannagh et Kevin Weisman (les Yorkes) trouvent plus tard l’occasion de briller. Mais c’est bien le scénario qui s’essouffle passé un certain stade, alors qu’on sent les auteurs en roue libre alors qu’il s’agit de continuer passé un certain point. Le côté attachant de la première moitié de saison laisse la place à quelque chose qu’on prolonge en se demandant comment avancer. Par exemple des personnages qui n’ont pas paru très branchés par les arts martiaux jusqu’ici se retrouvent d’un seul coup à combattre en mode expert, dans une scène qui pourrait paraître ambitieuse en termes de cascades mais qui tombe tellement comme un cheveu sur la soupe qu’on reste sur une impression de « ah ok ils sont asiatiques donc vous avez pensé que… ». Pour ce qui est de la forme seconde de la menace, on a tellement capté où ils veulent en venir depuis le huitième épisode que les six épisodes restants semblent bien longs, tandis qu’on se demande pourquoi les personnages, eux, ne réalisent pas ce qui se passe. Le fait de rebattre les cartes sur la fin, de bousculer un peu certaines allégeances, ne change pas grand-chose à l’affaire.
En termes de séries avec des ados et pour un public ado, Runaways reste plus intéressante que bon nombre de programmes du genre. C’est souvent plus animé et plus malin que des séries comme The Magicians. Malheureusement de qui marche bien au début s’essouffle sur la fin. Cette saison aurait gagné à s’arrêter au septième épisode, quitte à revenir plus tard en 2019 une fois que les auteurs auraient réfléchi à une suite mieux construite. On aime bien les acteurs, ils représentent bien l’âme des personnages. Mais passé un cap, c’est l’intrigue qui manque d’âme. Si la série perdure, on serait donc sans doute content de prendre des nouvelles de Nico, Alex et les autres. Mais, sauf reprise en main du scénario, sans que cela passionne réellement. Une saison 2 qui commence de façon sympa mais qui perd l’inspiration en cours de route.
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