Diana Rigg (l’ex-Emma Peel de Chapeau Melon et Bottes de Cuir ou plus récemment Olenna Tyrell dans Game of Thrones) vient de s’éteindre à l’âge de 82 ans. Bien qu’elle n’ait pas été autrice de comics, elle a été pendant plusieurs décennies une véritable source d’inspiration pour bien des sagas devenues des classiques.
Dans les coulisses, cependant, tout n’est pas rose. On est avant la « Libération de la Femme » et le « plafond de verre » est encore plus présent qu’aujourd’hui. Un jour Diana Rigg apprend qu’elle est moins payée que les cameramen. Elle menace de partir et les producteurs sont contraints de renégocier son salaire à la hausse. Rigg ne tourne que dans deux saisons de Chapeau Melon et Bottes de Cuir (plus le premier épisode de la saison suivante, pour passer le relais à sa remplaçante). Elle laisse la place en 1967, pour s’aventurer au cinéma (notamment devenir une James Bond girl dans Au service secret de Sa Majesté). Deux petites saisons puis Emma Peel s’en va, donc, après avoir retrouvé un mari qui, semble-t-il, ressemble étrangement à Steed. Diana Rigg passe ensuite à autre chose. La série aussi, puisque Linda Thorson, « Tara King », la remplace au côté de John Steed.
Entretemps Emma Peel/Diana Rigg est devenue une icône pop, une femme d’action à une époque où la libération de la Femme reste une abstraction. Le personnage va rapidement faire des petits et inspirer les comics. A l’époque les ventes de Wonder Woman sont en perte de vitesse et l’héroïne en petite culotte étoilée est alors accusée de ne plus être synchrone avec la réalité du féminisme.
En 1968, le scénariste/dessinateur Mike Sekowsky pilote donc une refonte profonde. En l’espace de quelques épisodes Steve Trevor, le chéri de Wonder Woman, est éliminé. Et l’amazone, elle, perd tous ses superpouvoirs. Désormais en costume de ville, cette autre « Diana », la « New-Look Wonder Woman », apprend alors les arts martiaux et devient une aventurière plus proche des récits policiers. Dans Wonder Woman: The Complete History, de Les Daniels, Sekowsky explique avoir été fasciné par Diana Rigg.
Avant, la « Veuve Noire » portait un costume baroque fait de dentelle violette. Dans l’épisode de Spider-Man elle troque pour la première fois cette tenue pour une combinaison moulante noire. Si le dessinateur John Romita Senior a expliqué s’être inspiré de la combinaison de Miss Fury, personnage du Golden Age, l’air de famille entre la « nouvelle » Black Widow et Emma Peel est incontestable.
L’ombre d’Emma Peel plane encore plus loin, plus tard, dans l’esprit de créateurs qui ont regardé « Chapeau Melon » dans leurs jeunes années. Ainsi chez les X-Men la saga du « Hellfire Club » (le Club des Damnés en VF) produite par Chris Claremont et John Byrne est directement inspiré d’un épisode de la série TV, « A Touch of Brimstone » (vingt-et-unième épisode de la saison 4).
Emma Peel y tombait sous la domination mentale d’une société secrète un tantinet SM et enfilait un costume noir fétichiste, adoptant le surnom de « Queen of Sin ». Voyons, où avons-nous retrouvé cela…
En 1990, c’est Grant Morrison et Ian Gibson qui ramènent John Steed et Emma Peel dans leur propre série officielle, chez Eclipse/Acme Press. Entretemps les Avengers de Marvel ont pris un autre poids, impossible de sortir une BD « The Avengers » et la minisérie portera donc le titre Steed and Mrs. Peel. En 2003, Emma Peel/Diana Rigg apparaît parmi de nombreuses célébrités anglaises dans Simpsons Comics #87, écrit par Ian Boothby.
Diana, restée actrice jusqu’au bout, n’a pas écrit ou dessiné un comic-book. Mais elle a inspiré certains des plus grands auteurs, façonné la parcours de plusieurs créations. Et il n’est pas dit que ses avatars ne continuent pas d’apparaître dans les années à venir.
Cela valait bien un hommage, pas seulement au personnage qu’était Madame Peel mais aussi à la femme qui a su lui donner cette étincelle, ce petit plus, étincelle qu’elle continuait d’avoir à 80 ans passés, comme les spectateurs de ses projets récents le savaient…
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