Oldies But Goodies: Adventure Comics #258 (Mars 1959)

[FRENCH] Le feuilleton TV Smallville cultive les apparitions d’autres super-héros en guest-stars, y compris en ce qui concerne Green Arrow. Mais cette rencontre-là n’est pas une invention des scénaristes de la télévision. Comme les cas d’Aquaboy et de Bruce Wayne que nous avons déjà vu ici, le jeune Oliver Queen a croisé le chemin de Superboy. Et Clark Kent d’essayer de le convaincre par tous les moyens de devenir super-héros…

Clark Kent n’a jamais été très adroit avec les filles. Il n’y a qu’à voir la longueur de la cour qu’il a fait à Lois Lane. Et quand il était adolescent et vivait à Smallville, c’était déjà le cas. Ainsi le voici un jour en train de marcher dans la rue avec sa chère Lana Lang (son chaste amour de jeunesse). Et cette dernière lui propose ce que les mœurs de l’époque (et le comics code) peuvent alors accepter comme un sage rencart : aller étudier ensemble à la bibliothèque. Mais Clark refuse. Il doit travailler seul dans sa remise sur un projet qui lui tient à cœur. Lana Lang s’éloigne donc seule vers son destin estudiantin.

Clark, changé en Superboy (on se demandera pourquoi et comment Clark est obligé de s’habiller en super-héros alors qu’il bricole dans la maison familiale, ce qui augmente les risques d’être découvert) commence alors un ambitieux bricolage : une machine temporelle qui, dans l’idée, lui permettrait d’observer les crimes récents de manière à démasquer les malfrats. Il suffirait ensuite de les arrêter… C’est un intéressant projet mais qui curieusement ne va pas à fond de son raisonnement. Si Superboy construisait une telle machine lui permettant de surveiller n’importe quelle époque, pourquoi ne pas se poser la question de surveiller les catastrophes naturelles susceptibles de se passer le lendemain par exemple ? Superboy n’a pas l’air d’y penser. Mais le destin a un peu plus de suite dans les idées que le jeune kryptonien. Alors que le jeune super-héros teste sa machine, il a la surprise de voir que ce qu’il observe c’est… le futur. Enfin le futur pour lui, c’est-à-dire l’année 1959 (date de parution du numéro) puisque les aventures de Superboy se passent quelques années avant que Clark ne devienne Superman. 1959, pour Superboy, c’est donc l’avenir… Et la machine inventée fonctionne à merveille puisqu’elle ne tarde pas à montrer un crime en train de se produire et d’être arrêté net par… Green Arrow. Superboy tombe en admiration devant ce héros adulte, qui agit avec méthode et finesse. En l’observant, Clark découvre même l’identité de l’archer masqué : Oliver Queen. Superboy regrette de ne pas pouvoir rencontrer ce héros qui n’existera en tant que tel que dans quelques années. Il se jure alors de mémoriser le nom d’Oliver Queen, en espérant que leurs chemins se croiseront quand ils seront tous les deux adultes.

Mais pas la peine d’attendre ! Devinez quel nouvel élève fait son apparition quelques jours plus tard dans le campus de Smallville ? Oliver Queen pardi ! Même Clark Kent trouve la coïncidence un peu trop grosse (trahissant le fait que même le scénariste a des difficultés à justifier la grosseur de sa ficelle). Allez savoir pourquoi, Clark décide que c’est  un signe du destin : puisqu’il est le seul à savoir qu’Oliver Queen deviendra un jour Green Arrow, c’est sans doute parce que c’est à lui (Superboy) d’encourager la carrière de l’archer vert. Sauf que les lecteurs de comics savent déjà que l’origine de Green Arrow n’a rien à voir avec Superboy. Oliver Queen est devenu un archer à l’âge adulte seulement parce qu’il s’était échoué sur une ile et que l’arc était le seul moyen de survivre.

Ca, Superboy l’ignore puisqu’en définitive il sait tout de Green Arrow… sauf son origine. Par orgueil Clark se met donc à surveiller ce nouveau camarade de classe et découvre avec horreur que le jeune Oliver n’a aucun intérêt dans le tir à l’arc. Pour réparer cette lacune, Clark tente la suggestion au niveau de l’inconscient. Il monte de toute pièce une fête costumée sur le thème de « quel personnage historique auriez-vous aimé être ». Clark est convaincu qu’Oliver va choisir Robin des Bois et que cela l’encouragera à choisir une variation de ce costume pour sa future carrière. Peine perdue : Oliver veut se déguiser en Wyatt Earp, le légendaire cow-boy. On est carrément à l’opposé de l’arc et des flèches. Mais Clark ne lâche pas l’affaire. Il va même jusqu’à mentir. Il affirme à Oliver que lui avait déjà prévu de se déguiser en Wyatt Earp. Du coup Oliver ne sait plus quel personnage choisir pour éviter le double-emploi. Et, oh surprise, Clark lui propose donc un costume de remplacement qu’il a «par hasard »… Celui de Robin des Bois bien sûr…

Objectif réussit ? Non, car même s’il en a la tenue, Oliver n’est toujours pas plus intéressé que ca par le tir à l’arc. Au point d’ailleurs que lorsqu’un bandit fait irruption dans la parade en tirant à balle réelle, Oliver serait bien en peine de l’arrêter. Clark tente de lui « souffler » une arme. Profitant du fait qu’un autre garçon est déguisé en boxeur, Clark attache un gant de boxe au bout d’une des armes d’Oliver et lui conseille de tirer. Mais le futur Green Arrow est un piètre tireur. Il manque sa cible. Finalement tandis que Superboy stoppe un cheval effrayé par les coups de feu, Oliver arrête le tireur mais à sa manière, c’est-à-dire en étranglant le malfrat avec la corde de son arc. Par la suite Superboy va tenter de tester Oliver de diverses manières mais rien n’y fait. Oliver s’en tire toujours en utilisant son arc pour autre chose que pour tirer. Affront suprême : Superboy s’aperçoit même qu’il est meilleur que Queen pour ce qui est de tirer à l’arc ! Du coup il finit par baisser les bras… Et pourtant la première (et à cette époque unique) flèche tirée par « Green Arrow » va aider Superboy à résoudre l’affaire de cet épisode. Car en la rangeant dans sa collection de trophée, Superboy détecte qu’elle porte des traces d’or. En fait les chevaux utilisés lors de la parade transportaient de l’or volé caché… dans leurs sabots. Grâce à la trace d’or, Superboy peut ainsi dévoiler le trafic.

Le soir même, alors qu’il est en train de tester à nouveau sa machine temporelle, Superboy s’aperçoit que « l’interférence atmosphérique » qui permettait à son invention de voir le futur s’est dissipée. Il ne peut donc en apprendre plus sur les conditions exactes lors desquelles Oliver est devenu Green Arrow. Au petit matin, Oliver vient rendre à Clark sa panoplie de Robin des Bois en s’excusant d’avoir été une « disgrâce » pour le héros historique : « Je suis sans doute le pire archer au monde ». Et Clark doit alors se résoudre à l’idée qu’Oliver se mettra au tir à l’arc en temps et en heure et que Superboy, quoi qu’il ait pu en penser, ne jouera aucun rôle dans sa genèse de super-héros. A noter que Clark appuie cette constatation d’un clin d’œil appuyé, dirigé vers le lecteur, comme s’il avait conscience de sa présence (ce qui est assez peu caractéristique des comics DC de l’époque). Allez savoir sa machine bizarroïde ne lui a pas montré qu’il était prisonnier d’une bande dessinée et « lu » par le public… Par la suite on ne reverra pas le jeune Oliver Queen dans les aventures de Superboy (sans doute que l’élève avait déménagé vers Star City) et les versions adultes de Green Arrow et Superman ne feront pas mine de s’être connus à l’adolescence. Dans le cas de Superman, cela peut s’expliquer. Lors de rencontres similaires avec Bruce Wayne ou d’autres futurs héros (y compris avec la Légion des Super-Héros) on sait que Superboy avait pour habitude de s’auto-hypnotiser pour oublier tout ce qu’il savait du futur, afin de ne pas créer de paradoxe. Mais pour Green Arrow… Il faut croire que Clark et sa curieuse obsession pour déguiser ses camarades en Robin des Bois n’avais pas laissé un souvenir impérissable à Oliver…

[Xavier Fournier]

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