Mais alors que les soldats sont en train de s’attaquer au cercueil, ils sont interrompus par une vieille femme encapuchonnée qui venait visiter le tombeau. Elle s’adresse à eux en pointant un doigt accusateur : « Vous payerez pour ça, nazis ! Une terrible justice puni quiconque ose salir la tombe de Napoléon ! » La menace n’impressionne pas les nazis et l’un d’entre eux donne un coup de poing à la vieille française mais elle ne se démonte pas : « Frappe moi encore ! Tu ne peux pas faire de mal à une vieille femme ! Je n’ai pas de raison de vivre tant que vous les nazis serez dans Paris ! ». Si vous vous attendiez à ce que la vieille femme ne soit qu’un déguisement de Black Angel pour s’approcher des hommes, vous avez… tout faux ! Au contraire les soldats nazis sont dérangés par une silhouette inconnue portant un manteau vert et un chapeau. Le nouveau venu se tient dans l’ombre mais n’hésite pas, à son tour, à menacer les soldats : « Qui ose porter la main sur une femme française ? Chien d’allemand ! Tu devrais être guillotiner ne serait-ce que pour avoir osé parler à une fille de la France ! ». Puis il donne un violent coup de poing au soldat le plus proche de lui. La voix de l’inconnu doit paraître âgée car le nazi s’étonne « Il frappe fort pour un vieil homme ! ». La vieille femme s’aide de son parapluie pour assommer un autre soldat tandis que l’inconnu en vert neutralise le reste de la troupe : « Vous pouvez conquérir le sol, soldats, mais jamais vous n’aurez le peuple de la France ! ».
L’inconnu guide Black Angel dans les rues jusqu’à un passage souterrain. Mais là aussi l’aventurière est passablement surprise par l’inventivité et la débrouillardise du bonhomme : « Cette cachette est parfaite ! Les nazis sont passés devant sans nous voir ! Comment saviez-vous qu’elle se trouvait là ? ». L’ombre verte rétorque « C’est un ami proche qui a fait construire ces passages ! Bon maintenant empruntez ce tunnel ! ». Black Angel sursaute en entendant les explications de son allié. Elle sait qu’historiquement l’homme qui a fait construire les tunnels secrets de Paris était Napoléon lui-même ! Mais quand elle se retourne l’inconnu n’est plus là.
Le jour suivant Black Angel est toujours à Paris et elle observe une procession étrange : « Tous ces français ! Je me demande ce qui se passe ! Pourquoi vont-ils tous en direction de la tombe de Napoléon ? » Elle est interrompu par l’homme au manteau vert qui surgit à nouveau à ses côtés : « Vous ne comprenez pas, ma chère ! J’ai aimé la France depuis bien des années et ces hommes ne sont pas des français ! Ils s’attendent à ce que la France entière pense qu’il s’agit de français venus faire un pèlerinage sur la
Plus tard les forces allemandes chargent le cercueil de Napoléon dans un avion. Un gradé se félicite de ce plan, qui semble être son idée : « Les Franzais penzeront que ce sont certain d’entre eux qui ont volé le cadavre et ils seront trop effrayés pour protester ! Nous, Allemands sommes brillants ! ». Mais au fond de la soute se tient l’étrange homme en vert, qu’ils semblent prendre pour l’un d’entre eux. Mais bientôt il lève le doigt vers eux : « Vous êtes perdus ! Vous avez profané la tombe de Napoléon mais vous ne vivrez pas assez longtemps pour être récompensés par votre leader ! ». Là, le gradé reconnaît le vieil homme de l’autre fois, qui leur a déjà donné du fil a retordre, et ordonne qu’on le jette dans le vide…
Mais avant qu’elle ait pu sortir du cockpit, c’est l’homme mystérieux qui la rejoint. Elle le gronde : « Vous n’auriez pas du venir ! C’est un travail pour la jeunesse française ! ». L’homme en rétorque : « Les nazis ne veulent plus me toucher car ils pensent que je suis maudit ! ». Puis, sur une inspiration subite, il demande à Black Angel de poser l’avion près du musée de l’armée : « Trouvez-moi quelques hommes et rapportez moi de la poudre pour ces vieux canons. Que les hommes s’équipent des lances qu’ils trouveront dans le musée ! Je vais leur montrer ce qu’un général peut faire ! ». L’inconnu serait donc un général ? Le lecteur devrait-il penser qu’il s’agit de De Gaulle ? Pas vraiment mais il va encore falloir faire preuve d’un peu de patience avant de savoir ce qu’il en est…
Plus tard, deux silhouettes sombres (Black Angel et son allié) observent de loin un détachement allemand qui approche. L’homme mystérieux s’écrie « Ils marchent droit vers notre piège ! Prévenez les hommes de faire feu à quand j’en donnerais l’ordre ! ». Black Angel acquiesce : « Nous n’avons que des armes anciennes mais vous semblez savoir ce que vous faîtes… ». Mais bientôt les nazis eux-mêmes remarquent que les choses sont trop calmes et sentent le piège… Quand ils s’arrêtent, l’ombre en vert donne l’ordre de tirer… En fait les résistants avaient disposé sur les flancs du chemin les canons du musée militaire et leur tire dessus. Le supérieur des soldats allemands, pris de panique, hurle alors qu’il doit laisser ses hommes se battre tandis que lui doit retourner à son bureau pour chercher le pistolet qu’il a oublié.
Plus tard le nazi fait amener le cercueil dans la pièce et ordonne qu’on l’ouvre : « Je veux voir ce français qui était supposé être un grand général ! ». Mais Black Angel explique qu’ils ont procédé à une substitution et que le vrai Napoléon est toujours dans sa tombe. L’allemand est furieux, promet que le Reich ne l’apprendra jamais et qu’il fera abattre tous les français qui sont liés à cette histoire tandis que Black Angel sera la première à mourir. Mais une main armée d’un pistolet émerge du faux cercueil : « ¨Personne dans cette pièce ne s’en tirera pour tuer un français ! ». Le couvercle se lève et révèle l’homme en vert, qui tient en respect les nazis. Profitant de la confusion Black Angel s’empare d’une baïonnette et tue le chef nazi. Les deux héros s’enfuient ensuite en passant à travers une fenêtre. Cette fois Black Angel tente de retenir le mystérieux héros français avant qu’il disparaisse à nouveau: « Vous m’avez sauvé la vie ! Je veux vous remercier ! ». Mais dans son mouvement, en essayant de l’immobiliser, elle déchire accidentellement un bout de sa manche, qui lui reste dans la main. L’inconnu disparaît alors, en expliquant qu’il doit de dépêcher…
Tout le fond de l’épisode, comme un certain nombre d’entre vous l’avaient sans doute vu venir, Black Angel semble avoir été aidée pendant une bonne partie de l’épisode par l’ombre de Napoléon lui-même. Ce qui est à la fois logique et surprenant dans le contexte des comics. Logique parce qu’après tout, s’il s’agit de prendre un personnage historique représentant une certaine notion de grandeur de la France, son ancien empereur est loin d’être un mauvais choix. Surprenant parce que pour le monde anglo-saxon (et par extension culturelle en Amérique) Napoléon n’a pas spécialement laissé un bon souvenir puisqu’il était avant tout un ennemi. Sans doute ces deux données contradictoires convergent-elles ici (et dans d’autres comics des années 40) pour montrer que contre les nazis même le fantôme de Napoléon est plus humain et à une meilleure idée de ce qui est juste.
[Xavier Fournier]
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