Inutile de cacher très longtemps l’identité de l’autre justicier de la nuit impliqué dans cette histoire: Il figure en bonne place sur la couverture et la première page de l’épisode. Il s’agît du Shadow, héros de shows radios, de pulps et enfin de comics depuis les années 30. Dans les années 70, DC avait loué la licence de ce grand père de tous les « vigilantes » et publiait les aventures du Shadow dans son propre magazine. Mais l’éditeur irait-il jusqu’à franchir la limite et à provoquer la rencontre de deux archétypes de justiciers ? Ce n’était pas certain et c’est là-dessus que repose tout le scénario de Denny O’Neil (mis en images par Irv Novick et Dick Giordano). Car bien que le Shadow apparaisse aux deux endroit mentionnés, Batman va, pendant tout l’épisode, se demander s’il imagine ou pas des choses.
De retour à la Batcave, Bruce Wayne et Alfred se rendent comptent que les faux billets qu’ils ont arrachés aux criminels sont des copies conformes de la monnaie fédérale. Alfred arrive à tracer la piste de ces bandits jusqu’à l’Arizona. Au même moment, à Gotham, le gangster qui s’était enfuit (et qui avait été enlevé par l’inconnu au rire tonitruant) est retrouvé hagard, menotté à un poteau de signalisation, récitant « Tumbleweed Crossing ». Comme on le découvre sans perdre de temps, Tumbleweed Crossing est le nom d’une petite ville en Arizona. Bruce Wayne débarque par le bus dans la ville en question et prend une chambre au seul hôtel du coin. Mais une bande de chauffards envahit le bourg. Très vite, Batman arrive à les maîtriser et apprends que quelqu’un les a engagé pour semer le souk dans les rues une fois par semaine.
Ayant repris son apparence civile, Bruce retourne à l’hôtel et fait la connaissance du seul autre client actuellement accueillit dans l’endroit, un homme nommé Lamont Cranston. Dans la nuit Batman va patrouiller dans le désert, cherchant toujours la piste de l’organisation de faux-monnayeurs. Il ne tarde pas à se faire tirer dessus mais est de nouveau sauvé par une intervention extérieure. Cette fois il s’agit d’un antique autogyre (ancêtre de l’hélicoptère). Tandis qu’il bat ses agresseurs, Batman note qu’à sa connaissance les autogyres ne sont plus utilisés depuis des décennies. Le héros se tourne vers le véhicule volant pour remercier son sauveur mais seul un nouveau rire énigmatique lui répond. Et là, Batman commence à se demander… Pourrait-ce s’agir de « lui » (c’est-à-dire le Shadow, héros actif dans les années 30). Mais il reste incrédule et décide de se concentrer sur son enquête. Rien ne doit le distraire…
Quelques minutes plus tard Batman arrive à trouver le QG des faux-monnayeurs et les laisse KO pour la plupart d’entre eux. Le dernier, cependant, arrive à l’aveugler avec de l’encre d’imprimerie et à prendre la fuite à bord d’un petit avion que Batman ne peut espérer rattraper. C’est alors que surgit une silhouette drapée dans un grand manteau noir, portant une écharpe rouge. Armé de ses deux revolvers, l’inconnu tire sur l’avion et l’empêche de décoller. Batman (qui a été aveuglé par l’encre pendant toute la scène) est abasourdi quand la description faite par le gangster capturé lui fait à nouveau penser au héros d’antan. Mais Batman n’a toujours pas le temps de s’occuper de ça. Il lui reste un dernier gibier à capturer : Le cerveau qui est derrière toute l’opération. Bon sang, mais c’est bien sûr, Batman se dit que comme Lamont Cranston est le seul autre nouveau venu en dehors de lui-même, il ne peut s’agir que de l’autre client de l’hôtel. Le héros se rue dans la chambre de l’autre homme mais, surprise, c’est le gérant de l’endroit qu’il trouve en train de fouiller. Le big boss n’est pas Cranston mais l’hôtelier. Ce dernier cherchait dans la chambre car il pensait que Cranston l’avait démasqué. Bref, Batman a trouvé le bon coupable mais par pur hasard…
Et cette fois encore le criminel a une arme à feu. Avant que Batman n’ait pu agir, un nouveau tir extérieur brise l’ampoule, laissant l’hôtelier dans le noir. Du coup Batman a l’avantage. Mais cette fois, puisque l’affaire est réglée, il veut en avoir le cœur net. Il s’élance à travers la vitre pour attraper la silhouette qui vient de le sauver mais c’est peine perdue. Le sauveur s’est évaporé. Batman trouve néanmoins un mot de Cranston qui lui propose de se retrouver à la gare de Gotham. Batman y est à l’heure dîte et rencontre enfin… The Shadow. Ce glorieux justicier des années trente est donc toujours actif. Il explique qu’il a agit de loin car il voulait voir si Batman méritait sa réputation. Et le prédécesseur de l’homme chauve-souris conclut qu’il a dépassé ses espérances. Bon, ok, le Shadow doit être dans un bon jour car le Batman qu’on connaît d’habitude ne se serait jamais laisser prendre en joue à plusieurs reprises par de simples malfrats. Il n’aurait eu besoin d’aucune aide extérieure et il ne se serait pas trompé sur le nom du coupable (rappelons qu’il a trouvé l’hôtelier par pure coïncidence). C’est au tour de Batman de parler et là et confie au Shadow un secret : il ne l’a jamais dit à personne mais le Shadow a toujours été son inspiration (façon pour Denny O’Neil de reconnaître l’influence de l’un dans la création de l’autre). Le Shadow disparaît alors dans la nuit non sans que Batman lui ait demandé de rester : le monde a encore besoin du Shadow ! Est-ce que ce dernier sortira vraiment de sa retraite. Le Shadow éclate de rire (c’est son « jingle ») et s’éloigne en disant que, comme le veut son slogan, « seul le Shadow sait ! ».
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