Oldies But Goodies: Brave & The Bold V.1 #63 (Dec.1965)
26 janvier 2008[FRENCH] Wonder Woman et Supergirl vous connaissez sans doute. Mais vous souvenez-vous de l’époque où elles vécurent toutes deux à Paris, roucoulant en compagnie de deux fiancés qui se trouvaient être nos compatriotes? Ces super-héroïnes plutôt connues pour le côté coincé craquèrent un jour pour les french kiss et le béret. Bien joué, André et Henri!
Notre histoire commence alors que Supergirl (la version ultra-coincée des années 60) sauve les acteurs d’un film. Remarquant que les hommes de l’équipe de tournage n’en ont que pour les beaux yeux de l’actrice, Supergirl pique un gros coup de jalousie. Son job de super-héros ne lui laisse pas le temps de draguer! Sa vie privée est au niveau zéro! Furieuse, elle décide d’en finir avec sa carrière d’héroine et partir s’installer à l’étranger (comprenez hors des USA) pour y mener une vie normale. Une fois qu’elle a l’accord de ses parents adoptifs, elle ne manque pas d’en informer Superman… qui tombe des nues. Quoi ? Comment ? La petite Kara voudrait laisser tomber ses responsabilités pour aller draguer… En France ? Il essaie bien de la retenir mais rien n’y fait.
« Ah oui ? Tu est peut-être un grand super-héros mais côté femmes tu n’y connait rien! Il n’y a qu’à demander à Lois Lane!!! » Et paf dans les dents ! L’ex-Supergirl prend alors la route de Paris… Admettant lui-même qu’il n’a jamais compris grand chose aux femmes, Superman vole jusqu’à Paradise Island (l’île peuplée par les Amazones de la mythologie grecque) et demande à Wonder Woman de gérer la crise à sa place. D’ailleurs il n’a pas besoin de lui dire deux fois. Wonder Woman est ulcérée que Supergirl ait ainsi déserté ses responsabilités. C’est d’accord, elle ira à Paris, elle fera la leçon à Kara et elle la raménera s’il le faut par la peau des fesses…
Mais les choses ne se déroulent pas vraiment comme prévu. Entre l’arrivée de Kara (alias Linda Danvers) en France et le moment où Wonder Woman la rejoint, il s’écoule assez de temps pour que la blonde ex-héroïne soit devenue top-model. En France, elle ne cache plus le fait qu’elle est blonde et ne se déguise plus en la frêle Linda (Son look est d’ailleurs très inspiré de Marylin Monroe). Wonder Woman est un peu surprise par la réussite de la jeune fille mais croit carrément halluciner quand elle fait la connaissance d’Henri, le petit ami français de l’ex-Supergirl.
Inutile de dire que Kara n’est pas trop chaude pour rentrer aux USA. En désespoir de cause, elle tente de gagner du temps en proposant à Wonder Woman de laisser tomber sa tenue de guerrière amazone le temps d’essayer une belle robe française. Un peu étonnée, Diana se laisse faire. Après tout, ca ne décallera le retour que de quelques minutes. Mais quand elle est en robe, voici qu’André, un autre français, entre dans la pièce. Immédiatement séduit par la belle brune, André ne manque pas de l’embrasser par surprise. Interloquée, Wonder Woman ne peut se résoudre qu’à cette pensée: « Mais… Steve Trevor ne m’a jamais embrassé comme ça!!!! ». Et du coup, oubliée la leçon de morale que Diana comptait faire à Kara. L’amazone se laisse aussitôt convaincre de refaire sa vie à Paris, dans les bras d’André. Pour différencier Henri d’André, c’est facile: Henri porte le béret tandis qu’André est le mec qui porte la moustache.
Les deux couples fricottent chacun de leur côté et c’est donc sans se concerter qu’Henri et André décident séparément d’emmener leur nouvelle fiancée sur « L’Ile d’Amour », au nom évocateur. Tiens d’ailleurs qu’est-ce qu’il se passe sur cette île là ? L’histoire nous montre le malfaisant Multi-Face (pensez à Gueule d’Argile mais avec des talents de savant fou en plus) en train de préparer un plan secret. Alors arrivé à ce point, vous vous dîte sans doute que tout était préparé d’avance et qu’Henri et André sont de mêche avec Multi-Face ? Et bien non! C’est un pur hasard si les deux hommes ont décidé d’emmener en vacances leurs petites amies le même jour sur la même île, qui se trouve être le repaire d’un savant criminel.
Quand les hommes de Multi-Face voient arriver les deux femmes (chacune sur un côté différent de l’île), ils ne manquent pas de les reconnaître. Multi-Face se dit qu’elles vont gêner ses plans et commence à essayer de les éliminer, ce qui les force paradoxalement à faire usage de leurs super-pouvoirs. Finalement, une fois Multi-Face vaincu, Supergirl et Wonder Woman en arrivent à la conclusion qu’elles auront beau faire, elles n’échapperont pas à leur nature: il y aura toujours quelqu’un pour les forcer à être des super-héroïnes. Elles décident donc de laisser Henri et André (aux dernières nouvelles ils auraient été engagés comme séducteurs pour l’Ile de la Tentation) et retournent reprendre leur rôle aux USA.
Ce grand dadet de Superman, qui ne se doute de rien, les accueille en félicitant Wonder Woman d’avoir su ramener Supergirl à la voie de la raison. Il le savait qu’elle arriverait à la convaincre. Sourires en coin, Supergirl et Wonder Woman échangent alors un clin d’oeil. Visiblement ce qui s’est passé en France restera leur secret (et celui des lecteurs). Sinon, mesdemoiselles, vous revenez quand vous voulez…
[Xavier Fournier]
« Paris sera toujours Paris !!! » , « Vive la France », « L’amour , toujours l’amour.. » in French in Ze texte comme dirait Batroc !!!
Qui l’eut cru ? Moi qui ai toujours trouvé la Supergirl Pré-Crisis hyper-coinçée (surtout comparée à son double de Terre-2, Power Girl) , je la découvre sous un jour nouveau, et pour le moins inattendu !
C’est sans doute à prendre dans un contexte qui précéde de loin la libération de la femme. Ecrits principalements pour des (jeunes) hommes par des (moins jeunes) hommes, les comics de 1965 n’avaient sans doute pas le moindre problème à représenter la femme (que ce soit Supergirl ou Wonder Woman) facilement séduite pour peu qu’on lui offre une jolie robe et un baiser. Mais il est certain que le comportement de SG dans ce numéro est bien loin de l’image d’Epinal. Ironiquement, il est vrai que Power Girl ne se serait sans doute pas laissée avoir aussi facilement…