Un peu de remise dans le contexte: à l’époque le scénariste Mark Gruenwald est en train de mettre en place la dernière période de son règne sur la série Captain America en mettant le héros éponyme face à l’ultime épreuve: le sérum du super-soldat est en train de le lâcher et son corps, déréglé, est tour à tour paralysé ou bien super-fragile. Captain America ne peut plus guère se déplacer que dans une sorte de harnais. C’est l’arc titré « Fighting Chance », dans lequel Gruenwald confronte le personnage à divers autres types de héros patriotiques, inventés pour l’occasion. Dans les épisodes précédents, Cap a déjà rencontré la jeune héroïne Free Spirit, qui est devenue une sorte de sidekick officieux. Le mois d’avant, il était en train d’en découdre avec le Baron Zemo, occupé à se constituer une petite famille. Le criminel a ainsi enlevé des enfants qu’il compte élever comme les siens, en compagnie d’une « Baronne Zemo ». Alors que Captain America #434 s’ouvre, Cap est en train de coffrer les deux époux Zemo. Ce qui est drôle, c’est qu’en plus de la présence de Zemo, ce numéro n’est pas sans avoir quelques liens thématiques avec les Thunderbolts (série alors pas encore conçue) mais nous y reviendrons dans quelques lignes…
Mais malgré son efficacité, le nombre des méchants reste ce qu’il est: Jack Flag se retrouve vite encerclé par la Society au grand complet. Et c’est là qu’il lâche sa petite bombe: il est là… pour rejoindre la Society. Il a simplement battu quelques membres pour faire ses preuves. King Cobra s’étonne quand même un peu qu’un personnage déguisé en drapeau souhaite intégrer une équipe de serpent. C’est là que Jack Flagg leur sort… le principe même ce qui sera plus tard les Thunderbolts. Il leur explique que l’idée est de se déguiser en héros, de manière à pouvoir inspirer la confiance…
Très vite cependant, on saura dans un flashback qu’il n’en est rien. Jack Flagg est en fait un bénévole du réseau de Captain America (Cap a alors une hotline à travers les USA, avec des opérateurs qui signalent le moindre problème). Jack Flagg et son frère sont ainsi devenu des citoyens patrouillant dans les rues pour mettre en déroute les gangsters et autres vendeurs de drogues, jusqu’à ce que le frère soit gravement blessé et coincé dans une chaise roulante. Réalisant le mal que la Serpent Society faisait dans les environs, Jack Flagg s’est entraîné aux arts martiaux tandis que son frère, dans le rôle typique du « mec-super-calé-en-techno-mais-en-fauteil-roulant » mettait au point l’arsenal du nouveau héros, y compris sa fameuse Boom Box. Bon bien sûr, l’histoire est illogique. Si vraiment les deux frères étaient liés au réseau de Captain America, il aurait quand même été bien plus facile de téléphoner au héros et de signaler le problème, plutôt que de perdre des semaines à devenir un as des arts martiaux…
L’ennui, c’est que King Cobra voit clair dans le jeu du petit nouveau. Tout en lui parlant de le tester, Cobra l’emmène à Reno en lui demandant de récupérer pour lui un tableau placé chez un « ancien associé ». En fait, l’associé en question est Mister Hyde. Et dès que Flag est parti, lancé dans sa mission, Cobra téléphone lui même à Hyde pour le prévenir du vol. L’idée est de se débarrasser de Flag. Pendant ce temps Captain America et Free Spirit s’entraîne et les deux scènes sont synchrones.
Jack Flag affronte donc Mister Hyde dans son labo mais va vite finir dans le décor. Captain America, lui, a de plus en plus de mal à tenir tête à Free Spirit. Même cette débutante s’en aperçoit… Au point que Cap est même un instant paralysé…
Intéressons-nous plus au combat Hyde/Flag. Ce dernier en prend plein la figure mais s’aperçoit également que, bizarrement, il a comme des flashes de puissance. Il réalise que les produits chimiques qui se sont renversés sur lui dans la bagarre ont sans doute formé une variante du sérum qui donne sa force à Hyde. Voici désormais Jack Flag super fort (là aussi ce n’est pas sans anticiper un peu sur ce qui arrivera des années plus tard au Patriot des Young Avengers). Arrivant à vaincre Hyde, Flagg s’enfuit jusqu’au repère de la Serpent Society en ayant réalisé sa mission. Au grand dam de King Cobra qui n’en revient pas.
En l’espace d’un épisode on a la première apparition de ce nouveau héros, son origine, son premier combat et même l’obtention de nouveaux pouvoirs. On est dans le cadre d’un récit « compressé ». Le personnage en ressort compétent et doué d’aptitudes surhumaines, une sorte de Nomad (Jack Monroe) sans le côté dépressif. Le malheur pour Jack Flag c’est d’être né dans un épisode dessiné par Dave Hoover. Nul doute qu’il existe quelque part par là quelques fans de Dave Hoover. Ce n’est pas mon cas mais bon… En relisant cet épisode au graphisme assez daté « 90’s », je me dis que décidément les super-héros ne naissent pas égaux en droits. Le même scénario dessiné par un Bryan Hitch aurait donné naissance à un héros sans doute plus reconnu. En définitive Jack Flag n’intéressa pas grand monde en dehors de Gruenwald, qui l’utilisa pour une douzaine d’apparitions. Si bien que lorsque Flag refit surface dans de récents épisodes de Thunderbolts, la réaction globale fut plutôt « Jack qui ? »….
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