[FRENCH] En mai 1944, la question de la réincarnation flottait toujours dans l’esprit des scénaristes de Timely/Marvel Comics. Mais cette fois ils allaient l’appliquer à un personnage de premier ordre. Captain America lui-même allait mener l’enquête. La réincarnation était-elle une réalité ou un mythe ? Et quel rôle jouait Hercule dans l’Antiquité ? Tout ça était une nouvelle fois remis sur le tapis dans Captain America Comics #38. Avec des réponses à nouveau étonnantes…
« Est-ce que la théorie de la réincarnation est vraie ? Est-ce qu’une âme revient sur Terre encore et encore ? Est-ce que notre vie présente n’est qu’une parmi de nombreuses déjà vécues dans le passé – et dans le futur lointain ? » telles sont les questions que se pose le narrateur en ouverture de « Captain America Fights The Peril of The Past » dans Captain America Comics #38. En même temps il faut bien dire que si le commentaire s’interroge, l’image, elle, semble sans ambiguïté (à propos d’image je suis obligé cette semaine de me baser sur des copies de microfiches, l’épisode n’ayant pas été réimprimé depuis… D’où la mauvaise qualité des visuels). Captain America lui-même y figure en bonne place parmi d’autres porteurs de boucliers qui semblent issus du passé. L’un ressemble à une sorte de Tarzan blond tandis que l’autre à de faux airs de Prince Vaillant. Captain America ferait-il partie d’un cycle de réincarnations ? C’est bien tout le moteur de cet épisode scénarisé par Otto Binder (il n’est pas crédité dans le comic-book mais la base de donnée comics.org lui donne la parternité de l’histoire) et illustré par Syd Shores (encré par Vince Alascia)…
Assez curieusement l’histoire commence directement par une scène d’action. Captain America (nous sommes en 1944 et donc, en termes de continuité, il s’agit bien de Steve Rogers) et son fidèle Bucky sont déjà occupés à corriger une bande de malfrats sans qu’on sache réellement ce qui a motivé la punition. Mais à eux deux les héros balayent littéralement la bande. La victoire semble donc acquise… jusqu’à ce qu’un de leurs adversaires sorte une mitraillette. Là, l’issue du combat semble vaciller. On tourne la page, curieux de voir comment Captain et Bucky vont se tirer de ce mauvais pas et… il n’y a plus qu’une pile de brutes inconscientes. L’affaire a visiblement été négociée entre deux cases sans qu’on ait réellement besoin de s’inquiéter. A voir l’allure avec laquelle le scénariste expédie le combat, il semble certain que ce n’est pas le sujet qui l’intéresse. Devant cette fin d’affrontement ultra-rapide même le commentaire ne peut s’empêcher de souligner… « Notre histoire serait terminée avant même d’avoir commencé ? Ah mais lit, chez lecteur, il y a plus à dire, bien plus ! Il y a des choses à raconter qui sont même peut-être incroyables… ».
Les forces de police arrivent et félicitent Cap d’avoir mis fin aux activités du Gang Noir. Le héros, bien sûr, est heureux d’avoir coffré une bande qui, qui plus est, faisait du sabotage pour le compte de l’ennemi. Mais il reste la question de leur leader. Qui est-il ? Il continue d’échapper à toute capture et Cap n’a aucune piste, aucun indice. Jusqu’à ce que Bucky le détrompe. Il vient de trouver sur l’un des hommes inconscients une carte de visite au nom d’un docteur Emil Natas (un enfant de six ans comprendrait immédiatement l’anagramme mais cela n’a pas l’air de venir à l’esprit des personnages de la BD). Un respectable docteur serait-il le génie maléfique derrière le Gang Noir ? Captain America et Bucky décident immédiatement d’enquêter (on se demande quelle aurait été leur réaction s’ils avaient trouvé une carte au nom d’un toiletteur pour chien ?). Mais comment s’approcher du Docteur Natas sans qu’il se rende compte qu’on le soupçonne ? Captain America décide tout simplement d’aller le consulter pour faire un check-up… en costume. C’est à dire que les deux super-héros arrivent au cabinet du docteur non pas sous leurs identités civiles de Steve Rogers et Bucky Barnes mais bien avec leurs masques. Autant dire que Natas les voit venir de loin avec leurs gros sabots, quand il leur ouvre la porte. Cap a à peine le temps d’esquisser une excuse bidon qui veut qu’il ait mal à l’épaule… que le médecin, tout sourire, l’a déjà fait pénétrer dans son bureau et lui fait signe de se coucher sur la table d’examen. « Une table ?… ah… » s’inquiète soudainement Captain America (allez savoir pourquoi il ne tremble pas devant une mitraillette mais la mention d’une table le fait hésiter). Et puis le héros se reprend et réalise que pendant qu’il subira l’examen médical il fera ainsi diversion… laissant tout le loisir à Bucky pour fureter et trouver des preuves de la traitrise de Natas. Il faut dire que le docteur a des méthodes bien à lui pour palper ses patients : il attache Cap à la table d’examen de manière à ce que celui-ci ne puisse s’enfuir. Le héros, visiblement pas très perspicace, s’écrie « Hey ! Attendez ! Vous avez besoin de serrer autant ? ». Natas, tout sourire, lui répond « Bien sûr, crétin, c’est pour te faire prisonnier ! ». Bien sûr, Bucky se précipite pour aider son mentor mais Natas lui jette au visage une serviette enduite de chloroforme (il est fort, Natas, il jette ça à quelques mètres de distance et c’est pourtant suffisant pour endormir le jeune sidekick).
Rapidement les deux héros se retrouvent tous les deux attachés sur des tables d’examen. Natas se met alors à les questionner : « Maintenant, les idiots… Vous ne me reconnaissez vraiment pas ? ». Vous reconnaître ? Mais c’est la première fois de nos vies que nous vous rencontrons s’étonne Captain America. Forcément, dans une histoire qui avait annoncé dès le départ qu’on y aborderait le sujet de la réincarnation, la perche est tendue. Natas, avec un air diabolique, proteste : « Nous nous sommes rencontrés avant… Et plusieurs fois ! Nous nous sommes croisés depuis l’aube des temps ! Nous nous sommes rencontrés dans d’autres vies ! Vous ne vous souvenez pas ? ». Bucky conclue rapidement que leur adversaire est un malade mental. Qu’est-ce que c’est que tout ce non-sens sur des vies passées ? Visiblement il n’a jamais entendu parler de réincarnation et Captain America lui explique alors le concept : « Certaines personnes pensent qu’on peut revenir sur Terre encore et encore, siècle après siècle… ». Et d’une certaine manière, le plus étonné, c’est Natas, très déçu que les deux autres ne le croient pas. Et il sort une sorte de chariot bardé d’équipements « Vous doutez ? Je vais vous le prouver. Cet appareil va extraire vos souvenirs passés de votre esprit et les projeter sur un écran ! Regardez ! ». Sur l’écran des images se forment. Et si Captain America était inexplicablement impressionné par la table quelques cases plus tôt (ce qui ne l’a pas empêché de se faire piéger), cette fois c’est Bucky qui part en vrille, avant même que les premières images se soient formées (à croire qu’il n’a jamais vu un poste de télévision): « Ceci est comme… de la Magie Noire !!! »
Natas poursuit ses réglages en expliquant qu’il va commencer par extraire des souvenirs datant d’avant la naissance de Jésus-Christ, remontant à l’époque où ils se sont rencontrés pour la première fois : « Voyez ! L’ancienne Égypte à l’époque où les pyramides étaient en cours de construction, quand le monde était jeune ! ». L’Égypte ! Nous y voici donc encore et certains de nos lecteurs devinent sans doute où tout cela nous mène. Natas explique qu’à cette époque il était Phao Na Tash, une sorte de superviseur pour les travaux des pyramides. On voit alors à l’image son incarnation en train de fouetter sans merci des esclaves tandis que Natas jubilant devant leur souffrance s’écrie « C’était le bon temps ! ». Mais alors que le Natas de l’époque égyptienne est en train de punir un des esclaves, ce dernier s’écrie « Hercule viendra me sauver ! Je l’ai vu dans un rêve ! Hercule viendra ! ». Le superviseur est hilare, ne croit pas à la menace mais… « Hercule vint ! Cet homme puissant, presque légendaire chez les grecs de cette époque ! ». Et nous voici donc reparti une nouvelle fois sur une véritable marotte des publications Timely dans les années quarante : Faire d’Hercule un personnage rattaché principalement, envers et contre tout, à l’histoire de l’Égypte On sourira au passage du commentaire de Natas qui voit en Hercule un homme PRESQUE légendaire… Et cet Hercule, quelle est son apparence ? Elle est à la fois raccord à ce que nous pouvions en voir dans l’origine du premier Marvel Boy. Cet Hercule est un homme musclé et blond qui se trouve, dans le cas présent, être le portrait craché de… Captain America !
« Oui ! Tu étais Hercule » s’exclame Natas ! Ben voyons ! Pour nous qui suivons Hercule à la trace dans les comics Timely de l’époque, Captain America ne devient pas moins que le quatrième personnage à se greffer sur cette légende sur fond de réincarnation et d’Égypte ! Et ceci sans compter la continuité moderne où le vrai Hercule est non seulement brun mais également bien vivant jusqu’à l’ère moderne et, à l’occasion, compagnon d’armes de Captain America. Autant dire qu’Hercule, dans la continuité en cours, ne risquait pas de se réincarner en Cap. Et pourtant, en se plaçant du point de vue des auteurs des années quarante, l’idée que Captain America ait pu être Hercule n’est pas si illogique que ça. Bien que dans les comics Marvel modernes on n’y fasse guère référence, le Hercule mythologique était également un porteur de bouclier (Dans Captain America Comics #38, d’ailleurs, on ne manque de représenter cet Hercule blond avec un bouclier bleu circulaire). Un poème épique du VI° siècle avant JC est d’ailleurs nommé « le Bouclier d’Héraclès » et consacré principalement à décrire l’accessoire du héros. A partir de là, puisqu’il s’agissait de chercher des vies passées à Captain America, le projeter dans un autre héros classique lui aussi propriétaire d’un bouclier n’est pas dénué de sens. Si ce n’est bien sûr qu’Hercule avait déjà servi à expliqué la genèse de trois autres héros des années quarante et tout ça ne colle pas avec l’univers Marvel que nous connaissons aujourd’hui.
Pour en revenir aux images qui sont projetées sur l’écran de Natas, le Hercule blond s’interpose : « Fouetter un garçon sans défense ! Tourne toi et affronte quelqu’un de ta taille, chien de couard ! ». En fait d’être « de la même taille » Phao Na Tash est quand même largement moins baraqué que son adversaire. Il reçoit donc une sévère correction tandis que le Natas contemporain commente qu’Hercule était le Captain America de cette époque… Le superviseur étant en déroute, le jeune garçon fouetté peut remercier Hercule en lui promettant d’être son ami pour la vie. Le colosse blond décide alors qu’il surnommera le jeune garçon… Bucky ! Le garçon commente alors le sort de son peuple, réduit en esclavage, mais Hercule décide que tout ça c’est fini et qu’ils sont tous libres puisqu’il l’a décrété. Mais Phao Na Tash ne l’entend pas de cette oreille. Il est allé chercher des hommes en renfort et espère bien briser cette rébellion. Hercule se jette donc dans la mêlée, accompagné de son Bucky qui crie « un étrange cri de guerre »: Yahoo ! (cri que poussait régulièrement le Bucky des années 40 ans il allait au combat). Phao Na Tash n’est tout simplement pas de taille, même avec armée. Tandis que ses hommes se font battre, le superviseur cherche alors à trouver refuge dans la pyramide en construction. Situé en hauteur, il commence alors à jeter de lourds blocs de pierre sur ses poursuivants (ce qui fait d’ailleurs qu’on se demande bien pourquoi Phao Na Tash avait besoin d’esclave s’il peut bouger ce genre de bloc à lui tout seul). Malheureusement pour l’esclavagiste sadique, les pierres qu’il déloge provoquent un éboulement et il meurt lui-même écrasé par une partie de l’édifice…
Mais avant de périr Phao Na Tash a le temps de proférer une sorte de malédiction (tandis que Natas explique qu’il avait étudié les « secrets cachés des âmes » : « Je… reviendrais ! Tu n’a pas gagné Hercules ! Dans plusieurs siècles je renaitrait sur Terre et la prochaine fois je vaincrais ! ». On est dans quelque chose qui évoque clairement la partie égyptienne de l’origine d’Hawkman, dans laquelle l’adversaire fini par maudire le héros et lui promet qu’il viendra s’acharner sur lui dans toutes ses incarnations futures. Hercule et son Bucky s’éloignent alors vers le soleil couchant, l’adulte promettant à son jeune compagnon qu’il reste bien des personnes maléfiques à travers le monde qu’il a juré d’écraser. En voyant la scène sur l’écran de Natas, Captain America est sidéré : « Bon sang ! Vous voulez dire que j’étais vraiment Hercule à cette époque ! ».
Bucky, lui, ne croit pas un instant qu’il ait pu rencontrer Captain America 5000 ans plus tôt. L’incrédulité du jeune homme pousse Natas à faire une autre démonstration de sa machine. Cette fois l’image se fixe sur la période du Moyen-Age. Natas explique qu’en ce temps là il avait tenu sa promesse et qu’il né à nouveau sous l’identité d’un sorcier nommé Diablo Natas. Le choix de cette identité est intéressante car, même si le costume est clairement différent, le visage de Natas (avec sa barbichette et ses moustaches) ainsi que sa dégaine plutôt maigre lui donnent une allure assez proche d’un autre Diablo (Esteban Diablo ou De Ablo), un alchimiste européen vieux de plusieurs siècles. Dans la continuité moderne, cet adversaire des Quatre Fantastiques doit son immortalité au fait d’avoir vendu son âme à Mephisto. Entre « Diablo Natas » et Diablo, il y a une certaine thématique commune qui fait qu’on se demande s’il n’est pas possible de les relier. Ce soir-là, Diablo Natas décide de se venger d’un village où les habitants lui ont jeté des pierres. Il jette un sort et tous les villageois tombent net, transformés en autant de « morts vivants » inertes. Visiblement ils sont dans un état de catalepsie et Diablo projette de les laisser là, de manière à ce qu’ils soient dévorés vivants par les loups et les charognards. Mais à ce moment là les plans du sorcier sont dérangés par l’arrivée d’un duo de cavaliers.
Un chevalier (dont le costume lorgne un peu sur celui de Prince Valiant, tout en annonçant un peu le costume du Black Knight médiéval, qui sera publié quelques années plus tard) et son page viennent de s’arrêter dans le village. Arrivés après le sort, ils n’ont pas été touchés et s’interrogent forcément en constatant l’état des gens tombés sur le sol. Le chevalier se penche vers l’un des hommes et dit « C’est étrange, Bucky, je ne peux pas le réveiller… ». Et le gamin s’exclame « C’est bizarre, Sir Amerigo, est-il saoul ? ». Et le Natas des années 40 explique à ses prisonniers ce que le lecteur, bien sûr, à déjà deviné : Sir Amerigo et le jeune Bucky sont les incarnations respectives de Captain America et de son sidekick à l’époque du Moyen-Age…
Bien vite, Sir Amerigo et Bucky finissent pas tomber sur la seule autre personne consciente dans le village : Diablo Natas, qui est en train de compter son or (sans doute volé aux villageois). Mais le sorcier a le temps de jeter un sort et Amerigo est paralysé sur place, sous les yeux de Bucky, qui s’est caché non loin. Diablo Natas reconnaît alors en Amerigo le Hercule qui l’a battu dans une vie précédente (visiblement Natas peut garder le souvenir de toutes ses vies antérieures) et se réjouit de l’avoir en son pouvoir. Il explique alors qu’il va trancher la gorge du héros et que du coup ce dernier ne reviendra plus jamais le déranger dans ses vies futures (en gros, si Natas arrive à tuer Hercules/Amerigo, le cycle de réincarnation du héros sera brisé, laissant le méchant de service continuer à renaître pour l’éternité). Mais Diablo n’avait pas vu Bucky et n’avait donc pas compté sur son intervention. Le jeune homme lui saute dessus et commence à se battre avec lui. Bien vite Bucky a le dessus et, sous la menace, il force Diablo a retirer le sort qui paralysait Sir Amerigo. Avant que le sorcier n’ait le temps de lancer un autre sortilège le héros adulte lui décroche à son tour un coup de poing. Cette fois les héros le menace pour qu’il réveille le village : « Mais je mourrais si je le fais ! C’est la pénalité si je suis battu ! ». Et pourtant Diablo finit pas s’exécuter (au propre comme au figuré). Après avoir ranimé le village, le sorcier prend une sorte de coup de vieux instantané et s’effondre, mort. Mais pas sans murmurer une nouvelle promesse de revanche : « Tu as encore gagné… Hercule… ou Sir Amigo ! Mais je reviendrais encore dans le futur ! Tu te feras appeler… oui je le vois… Captain America ! ». Et Sir Amerigo se demande si les menaces du vieux fou ont une part de réalité…
Tout cela nous ramène au « présent », en tout cas dans les années 40, où Captain America et Bucky sont toujours attachés et à la merci du Docteur Natas. Captain America ne croit pas à la démonstration qui vient de leur être montrée. Et il faut dire qu’il y a de quoi. D’abord, il y a ce que nous savons, nous, en terme de continuité. Mais il y aussi quelques approximations du scénario (bien qu’elles ne soient pas considérées comme telles dans l’histoire). D’abord il y a le fait que le Docteur Natas ne faisait pas mine de chercher personnellement Captain America et Bucky avant qu’ils se mettent, eux, à sa poursuite. Il n’a pas fait mine de leur en vouloir avant qu’ils arrivent à leur cabinet. Ensuite au début de son récit Natas parlait de nombreuses vies passés. Seulement quand on regarde les images projetées, il n’est fait état que deux incarnations précédentes (et les propos de Diablo Natas ne semblent pas laisser la place à d’autres « vies »). Enfin et surtout il y a le fait que l’appareil de Natas, supposé projeter le passé, leur a montré des personnes vivantes à l’époque de l’Égypte ancienne et s’exprimant dans une langue que tous les occupants de la pièce ont pu comprendre malgré le fait que Cap et Bucky n’ont aucun souvenir conscient de cette époque. Tout ça sonne pour le moins suspect…
Peu importe pour Natas, qui de toute façon est bien décidé à tuer Captain America et ainsi régler pour l’éternité leur vieille rivalité. Il exhibe une sorte de grand pieu qu’il compte planter dans le cœur du héros. Mais Captain America a profité du temps nécessaire à la projection pour faire jouer ses liens. Il a libéré son bras et frappe Natas d’un grand coup, le privant du pieu. Pas de problème pour Natas, qui explique qu’un revolver du 20ème siècle fera tout à fait l’affaire pour le tuer. Mais c’est sans compter sans le bouclier de Cap, derrière lequel le héros peut se protéger. A nouveau Cap lui donne un coup de poing, ce qui envoie le docteur dans le décor. Il tombe contre un meuble qui contenait une bouteille de poison et (c’est quand même pas de chance) des gouttes de liquide meurtrier tombent dans la bouche de Natas, qui était en dessous. Le criminel meurt donc en quelques instants. Non sans avoir promis qu’il se réincarnerait une quatrième fois dans le futur et qu’il reviendrait se venger. Laissés seuls, Captain America et Bucky ne peuvent que se demander s’il y avait une part de vrai dans les révélations de Natas. Et tandis que Cap se demande s’il pourrait battre Natas une quatrième fois, Bucky réalise avec horreur ce que vous avez sans doute constaté dès que vous avec lu le nom. Hé oui ! Quand vous retournez les lettres qui forment NATAS, vous obtenez… SATAN !
A partir de là il y a plusieurs théories possibles. Soit Natas ment en toute connaissance de cause (les images projetées ont été tournées avec des complices dans le but de se livrer à une sorte de guerre psychologique). Soit il croit réellement que toute personne s’attaquant à lui est la réincarnation d’Hercule et il projette le même film à tous ses prisonniers (ce qui en un sens ferait de Natas un maniaque assez intéressant). Peut-être que sa tendance à voir Hercule partout pourrait être liée aux histoires de Marvel Boy I, Young Avenger et Marvel Boy II. Natas pourrait avoir traqué des jeunes garçons doués de certains pouvoirs ou manipulés les événements pour leur faire croire qu’ils étaient la réincarnation d’Hercule, peut-être dans l’idée de pouvoir les éliminer par la suite. Natas serait alors « l’Ombre » vue dans les trois autres histoires, racontant autant de délires qu’il peut en déballer ici à Captain America. L’autre alternative serait de lier tout ça au voyage temporel. Peut-être que, contrairement à ce que Natas pense, sa machine ne projette pas le passé mais ouvre une sorte de fenêtre sur des réalités alternatives. Ou encore peut-être qu’il regarde le passé mais sans se rendre compte qu’il observe des voyageurs temporels. Je m’explique : un personnage des années quarante qui regarderait dans une sorte de téléviseur temporel les événements de Marvel 1602 en déduirait, à tord, que l’indien qui ressemble à Steve Rogers est une incarnation précédente de Captain America. Il ne saurait pas qu’il regarde en fait Captain America qui a été transporté dans le passé. Peut-être que quelque chose du même ordre est à l’œuvre ici. Natas et ses captifs observeraient non pas ,le vrai Hercule mais bien Captain America qui, voyageant dans le temps à partir d’une date future, serait remonté dans le passé en empruntant des identités liées à cette époque.
Reste aussi, en dernière analyse, la possibilité que Natas soit quelqu’un de totalement différent. On pourrait d’ailleurs lui trouver une certaine ressemblance avec le seigneur du temps Immortus qui, sous une autre identité (Rama-Tut) voyagea également dans l’Égypte Antique. Immortus qu’on a déjà vu parfois utiliser des métamorphes (des Space Phantoms ou des Dire Wraiths) pour imiter des personnages célèbres ou liés à des mythes. Dans Avengers vol.1 #10, un des agents d’Immortus se fera d’ailleurs passer pour… Hercule pour affronter des Vengeurs qui comptent bien sûr, parmi leurs membres, un certain Captain America. Si les buts d’une telle machination restent mystérieux le fait que Natas serait en fait Immortus tentant de manipuler Captain America est tout à fait dans le domaine du possible (on a vu Immortus raconter également des contre-vérités à la Vision ou à la Sorcière Rouge, alors pourquoi pas Captain America). Où devrait-on revenir à l’explication première (celle de Natas, qui n’aurait donc pas menti) qui serait de dire que Captain America vient de voir plusieurs de ses vies passées (le Hercule serait alors seulement un personnage homonyme du dieu grec sans être ce dernier). D’autant que certaines histoires modernes encouragent à penser qu’il y a effectivement une sorte de constante de Captain America à travers les âges (je pense en particulier à un ancêtre de Steve Rogers qui a été lui-même Captain America à l’époque de la révolution américaine, vu entres autres dans Captain America: Sentinel of Liberty #6-7 et dans X-Men: Hellfire Club #2). Du coup Sir Amerigo semble moins ridicule… Bref, ce ne sont pas les façons de donner du sens à cette histoire qui manquent ! Et qui sait ? Peut-être qu’une quatrième incarnation de Natas, cette fois dans l’ère moderne, permettrait d’éclaircir les choses ?
[
Xavier Fournier]
PS: La semaine prochaine on passe à autre chose que les incarnations d’Hercule et la mythologie délirante de Marvel. Non pas que sur cette dernière je sois en manque d’épisodes à chroniquer. D’autres héros à tendance mythique rodent en effet à cette époque. Mais nous n’y reviendront que plus tard, histoire de garder un peu de variété à la rubrique. La semaine prochaine, donc, quelque chose de totalement différent…