Oldies But Goodies: Comic Cavalcade #13 (Hiver 1945)

[FRENCH] Dans les années 40, le Green Lantern de référence était Alan Scott. Ce premier héros à l’anneau vert (et à la tunique rouge) avait parmi ses principaux ennemis le monstrueux Solomon Grundy. Lui, c’est un peu le Hulk de DC Comics mais en version albinos. Il aurait fallu qu’il soit de couleur verte pour véritablement créer un précédent. A moins que…

Solomon Grundy est depuis l’âge d’or un ennemi farouche de Green Lantern (Alan Scott) en particulier et de la Justice Society en général. Basé sur une vieille comptine, il s’agit d’un cadavre réanimé un peu idiot, destiné fatalement à périr à nouveau. Les lecteurs modernes se souviendront l’avoir vu dernièrement dans Justice League of America (dans les épisodes écrits par Brad Meltzer) où il essayait d’échapper à cette nature fatale. Et la minisérie Seven Soldiers de Grant Morrison a lié l’origine de Solomon Grundy à une sorte d’élevage de zombies condamnés à servir leurs propres descendants. Mais à la racine de tout ça, il y avait donc les aventures de Green Lantern et des combats contre Grundy dans lesquels la tradition voulait que Solomon Grundy mourrait à chaque fois pour mieux revenir hanter plus tard la vie du héros.

C’est d’ailleurs ainsi que commence Comic Cavalcade #13, avec un flashback qui explique que lors du précédent combat Green Lantern/Solomon Grundy le monstre avait été tué par une locomotive. La scène nous montre Alan Scott en compagnie de son fidèle sidekick Doiby Dickles. Là aussi, pour que tout le monde soit à la même enseigne, un petit descriptif s’impose. Doiby Dickles c’était un peu à Green Lantern ce que Robin et Bucky étaient respectivement à Batman et Captain America : un faire-valoir à mi-chemin entre l’assistant et le personnage burlesque. A la différence de Robin ou Bucky cependant, Doiby Dickles était adulte. C’était un chauffeur de taxi qui avait tenu tête, tout seul, à des gangsters menaçants la petite amie d’Alan Scott. Green Lantern, reconnaissant, l’avait pris sous son aile et dans quelques épisodes Doiby se pavane même dans un costume identique à celui de son mentor (sauf que Doiby porte un chapeau melon). Comic Cavalcade #13 se déroule néanmoins à un moment où Doiby est en civil et ne se prend pas pour un super-héros. (1)

L’histoire qui nous intéresse aujourd’hui commence véritablement dans le repaire du Baron York. « Baron », dans le contexte de cette histoire, est un terme utilisé dans le sens de « caïd de la pègre ». Le Baron York reçoit la visite de son frère, le Professeur, d’apparence anodine. Mais au bout de quelques instants le Professeur sort un revolver et descend son propre frère. Sans perdre de temps le Professeur s’instaure nouveau Baron de York, car il explique qu’il a fait des recherches généalogiques et que sa famille est effectivement descendante de la famille d’York. Il s’instaure donc doublement Baron, devenant la nouvelle tête pensante du gang grâce à un secret : il est le seul à savoir comment prendre le contrôle de Solomon Grundy.

Chez Alan Scott, Doiby a la peur de sa vie : il croit un instant qu’Alan Scott est devenu vert. En fait c’est la batterie de puissance qui illumine l’appartement et teinte tout de vert. Un des moines tibétains qui ont donné à Scott sa bague et sa batterie le prévient alors (la tête du moine apparaissant au dessus de la batterie) de l’imminence d’un danger, en l’occurrence le retour de Solomon Grundy). Il n’était pas habituel que les bienfaiteurs tibétains d’Alan Scott apparaissent pour lui donner une mission. La chose est même plutôt rare dans les aventures de ce Green Lantern. Mais la structure de la scène fait assez penser à ce que sera plus tard le mécanisme des relations entre Hal Jordan (le Green Lantern moderne) et les Gardiens de l’Univers. Sans perdre de temps, Green Lantern s’envole (en transportant Doiby) à la recherche du monstre.

Au même moment, le nouveau Baron (l’ex-Professeur, vous suivez ?) et ses hommes ont retrouvé la dépouille de Solomon Grundy là où elle était restée après avoir été écrasée par la locomotive. Le Baron explique que Solomon ne meurt jamais véritablement puisqu’il est composé en partie de pourriture et de végétation. Il suffit de lui faire absorber un concentré de chlorophylle pour le réanimer. D’ailleurs c’est fait en un instant. Mais déjà Green Lantern arrive. Une bataille éclate alors entre le héros et les malfrats… Mais pendant que « la Lanterne Verte » concentre son attention sur les criminels, Solomon Grundy a repris connaissance, furieux comme il l’est d’habitude mais cette fois-ci en plus il est… vert! L’extrait de Chlorophylle lui a en effet donné cette teinte. Et qui plus est le pouvoir de Green Lantern est inexplicablement diminué. Solomon arrive du coup à mettre KO Alan Scott et à s’enfuir avec le Professeur et ses troupes. Ensemble ils se lancent dans une vaste opération criminelle.

Green Lantern devine que le gang a pris la direction de New York (la trajectoire des crimes le prouve) et se lance à sa poursuite. Mais comment faire pour arrêter Solomon Grundy si l’anneau de puissance n’arrive plus à l’arrêter ? Au même moment Solomon – qui est moins bête qu’il en a l’air – a compris que le Professeur ne veut que le manipuler. Solomon se retourne contre lui, le tue et se déclare alors nouveau Baron de York. Ou le New Baron of New York si vous voulez… Green Lantern et Doiby arrivent alors pour s’opposer à lui…

Mais c’est dans la discussion avec Doiby que le héros comprend que sa perte de puissance vient de la chlorophylle, puisque le pouvoir de la Lanterne Verte est sensible aux plantes. Solomon Grundy est désormais encore plus plante qu’il ne l’a jamais été… Et Green Lantern a alors une idée. Il arrête de s’opposer directement à lui mais l’enferme dans un globe vert qu’il emmène en plein désert, là où tout est desséché. Green Lantern laisse alors la bulle verte (avec le monstre toujours enfermé à l’intérieur) en plein soleil, expliquant que l’extrait de chlorophylle finira par s’évaporer, rendant Solomon à nouveau « normal »… Et s’en est fini de la carrière de « géant vert » de Grundy.

Comme le monstre est habillé avec des vêtements déchiré, qu’il est de mauvais poil et tout vert pendant une bonne partie de l’épisode il a un air de famille plus que poussé avec ce qui sera plus tard le Hulk de Marvel mais je ne pense pas qu’il y ait une filiation directe. On voit mal pourquoi, presque 20 ans plus tard, Stan Lee et Jack Kirby se seraient inspirés de cet épisode en particulier. A plus forte raison puisque dans le premier épisode de Hulk il était gris et que le changement de couleur n’est intervenu que pour des raisons techniques. En fait, il y a bien un élément de transition mais cela fera l’objet d’un autre Oldies But Goodies diffusé d’ici la fin du week-end… Et oui, on est reparti pour une dose multiple ce dimanche…

[Xavier Fournier]

(1) Doiby Dickles a été revu dans l’ère moderne, en particulier dans les Young Justice écrit par Peter David où il était membre de « Old Justice », un groupe réunissant tous les vieux sidekicks à la retraite)

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