Oldies But Goodies: Daring Mystery Comics #8 (Jan. 1942)

[FRENCH] Personnage mort depuis des décennies il est pourtant une sorte de mythe qui a fourni aux Thunderbolts trois incarnations différentes. Personnage pendant les années 40, John Watkins, alias Citizen V, était une tentative de Marvel/Timely de s’intéresser à l’actualité internationale même dans le cas où l’Amérique aurait finalement décidé de ne pas participer à la seconde guerre mondiale…

A l’automne 1941, les U.S.A. n’ont en effet pas encore tranché la question de savoir s’il faut participer ou non au conflit qui s’enflamme en Europe. L’opinion publique américaine est divisée sur le sujet et le pays n’a pas encore reçu la claque de Pearl Harbor, qui effacera toute hésitation. Bien sûr, les comics, eux, n’ont pas attendu le rendez-vous avec l’Histoire puisque de nombreux super-héros (en particulier ceux publiés chez Timely Comics/Marvel Comics) croisent déjà régulièrement le fer avec les nazis. Quelques mois plus tôt, Captain America en a même fait son image de marque, lancé avec une couverture où il donne un coup de poing à Hitler. Mais au second semestre de 1941, la guerre n’est toujours pas venue à l’Amérique (et inversement) et il semble probable que dans les bureaux de Timely on se demande comment continuer de capitaliser sur le sujet qui intéresse les lecteurs… tout en ménageant une autre partie du public qui ne veut pas entendre parler d’implication des U.S.A. (ou de leurs héros) dans une guerre qui ne concerne pas leur continent… L’une des réponses apportées sera le Citizen V, apparu dans le dernier numéro de Daring Mystery Comics.

Avant de parler du personnage, un petit mot sur Daring, qui avait ceci d’intéressant de proposer des personnages autres que les principales « stars » de la firme. Non pas qu’il soit mauvais d’utiliser des héros comme Human Torch, Sub-Mariner, Captain America (alors tout nouveau) ou dans une moindre mesure des personnages comme le Patriot, Angel ou le Whizzer, mais à partir d’un moment Marvel a eu tendance à uniformiser ses sommaires (un peu ce qu’on voit de nos jours avec l’omniprésence de Spider-Man et de Wolverine, mais en encore plus systématisé à l’époque). Le fait qu’il existe des pépinières d’autres héros (certes pas toujours très inspirés, mais qui avaient l’avantage de la variété) comme « Daring » ou Mystic Comics faisait qu’il restait encore, à l’époque, de véritables « laboratoires » pour tester d’autres concepts. D’où la magnifique couverture de Daring Mystery Comics #8, dessinée par Jack Kirby et Joe Simon qui met en scène tous les héros présents dans le numéro (de gauche à droite Captain Daring, le Fin, le Thunderer, Citizen V et Blue Diamond, avec Silver Scorpion en médaillon). Quelques mois plus tard Marvel/Timely aurait tendance à pondre des couvertures rassemblant Captain America, Human Torch et Sub-Mariner au point où tout ça deviendrait parfois très uniforme. Cette illustration de Daring Mystery Comics #8 est donc l’une des rares qui montre les « seconds couteaux » de l’éditeur en train de se « rebiffer » en quelque sorte, se lançant tous à l’assaut d’un ennemi commun. Dans la pratique, cependant, une telle réunion semble impossible puisque Captain Daring, sorte de Buck Rogers de Marvel, vivait au 31° siècle et ne faisait pas mine de voyager dans le temps. Reste au moins que cette couverture assez formidable permettra à Citizen V de croiser au moins symboliquement certains de ses collègues et d’être dessiné – même si très brièvement – par Kirby et Simon.

Pour ce qui est du Citizen V, donc, l’identité de son scénariste d’origine est incertaine. A l’époque Joe Simon était encore l’éditeur-en-chef informel de la société. Mais diverses sources pointent plutôt le jeune Stan Lee (alors simple « assistant ») comme scénariste possible. Ou bien le dessinateur Ben Thompson (identifiable à son style) qui avait, chez d’autres éditeurs, créé et scénarisé ses propres personnages. Selon la manière de faire à l’époque, assez « collégiale », il serait de toute manière étonnant que les trois n’aient pas au moins en partie trempés dans la conception du personnage. L’idée est donc, comme nous le disions, de ne pas enliser les super-héros américains dans une guerre qui pour l’instant ne déborde pas sur les USA. Autant créer un personnage européen, qu’on ne pourra pas accuser de se mêler de ce qui ne le regarde pas. Rien que le nom, déjà, est européen dans l’essence. On ne va pas faire ici l’histoire du signe « V ». Notons pour la petite histoire que la première utilisation littéraire de ce signe remonte à François Rabelais, chose qui très probablement échappait totalement aux gens de Timely, sans doute plus intéressés (et on les comprendra vu l’époque) par la campagne lancée par Churchill (reprenant l’idée d’un réfugié Belge) pour imposer le « V for Victory » comme signe de ralliement des alliés de l’époque, en particulier à travers une campagne lancée à la BBC à partir de la fin juillet 1941. Les comics étant antidatés de plusieurs mois (vieille méthode qui visait à « piéger » les marchands de journaux, qui avait pour habitude de retirer des rayons les revues dont la date était passée. En antidatant, on se garantissait une période de vente supérieure) et Daring Mystery Comics #8 étant daté de janvier 1942, il ne fait pas de doute qu’il est paru au plus tard en novembre 1941, même sans doute un peu avant. La conception du Citizen V quelque part entre août et septembre 1941. Bref, il ne fait pas de doute qu’à la même époque la presse américaine rapportait la campagne anglaise pour le V. D’ailleurs un article du Time de l’époque détaille de manière fascinante comment un « présentateur mystère » de la BBC, dont le pseudonyme était « Colonel Britton » popularisa en plusieurs langues le V pour la Victoire. Plus encore Colonel Britton promettait l’arrivée de la « V Army » qui allait sauver l’Europe. De l’or en barre pour des scénaristes de comics et c’est même à se demander pourquoi leur héros masqué européen ne s’est finalement pas tout simplement appelé « Colonel Britton » (sans doute trop proche de Captain America ou bien parce que Timely ne voulait pas subir les foudres de la BBC).

L’influence du message du Colonel Britton et de la campagne « V For Victory » est tangible dès la première page de Citizen V, quand il s’avère que dans le logo « V » du personnage (non seulement sur le titre mais aussi sur la poitrine du personnage) la lettre est surmontée de sa traduction en morse. Ils ne doivent pas être bien nombreux les super-héros qui portent du morse sur le costume. Un commentaire nous décrit alors l’Europe ravagée par la guerre « et le talon cruel d’un dictateur ». Puis le texte explique: « Dans le territoire occupé, il y a un homme qui symbolise le triomphe de la démocratie ! Quotidiennement il travaille sous les yeux de la police secrète brutale ! Il porte un message d’espoir au peuple qui souffre sous la forme de la lettre « V » ! V pour Victoire ! ». Et tandis qu’à l’arrière-plan un homme a été pendu parce qu’il voulait la liberté et que, plus proche, un homme se fait fouetter, le Citizen V s’apprête à étrangler un militaire nazi. Bien sûr, ceux qui ne connaissent que le Citizen V dans sa version moderne des Thunderbolts trouveront un peu bizarre ce costume marron et jaune, qui tient plus de l’uniforme de soldat. Là aussi, ce costume ne semble pas venir de nulle part. Il a un furieux air de famille avec un autre héros, le Unknow Soldier publié par Ace Comics en 1941 (en gros coloriez le marron du Citizen V en bleu et vous obtenez le Unknow Soldier). Je ne parlerai sans doute pas d’une volonté de « copier » dans le sens où on l’entend généralement. Début 1941, Marvel/Timely avait créé l’événement en osant publier la couverture de Captain America Comics #1 où le héros tapait sur Hitler. Et la concurrence s’était engouffrée dans la brèche. Le Unknow Soldier faisait partie de ces « clones » de Captain America qui s’étaient découvert une envie de taper sur Hitler en découvrant que le porteur de bouclier était un hit. On peut donc comprendre que Timely souhaitait en quelque sorte « bloquer » la concurrence, montre à son lectorat que dans ses revues on trouvait à la fois l’original (enfin tant qu’on ne parlait pas du Shield bien sûr) mais aussi les variations possibles… Laissant les autres condamnés à ne présenter QUE les imitations.

La page tournée, l’origine de Citizen V commence assez bizarrement en France, en mai 1940, alors que deux soldats anglais discutent. L’un d’eux, le Lieutenant John Watkins sent « que les allemands préparent quelque chose » là pour le coup, si on devine que les auteurs ont en tête les articles de presse qui décrivent les champs de bataille de 1941, ils n’ont pas l’air d’avoir réellement révisé le déroulement de la guerre en Europe. Parce qu’un lieutenant anglais qui se vente en mai 1940 que les allemands préparent quelque chose est loin d’être le Sherlock Holmes qu’il prétend être. Ou alors il n’a jamais entendu parler de l’invasion de la Pologne en 1939 (pas du tout mentionnée dans le récit). Au moment où John Watkins se fait cette réflexion visionnaire, Adolf Hitler, lui, fait une déclaration à la radio pour lancer ses armées contre la Belgique et la Hollande. On voit alors les forces anglaises basées en France (celles dont Watkins fait partie) changer de position pour aider les alliés. Puis suis une scène de bataille ou le lieutenant et son ami ont visiblement le dessus… Mais très vite la Belgique et la Hollande capitule (on notera que le héros, lui, semblait pourtant vaincre au corps à corps et que le fait que la défaite soit entérinée par d’autres pays laisse son CV intact). Au Q.G des forces alliées, on constate cependant la défaire (avec un gradé français qui a un accent digne de Batroc, à couper au couteau: « Eet Ees No Use… »).  Les haut-gradés décident de se rabattre sur Dunkerque, où leurs forces vont tenter d’embarquer (on se souviendra qu’un super-héros patriotique publié par Archie, Captain Commando, est supposé avoir participé à la bataille de Dunkerque).

C’est le Lieutenant Watkins et un groupe de volontaires qui tiennent l’arrière-garde, pour couvrir la retraite vers Dunkerque. Les autres soldats courent vers les bateaux en jurant qu’ils reviendront un jour… Et il reste bien entendu un dernier navire qui attend Watkins et ses hommes, qui arrivent à prendre la mer mais sont malheureusement repérés par un avion nazi. Alors qu’une rafale balaie le pont, Watkins est touché et tombe à la mer. En vrai héros de guerre, il hurle cependant à ses hommes de ne pas s’arrêter pour lui et de continuer…

Cette nuit-là, un pêcheur français nommé Pierre trouve sur la plage le corps de Watkins… Et s’aperçoit qu’il n’est pas mort mais très mal en point. Le pêcheur recueille donc le dernier soldat anglais présent en France après la débâcle de Dunkerque et le remet sur pied pendant plusieurs semaines. Là, il y a comme un décrochement dans l’histoire car John Watkins explique à son bienfaiteur « Je dois rentrer en Angleterre maintenant. Je me sens plus fort qu’avant ! Je suis comme habité par une étrange puissance ». Seulement rien ne viendra jamais expliquer ce qu’est cette « étrange puissance » ni ce qu’est son origine. Entre le moment où il tombe à l’eau et sa découverte par Pierre, quelque chose de surnaturel est-il arrivé à Watkins ? Rien ne le dira. Sans doute que le scénariste voit là une sorte de doigt du destin. Puisque Watkins a survécu et puisqu’il est du côté du bien, cela suffit à le rendre plus fort.

Comme Pierre a un bateau, les deux hommes traversent la Manche en plein nuit mais sont accueillis assez farouchement par les soldats anglais… Jusqu’à ce qu’ils reconnaissent leur lieutenant qu’ils croyaient mort (c’est quand même un coup de chance de tomber sur une patrouille constituée de ses propres soldats). Watkins répond alors de manière à nouveau elliptique « Homme mort ou pas… Je suis revenu pour combattre ! ». Est-ce que d’une certaine manière Watkins serait revenu d’entre les morts (comme Marc Spector dans l’origine de Moon Knight) ? Rien ne le dit non plus. Il semble pourtant que si les auteurs avaient voulu prendre cette direction ils auraient forcé le trait, alors pourquoi ces allusions ?

Le lendemain, impressionné par l’endurance de Watkins, son supérieur lui explique qu’il a une mission pour lui. L’armée a besoin d’un homme courageux qui irait dans les pays occupés pour  unir les populations opprimées et combattre leurs oppresseurs. Watkins accepte d’autant plus vite qu’il a déjà une idée. Plus qu’un homme, il sera un symbole… Désormais il sera connu sous le nom de Citizen V. « Dans cet uniforme je serais un exemple de l’esprit de la victoire de la liberté ». Et visiblement Citizen V fait partie de ces héros qui (comme Captain Wonder ou le Patriot dans son costume originel) aiment à lutter en short, avec les jambes nues. En fait le personnage de Timely sera non seulement un héros traditionnel mais passera une partie de son activité à faire de la propagande pour les forces alliées. Des vignettes nous montre d’ailleurs les gens en train de faire le « V » de la Victoire, les horloges de cloches qui s’arrêtent à 11h05 pour que les aiguilles forment un V ou encore les nazis qui découvrent, perplexes, des V peints sur les murs (et oui, Citizen V c’est le premier super-héros à faire du tag ). Au passage c’est une erreur de la part du ou des scénaristes puisque les allemands de l’époque savaient très bien ce que voulait dire ce signe et qu’ils avaient même tenté de se l’approprier en répliquant par « V for Viktoria ». Disons pour le bien de l’histoire qu’il s’agit des militaires nazis les moins informés de l’armée. Les soldats allemands accostent alors un vagabond pour savoir ce que ce signe veut dire. « Rien, sauf que Citizen V est officiellement au travail » réplique le vagabond en leur tapant dessus. Vous l’aurez compris, l’homme était en fait notre héros incognito (« V comme Vagabond », vous saisissez ?), puisqu’il s’agit aussi d’un as du déguisement. Dans la scène suivante, Citizen V s’introduit de nuit dans un dépôt de munitions et peint un « V » lumineux sur le sol, après avoir utilisé son « transmetteur secret » pour prévenir Londres. Volant de nuit, les bombardiers anglais n’ont aucun mal à repéré ce V lumineux dans les ténèbres et le dépôt est détruit sur le champ, tandis que Citizen V s’en félicite…

Dans les chaumières françaises on se rassure. Les « boches » ont beau avoir encore baissé les rations, tout n’est pas terminé. « Qui n’a pas entendu parler du mystérieux Monsieur V (« Monsieur V » étant en français dans le texte) dont les nazis ont peur car il est la prophétie de la colère du peuple ». Raoul, un vétéran aveugle, ajoute « le jour où on m’a aveuglé j’ai eu une vision. Nos armées étaient défaites, nos villes détruites… Mais j’ai vu la Belle France s’élever à nouveau. La France n’est pas morte. Ni aucune des autres nations occupées par les boches ! ». Soudain on frappe à la porte de cette maison de patriotes. C’est Citizen V qui leur explique qu’il leur apporte un message de courage, que tout n’est pas perdu. Et pour prouver son identité il a même un sorte d’équivalent du Bat-Signal, une lumière portable qui projette un V noir au milieu d’un cercle jaune. Et il leur explique qu’il faut faire passer le mot, qu’il faut que tout le monde écrive V partout… Bientôt les allemands trouvent la lettre V peinte sur les routes ou même sur les canons de leurs blindés. Plus fort encore : sous le fuselage de leurs propres avions. Au point que même Adolf Hitler n’en peut plus et croit devenir fou.

Un soir (sans doute toujours en France) un colonel nazi est assommé par le vagabond V. En le fouillant, Citizen V trouve des papiers qui établissent que le nazi est en fait le colonel Franz Von Wehrheit. Le héros enfile l’uniforme de son prisonnier tout en précisant qu’il préférerait encore se frotter contre la peau d’un putois mais il a bien fait de pratiquer à l’échange puisqu’une patrouille allemande arrive. Le faux Von Wehrheit ordonne alors aux soldats d’emmener le « cochon » qui gît à ses pieds. Les soldats nazis lui promettent alors qu’il sera exécuté, sans se doute que l’homme qu’il vont achever est en fait le vrai nazi. Maintenant que Citizen V s’est glissé dans une identité nazie, il lui vient une idée… Faire un voyage en Allemagne. «  Von Wehrheit » n’a aucun mal à franchir les postes de garde, à plus forte raison quand il prétend être convoqué par Hitler lui-même. D’ailleurs au même moment le dictateur nazi est en train de fulminer, il n’en peut plus de ce signe « V » et ordonne qu’on lui amène l’homme derrière ça. Dans le couloir, «  Von Wehrheit » demande à une sentinelle si la porte est celle du bureau d’Hitler. Après avoir été renseigné, il l’assomme et peint un grand V noir sur le mur… Et sur le visage du soldat qu’il vient de neutraliser. Quand Hitler sort dans le couloir et qu’il voit V non seulement sur les parois mais aussi sur le visage de l’homme à terre, il est une nouvelle fois convaincu de devenir fou.

Un peu plus tard, alors qu’il s’est retiré dans son jardin privé, Hitler voit s’approcher un colonel. Ce dernier lui demande une faveur, un autographe. Flatté dans son égo, Hitler s’exécute (même si forcément les deux scènes n’ont aucune filiation, il est difficile de ne pas penser à cette scène d’Indiana Jones où Hitler fait de même). Et une fois l’autographe signé, le colonel propose de lui en offrir un de lui… A coup de poing. Puisque c’était bien sûr Citizen V, qui s’enfuit (mais qui est sans doute le seul héros masqué de Marvel à être en possession d’un autographe d’Hitler). Quand des officiers nazis arrivent, ils trouvent leur leader à terre, avec un gros V accroché à son uniforme. Citizen V s’enfuit dans le lointain en promettant que « son travail ne fait que commencer ». Bon, bien sûr, son travail ne ferait pas « que commencer » si, au lieu de perdre du temps à coller un grand V sur le dictateur il en avait profité pour l’achever (mais la remarque est vraie pour tous les super-héros qui ont fait le ménage jusqu’à Berlin pour puncher Hitler, sans en profiter). La dernière case promet le retour de Citizen V dans le numéro suivant de Daring.

Seulement Daring Mystery Comics #9 ne paraîtra jamais. Timely attribuera sa numérotation à Comedy Comics (débutant donc à partir du #9, sans les 8 premiers numéros) plutôt consacré à des BD parodiques. Citizen V aura tout juste droit à une deuxième aventure dans Comedy #9 avant de sombrer pendant plusieurs décennies dans l’oubli (quand Kurt Busiek se servira de lui comme inspiration pour l’identité sous laquelle le Baron Zemo fonda les Thunderbolts et nous apprendra que John Watkins est mort en 1943, tué par le père du Zemo actuel). La vérité, c’est aussi que Citizen V aura été dépassé par l’Histoire. A partir de Pearl Harbor, l’Amérique entre en guerre et ses héros « natifs » (oui, c’est vrai, Sub-Mariner est atlantéen mais au moins à moitié américain par son père) n’ont alors plus la moindre réserve pour s’attaquer  aux allemands et aux japonais. A partir de là, pourquoi s’embêter avec un personnage étranger qui correspond moins aux lecteurs où à l’élan patriotique des U.S.A. ? Le « V pour la Victoire » est tout simplement passé dans les mains des super-héros américains, on a plus besoin du Citizen V, qu’on utilisait que « faute de mieux ». Si Citizen V avait démarré quelques mois plus tôt ou si l’Amérique avait un peu plus tardé à entrer dans les hostilités, sa carrière aurait sans doute été très différente. Il deviendra la pierre de fondation du V-Battalion (dont on sent bien qu’il est plus ou moins inspiré de la V-Army promise par le Colonel Britton de la BBC). Rien, dans ses deux aventures des années 40 ou dans les flashbacks parus en périphérie des Thunderbolts, n’est venue expliquer cette étrange force qui le possède à partir du moment où il manque de se noyer.

[Xavier Fournier]

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