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Oldies But Goodies: Detective Comics #481 (Déc. 1978)

[FRENCH] Dans les années 70, Dick Grayson n’était pas encore Nightwing et les New Teen Titans n’étaient pas encore (re)formés. Il était le seul et unique Robin mais, même réduit au rang de « backup » au fond d’autres magazines, il arrivait à vivre des aventures en dehors de l’ombre de Batman. Il n’était plus le « Boy Wonder » mais le « Teen Wonder ». C’étaient ses « années campus », loin de Gotham. Toute une époque mais aussi l’esquisse d’un costume moderne…

A la jonction des années 60 et 70, DC Comics avait décidé d’émanciper Robin. Il était encore là quand il fallait donner un coup de main à Batman (c’est à dire semi-régulièrement) mais ce n’était plus la même chose, on ne le voyait plus aussi systématiquement dans les aventures de Batman, l’éditeur ayant semblé un temps vouloir plutôt promouvoir Batgirl (Barbara Gordon) comme alliée naturelle de Bruce Wayne, avant de se reprendre et de sembler vouloir se contenter d’un Batman plus solitaire. Dick Grayson n’était cependant pas perdu corps et âme. D’abord il y avait les aventures des Teen Titans (publiés par intermittence dans ces années-là) et puis Robin pouvait se rabattre sur ses propres aventures, publiées au fond des anthologies comme Batman Family ou Detective Comics. Officiellement Dick s’était éloigné de Bruce pour se concentrer sur ses études à l’université d’Hudson, qui ne trouvait pas à Gotham mais à « New Carthage » (certaines références géographiques laissant à penser que « New Carthage » est encore une autre référence à New York).

La vie étudiante de Dick Grayson était beaucoup plus « intégrée » que celle d’un Peter Parker par exemple. Il faut dire que – même en gardant un profil bas – Grayson présentait bien et était le pupille d’un milliardaire, ce qui en général n’est guère un handicap pour créer des relations sociales. Robin lui aussi était très « sociable », très admis, à l’intérieur de l’université. Il faut dire que le héros était alors sous la houlette du scénariste Bob Rozakis, très proche des fans et des jeunes lecteurs en général. Surnommé (« l’Homme aux Réponses »), Rozakis avait pendant des années répondu aux questions du courrier des lecteurs et joué la carte de l’interactivité bien avant la propagation d’Internet. Detective Comics #481 le démontre assez bien puisque dès la scène d’ouverture l’auteur (aidé par le dessinateur Don Newton) nous présente les « Robin Rooters« , soit le très officiel fanclub de Robin, sorte de transposition du lectorat.

Dès le début du Silver Age, DC Comics avait été très réactif, mieux « interactif », avec ses fans. Par exemple dans la Legion of Super-Heroes on pouvait proposer de nouveaux membres (dont certains sont devenus des personnages très importants du groupe), envoyer de nouveaux dessins de costumes ou même, à certaines périodes, élire par sondage le nouveau leader du groupe pour l’année à venir. Il est arrivé que DC accepte aussi des idées d’histoires ou de personnages dans d’autres séries, « payant » alors les fans en leur offrant le dessin original de la couverture (j’avais déjà évoqué dans un autre Oldies But Goodies comment le jeune Dave Cockrum a ainsi pu suggérer en partie tout un épisode d’Hawkman). Bob Rozakis avait visiblement été élevé à cette école car non seulement « Does the costume make the hero ? » (« Est-ce que l’habit fait le héros ? ») est un épisode basé sur des designs envoyés par différents lecteurs mais en plus cette logique est intégrée dans l’histoire.

Margie Spratt, la présidente des  « Robin Rooters », a en effet convoqué le vrai Robin pour lui demander de se prêter à un concours : les membres du club ont créé ce qui pourrait être le nouveau costume du héros (en 1978 Dick Grayson n’avait encore jamais modifié l’apparence de Robin et on était loin de sa transformation en Nightwing). Le concours est arrivé à l’avant-dernière étape et il ne reste plus que trois costumes (pour simplifier disons que le premier a une dominante rouge, le deuxième est plutôt vert et le troisième vire sur le marron). Robin devra les tester les uns après les autres et, idéalement, décider s’il en garde un. Au passage Bob Rozakis donne les noms des trois amateurs, qui sont donc des personnes réelles qui ont envoyé ces dessins : Joe Montgomery d’Abilene (Kansas) pour le marron, Paul Decker (Los Angeles) pour le rouge et enfin George T. Johnston de San Francisco pour le vert.

Comme Robin est de nature accommodante, il décide alors d’essayer ces costumes dans l’ordre dans lequel on vient de lui proposer. En fait, intérieurement, le héros trépigne. Il est en plein milieu d’une enquête, une intrigue commencée dans des épisodes précédents. Il est sur la piste d’un gang qui a volé un prototype. Pire, Gary Stephans, l’inventeur de l’objet, a disparu. Et en prime la vie privée de Dick Grayson est en ruine. La jolie Lori Elton, sa petite amie du moment, l’a plaqué, lui préférant un certain Dave Corby (chaque apparition nous démontre que Corby est une brute épaisse et que Lori est donc une oie de l’avoir choisi en lieu et place de Dick). D’ailleurs Robin aperçoit Lori et Dave dans le public, ce qui n’arrange pas son moral. Le temps pour Robin de se changer et d’enfiler le costume marron… quand il sort il voit Dave qui emmène Lori hors de la salle. Comme Lori connaît parallèlement Robin et Dick, le héros tente de lier la conversation mais Dave Corby le toise : « On est occupé ! Va pondre dans ton nid, oisillon ! ». Ca, je vous avais prévenu, Dave Corby n’a rien d’un poème. D’ailleurs, le triangle amoureux Dick/Lori/Dave a quelque chose de Peter Parker/Liz Allan/Flash Thompson, Corby jouant le rôle du bellâtre du campus.

La chose ne passe pas inaperçue de Robin, qui remarque que Corby le traite « aussi mal qu’il traite Dick Grayson. Un de ces quatre il faudra que je m’occupe de lui apprendre les bonnes manières ». Ce n’est pas pour aujourd’hui cependant puisque la foule est trop occupée à acclamer le Robin « New Look » en poussant des cris… il faut bien le dire un tantinet ridicules (« Rah Rah Robin », ce qui doit sans doute vouloir imiter des roucoulements). Bob Rozakis instille là-dedans un peu de recul cependant, en rendant le héros dubitatif. En son for intérieur, il pense « C’est sans doute parce que j’ai été élevé dans un cirque qui me fait accepter tout ça. Peut importe le contexte, j’ai toujours aimé qu’un public m’applaudisse ». Voilà donc Robin dans un costume marron qu’à ma connaissance il ne porter que dans cet épisode, costume mis en application par le dessinateur Don Newton et qui, ma foi, n’est pas si ridicule que ça. Il n’y a guère que le choix des couleurs qui n’est pas heureux mais si on remplaçait les teintes de marron par du bleu, on n’arriverait pas loin de certaines tenues qu’à pu porter Dick Grayson/Nightwing dans les années suivantes.

Robin « marron » se précipite donc pour reprendre son enquête sur Gary Stephans. Il se rend à l’appartement du disparu et y retrouve celui qui, pour New Carthage, est l’équivalent du Commissaire Gordon : le Chef McDonald, un personnage plus affable et moins à cheval sur le règlement. Tous les deux inspectent l’appartement de Stephans, qui a été saccagé (une preuve de plus que quelque chose de bizarre se passe) et McDonald se retourne alors vers Robin, en clignant de l’œil : « Je te connais depuis assez longtemps pour réaliser que tu veux gérer ce cas en solo ! De quelle manière puis-je t’aider ? ». Robin regarde les immeubles voisins (où on voit quelque chose qui brille) par la fenêtre puis se retourne vers le policier en notant quelque chose sur un carnet : « En fait, il y a bien une façon de m’aider ! Je veux lire les carnets de note de Gary mais il peut y en avoir d’autres dispersés ici. Vous en voyez ? ». Seulement le carnet que Robin tient sous le nez de McDonald raconte une histoire un peu différente. Il y est écrit « Quelqu’un surveille cette pièce avec des jumelles ! Ne dites rien… il y a probablement aussi des micros. Éloignez-vous de la fenêtre ! ».

Une fois que Robin et McDonald ne sont plus devant la fenêtre, le héros masqué griffonne encore quelques indications pour son ami, lui demandant de continuer de parler comme s’ils étaient tous les deux dans la pièce. Hors du champ de vision de la personne qui les surveille, Robin en profite pour s’éclipser. Il est temps de passer le deuxième costume. Et si d’aventure certains d’entre vous pourraient s’étonner qu’en pleine enquête Dick Grayson prenne la peine d’entretenir ce concours de fan, la chose est gérée dans le scénario puisque le deuxième « nouveau costume » a une particularité.

C’est d’ailleurs ce à quoi pense Robin tandis qu’il change de vêtements : « Quand j’ai donné mon accord pour ce concours de costumes, je ne pensais pas que l’un d’entre eux pouvait se révéler utile ! Le réacteur dorsal que le département des sciences a inclus dans celui-là va me permettre de voler… Comme un rouge-gorge » (« Robin » étant le nom anglais de cet oiseau) ! Dick porte donc désormais le costume rouge (avec une cape dorée formée de lambeaux de tissus qui imitent la forme des plumes, donnant l’impression d’ailes similaires à celles du Falcon de Marvel).

Avec cette nouvelle tenue il s’envole donc dans le ciel sans perdre de temps et prend la direction de l’immeuble où quelqu’un est posté sur surveiller l’appartement de Stephans. Dick se dit « Je vais contourner le campus et je surprendrais par l’arrière le type aux jumelles ! Je ne suis pas Hawkman mais au moins je n’ai pas peur de voler ! ». Le héros exécute son plan et coince sans problème la « sentinelle » qui ne l’avait pas vu venir. C’est effectivement une simple crapule qui ne représente aucun danger pour Robin. Mais il n’a pas le temps de le faire parler. Car, alors qu’il le tient par le col, Robin est lui-même surpris par l’arrière. Quelqu’un le frappe à la tête : « Voyons comment un rouge-gorge de 75 kilos résiste à un corbeau qui en fait plus de 85 ! ». Robin se retourne et voit… Raven. Alors, ici, il faut s’arrêter quelque secondes. Raven (« Corbeau »), comme le héros le voit ici, n’est pas celle qui sera sa co-équipière au sein des New Teen Titans à partir de 1980 (soit à peine deux ans plus tard). En 1978, Robin affronta plusieurs fois dans ses aventures un mystérieux homme ailé habillé en noir, nommé Raven, qui semble souvent voir le dessus sans que le héros puisse savoir qui il est. Bob Rozakis avait visiblement voulu créer un nouvel ennemi juré à Robin, un adversaire qui lui soit propre. Et il avait pensé plus gros et plus féroce qu’un rouge-gorge : un corbeau. Raven était un agent utilisé par M.A.Z.E. (une des variantes DC de l’A.I.M. de Marvel), une organisation criminelle qu’on retrouve dans les années 70 impliquée dans différentes aventures de Superman, Batgirl ou donc, de Robin. En gros, M.A.Z.E. voulait s’implanter dans le campus de New Carthage et utilisait Raven pour tenter de se débarrasser de Robin.

Cette fois cependant la particularité de l’épisode fait que Robin peut lui aussi voler et donc se battre au même niveau que Raven. Passé l’effet de surprise, il s’élève donc vers son ennemi : « Cette fois c’est un combat à la loyale ! ». Mais Raven n’est pas impressionné : « Alors tu vas devoir te battre mieux que ça ! Sinon les Robin-Rooters vont être terriblement désappointés ! ». Et l’homme en noir lui donne à nouveau un coup violent. Regardant en bas, Robin réalise qu’effectivement une foule s’est formée pour regarder le combat aérien. Raven est plus gros, plus costaud que lui (et sans doute plus habitué à voler) mais il reste au héros quelques ressources. Après tout il a sa formation d’acrobate du temps des Flying Grayson (la troupe formée par sa famille). Il se roule en boule puis arrive à frapper à son tour Raven : « C’est une bonne chose que j’ai pris la peine d’équiper ce costume avec mes gadgets habituels… la Bat-Corde et le Batarang ! Le Robin « New Look » et le Robin « Old Look » peuvent cohabiter ! ». Robin lance donc sa corde, attachée au batarang, pour essayer d’attraper Raven avant qu’il ne s’échappe. Mais Raven reste plus lourd que Robin, c’est lui qui tire Robin dans les airs et l’envoie frapper contre le mur d’un immeuble. C’est le dos du héros qui prend le choc et le réacteur dorsal est endommagé. Incapable de voler, Robin s’écrase heureusement dans des buissons qui amortissent sa chute.

C’est dans cette position piteuse que McDonald le retrouve. Le policier est soulagé « Whew… J’ai cru que j’allais avoir besoin d’une boite pour ramasser les morceaux ! ». Robin rétorque « Pas question, Chef ! Mes méthodes ne sont peut-être pas toujours gracieuses mais elles sont efficaces ! C’est la deuxième fois que Raven tente de m’écraser comme ça ! ». McDonald lui explique « Et bien, il n’est pas resté pour une troisième tentative. Il s’est enfuit. Et le type aux jumelles aussi est parti… mais pas avant que j’ai pu le voir. Et je l’ai reconnu ! C’était Bart Mitchell, il dirige un garage de l’autre côté de New Carthage. Tu veux que je te montre où c’est ? ». Robin répond par l’affirmative. Seulement son costume rouge ayant été endommagé par le choc, il fonce en enfiler un autre (le vert) et en profite pour récupérer sa moto au passage. Une moto bien particulière, un peu son équivalent de la Batmobile mais décoré aux couleurs de Robin. Voyant l’engin arriver, McDonald n’est pas rassuré : « Umm. Peut-être que je ferais mieux de te laisser y aller en solo ! Je vais te dessiner une carte ! ». Finalement Robin arrive à le convaincre de monter avec lui et McDonald s’accroche donc au héros, désormais drapé de vert… tout en l’implorant de respecter les limitations de vitesse.

Le troisième costume est sans doute le plus laid du lot. Si, avec le premier, on pouvait trouver incongru l’usage de la couleur marron pour un « rouge-gorge », au moins le design et les formes étaient très « Batman » dans l’esprit. Le deuxième ressemblait plus à une version modernisée d’Hawkman mais les couleurs rapprochaient le tout de l’ambiance de Robin (et puis il avait son utilité et remplaçait d’une certaine manière un superpouvoir). Le costume « vert » n’évoque pas une fonctionnalité particulière ou même le bat-folklore. A part un détail : dans cette version le masque et la cape sont bleus (un peu comme ceux du justicier de Gotham). Alors qu’en pleine nuit il approche seul du garage de Mitchell (McDonald n’ayant visiblement pas jugé bon de l’aider dans l’assaut), Robin réalise donc que ce troisième costume a un avantage : « Il est de couleur foncée, comme celui de Batman. Il se prête mieux à des actions de nuit comme celle-ci ! ». Oui, bon, Robin oublie un peu vite que le costume en question incorpore un slip doré, ce qui n’est pas d’une discrétion maximale en pleine nuit. Néanmoins il arrive à approcher du garage et à surprendre la discussion qui se tient à l’intérieur.

Mitchell est en train d’expliquer à son boss comment il a profité de l’intervention de Raven pour fausser compagnie à Robin. En fait les deux intrigues ne sont pas liées. Raven travaille pour M.A.Z.E. et est juste intervenu pour combattre une nouvelle fois Robin. Mitchell œuvre pour quelqu’un d’autre. En passant à travers la vitre du garage, Robin réalise qu’il connait un des hommes présents : « C’est un exécutif d’Allied Engineering Associates ! Il ne faut pas être devin pour comprendre qu’il a quelque chose à voir dans la disparition de Gary ». Mais l’exécutif en question est terrifié quand il voit le héros : « Robin… dans le troisième costume ! Sortez tous de là, vite ! ». Mitchell tente néanmoins de battre Robin avec une clé anglaise mais son boss lui hurle de ne pas faire l’idiot et de fuir ! ». Bientôt McDonald arrive sur les lieux et tient en jour un Mitchell rapidement neutralisé par Robin. Il ne reste que deux autres hommes à rattraper. Robin les retrouve non loin de là, à un embarcadère. Ils tentent d’utiliser un canot pour s’enfuir. Le héros assomme encore un des criminels et il ne reste bientôt plus que l’exécutif à coincer.

Mais celui-ci, paniqué, a déjà sauté à l’eau et implore Robin de ne pas approcher. L’espace d’un instant Robin se demande si son « nouveau look » vert et bleu est si terrifiant que çà. Mais il réalise aussi que l’homme qu’il vient de battre, à ses pieds, est lui aussi affolé. Robin comprend que ce n’est pas de lui qu’ils ont peur… mais du costume. Un autre superpouvoir caché ? Pris d’une inspiration soudaine, Robin saute aussi à l’eau et disparait sous la surface. Bientôt la rivière Hudson est crevée par une terrible explosion. L’exécutif commente le spectacle : « C’est la fin de Robin ! ». Sur ces entrefaites McDonald arrive et tient en joue les deux fripouilles. Mais l’un d’entre s’estime quand même satisfait : « Vous pouvez nous arrêter mais au moins nous n’aurons plus l’ado-merveille sur le dos ! ». Oui, parce que si historiquement le surnom de Robin était le Boy Wonder (le « garçon-merveille »), dans les années 70 on s’était chargé de le faire grandir et d’officialiser qu’il était désormais un ado. Il était donc le « Teen-Wonder » (ce qui collait par ailleurs très bien avec ses activités occasionnelles parmi les TEEN Titans).

Tout ça se passant en 1978 et Dick Grayson faisant encore partie de l’univers DC, ce n’est pas un grand scoop de vous apprendre qu’il a pourtant survécu à l’explosion. Sa tête ressort bientôt à la surface. Il s’écrie, à l’attention du gangster qui se réjouissait d’être débarrassé de lui : « Tu as raison ! Je n’ai jamais harcelé quelqu’un en prison : ». Il porte encore son masque bleu mais on devine qu’il est nu. Sans sortir de l’eau, il explique alors à McDonald : « Je vais bien… en dépit de l’explosif qu’ils avaient planqué dans ce costume ! Mais j’apprécierais que vous me passiez mon costume habituel, que j’ai rangé sous le siège de ma moto, Chef ! Je ne veux pas passer le reste de la nuit à faire de la plongé nudiste ! A partir de maintenant le Robin « Old Look » est le seul look de Robin ! ». Et l’épisode s’achève ainsi…

Pour ceux qui resteraient sur leur faim et voudraient savoir en particulier qui était donc ce mystérieux homme-corbeau, Raven sera démasqué deux numéros plus tard (Detective Comics 483, 1979) comme étant en fait… Dave Corby, le rival amoureux de Dick Grayson. Dick réalisera – entre autres indices – que le nom « Corby » évoque le « Corbac » et c’est en civil qu’il ira confronter Dave en plein campus, l’affrontant donc leurs attirails respectifs. Si Raven pouvait narguer Robin avec sa capacité de voler, sans son costume il n’est plus qu’une fripouille normale et Dick l’assomme d’un coup de poing tout en expliquant la véritable identité de Dave… devant une Lori médusée d’avoir fait le mauvais choix mais, à partir de là, disparaîtra des aventures de Robin, ayant prouvée qu’elle n’était pas digne de Dick. Comme un des atouts de Raven était le mystère autour de son identité, dès lors qu’il est démasqué il perd une partie de son attrait et il n’est pas certain que Bob Rozakis avait prévu de le réutiliser ensuite. De toute manière quelques mois plus tard Marv Wolfman et George Pérez créeront leur Raven (la bien plus populaire mystique des New Teen Titans) et à partir de là l’homonymie et le risque de confusion fera qu’on ne fera plus référence à ce Raven antérieur. D’ailleurs à l’occasion des révisions apportées par Crisis, les auteurs partiront du principe que la période « New Carthage » de Robin n’a jamais existé.

Tant pis pour les trois fans qui avaient proposé ces costumes, ils auront au moins connu la satisfaction de voir le héros les porter dans cet épisode, même si c’est pour mieux les refuser à la fin. Il faut dire que deux d’entre eux finissent détruits et que le premier… qui pourrait penser qu’un Robin marron ferait carrière. Pourtant Robin se trompe, bien sûr. Quelques années plus tard il deviendra Nightwing et changera radicalement son apparence. Là où Detective Comics #481 est visionnaire cependant c’est que le deuxième « new look » (le costume rouge et or, qui permet de voler) anticipe, plus de trente ans plus tôt, le costume qu’un autre « Robin » (Tim Drake, surnommé Red Robin) porte à partir de 2011 dans les pages de la série Teen Titans. Il s’agit également d’un costume rouge permettant à son propriétaire de voler et le voisinage d’idée est frappant. Après, toute la question est de savoir si Scott Lobdell a précisément été inspiré par Detective Comics #481 ou si, par simple logique, il s’est dit lui aussi, à trois décennies d’écart, qu’il était logique qu’un « rouge-gorge » puisse voler. Quelque part, cependant, il y a un fan nommé Paul Decker qui, s’il continue de lire les comics, a la satisfaction d’y avoir pensé avant et que, peut-être, il reste encore quelque chose de son costume dans le nouvel univers DC.

[Xavier Fournier]
Xavier Fournier

Xavier Fournier est l'un des rédacteurs du site comicbox.com, il est aussi l'auteur de différents livres comme Super-Héros - Une Histoire Française, Super-Héros Français - Une Anthologie et Super-Héros, l'Envers du Costume et enfin Comics En Guerre.

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