En 1953, l’Age d’Or des Comics touchait à sa fin et la plupart des super-héros qui en avaient fait les beaux-jours n’étaient déjà plus là. En dehors des icones comme Superman ou Batman, les derniers survivants tiraient la langue, condamnés à brève échéance. A ce titre, l’ennemi que Doll Man allait rencontrer dans son avant-dernier numéro, « The Monster From Tomorrow », avait un nom prémonitoire. L’avenir ne s’annonçait pas bien pour Doll Man et Doll Girl…
Rares sont les surhommes qui ont traversé presque l’intégralité du Golden Age des Comics. On peut cependant intégrer Doll Man dans la liste, même si on l’évoque rarement comme un personnage majeur de cette période. Pourtant, de 1939 à 1953, ce micro-héros aura connu une carrière sans interruption chez Quality Comics, apparaissant parfois dans plusieurs séries simultanées. Dans les années cinquante, ce scientifique connu pour être capable de se réduire à la taille d’une poupée (ou même plus petit) avait été rejoint par sa fiancée, Doll Girl, l’éditeur tablant sans doute qu’un peu de présence féminine aiderait les ventes. Mais l’essentiel des menaces affrontées par le les mini-héros était surtout constitué de gangsters ou d’espions. Éventuellement ces malfaiteurs étaient masqués mais il était rare qu’un véritable super-vilain d’envergure vienne les attaquer. Dans Doll Man #46 le duo allait néanmoins recevoir la visite d’un « Monstre venu de demain ». Et la première image nous donnait un aperçu de ce qu’était ce monstre : un personnage en scaphandre était en train de tourmenter les héros avec ce qui semblait être de la glace… Mais qui était donc ce « monstre » ?
Quand l’histoire commence réellement on nous explique que le scientifique Darrel Dane (Doll Man dans le civil) et sa fiancée Martha Roberts ont travaillé dernièrement sur un étonnant projet scientifique. Normal : Depuis le début de la série Dane est un savant et Martha Roberts elle-même est la fille d’un génie. On ne s’étonnera donc pas que le couple se soit lancé dans de nouvelles expérimentations. Encore que pour le coup elle soit en dehors de leurs capacités habituelles. Ils viennent de terminer… Une machine à explorer le temps, qui permet d’ouvrir une porte aussi bien vers le passé que vers le futur.
Darrel et Martha sont un peu comme le couple Reed Richards/Sue Storm, mais sans équivalent de Ben Grimm ou de Johnny Storm qui viendraient semer le chaos dans leurs vies. Mais ils n’ont pas encore testé la machine. Il ne reste plus qu’un dernier branchement et Darrel peut alors activer pour la première fois l’engin extraordinaire. L’homme se concentre sur les réglages : « Si j’ai raison, nous devrions pouvoir voir ce que sera le monde 100 ans dans le futur. Je l’ai réglé pour l’an 2053 ! ». Martha, impatiente, presse son fiancé. Elle veut savoir si ca marche…
Darrel actionne un levier mais en lieu et place d’une « fenêtre », c’est un homme qui se matérialise dans la pièce, dans un bruit assourdissant. Dans la foulée la machine temporelle explose. Choqués, Darrel et Martha se demandent d’abord comment l’engin a pu faillir ainsi. Ce n’est qu’après avoir prononcé quelques phrases sur les raisons possibles de l’explosion qu’ils remarquent l’homme qui vient d’apparaître : un homme chauve (avec la tête recouverte par une sorte de scaphandre) qui est tombé par terre. Tandis que Martha se demande d’où il peut sortir, Darrel déclare qu’il ne peut venir que d’un seul endroit : d’une autre époque ! Mais l’inconnu aussi reprend ses esprits. Ils se penchent vers lui pour l’aider mais manquent de se brûler. L’homme les reprend alors sèchement : Non, il ne s’agit pas de brûlures mais de la morsure du gel. A l’intérieur de son costume isolé, son corps est préservé à à peine un degré au dessus du zéro absolu ! Il explique alors que son nom est Frio, qu’il vient de l’an 2053 et qu’il était en train de construire lui aussi une machine temporelle pour explorer le passé. Visiblement leurs deux machines sont entrées en collision. Bientôt Darrel et Martha s’aperçoivent qu’ils grelottent et qu’ils ne pourront pas rester longtemps dans la même pièce que lui. Martha, toujours curieuse, le questionne alors. Pourquoi vit-il à une telle température ? Frio explique qu’il était un scientifique spécialisé dans les technologies du froid mais qu’un jour il est tombé dans sa propre machine… Et qu’il s’est retrouvé dans cet état. Mais ça le fait ricaner…
A ce stade, il nous faut impérativement évoquer un fait que de nombreux lecteurs auront déjà remarqué : Frio est le portrait craché de Mister Freeze (alias Victor Fries), célèbre adversaire glaciaire de Batman. Comme lui il est chauve, il porte la même « cloche à fromage » sur la tête et est obligé de vivre en permanence dans une combinaison qui maintient son corps à basse température. Mieux : Frio est un troublant sosie d’Otto Preminger, l’acteur qui interprète Mister Freeze dans le feuilleton TV Batman. Il ne s’agit pas simplement de deux personnages partageant les mêmes pouvoirs glaciaires (à l’instar d’Icicle). Frio et Mister Freeze ont un véritable air de famille. Oui. Sauf que Doll Man #46 est paru en 1953 et que Mister Freeze (une création de Dave Wood et Sheldon Moldoff) n’a débuté que dans Batman #212… en 1959 ! Frio ne peut donc absolument pas avoir copié sur Mister Freeze et s’il devait y avoir une filiation, elle fonctionnerait donc… dans le sens inverse !
Frio se félicite en fait pour autre chose. En l’an 2053, il n’existe plus d’or (pourquoi ? Ca, mystère !). Frio a donc décidé de remonter le temps en 1953 pour piller la réserve d’or américaine, Fort Knox. Et il ordonne aux deux scientifiques de l’aider. Darrel proteste : « Vous êtes fou ! Nous vous aideront à retourner dans votre ère mais jamais nous ne serons vos complices pour commettre un crime ! ». Frio les menace plus directement : « Soit vous m’aidez, soit vous allez périr d’un coup de super-froid ! Votre science primitive est sans pouvoir contre mes connaissances et ma puissance ! ». Sans perdre de temps, Darrel attrape Martha par le bras et l’entraîne dans la pièce voisine en refermant la porte derrière eux. Disparaissant à la vue de Frio, ils font appel « à leur force de volonté intense » et se réduisent à la taille qui convient aux « combattants atomiques », Doll Man et Doll Girl ! Ne pouvant pas devenir ce qui se passe à l’intérieur de la pièce, Frio utilise ses pouvoirs réfrigérant pour faire tomber en pièces la porte, convaincu de trouver Dane et Roberts. Comme il ne les voit pas (et pour cause), il pense qu’ils sont cachés et décide qu’il lui suffira de geler tout ce qui se trouve dans la pièce. Mais il est passé devant Doll Man et Doll Girl sans les voir et les deux mini-héros en profitent pour tendre une corde. Frio tombe de toute sa hauteur…
Il reconnaît alors ses assaillants : « Doll Man et Doll Girl ! J’ai lu bien des choses sur vos exploits dans nos vieux journaux ! ». Doll Man rétorque : « Alors tu sais à quel point nous le prenons mal quand quelqu’un menace nos bons amis, Darrel Dane et Martha Roberts ! » On comprendra que la phrase a pour but de faire croire à Frio que les scientifiques et les super-héros sont des personnes différentes… Stratégie qui, en théorie, ne devrait pas fonctionner si facilement. Si Frio vient du futur et a lu des choses sur eux, il serait possible qu’il connaisse leur double identité. Comme Frio ne fait pas mine de contredire le héros, il faut croire que même en 2053 l’identité de Doll Man est restée un mystère. Comme tout héros microscopique qui se respectent, Doll Man et Doll Girl ont des corps rendus plus « denses » par leur réduction, phénomène qui tend à expliquer qu’ils conservent leur force normale même dans cet état réduit. De ce fait, ils peuvent bondir sur l’armure de Frio et commencer à lui donner des coups de poing. Personne n’a l’air de réaliser que s’ils arrivaient à briser la cloche transparente qui protège la tête de Frio les deux héros seraient exposés à un froid sans doute mortel. Et Frio lui-même se comporte comme s’il recevait les coups de poing en plein visage, le dessinateur ne prenant pas compte de l’existence de la protection transparente. Mais bien vite Doll Man réalise qu’en le frappant de près, ils s’exposent au froid qu’il diffuse : « Nous ferions mieux de l’attaquer de loin. Nous ne gelons pas comme des gens normaux mais même nous ne pouvons pas résister à ce niveau de froid ». Là aussi, on ne sait pas trop pourquoi Doll Man et Doll Girl seraient plus spécialement résistants au froid (dégageraient-ils plus de chaleur sous prétexte qu’ils sont plus petits ?). Ils s’installent donc sur une étagère d’où ils lancent des bocaux sur Frio. Mais c’est sans grand résultat. Sous l’effet du froid les bocaux se brisent et les produits chimiques qu’ils contiennent gèlent sur place.
Cette fois Frio n’a plus envie de jouer. Il retire un de ses gants et tend la main dans leur direction. Immédiatement le froid ainsi généré est suffisant pour engourdir les membres des deux héros, qui tombent vers un évier rempli d’eau. Et comme Frio s’approche d’eux et que le froid se fait plus intense, Doll Man et Doll Girl se retrouvent pris jusqu’à la taille dans une mare de glace. Ils sont immobilisés. Frio pourrait les achever mais il se ravise. Il préfère ne pas leur épargner une mort lente tandis que lui ira piller la cité. Bientôt il quitte la pièce. Doll Man explique alors à sa compagne : « Que les cieux nous aident ! Cette glace a été crée avec un super-froid, elle tiendra des jours ! Même nos corps ne peuvent tenir très longtemps dans de telles conditions ! Il n’y a qu’une solution Doll Girl ! Respire aussi vite que tu peux tout en essayant de libérer. Il faut utiliser le moindre de nos muscles ! ». Martha comprend : il s’agit de faire monter la température de leurs corps et d’essayer de faire jouer la glace. C’est une tentative désespérée mais ils n’ont que ça, alors…
Pendant ce temps Frio est déjà arrivé dans la banque la plus proche et s’est lancé dans son premier hold-up. Des policiers lui tirent bien dessus mais le froid qu’il émet est si fort que les balles tombent en morceaux avant d’avoir pu le toucher. Et ca ne suffit pas au criminel, qui décide de geler sur place les deux policiers, les pétrifiant pour en faire un exemple. Bientôt, ses mains sont si froides qu’elles désagrègent même la porte blindée du coffre-fort. Malheureusement Frio ne découvre… que du papier, des billets qui n’ont aucune valeur pour lui. Ce qu’il veut, c’est de l’or et de l’argent. Il ressort donc dans le hall de la banque et commence à congeler tous les clients sur son passage : « Il y a de l’or dans cette ville et je le trouverais, même si je dois geler tout le monde ! ».
Pendant ce temps Doll Man est arrivé à libérer un de ses bras. Les deux héros réalisent qu’avec un seul bras libre, ce n’est pas assez pour briser la glace. Mais Doll Man déchire une partie de sa cape pour en faire une sorte de corde. Avec sa main libre, il lance un lasso de fortune de manière à faire tomber une boîte de sel qui se trouve non loin de l’évier. Martha comprend : « Bien sur ! Le sel fait fondre la glace ou au moins l’affaiblit ! ». Finalement Darrel arrive à renverser la boite dans l’évier et, une heure plus tard, ils sont sauvés et libres. Martha est partante pour poursuivre Frio mais Doll Man préfère qu’ils examinent d’abord la machine à remonter le temps. Il réalise qu’une partie est encore en état de marcher et décide qu’ils doivent reprendre leur taille humaine (et leurs alter-egos civils) pour pouvoir la réparer. La machine n’est plus en état de faire voyager quelqu’un dans le temps mais elle peut encore servir à contacter le futur. Bientôt ils y arrivent. Darrel et Martha entrent en contact avec un policier de l’an 2053, qui était chargé de poursuivre Frio, jusqu’à ce qu’il s’échappe au 20ème siècle. Darrel demande alors au policier s’il connaît un moyen de battre le terrible Frio. L’homme du futur explique qu’il y a bien un pistolet à super-chaleur. Il se propose alors d’expliquer à Darrel comment en construire un mais le prévient qu’il faut utiliser de nouveaux métaux et des procédés encore inconnus en 1953. Darrel réalise qu’il n’a tout bonnement pas le temps de se lancer dans une fabrication si longue. Mais la discussion lui a donné une idée. Il téléphone soudain (à qui ? on ne le saura jamais…) pour exiger que tous les vaporiseurs de la ville soient rassemblés au siège de la station KKXX. Martha est convaincue qu’il a perdu l’esprit…
Bientôt les deux héros écoutent à la radio que Frio est en train d’attaquer une bijouterie. Mais au lieu de s’y précipiter leur stratégie est plus sinueuse. De là où ils se trouvent (la station KKXX), Darrel lance un message radio retransmit par des hauts parleurs dans la ville. Il accuse Frio d’être un fantoche et le défie d’attaquer la radio KKXX puisqu’eux connaissent son secret. Darrel explique que Doll Man et Doll Girl le battront facilement et qu’il faut cesser d’avoir peur de lui. Frio devient fou de colère et se rue vers la station KKXX, bien décidé de leur montrer de quel bois il se ch… Enfin de quel glaçon il se refroidit. Pendant ce temps Darrel a actionné tous les vaporiseurs disponibles. L’air est empli d’humidité dans la radio et il devient même difficile de respirer. Au point que Martha a de la peine à respirer. Darrel lui explique alors que tout ça est un vaste piège tendu à Frio et qu’ils feraient mieux de se changer en Doll Man et Doll Girl avant que celui-ci arrive.
Comme de bien entendu Frio ne tarde pas à montrer le bout de son nez (et le reste) dans la station, détruisant les murs à coups de froid. Mais quand il arrive dans la pièce où l’attendent Doll Man et Doll Girl, il a immédiatement du mal à respirer (là aussi le scénario ne semble pas prendre en compte le fait qu’il porte une sorte de scaphandre et que sa respiration est au bas mot protégée). Dans la fumée épaisse, il aperçoit bientôt Doll Man et Doll Girl qui portent une torche à acétylène (forcément proportionnellement énorme par rapport à leur taille). Mais ça ne fait pas peur à Frio. Au contraire ca le fait rire. Doll Man explique : « C’est une des flammes les plus fortes connues de l’homme ! ». Mais Frio contre la chaleur de la flamme par son propre froid. La torche à acétylène elle-même est gelée en quelques secondes… Frio est donc triomphant mais pas longtemps : il est bientôt immobilisé par une sorte de coque de glace qui l’entoure. Doll Man explique que la vapeur d’eau en suspension dans l’air a été gelée par le corps du voleur du futur. Malheureusement Frio a une force énorme et il arrive à faire voler en éclat sa prison de glace. Cette fois il ne plaisante plus et commence à geler tous les objets sur son passage.
Bien sur Doll Man et Doll Girl résistent. Mais ils n’ont pas plus le dessus que pendant la bataille précédente. Bientôt Frio est sur le point de les achever… Quand il est pris d’un malaise étrange. Il commence à sentir comme une fièvre. Il n’a plus du tout froid. Il est même en sueur ! « Juste à temps ! » s’écrie alors Doll Man, qui demande aux opérateurs de la radio de couper les ondes courtes. Mais Frio vient de s’écrouler à terre. Mort. Ce qui n’émeut guère le héros (pendant le Golden Age les justiciers avaient moins de problème avec l’idée d’en finir avec un criminel) : « Peut-être la mort était elle la seule solution ! Vivant il serait une menace perpétuelle ! Mais notre époque et le futur se porteront mieux sans lui ! ». Enfin, Doll Man peut prendre le temps d’expliquer à sa fiancée ce qui vient de se passer (parce que c’est bien connu, le héros mâle doit toujours expliquer à la femme de service les évènements qu’elle est la seule à ne pas sembler comprendre) : En parlant avec le policier du futur il a réalisé que Frio ne supportait pas la chaleur. Doll Man en a déduit que le criminel pouvait résister à la chaleur extérieure… mais pas si elle provenait de l’intérieur de corps. Là, Martha comprend : « Un émetteur sur ondes courtes génère des ondes de chaleur dans le corps ! Tu l’a ralenti assez longtemps pour que les ondes courtes agissent sur lui ! ».
Cette solution qui tient du « deus ex machina » s’explique assez facilement parce que ce récit est l’œuvre de Joe Millard, un scénariste méconnu mais qui fut vraiment très productif pendant les années 40 et 50. Bill Woolfolk, un auteur lui-même très actif à cette période, disait (dans des propos repris dans Fawcett Companion: The Best of Fca) que Millard était un des scénaristes les plus rapides qu’il connaissait, capable d’écrire jusqu’à deux ou même trois histoires différentes dans une même journée. Le secret de la rapidité de Millard venait du fait qu’il refusait de dresser un plan de l’histoire (dans Fawcett Companion: The Best of Fca il rapporte qu’il avait même un « plan type » qu’il fournissait quand un éditeur s’inquiétait de savoir à quoi ressemblerait le récit, plan que Millard se dépêchait ensuite de ne pas utiliser).
Le productif Millard préférait traiter ses histoires de manière organique, de se lancer dedans sans savoir comment il finirait… Et, forcément, c’est à une ou deux pages de la fin que la question se posait. Ce qui ne donnait pas forcément de mauvais résultats car Millard était par ailleurs un romancier confirmé (il fait partie des auteurs de SF que Mort Weisinger a injecté dans l’univers des comics). Millard écrivait aussi beaucoup de BD de western. Et, plus tard, c’est lui qui écrirait les livres dérivés (les « novelizations ») de For a Few Dollars More ou même de The Good, the Bad and the Ugly (« le Bon, la Brute et le Truand »). La méthode anarchique de Millard transparait ici car il y a d’une certaine manière deux épisodes en un. Là où la plupart des auteurs se seraient contentés de centrer le récit sur un criminel venu du futur et auraient gardé l’idée de l’homme frigorifique pour un autre épisode, Millard y va à fond…
Mais retrouvons Doll Man et Doll Girl pour la scène finale : Plus tard, alors qu’ils ont retrouvé leurs vêtements civils, Martha demande à son fiancé s’il reconstruira sa machine temporelle. Mais Darrel ne veut plus en entendre parler : « Jamais Martha ! Je pense que nous avons assez de crimes et de violence aujourd’hui pour nous occuper ! Nous ferons face au futur quand nous l’atteindrons de manière normale ! ». Et ainsi se termine la courte carrière de Frio, l’homme du futur… et sosie accidentel du Mister Freeze des aventures de Batman. Encore que, si on sait bien y regarder, cet épisode « futuriste » ne se contente pas seulement d’annoncer le concept d’un futur criminel publié par DC Comics. On sait de longue date qu’Atom (Ray Palmer) le héros miniaturisé que DC Comics a lancé ensuite, dans les années 60, a été inspiré non pas par le Atom du Golden Age (celui qui était membre de la Justice Society of America) mais bien par Doll Man. Pouvoirs, couleurs du costume… Tout y est passé, sous l’impulsion du dessinateur Gil Kane qui trouvait plus sympathique de reprendre le concept de Doll Man plutôt que de s’inspirer du premier Atom. Mais si vous avez lu les lignes précédentes de manière attentive, vous aurez vu que le surnom du duo Doll Man/Doll Girl était… les « combattants atomiques », en référence à leur petite taille. On voit donc très bien où Gil Kane a pu trouver l’idée de créer un nouvel équivalent de Doll Man qui serait baptisé Atom.
Mieux: dans la série Atom des années soixante, le héros ne tarde pas à rencontrer (dans Atom #3 (1962) un certain Alpheus Hyatt, qui est l’inventeur de la Time Pool (« la piscine temporelle »), une ouverture dans le temps qui est si petite que seul Atom peut espérer s’y glisser pour voyager à travers les époques. A quelques années d’écart, les deux mini-héros vont donc se retrouver avec une technologie permettant de remonter le temps, soulignant encore à quel point Atom est inspiré par Doll Man. La différence est que la Time Pool s’avèrera un élément assez populaire pour que Ray Palmer, au lieu de la détruire, préfère continuer de s’en servir très régulièrement dans ses aventures. De quoi voir en Doll Man #46 le prototype de différents éléments qui allaient par la suite faire partie intégrante de la mythologie de DC Comics…
[Xavier Fournier]