1987. Keith Giffen et J.M. DeMatteis (aux scénarios), assistés de Kevin Maguire (au dessin) viennent de refonder la Justice League après un crossover nommé Legends. L’ennui c’est qu’à l’époque l’univers DC se remet encore de l’après-Crisis. On réinvente pratiquement toutes les légendes. Des personnages comme Superman ou Wonder Woman sont bloqués par les relances de leurs propres titres. Giffen et DeMatteis prennent alors le parti d’utiliser les personnages qui restent disponibles et de laisser parler l’humour. Pour la plupart, il s’agit de héros secondaires voir tertiaires alors autant utiliser l’auto-dérision. Et puisque le vrai Green Lantern (Hal Jordan) est accaparé ailleurs, autant prendre son homologue taré, le dénommé Guy Gardner, sorte de fanatique réactionnaire. L’ennui c’est que Guy Gardner n’accepte d’ordre de personne. Déjà, quand il gravitait autour de la série Green Lantern, il était une nuisance constante pour Hal Jordan. Alors quand Guy, à l’issue de Legends, se voit proposer d’intégrer la Justice League, il se voit déjà diriger l’affaire. Le souci, c’est que dans cette « Funny League » (pas encore appelée Justice League International), il y a quand même un certain Batman connu pour donner des ordres. Officiellement, le leader c’est le Martian Manhunter, au tempérament plutôt calme. Mais quand Batman est dans la salle, peu de gens sont dupes : le vrai donneur d’ordres, quand les affaires se corsent, c’est le justicier/chauve-souris de Gotham.
Revenons au QG de la Justice League ou Guy s’écrie qu’il en a marre. Dans la salle de réunion, devant le reste de l’équipe, il prend à parti Batman. L’homme chauve-souris n’a t’il pas compris que c’est Guy le leader naturel de l’équipe ? Batman, glacial, rétorque qu’il préférerait encore donner le commandement de l’équipe à Captain Marvel (sachant que dans le civil ce Captain est un enfant pré-adolescent, Billy Batson, ça n’est pas à prendre comme un compliment). Et tandis que Guy discute encore, Batman lui dit qu’il est temps d’arrêter de se comporter en débile. Furieux, Guy décide de régler ça d’homme à homme, sans s’aider des super-pouvoirs donnés par sa bague de puissance. Il pose l’anneau, le confie à Blue Beetle. Mais Batman enfonce encore le clou en lui disant qu’il n’est qu’une grande gueule : un chien qui aboie mais ne mords pas. Cette fois déchaîné, Guy s’élance sur Batman, le poing en avant. Tournons la page pour découvrir…
Le poing de Batman qui s’abat sur Guy avant que celui-ci ait pu faire quoi que ce soit. Guy s’écroule inconscient, devant le reste de la Justice League, complètement hilare. Mais très vite, la League est déjà passé à autre chose. L’écran de la salle de surveillance s’est animé de manière mystique, affichant une large bouche. C’est le moyen qu’a trouvé Doctor Fate pour prévenir ses alliés, malgré sa captivité. Il les prévient au sujet de l’Homme Gris et toute l’équipe (sauf Guy, toujours inconscient sur le sol) s’envole vers la ville où le mécréant se cache. Mais ce n’est pas l’histoire de l’Homme Gris qui fait de ce numéro un classique…
Cette scène ou Batman terrasse un Guy ridicule est le début d’une véritable « tradition du coup de poing » qui s’instaurera au sein de la Justice League, donnant lieu à de nombreuses parodies de la couverture de ce #5. D’ailleurs la scène montrant Hal Jordan donnant un coup de poing à Batman dans la série Green Lantern : Rebirth est une sorte de retour de manivelle dont les racines se trouvent dans cet épisode de 1987. Précisons de plus que dans les mois qui suivront, après s’être tapé la tête une deuxième fois en essayant de se relever, Guy Gardner s’occasionnera un traumatisme cérébral le transformant en… simplet. Pendant environ un an, il sera comme un gentil toutou, dégoulinant de naïveté. Il ne retrouvera sa personnalité de furieux qu’après un combat contre Lobo, dans lequel ce dernier lui assénera un nouveau coup violent. Juste ce qu’il fallait pour lui remettre les idées en place. Allez savoir si Guy Gardner n’est pas à la merci d’un futur coup de tête qui lui rendrait cette mentalité béâte…
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