Oldies But Goodies: Marvel Boy #1 (Dec. 1950)
15 février 2014[FRENCH] Les jeunes lecteurs durent se demander qui était ce héros vêtu de rouge et de bleu qui s’élançait vers l’action en décembre 1950. La couverture leur affirmait qu’il s’agissait d’un garçon venu d’un autre monde « enfin dans son propre magazine ». Sauf que personne ne l’avait spécialement réclamé puisqu’il s’agissait d’un personnage inédit. Avec Marvel Boy (troisième du nom chez Marvel Comics), est-ce que l’éditeur cherchait à lancer son équivalent de Superboy ? Oui et non…
« En l’espace de quelques heures deux évènements inattendus se déroulèrent sur Terre ! Premièrement l’apparition de Marvel Boy ! Il vint de l’immensité de l’espace lointain, pour une étrange mission sur notre planète. Deuxièmement la nouvelle sidérante qui fit vibrer les câbles de communications et étonna le monde… Le retour d’un continent perdu, latitude 50, longitude 5 ! De quelle manière ces deux évènements grandioses allaient-ils se rejoindre pour former une grande aventure ? Ne manquez pas ce spectaculaire témoignage du Continent Perdu ! ».
C’est avec ces mots que débute Marvel Boy #1 en 1950. Marvel Boy, comme les lecteurs attentifs de cette chronique l’auront déjà compris, n’était pas un nom nouveau chez Marvel Comics qui, dans les années 40, avait déjà publié deux éphémères héros portant ce nom (les chroniques liées à Marvel Boy 1 et Marvel Boy 2 étant consultables respectivement ICI et ICI). Les deux versions n’avaient pas fait long feu et il peut paraître de voir quelques années plus tard Marvel « remettre le couvert » pour un troisième Marvel Boy, qui plus est en lui donnant cette fois directement sa série. Ce n’est pas comme si les lecteurs avaient pu être fidélisés à la suite des précédentes tentatives. Nous verrons un peu plus loin le pourquoi du comment. Ce qui importe c’est que dans les premières l’histoire se fixe surtout sur cet aspect de « Continent Oublié »…
Le récit démarre réellement quand on nous montre une terrible tempête ravageant le sud de l’Atlantique. L’équipage d’un bateau est désespéré, voyant arriver vers lui des vagues géantes dignes d’un tsunami. Les marins croient leur dernière heure arrivée : « C’est le jour du jugement dernier ! », « C’est la fin du monde ! ». Bientôt le bateau semble disparaître dans un tourbillon. Dans le ciel, un avion n’est pas plus heureux. Dans la tempête le pilote ne peut se diriger et va devoir s’écraser dans les vagues, son second étant conscient que par un temps pareil ils n’ont aucune chance sur un radeau de survie. Mais, soudain, comme dans un cauchemar, une masse de terre émerge de l’océan. Et la masse s’étend de plus en plus, tellement que l’œil humain ne voit plus que ça. Au centre de ce pays inconnu, on retrouve un navire (qui ne semble pas être celui qu’on observait plus tôt mais à qui, visiblement, la même mésaventure est arrivée). Le bateau est posé sur le sol, à sec. Un des marins s’écrie « Comte Varron ! Regardez ! Il n’y a pas de mer ! Nous sommes soulevés par de la terre ! ». Son interlocuteur s’étonne « C’est impossible ! Il n’y a pas de terre à moins de 3000 miles d’ici ! ». Oui enfin… Moi je veux bien mais peut-être aurait-il mieux valu que les auteurs, dans leur zèle, ne se fussent pas amusés à évoquer la position de ce continent dès la page d’intro. Car si on regarde « latitude 50, longitude 5 » on tombe sur Daverdisse… en Belgique ! Pas vraiment le sud de l’Atlantique ! Mais enfin mettons que nos amis les marins sont secoués par les évènements et, choqués, disent un peu n’importe quoi.
Pour l’instant la question qui secoue le monde entier c’est… d’où viennent ces vagues géantes qui se déversent sur les côtes ? Finalement les scientifiques, qui ont visiblement fait la même école que les marins (ou sont vraiment eux aussi très choqués) en arrivent à la même conclusion : Longitude 5, latitude 50, un nouveau continent vient d’émerger ! Et là, comme pour nous convaincre qu’on est quand même face à une belle équipe de bras cassés, un des collègues du savant s’exclame « Un nouveau continent ? Un septième ? ». En admettant qu’on compte les plaques continentales habitées (l’Eurasie, l’Afrique, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Océanie) et l’Antarctique, on arrive à six continent connus. Tout continent « nouveau » ne peut donc être que le septième, à moins d’imaginer que ce soit une nuit particulièrement chargée au labo et qu’on s’amuse à y découvrir un continent tous les quarts d’heure. « Un nouveau continent ? Un septième ? » est donc une belle lapalissade. Bientôt la nouvelle traverse le monde et toutes les grandes puissances se précipitent pour essayer de s’emparer de cette terre vierge. Dans le contexte de la Guerre Froide on nous montre bien sûr que les Soviétiques, les Américains, les Anglais, les Chinois et même les Français (on voit un avion portant le drapeau tricolore) sont sur les rangs. C’est que les lois internationales font que le premier à y poser le pied obtiendra aussi les droits d’exploitations des terres. Et allez savoir quelles richesses naturelles ce septième continent peut cacher.
Mais par un coup du sort le premier sur les lieux, c’est le Comte Varron et son équipage. Seulement Varron est un caïd de la pègre et ses marins sont en fait des criminels de la pire espèce. Varron réalise bien vite que le « naufrage » de leur bateau et sa réapparition au milieu du Continent Perdu peut faire d’eux des hommes riches. Il en effet très au courant des lois internationales : « Vous entendrez bientôt le bruit de centaines d’avions, qui viendront de centaines de pays ! Tous voulant réclamer cet endroit ! Des Hudson, des Magellan, des Cabot, des Desotos du vingtième siècle ! Mais c’est trop tard ! Car le premier explorateur est déjà là ! Moi, le Comte Varron, ai déjà découvert ce grand continent ! Et il est à moi ! Car je suis un citoyen sans pays d’attache ! ».
Tout ça est fort intéressant me direz-vous mais on nous avait promis un Marvel Boy et nous n’en voyons pas l’ombre ! Et bien justement, à ce moment-là, les auteurs décident de changer de contexte. Car la découverte de Varron dépasse de loin les limites de la Terre. Car on peut capter les informations terrestres. Au delà de la Lune et dans les « recoins lointains de l’univers »… « Tous ceux qui ont des oreilles » (et on serait tenté d’ajouter « et un cerveau ») peuvent prendre connaissance de cette grande découverte. Même sur Uranus, la septième planète du système solaire (vous comprenez l’astuce ? septième continent donc septième planète), on reçoit la nouvelle. Car il y a des gens qui vivent sur Uranus ! Dans un observatoire uranien, on retrouve alors le professeur Matthew Grayson, porté disparu sur Terre depuis 1934 ! Il est bientôt rejoint par son fils, Bob, un jeune gaillard blond qui a des airs de statue romaine. Le professeur Grayson demande d’abord à son assistant, Denga, de les laisser seuls. Le savant dit à son fils qu’il a beaucoup de choses à expliquer mais qu’il ne sait par où commencer. Bob le reprend : « Tu veux dire sur le fait que je sois un être terrien, comment nous sommes venus sur Uranus et pourquoi tu as toujours l’air si triste alors que je te sais heureux ici ! ».
Fièrement, Matthew Grayson dit à son fils « C’est inutile de chercher à te cacher quoi que ce soit, Bob ! Comme tous les Uraniens, ton Q.I. est impressionnant, bien au delà de ce que n’importe quel terrien peut espérer ! Et tu as le don des Uraniens pour la télépathie mentale ! Tu peux presque lire mes pensées ! Tu es un vrai Uranien ! ». On notera à nouveau le style du scénariste, sa manière à doubler les informations. Après le nouveau continent qui peut-être est le septième, on a droit ici à de la « télépathie mentale » (c’est un peu comme si on parlait d’eau mouillée) et qui plus est une « télépathie mentale » qui sert presque à lire dans les pensées. A quoi bon une télépathie – qui plus est mentale – si elle ne sert pas réellement à lire dans les pensées ? Mais Bob ne contredit pas son père. Il se contente de dire humblement que ses dons sont normaux puisqu’après tout cela fait dix-sept ans qu’il vit sur Uranus avec lui. Matthew Grayson acquiesce. Mais il reconnait que dernièrement ses pensées ont été ailleurs… à des millions d’années-lumière de là, tournées vers leur monde d’origine, la Terre. Mettons que le professeur Grayson parle au figuré quand il évoque des « millions d’années-lumière » car si Uranus n’est pas la porte à côté par rapport à la Terre, on est quand même loin d’une distance qui se compterait en années-lumière.
Bob demande alors à son père de lui en dire plus. Lui aussi a été pris de mélancolie dernièrement. Le Professeur, visiblement au courant des dernières nouvelles, explique alors à son fils que certaines choses sont en train de se produire sur Terre. Des choses terribles ! Et il ne peut pas rester les bras croisés. Ou plutôt c’est Bob qui ne doit pas rester les bras croisés, car il est son fils, l’héritier de ses espoirs, de ses rêves et même… de ses responsabilités. Après cette mise en bouche viennent alors réellement les explications de papa Grayson concernant leur présence sur Uranus. Il se souvient d’un jour en 1934. Il y avait sur Terre un tyran nommé Hitler qui menaçait le monde ! « A la fin il a échoué mais lui et son gang ont tué des millions de personnes innocentes avant qu’on les arrête ! Et ta mère était l’une des victimes, Bob ! ». La scène montre alors Matthew Grayson, professeur à la Van Dyke University, apprenant par télégramme que l’avion civil transportant sa femme et sa fille a été détruit par un tir nazi. On lui confirme que son épouse et sa fille sont mortes. Après cette tragédie, le professeur n’a plus envie de continuer à vivre comme auparavant. Et il ne veut pas que son fils grandisse dans le monde tyrannique qui a tué sa mère. Il décide donc de mettre à profit sa connaissance de l’énergie atomique. Matthew Grayson construit alors un vaisseau interplanétaire. On le voit en train d’expliquer à son fils (alors que celui-ci n’est encore qu’un bambin) qu’il y a assez d’uranium dans cette fusée pour les emmener sur la Lune. Bientôt, c’est l’heure du décollage. « L’énergie atomique était ma spécialité ! J’avais mes théories privées à propos de l’étonnant pouvoir de l’uranium bien avant que la première bombe A n’explose sur Hiroshima ! Je les ai mises à profit pour construire un vaisseau assez grand pour deux ! Un jour j’ai pressé le bouton et… ».
La fusée décolle mais les choses ne se passent pas réellement comme prévu. Malgré ses préparatifs Matthew perd conscience et quand il revient à lui, ils ont pratiquement déjà atteint la Lune. Mais quelque chose d’étonnant se produit. La fusée effectue un virage à angle droit et prend alors une autre direction, comme si un aimant l’attirait non pas sur la Lune mais vers… Uranus. Uranium/Uranus, vous avez saisi ? Matthew raconte : « Je n’aurais jamais pensé que l’uranium servant à mon vol serait attiré par l’immense concentré d’uranium qui forme la croute de la planète Uranus ! ». En un sens tant mieux pour les Grayson car, à moins d’avoir emmené des vivres pour dix-sept ans, ils allaient vite découvrir que la Lune n’était pas vraiment propice à la vie. Mais inversement, avec le recul, on touche encore ici à une des nombreuses incohérences scientifiques de ce récit. Marvel Boy est un pur héros de l’ère atomique, quand l’Amérique pensait encore que les radiations tuaient les méchants mais que les bons pouvaient les dompter et n’avaient rien à en craindre. En décrivant Uranus comme saturée d’uranium au point que ses radiations frôlent la lune, le père Grayson n’a pas l’air de réaliser qu’il aurait du mourir irradié après avoir posé le pied sur une telle planète. Il a quand même le temps de la trouver si aveuglante qu’il se demande avec angoisse si ce n’est pas une immense sphère de feu (dommage là aussi pour l’aspect scientifique, Uranus est en fait une des planètes les plus froides du système solaire). A son grand soulagement il n’en est rien. Quand il atterrit sur Uranus il découvre même que ce monde est habité pas des êtres à l’apparence humaine. Les Uraniens ont l’apparence d’êtres angéliques. Ils sont fondamentalement bons, serviables et ultra-intelligents. Sur Uranus c’est la paix qui règne et les habitants sont si intelligents qu’ils sont télépathes. Ils comprennent que la guerre, la vanité et l’avarice sont des folies. Ils adoptent vite Matthew et Bob comme faisant partie des leurs et c’est ainsi que les Grayson ont vécus sur ce monde ces dernières années.
Le vieux Matthew explique qu’il n’a pourtant jamais oublié sa planète natale. Il n’a cependant aucun désir d’y retourner. Et quand bien même il ne le pourrait pas. Les voyages interplanétaires exigent une constitution robuste qu’il n’a plus. Bob – le télépathe mental qui lit presque dans les pensées – devine alors où son père veut en venir. Serait-il en train de lui expliquer qu’il veut lui confier une mission à remplir sur Terre. « Tu as lu dans mon esprit ! » s’exclame le professeur « Oui, Bob ! La Terre est en mauvais état ! L’Homme ne peut trouver son chemin vers la paix et la droiture ! Il a besoin d’aide ! ». Bob poursuit « Je comprends, Papa, tu veux que j’aille sur Terre de manière à la sauver de l’autodestruction, en combattant tous les éléments mauvais, politiques et criminels, qui veulent la détruire ! ». Ne croyez pas que Bob est en train de dire d’une manière générale que les politiques et les criminels c’est là même chose. Mais dans le contexte de 1950, si on parle de mauvais politiciens qui veulent détruire la Terre, il s’agit forcément des communistes. On est donc là aussi clairement dans un comic-book créé en plein Guerre Froide.
Bob est tenté par la proposition. Lui aussi se sent une obligation morale envers la Terre. Et puis il est curieux de voir son monde natal. Le professeur lui explique alors qu’il va lui montrer les préparatifs liés à son voyage mais il le prévient aussi : « Premièrement, Bob, tu serras plus malin que la plupart des hommes sur Terre ! Ton entraînement à la télépathie mentale te permettra de raisonner avec toute créature existante ! Tu seras capable de courir plus vite et de te battre plus durement qu’un homme mortel mais… c’est tout ! ». En gros on nous explique que Bob aura, en plus de ses dons mentaux, une endurance et une rapidité supérieure à la normale. Il convient d’insister sur le terme d’endurance et de ne pas le confondre avec la force. Car son père le prévient : « Quand tu arriveras sur Terre, la différence d’atmosphère te rendra plus faible que n’importe quel homme mortel ! Pour parer à la perte de tes pouvoirs, tu dois prendre une de ces pilules toutes les 24 heures. Sans ces pilules tu pourrais même en mourir ! ». Assez curieusement cet élément fait écho aux débuts du Captain Marvel Kree dans Marvel Super-Heroes #12 en 1967, quand cet autre héros créé par Stan Lee et Gene Colan était tenue d’absorber des pilules pour lui permettre de vivre sur Terre. Sagement, Bob promet de les attacher à sa ceinture, de manière à ne pas les perdre. Visiblement la Terre a beau être son monde natal, il s’est si bien acclimaté à Uranus qu’il y est plus à l’aise. Mais bizarrement Bob et le scénariste ne mentionneront plus cette histoire de pilule à prendre, comme un talon d’Achille qu’on aurait prit la peine de ménager mais qu’on aurait aussi vite oublié. Et son père lui offre une dernière arme : des bracelets munis de joyaux qui émettent de la lumière. De quoi temporairement aveugler ses ennemis. Mais ça ne peut pas tuer. Matthew Grayson insiste : « Tu ne dois pas tuer, Bob, sauf si c’est pour défendre une vie innocente ! ».
Reste alors à parer Bob d’un uniforme qui convient à sa mission. Il s’agit d’une tenue rouge, bleu et jaune (cette dernière couleur étant surtout représentée par un large logo en forme de torche sur sa poitrine). Son père le trouve « Merveilleux », ce qui lui vaudra au bout de quelques cases le surnom de Marvel Boy. Puis il est temps pour le nouveau héros de partir vers la Terre à bord d’une soucoupe volante rouge (dans des aventures ultérieures Marvel Boy utilisera plutôt une fusée nommée Silver Bullet, la « balle d’argent« ). Ce départ clôture la séquence d’origine du nouveau Marvel Boy… et ici il convient de faire une pause le temps de parler des influences et de la finalité du personnage. Si le dessinateur d’origine est Russ Heath, on ne connait pas clairement l’identité du scénariste. Longtemps la plupart des gens est partie du principe qu’il s’agissait de Stan Lee mais ces dernières années Marvel s’est abstenu de le créditer dans les réimpressions de cet épisode. Et à ma connaissance Stan Lee lui-même n’a jamais donné d’interview qui tendrait à confirmer qu’il est l’auteur (vous me direz qu’inversement il n’a pas infirmé cette théorie non plus).
Il existe cependant deux autres candidats plausibles pour la création de ce personnage qui, a bien des niveaux, semble avoir été créé pour surfer sur la popularité de Superboy. Lancé vers 1945 chez DC, la version adolescente de Superman avait sa propre série depuis mars 1949. Or, on constate que l’origine de Marvel Boy c’est un peu celle de Superboy mais montée à l’envers. Matthew Grayson tient le rôle d’un Jor-El qui veut sauver son fils du danger de leur monde originel et l’entraîne sur une autre planète où le gamin héritera de divers pouvoirs. Et finalement Marvel Boy récolte un costume rouge et bleu, avec une grande tache jaune là où normalement, chez DC, on aurait mis un S doré… Qui plus est Marvel Boy/Bob Grayson entretient un certain degré de ressemblance avec un allié de Superboy apparu en 1951 chez DC : Marsboy, une création de William Woolfolk. Comme son nom l’indique Marsboy n’est pas basé sur Uranus mais bien sur Mars, c’est cependant un jeune surhumain descendant de terriens qui se sont installés sur Mars après la disparition du continent perdu de Mu. Et vu que là aussi on nous parle de continent perdu, il y a divers signaux qui font qu’on pense forcément à Woolfolk en lisant les débuts de Marvel Boy. D’autant que Woolfolk travaillait également pour Marvel Comics à la même époque. Encore qu’il est aussi possible que Marvel Boy soit bien la création de quelqu’un d’autre et que Woolfolk s’en soit plus ou moins inspiré après coup, son Marsboy datant d’un an plus tard. Le contre-point de cette théorie est que Woolfolk prenait des notes méticuleuses de son travail chez les éditeurs et qu’aucune trace n’existe d’un scénario qu’il aurait écrit pour Marvel Boy.
Le troisième suspect est un auteur qui travaillait pour Marvel à l’époque mais qui est plus connu pour ses histoires parues chez DC. Bill Finger, le co-créateur de Batman, écrivait à l’occasion lui aussi des aventures de Superboy. Il est arrivé que Marvel lui confie des lancements de concept (par exemple c’est lui qui aura la responsabilité d’écrire le premier véritable épisode de l’All-Winners Squad). Et surtout Finger était aussi le co-créateur du sidekick de Batman, le jeune Robin, de son vrai nom… Richard Grayson. Du coup Finger prend lui aussi des allures de bon candidat à la création d’un personnage nommé… Robert Grayson ! Plus fouillis que Woolfolk, Finger était du genre à produire des scénarios sans forcément garder des traces et, comme je l’ai déjà évoqué dans d’autres chroniques, Finger était du genre à faire chez Marvel des pieds-de-nez à son travail chez DC (la création d’un de Catman de Marvel semble bien avoir été l’occasion pour lui de faire une parodie meurtrière de Batman). Il est pour l’heure impossible de trancher entre ces trois auteurs mais les deux derniers ont pour eux des arguments au moins aussi solides que l’ancienne version officielle liée à Stan Lee.
Pendant ce temps sur Terre le Conte Varron s’est déclaré conquérant du continent qu’il baptise Varronland, insistant sur le fait que puisqu’il est sans nation (à cause de son casier judiciaire la Russie, la Turquie, la Hongrie, l’Allemagne et bien d’autres pays ont refusé de lui accorder leur nationalité). Et il explique que la Bosnie, son pays natal, n’existe plus (En 1950 la Bosnie n’est pas un pays à part entière mais est alors englobée dans la République fédérative populaire de Yougoslavie). Visiblement cette explication suffit à tous les pays concernés, qui semblent laisser tomber l’affaire (alors que si vraiment il y avait des « centaines de pays » prêts à s’emparer du continent, il serait facile de déclarer la guerre à Varronland – qui n’est occupée que par une vingtaine de marins – et de conquérir le continent en quelques minutes).
Mais il y a une personne qui n’a rien à faire des lois internationales. Marvel Boy survole Varronland et reconnaît immédiatement un navire pirate (allez savoir comment quelqu’un élevé sur Uranus est capable de faire la différence entre un bateau marchant et un navire pirate… est-ce qu’il existe seulement une marine sur Uranus ?). Sans perdre de temps Marvel Boy se pose et… est salement accueilli par les marins, qui lui expliquent qu’il est sur une propriété privée. Ca n’impressionne pas le garçon, qui demande de quel droit Varron s’est octroyé cette terre. Réalisant (sans doute par sa « télépathie mentale ») que ces hommes sont mauvais et prêts à tuer s’il le faut, Marvel Boy utilise alors ses bracelets pour les aveugler. Puis il leur saute dessus et les roue de coups avant qu’ils puissent réagir. Un des marins se lamente « Je suis aveugle ! ». Marvel Boy lui répond alors « Non ! Tu es seulement temporairement choqué par la radiance atomique ! ». Puis Bob Grayson tente de faire parler un autre homme, qui fini par avouer que Varron est parti explorer l’intérieur du continent. Le prisonnier commente « Peut-être que vous êtes d’une autre planète. Je n’ai jamais vu aucun gars sur Terre se battre comme vous le faîtes ». Avant de redécoller, Marvel Boy lui rétorque : « Et moi je n’ai jamais vu quelqu’un sur Uranus se battre comme vous ! La haine n’existe pas sur Uranus ! ». En fait c’est faux car on se rendra compte dans des épisodes ultérieurs qu’il n’y a pas que des enfants de chœur sur Uranus. Mais enfin bon mettons que là, pour le coup, Marvel Boy y croit. A peine la soucoupe à nouveau dans les airs, les marins reprennent du poil de la bête et tentent de lui tirer dessus. Sans résultat.
Là, l’histoire introduit un nouvel élément fantastique. Alors que Marvel Boy survole le continent à la recherche de Varron, il voit d’étranges silhouettes sortir de trous dans le sol. Il s’agit de créatures humanoïdes à la peau couverte d’écailles vertes. Les nouveaux arrivants portent des scaphandres. Un des hommes verts pointe le doigt vers la soucoupe et dis à son chef : « Protus ! Regarde ! ». Mais le leader se veut rassurant. Après tout rien ne dit que les gens de la soucoupe soient des ennemis. Se posant à nouveau, Marvel Boy réalise que ce sont les habitants indigènes du continent : « Ca change tout ! Un pays appartient toujours à ses habitants ! Ni Varron ni aucune nation ne peuvent réclamer ce continent désormais ! ». Marvel Boy venant d’Uranus, il n’a visiblement jamais entendu parler des amérindiens. Sentant sa bonté (ils sont sans doute eux aussi des « télépathes mentaux »), les hommes verts se confient à Marvel Boy. Ils expliquent que leur peuple vivait à la surface jusqu’à il y a 1200 ans, quand un séisme a fait que leur continent bascule sous les eaux. Des millions de gens sont morts mais il y eux quelques survivants dont ils descendent. Leur peuple a d’abord été piégé dans des cavernes pendant des siècles, respirant grâce à des cheminées naturelles qui remontaient à la surface. Mais il y a 300 ans une grande tempête a bouché l’arrivée d’air. Heureusement pour eux, entretemps, les survivants avaient pu s’adapter à la respiration sous l’eau. D’ailleurs la présence des scaphandres montre qu’ils ne peuvent plus respirer l’air.
Pendant cette discussion, Varron et ses hommes se sont approchés à couvert. Ils aperçoivent les « hommes-poissons » et réalisent la situation. Cependant Varron et ses hommes comprennent également vite que si les hommes-poissons trouvaient la mort, là tout de suite, le problème serait vite réglé. Ils ouvrent alors le feu et certains des hommes-poissons tombent sous les balles. Le bras droit de Protus crie à son chef : « Vois comment notre peuple se meurt autour de nous ! Cela vient d’avoir voulu croire des étrangers ! Ils n’en veulent pas seulement à notre terre, crétin de Protus, mais aussi à nos vies ! ». Incapable de comprendre le contraste entre la bonté ressentie dans Marvel Boy et ces actes, Protus, pris de panique, ordonne que les siens se mettent à l’abri dans des grottes. Marvel Boy arrive à la conclusion que les tirs ne peuvent venir que de Varron. A nouveau Marvel Boy fait usage de ses bracelets lumineux, qui aveuglent les tireurs…
Ayant perdu son avantage, Varron se dépêche de prendre un otage. Il s’agit d’une femme-poisson (ça doit être l’équivalent aquatique de la Schtroumpfette car c’est la seule femelle de l’espèce qu’on verra dans cet épisode) qui n’a pas eu le temps de se mettre à l’abri. Varron ordonne à Marvel Boy de laisser ses hommes ou il tuera la femme verte. Marvel Boy se résigne donc et Varron, sentant que ce « Golden Boy » est du genre à tenir sa parole, laisse la fille s’enfuir. Lui et ses hommes retournent alors vers le navire (sans faire mine de tirer sur Marvel Boy, qui n’est pourtant pas à l’épreuve des balles). Varron a d’autres soucis plus immédiats. Tant que les hommes-poissons existent, il ne peut pas réellement revendiquer le continent. Et ils se sont repliés dans des grottes sous le sol. Il veut donc récupérer de la dynamite et les faire exploser, même s’ils se cachent hors d’atteinte.
Resté seul près des grottes, Marvel Boy tente de renouer le contact avec les hommes-poissons et leur montrer qu’il est leur ami. Mais quand il tente d’entrer dans la grotte en plaidant sa bonne foi, les hommes verts le menace de leurs armes (des tridents, forcément) en lui expliquant qu’ils ne veulent rien avoir à faire avec lui et qu’ils ont changé d’avis. Ils ne veulent plus vivre à la surface : « Nous étions heureux quand nous vivions sous l’eau ! Alors nous allons sceller ces cavernes et retourner vivre dans les niveaux les plus profonds ». Marvel Boy réalise qu’il ne peut plus raisonner avec eux. Il décide de chercher les avions des autres nations, de capturer Varron et reconstruire ainsi la confiance du peuple-poisson. Les hommes de Varron voient passer la soucoupe dans le ciel. Ce qui pousse Varron a travaillé encore plus vite. Il faut profiter du fait que Marvel Boy est ailleurs pour utiliser la dynamite et détruire les hommes-poissons.
Une heure plus tard, Marvel Boy est en train de discuter avec les premiers aviateurs des autres nations qui viennent de se poser sur le continent oublié. Mais les discussions sont interrompues par un séisme. Marvel Boy se souvient de ce que les hommes-verts lui ont raconté. 1200 ans plus tôt le continent a disparu sous les eaux suite à un tremblement de terre de ce genre ! Peut-être que la chose va à nouveau se produire ! Marvel Boy ordonne donc aux aviateurs de redécoller pendant qu’il va voir ce qu’il en est. Comme c’est la première mission de Marvel Boy sur Terre et qu’il n’a rien prouvé aux gens de ces autres nations, on peut s’étonner qu’ils lui obéissent si facilement. En approchant en soucoupe des grottes des hommes-poissons, Marvel Boy comprend ce qui s’est passé. En essayant d’utiliser de la dynamite, Varron a provoqué une secousse qui prend une ampleur gigantesque. Le continent va replonger sous la surface ! Tandis que l’eau emporte les hommes de Varron, Marvel Boy tente d’aider les hommes-poissons. Mais Protus lui explique qu’ils vont simplement retourner vivre sous l’eau « Peut-être qu’un jour, quand la surface sera un meilleur endroit pour vivre, nous reviendrons ! ». Non loin de là, Varron et ses hommes sont en train de se noyer dans des eaux infestées de requins. Varron est devenu fou et hurle jusqu’à la dernière minute que tout le continent lui appartient !
Bientôt il ne reste plus qu’un tourbillon là où il y avait de la terre. La soucoupe de Marvel Boy survole l’eau et le héros ne peut que constater qu’il n’y a plus de trace de Varronland : « Peut-être est-ce pour le mieux ! Car s’il y a d’autres bêtes que le Conte Varron dans ce monde ou dans d’autres, ma bataille contre le Mal vient juste de commencer ! ». Ce n’est effectivement que le début pour Marvel Boy mais sa carrière se compliquera vite, sa série s’arrêtant dès le deuxième numéro. Le héros sera alors transféré vers l’anthologie Astonishing (en fait Astonishing démarre directement au numéro #3, reprenant la suite de la numérotation de Marvel Boy). Souvent on s’en tient à dire que le titre Marvel Boy a simplement été un échec mais c’est assez peu probable. Si ce troisième Marvel Boy avait été un échec, Marvel Comics/Atlas ne se serait pas amusé à le transférer vers un autre titre. Ce qui semble probable c’est que sous ses airs de « cousin » de Superboy, Marvel Boy se soit attiré le courroux d’un troisième éditeur.
Aujourd’hui ça peut paraître curieux puisque pour la plupart des lecteurs Marvel c’est Marvel et un point c’est tout. Mais en 1950 c’était moins évident car Marvel Comics ne faisait plus vraiment usage de ce nom et même son anthologie historique, Marvel Mystery Comics, s’était arrêtée en 1949, quelques mois avant l’apparition de Bob Grayson. Par contre pour les lecteurs de 1950 le nom Marvel évoquait plutôt le célèbre Captain Marvel (version Shazam) publié par Fawcett Comics, un concurrent sérieux de Superman dont les ventes dépassaient de beaucoup ce que pouvait faire Marvel Comics. Captain Marvel avait un tel succès qu’il avait généré des titres parallèles tels que Captain Marvel Jr., Mary Marvel et surtout, dans le cas qui nous intéresse, un titre nommé Marvel Family dans lequel on retrouvait tous les héros liés au pouvoir de Shazam. Il semble plus que probable que Fawcett soit intervenu auprès de l’éditeur de Marvel Boy pour préserver son copyright. Suite à quoi Marvel Comics aurait continué d’utiliser le personnage mais sous un titre qui ne faisait pas ombrage au puissant Fawcett. D’ailleurs on peut se demander si l’apparition en 1951 d’un nouveau nom global pour Marvel, Atlas Comics, ne vient pas de péripéties légales similaires.
Captain America avait cessé de paraître en février 1950, après que Sub-Mariner et Human Torch aient disparus en 1949. Marvel Boy est donc le premier super-héros créé par Marvel Comics dans les années 50 mais il aurait pu être aussi le signe avant-coureur d’une seconde génération de super-héros de l’ère atomique. Mais comme la plupart des autres héros lancés à cette période (Lars of Mars ou Captain Comet, encore que ce dernier ait duré un peu plus longtemps), il s’agissait de personnages « prématurés », qui anticipaient trop les règles du Silver Age, de la génération suivante de héros, alors qu’on en était encore à enterrer ceux qui avaient précédé. Au bout de six épisodes Marvel Boy allait donc disparaître et rester dans les limbes pendant plus de deux décennies avant que Roy Thomas et Marvel, désormais principal éditeur du marché des comics, s’emploient à expliquer ce que le personnage était devenu. C’est en un sens là que les choses commencent à se compliquer car plusieurs couches d’explications sont venues se superposer.
Roy Thomas semblait partisan d’expliquer ce qu’il était advenu des héros Marvel du Golden Age mais (sans doute influencé par Sub-Mariner) en prenant soin de les faire revenir comme des ennemis de l’humanité et éventuellement de les détruire. Cela avait été le cas pour le héros Red Raven et il en serait de même pour Marvel Boy. Revenant sur Terre à l’âge adulte, Bob Grayson semblait devenu fou de douleur après la mort de toute la population d’Uranus.
Mais Roy Thomas n’utilisa pas le nom Marvel Boy. D’abord parce que Grayson n’était plus un garçon. Et puis parce qu’on n’était sans doute pas très chaud pour qu’un Marvel Man utilisant le nom de la firme passe pour un super-vilain (et, oui, je sais, Marvelman était aussi le nom d’un héros anglais ramené par la suite par Alan Moore mais je doute que l’éditeur américain en avait grand chose à faire en 1975).
Enfin il y avait une Marvel Girl (Jean Grey) et le nouveau Captain Marvel Kree qui lui aussi utilisait désormais des bracelets. Il fallait sans doute éviter la confusion. Robert Grayson opéra donc pendant deux épisodes de Fantastic Four sous le pseudonyme du Crusader avec des bracelets bien plus puissants qui ne se contentaient pas de lancer de la lumière mais qui lui permettaient réellement de manipuler et de décharger de l’énergie. En fin de compte le Crusader s’y prenait s’y mal qu’il finissait par se désintégrer lui-même (les bracelets étant mal calibrés).
Ca ne veut pas dire pour autant que Roy Thomas détestait le personnage. Tout cela était un préambule avant de créer un nouveau Héros. Dans Captain America #217 (janvier 1978), Roy Thomas et Don Glut expliquèrent que les bracelets avaient été récupérés par le S.H.I.E.L.D. et donné à l’un de leurs agents, Wendell Vaughn, qui prit alors le nom de Marvel Man (cette fois comme ce n’était pas un méchant, ça ne semblait poser de problème à personne). Cependant dans Incredible Hulk #234 (Avril 1979), Roger Stern préféra le rebaptiser Quasar. Bien plus tard Mark Gruenwald lancerait une série Quasar et ferait de Wendell Vaughn le nouveau protecteur de l’univers (en lieu et place du Captain Marvel Kree, décédé) expliquant que les bracelets de Quasar et ceux de Captain Marvel étaient plus ou moins connectés. En gros les bracelets de Quasar sont les armes rituelles du protecteur de l’univers depuis des millénaires mais comme ces armes avaient disparu à une époque où Robert Grayson dérivait dans l’espace, avant son retour sur Terre, les accessoires de Captain Marvel sont un « remplacement » mis au point par la technologie Kree.
Entretemps Don Glut n’en avait pas terminé avec Robert Grayson et reçu le feu vert de Roy Thomas pour raconter dans What If #9 (Juin 1978) une saga qui s’était déroulée dans les années 50 et qui expliquait que Marvel Boy avait « peut-être » fait partie d’un groupe nommé les Avengers, en compagnie d’autres personnages secondaires (3-D-Man, Venus, Gorilla Man, Human Robot et Jimmy Woo).
Dans Avengers Forever, Kurt Busiek allait établir que ces Avengers des 50’s, ennemis des Skrulls, appartenaient à une autre réalité finalement effacée par le maître du temps Immortus. En 2006, c’est Jeff Parker qui réinventa le groupe des années 50 (qui n’était plus supposé avoir utilisé le nom Avengers), en expurgeant 3-D-Man (qui n’était pas réellement un héros publié dans les années 50) et en y ajoutant rapidement Namora, la cousine de Sub-Mariner. Le tout débouchant sur une reformation du groupe à l’ère moderne, sous le nom des Agents of Atlas. Bon mais vous me direz : « C’est bien gentil mais Robert Grayson avait été désintégré en 1975 ». Ce n’est pas forcément la principale difficulté car Mark Gruenwald l’avait ressuscité dans la série Quasar, sous le nom de Blue Marvel (quelqu’un, quelque part, a du jurer de compliquer la carrière du personnage en multipliant les pseudonymes différents).
Sauf que le Blue Marvel était aussi taré que lorsqu’on l’avait vu dans Fantastic Four et ne se prêtait pas vraiment à revenir dans une équipe de super-héros. Enfin, c’était possible (on a vu bien pire dans d’autres comics) mais le personnage n’aurait pas le même capital sympathie. Et puis c’était quand même très éloigné du comportement du Marvel Boy de 1950/1951 qui respirait la bonté et en aucun cas le potentiel pour la folie. Jeff Parker corrigera la situation en dégageant l’obstacle. Le Marvel Boy qui était revenu en 1975 sous le nom du Crusader puis par la suite sous l’identité de Blue Marvel n’était pas Robert Grayson mais un survivant uranien qui se prenait pour lui !
Le vrai Bob Grayson, innocent des crimes du Crusader/Blue Marvel, n’était jamais revenu sur Terre depuis sa « première carrière » dans les années 50 ! C’est donc seulement à la reformation des Agents of Atlas qu’on le retrouve. Il est expliqué que suite à la mort de son peuple d’adoption sur Uranus (peuple qui, entretemps a été relié aux Eternals, autre race propre à Marvel, mais je ne vais ne vais pas me lancer là-dedans ce sera pour une autre fois), Bob a été recueilli par d’autres créatures uraniennes encore plus étranges. Vivant parmi elles depuis des décennies, Robert a pratiquement oublié ce que c’est d’être humain et même ses fonctions biologiques de base sont bousculées (on découvrira vite qu’il est transformé au point de ne plus pouvoir se nourrir normalement, expulsant son appareil digestif par la bouche à chaque fois qu’il faut manger). Ironiquement, l’ex-Marvel Boy ne semble plus pouvoir respirer sur Terre sans l’aide d’un scaphandre. Ce qui est logique si on se souvient de son histoire de pilule mais ce qui le fait aussi utiliser une technologie semblable aux hommes-poissons rencontrés en 1951. Détaché des choses terrestres, Grayson explique alors que « Marvel Boy » n’est pas un nom qu’il s’est choisi, que c’est plutôt les terriens qui l’ont appelé comme ça (alors que dans la version initiale c’est bien son père qui lui trouve ce nom). Lui préfère désormais être appelé Uranian (« l’Uranien »). Mais en dehors d’un costume désormais gris et noir et d’une tendance à former avec Human Robot un duo qui évoque assez celui du film « le jour où la terre s’arrêta » (dans sa version de 1951), Robert Grayson ne semblait pas terriblement changé sur le plan physique.
Ce n’est que vers la fin de la série que Jeff Parker révèlerait que son apparence humaine était en fait une projection mentale. Resté trop de temps parmi des créatures non-humaines, Uranian avait évolué au point d’avoir perdu son apparence de base. Désormais il ressemblait plus à une créature voisine de celles de Mars Attacks. La fin de série voyait les co-équipiers de Robert Grayson accepter cette apparence et lui expliquer qu’il n’avait plus besoin de se cacher. Pour un proche « cousin » de Superboy qui n’est apparu que dans une poignée d’épisodes, c’est donc une évolution assez spectaculaire, résultant en trois personnages distincts (Uranian, Crusader/Blue Marvel et Quasar) donc aucun n’utilise plus le nom d’origine. Et ça c’est compter d’autres versions de Quasar ou les héritiers directs ou indirects du Captain Marvel Kree…
Aux dernières nouvelles les hommes-poissons, eux, attendent toujours leur heure dans les grottes englouties du continent oublié.
[Xavier Fournier]
Mais le nom de Marvel avant Atlas n’était-il pas « Timely »?
Oui et non. La société de Martin Goodman a utilisé différents noms dès sa création pour des raisons fiscales (il valait mieux passer pour un ensemble de petits éditeurs que pour une entité plus massive). Elle a d’abord été appelé Red Circle vers 1932 (quand Goodman ne publiait que des livres et des magazines) et jusqu’en 1939 (les premiers comics portent cette marque). Puis vers 1939 Marvel Comics (en référence à sa première publication, Marvel Comics/Marvel Mystery Comics). Mais USA Comics était publié officiellement par la « USA Comic Corporation » (Comic étant au singulier dans le nom de cette fausse société). Et c’est un peu ainsi de suite pour d’autres revues du groupe. Pour simplifier on regroupe tout sous le nom de Timely, qui fut l’un des « alias » utilisés après cette société multiple (je crois qu’on a compté jusqu’à 27 pseudonymes simultanés pour ce groupe éditorial). Vers 1949 le nom Marvel a refait son apparition brièvement avant de disparaître. Dans les années 50 on est passé à Atlas Comics. Le nom Marvel Comics n’a refait surface que plusieurs mois après le lancement des Fantastic Four. Et par exemple, si on regarde le copyright, Daredevil est resté officiellement publié par une autre société jusque vers la fin des années 60. Donc en gros on dit souvent Timely -> Atlas -> Marvel mais c’est un résumé grossier et inexact, né de l’obligation de simplifier cette réalité complexe.
Et le nom de Blue Marvel est a nouveau utilisé depuis quelques années comme alias de Adam Bernard Brashear, actuel membre des Mighty Avengers de Luke Cage . Une chienne n’y retrouverait pas ses chiots …. sauf a l’aide de télépathie mentale servant a lire les pensées 😉
à lire « presque » les pensées 😀
Et n’oublions pas nos amis de Belgique qui abritent sans le savoir un continent perdu 😉
et qui ne compte qu’ une seule femelle ….. c’est pas schtroumpf çà………quelle carabistouille…….
Il n’y a qu’une seule femelle mais bien sur si un méchant a besoin d’un otage ça tombera sur elle.
C’est vrai. Mais d’un autre côté autant souvent, quand un badguy prend la fiancée du héros en otage, c’est sexiste, autant ici on peut au moins reconnaître que s’il n’y a qu’une seule femelle pour toute cette race, la choisir comme otage plutôt qu’un des nombreux mâles implique un intérêt stratégique. Si le méchant flingue un homme-poisson parmi tant d’autres ça ne remet pas l’avenir de la race en jeu. Tandis que si c’est la seule femme (façon « reine de la fourmilière »)… 😉
En fin de compte le Crusader s’y prenait s’y mal qu’il finissait par se désintégrer lui-même (les bracelets étant mal calibrés).
« Si mal ».