Dans les années quarante, la notion de continuité dans son expression la plus large (la continuation des retombées d’une histoire dans une autre) n’était pas la norme. A quelques mois d’écart un même héros pouvait s’aventurer deux versions contradictoires de Mars ou d’Atlantis sans s’étonner des différences. Et, plus simplement, la plupart des histoires n’étaient même pas à suivre. Il y avait peu de notion de « suite » et, pour l’essentiel des choses, vous pouviez manquer tel épisode de Captain America sans que cela vous handicape pour une bonne compréhension d’un numéro suivant. Devant ces pratiques, tous les éditeurs n’étaient pas forcément égaux. Fawcett, par exemple, publia plusieurs « feuilletons » restés célèbre, comme la lutte de Captain Marvel contre la Monster Society, qui dura pendant plusieurs mois. Chez Timely/Marvel Comics les auteurs étaient moins adeptes de ce format « long ». Seules de rares exceptions vinrent échapper à cette règle : Il y avait d’une part l’évolution des rapports entre l’androïde Human Torch et Namor le Sub-Mariner (d’abord adversaires, ils deviennent des alliés occasionnels) ou les « retours à répétition » du maléfique Red Skull (le pire ennemi de Captain America semblait régulièrement mourir à la fin d’un épisode, pour mieux expliquer dans un autre comment il s’était tiré du piège mortel). D’autre part, l’éditeur publiera bien quelques exemples notables d’histoires à suivre (selon un véritable format feuilletonesque) mais elles resteront de raretés.
Techniquement, l’histoire commence en effet par une aventure isolée (publiée dans Marvel Mystery Comics #17, en mars 1941) qui n’est pas totalement nécessaire pour comprendre les trois autres chapitres mais qui participe à une même suite d’événements. Résumons-là par souci d’exhaustivité : Dans ce prologue, un savant (un certain Roberts) revient en urgence de Calcutta parce que le fiancée de sa fille (qui est par ailleurs son assistant) a été transformé en loup-garou. Il demande l’aide d’un médecin asiatique, le Docteur Lin, qui se trouve avoir enseigné la médecine à Thomas Halloway, quand ce dernier faisait ses études à Hong-Kong. Lin décide finalement de lâcher le monstre en liberté, même s’il est dangereux, car il déduit que le loup-garou est trop puissant pour être blessé par la police. Dans le même temps, le Docteur Lin pense que c’est la seule manière d’attirer l’attention du seul homme qui puisse l’arrêter (il apparaîtra plus tard que Lin pense au Angel en particulier). La logique du scénario de Paul Gustavson semble assez aléatoire (ce n’est d’ailleurs pas le seul exemple qui trahit le fait que l’auteur écrivait de manière empirique, au fur et à mesure qu’il dessinait les pages) mais la ruse de Lin fonctionne. The Angel capture le loup-garou qui terrorisait le secteur, remarque dans le même temps que l’assistant de Roberts a disparu et qu’enfin le Docteur Lin a suspendu ses cours.
A partir de là, le héros arrive à en déduire que le loup-garou est l’assistant et que Lin doit se trouver chez Roberts où ils essayaient de soigner le monstre. Il leur ramène le monstre, désormais captif, et finit par découvrir les raisons de cette étrange lycanthropie. C’est Singa, malfaisant domestique hindou employé par Roberts, qui avait utilisé des herbes rares pour transformer l’assistant en homme-loup. Pourquoi ? Dans quel but ? On apprendra plus tard que l’assistant avait découvert le passage vers un temple bourré d’or et que Singa avait voulu se débarrasser de lui. Apparemment le poignarder ou le jeter du haut d’un toit aurait été trop « mondain ». Singa avait préféré le transformer en loup-garou en espérant qu’il serait abattu. Comme on l’a déjà dit, les scénarios de Paul Gustavson ne prenaient pas toujours la route la plus simple. L’important est que, se sentant démasqué, Singa prend alors son propre produit et se transforme à son tour en loup-garou pour affronter The Angel. Singa perd la bataille et l’assistant, n’étant plus soumis aux herbes occultes, redevient humain. Le super-héros s’apprête à prendre congé de la famille Roberts quand le Docteur Lin, qui semble connaître l’identité secrète de Thomas Halloway (il faut dire que The Angel ne porte pas de masque), le rattrape pour lui demander son aide. Halloway commence par lui dire qu’il a laissé tombé la médecine (sans doute pour se consacrer à temps plein à ses activités de justicier) mais Lin insiste et lui explique qu’il a besoin de lui non pas comme médecin mais bien comme The Angel. Et l’épisode s’achève sur cette fin ouverte, promettant pour le mois suivant l’apparition de « Cat’s Paw » (qu’on traduira par « Patte de Chat« )…
Dans une pièce voisine, la femme aperçue plus tôt se rend compte que son complice, Frank, est en train de se battre. Elle s’empare d’une arme à feu et fait irruption dans la salle. Mais elle ne s’attendait pas plus à voir Angel. Ce dernier s’amuse avec ses nerfs et se contente de lui faire « Boo !« . Sous la surprise, elle échappe son arme et il s’empare d’elle avant de l’attacher à une chaise. Angel n’a pas l’air plus intéressé que ça par les renseignements qu’elle peut fournir. Ou peut-être qu’il a peur d’être en retard au rendez-vous chez Durante. Il ne reste pas mais lance à la jeune femme : « Oh oui, avant que je parte… Voici quelque chose pour que te souvenir de moi…« . Le héros quitte la pièce mais son ombre (imitant celle d’un ange) reste au centre de la pièce et commence à grandir, grandir… La femme est terrifiée : « Cette ombre ! L’Angel !« . L’ombre devient une masse énorme de
Arrivé chez Durante (qui est un restaurant), Angel constate que c’est un vague « boui boui » et s’étonne de la diversité sociale de cette enquête. Le gang de la Patte de Chat est vraiment « placé » dans des endroits très différents les uns des autres. Il entre dans l’endroit sans se faire repérer mais, au début, ne trouve rien, pensant l’endroit désert. En fait cette fois la surprise ne joue pas pour lui. Le barman le surprend. C’est une brute épaisse, un revolver à la main, qui ne se laisse pas faire comme le couple de Park Avenue. Au contraire il tient en respect le héros et le force à descendre à la cave… jusqu’à un passage piégé où le sol s’ouvre sous les pied d’Angel. Mais le héros à la présence d’esprit de saisir le barman et de l’entraîner avec lui. Le barman tombe en travers de la trappe et, ainsi accroché, Angel ne sombre pas dans la fosse. Au contraire il peut escalader le corps du barman et repartir dans le couloir, laissant son agresseur dans une bien mauvaise posture, coincé au dessus du gouffre.
Angel aussi écoute bien et n’en revient pas. La voix du chef du gang est fait… une voix de jeune femme !!! Mais Angel voit un visage s’approcher de la fenêtre. Une femme habillée en chat, dans une tenue noire… Cat’s Paw, la patronne du gang de la Patte de Chat ! Et Cat’s Paw, comme pourvue d’un sixième sens, le regarde droit dans les yeux. Elle a remarqué sa présence. Quelques secondes plus tard, une petite patte de chat empoisonnée traverse les airs et passe à quelques centimètres de la tête d’Angel. Bien décidé à arrêter Cat’s Paw, Angel saute de la charpente jusqu’au sol et se précipite vers la fenêtre… Mais des panneaux blindés s’abaissent et bouchent les issues. Non seulement Angel ne peut pas rattraper Cat’s Paw, qui est en sécurité de l’autre côté de la paroi, mais il est également piégé avec une douzaine de gangsters armés… Rideaux, l’histoire est à suivre dans le numéro suivant… Et le commentaire d’insister sur l’effet cliffhanger de la situation : « Qu’est ce qu’il va arriver a Angel ? Qui est Cat’s Paw ? Vous apprendrez les réponses à ces questions tandis que l’Angel combattra la criminelle la plus étonnante de sa carrière, le mois prochain, dans Marvel Comics !«
On pourrait donc penser que Miss Fury et Cat’s Paw sont parues à quelques jours de distance et sont forcément le fruit d’une coïncidence. Ce serait oublier un peu vite que les comics sont traditionnellement antidatés pour « tromper » le vendeur des kiosques : en anticipant la date de quelques mois, on s’assure ainsi que le responsable du point de vente ne considérera la revue comme « périmée » que bien plus tard. En général il faut compter deux à trois mois de décalage entre la date réelle et la date de couverture. Par exemple on sait que Captain America Comics #1, officiellement daté de mars 1941, est en fait paru dans les derniers jours de décembre 1940. A partir de là, la date de parution effective de Marvel Mystery Comics #18 annonçant « avril 1941 » se situe probablement aux alentours de la fin janvier ou du début février 1941. Cela n’exclue pas l’hypothèse d’une coïncidence : Tarpe Mills peut avoir inventé sa Miss Fury sans prêter attention à un personnage mineur de Marvel (là où il est plus dur de croire que DC, en « inventant » le costume classique de Catwoman en 1946, pouvait ignorer Miss Fury, une héroïne phare de la presse américaine, qui avait par ailleurs un comic-book à son nom). On n’a donc pas la certitude que Cat’s Paw a inspiré Miss Fury. Mais il est certain que dans le tiercé des femmes-chats (Cat’s Paw/Miss Fury/Catwoman), c’est bien l’ennemie d’Angel qui arrive en premier.
Le coup d’éclat de Cat’s Paw ne va cependant pas se limiter à apparaître à une fenêtre et à tirer une petite patte de chat empoisonnée vers Angel. Comme on l’a déjà vu, le combat s’étend sur plusieurs mois. En fait, on apprendra le numéro suivant (Marvel Mystery Comics #19) qu’un des douze gangsters est un certain Pug Malone, dont Angel a déjà sauvé la vie. Se sentant redevable, Pug se retourne contre les autres membres du gang et prend la défense du héros. Pug se sacrifier et Angel arrive à s’enfuir par les égouts. Se retrouvant à l’extérieur, il fait le tour du bâtiment pour aller jusqu’à l’endroit où se tenait Cat’s Paw mais elle est partie depuis longtemps. Angel ne trouve qu’un tueur du gang, qui tente de le tuer avec une dague. Angel arrive à le vaincre. Cette fois le héros tente de forcer l’homme à parler… Mais il tombe mort, frappé par une petite patte de chat mortelle. Cat’s Paw n’est donc pas loin et le héros la poursuit. Mais elle s’enfuit dans une voiture. Angel saute dans son propre véhicule et à nouveau l’aventure prend des allures de course automobile. Quelques rues plus loin, la voiture de Cat’s Paw semble s’écraser contre un mur. Angel se précipite… mais trouve l’habitacle vide. En fait la criminelle semble avoir sauté du véhicule en marche et a profité de la diversion pour partir dans une autre voiture. Bredouille, Angel n’a d’autre choix que de rentrer chez lui.
Est-ce que le raisonnement inverse (ce serait Tarpe Mills qui se serait inspirée des aventures d’Angel) est pour autant valide ? Difficile à dire. Si le premier épisode de Miss Fury est bien paru le 6 avril et si les délais de conception et d’impression de strips de presse sont plus rapprochés que dans les comics (un strip peut avoir été réalisé quelques jours à peine avant la date de parution), la chose est différente pour un strip qui démarre. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que Tarpe Mills a du réaliser quelques pages avant de trouver preneur et que ce « numéro pilote » a été proposé aux journaux et aux responsables des « syndicates » avant de donner lieu à une commande effective. On parle donc d’un processus de décision qui a pu s’étendre sur plusieurs semaines, voir sur plusieurs mois. Il est « possible » d’envisager que Marvel Mystery Comics #19 (et sa femme-chat participant à un bal) est paru au moment où Tarpe Mills travaillait sur les origines de Miss Fury. Mais il est également fort probable que la scénariste/dessinatrice avait déjà les planches de Miss Fury dans un dossier depuis la fin 1940. Difficile de trancher et le lecteur en sera quitte pour se faire une opinion personnelle…
Comme nous parlons de comics du Golden Age et que les clichés y avaient la vie dure, Angel a de la chance. Cat’s Paw est bien à la soirée costumée et il peut l’approcher sans trop se faire remarquer. Ce qui nous permet encore de voir à quel point le costume de Cat’s Paw et celui de Miss Fury sont semblables (au point d’avoir la même queue de chat). Angel l’intercepte alors qu’elle allait danser avec un riche industriel. Angel glisse à l’homme une note pour lui signifier qu’il doit fuir s’il tient à la vie. Puis il force Cat’s Paw à danser avec lui : « Dommage que mon bras serre si fort le gadget dans ta manche avec lequel tu tire ton poison. D’ici tu pourrais tirer dans le dos de J.P. Thomas !« . La réflexion d’Angel a l’avantage de nous dire plus sur la méthode de Cat’s Paw, la décrivant d’une manière beaucoup plus explicite que ce que le dessin nous a montré jusqu’ici : Les mini-pattes de chats empoisonnées sont stockées dans la manche de la femme et probablement éjectées à grande vitesse. Mais quelques instants plus tard Angel est gêné par un homme de main de Cat’s Paw et la femme s’enfuit. Elle rattrape le richissime Thomas et le tue avec une des pattes de chat. Cat’s Paw s’enfuit en voiture, le héros tente de s’accrocher au véhicule mais tombe… et Angel est à nouveau bredouille, tandis que le commentaire sonne la fin du chapitre en se demandant si le héros, finalement, n’a pas trouvé plus fort que lui. On remarquera que la conclusion de Marvel Mystery Comics #18 nous promettait que le #19 nous apprendrait l’identité de Cat’s Paw et qu’il n’en est rien… Là, l’épisode s’achève sur une question posée au public : « Hey Kids ! Que diriez vous d’une revue « Angel » spécialement consacrée à votre héros préféré ? Écrivez pour que ça se fasse à l’éditeur de Marvel Comics !« .
Malgré les pièges qu’on lui tend ensuite, le héros arrive jusqu’au château désert qui sert de repaire à la bande et découvre, horrifié, une chambre des tortures. Il découvre que Cat’s Paw est en train de fouetter un homme pour lui arracher le nom des actionnaires principaux d’une société d’aviation… Et là Angel comprend ce qu’elle est en train de faire. Elle est en train d’éliminer les hommes liés au système de défense de l’Amérique de manière à les remplacer par des hommes à elle… « De manière à créer une dictature financière !«
Angel saute sur Cat’s Paw et arrive à la neutraliser sans qu’elle puisse tirer ses « pattes de chat ». Il s’apprête à livrer la femme aux autorités quand, du haut d’un escalier, un homme le menace : « Restez où vous êtes !« . Il s’agit en fait du supérieur de Cat’s Paw, armé d’un revolver. Mais il n’est pas là pour sauver sa complice : « Ma chère Cat’s Paw… J’ai bien peur d’être obligé de me débarrasser de toi et des autres. Vous ne me servez plus à rien ! Le soutien financier nécessaire à mon plan a été suspendu et je dois retourner dans mon pays… en éliminant toute trace de mon passage ! Merci de ton assistance et… Adieu !« . L’homme commence à tirer aussi bien sur Angel que sur Cat’s Paw. Angel a le temps d’ironiser « Alors comme ça tu avais un patron ?« . Et là, la femme change totalement de comportement et… sauve la vie d’Angel en le poussant dans un renfoncement : « Oui… Et je vois maintenant que j’ai été folle de vendre mon pays à un rat nazi ! Reste là, sinon il pourrait t’atteindre !« . Cat’s Paw compte visiblement attirer vers elle le tir du criminel. Angel est si étonné de ce changement d’attitude qu’il oublie un peu vite que la femme a causé la mort du docteur Lin et de nombreux autres hommes : « Eh bien… Peut-être qu’elle vaut la peine d’être sauvée après tout !« . Utilisant une chaîne, il profite d’un mouvement de balancier pour pousser Cat’s Paw de l’autre côté et la sauver à son tour, l’éloignant des tirs. Dans un autre mouvement de chaîne, il se hisse jusqu’au tireur et le heurte. Mais le nazi meurt en se heurtant la tête…
Cat’s Paw ne revint pas narguer Angel alors qu’elle avait tout pour s’installer comme son ennemie jurée. Et contrairement à ce que laissait croire la fin du premier chapitre, le scénariste n’expliqua jamais qui elle était sous le masque. Encore que… si on y regarde bien il n’y a pas trente-six rôles féminins dans cette histoire. Et à chaque fois qu’une patte de chat empoisonnée est utilisée, c’est le fait de Cat’s Paw en personne, qui ne délègue pas ses méthodes à ses hommes. A partir de là, on peut en déduire que la personne qui a tué Lin dans Marvel Mystery Comics #18 est bien Cat’s Paw en personne. Et Angel a pris en filature un couple jusqu’à Park Avenue. Cat’s Paw est donc très plausiblement la jeune femme rousse que le héros a neutralisé en la plongeant dans l’ombre (et qui, revenue à elle, aura foncé chez Durante pour honorer le rendez-vous, ce qui expliquerait comment Cat’s Paw sait instantanément qu’Angel est là). Cat’s Paw ne revint pas… mais reste disponible en cas de flashback. Après tout il est sans doute prématuré de penser que le fait qu’elle brûle son costume symbolise qu’elle abandonne sa vie de crime. Il est plus probable que c’est une manière de brouiller les pistes (Angel ne sait pas qui elle est ou ce à quoi elle ressemble sous ce masque). Si la Miss Fury de Tarpe Mills devait s’avérer exister dans la continuité de Marvel, cela laisserait une situation assez intéressante ou deux personnages semblables apparaissent pratiquement au même moment, l’une (Miss Fury) luttant contre les nazis alors que l’autre leur a obéit. Plusieurs possibilités. La plus radicale serait de dire qu’après tout, puisque Marla Drake tient la peau de léopard de Miss Fury d’un oncle ayant séjourné en Afrique, il est possible que l’oncle ait plusieurs nièces (ou filles) dont une serait Cat’s Paw. L’autre solution serait de s’en tenir aux dates de sorties officielles et décider que Miss Fury et Cat’s Paw sont toutes deux apparues début avril 1941. A partir de là il serait logique de penser que les nazis infiltrés en Amérique, pourchassés par Miss Fury, auraient inventé Cat’s Paw, un personnage identique, pour tenter de discréditer l’autre femme-chat. Du coup, un crossover entre Angel et Miss Fury serait particulièrement intéressant : il aurait de bonnes raisons pour la confondre avec une criminelle !
Inversement Cat’s Paw est une bonne porte de sortie pour Marvel au cas où certaines apparitions « anonymes » de Miss Fury (par exemple sa présence dans The Twelve #1) s’avéreraient légalement problématiques. C’est d’ailleurs la théorie avancée par certains fans soucieux de conserver Miss Fury dans le seul giron de l’oeuvre de Tarpe Mills (et donc totalement en dehors de l’univers Marvel). Vu que les deux personnages sont visuellement identiques, on pourrait imaginer que la femme-chat aperçue en train de se battre à Berlin aux côtés des héros du Golden Age n’est pas Miss Fury mais bien Cat’s Paw qui aurait viré de bord (et qui, dans Marvel Mystery Comics #20, se retournait contre les nazis). Bien sûr, la femme-chat de Berlin porte une cape (ce que Miss Fury faisait sur les couvertures de son propre comic-book) ce qui n’est pas le propre de Cat’s Paw. Encore que c’est un détail visuel. Mais on peut penser que même si elle avait changé de philosophie, Angel aurait quand même quelques réticences à se battre aux côtés d’une femme responsable de la mort d’un de ses meilleurs amis sans qu’elle ait payé pour ses crimes (avoir tué des industriels pour le compte des nazis lui vaudrait dans les années quarante au mieux des décennies d’emprisonnement, au pire la chaise électrique). A moins d’envisager un concept semblable au Suicide Squad de DC ou aux Thunderbolts de Marvel, une sorte de « Douze Salopards » réunissant divers criminels partis en mission en Allemagne contre la promesse d’une amnistie. Cat’s Paw n’a fait que trois apparitions et, finalement, se contentait de ressembler, par anticipation, au stéréotype de la femme-chat que les lecteurs de comics connaissent bien de nos jours. Mais pourtant ce ne sont pas les idées potentielles qui manquent en ce qui la concerne…
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