Oldies But Goodies: Mystery Men Comics #3 (Oct. 1939)
29 novembre 2008[FRENCH] Octobre 1939. Quelques semaines après sa première apparition, le Blue Beetle originel a bien changé. Disons-le carrément, si ce n’était pas le même Dan Garret sous le costume, on pourrait croire à une simple homonymie entre deux héros différents. Terminée l’ambiance « pulp » de l’imitateur du Frelon Vert. Place à une méthode plus combative…
Le Blue Beetle en costume de ville et à chapeau n’aura duré qu’un mois. Dès le second numéro de Mystery Men, il avait complètement changé de mode d’opération. Et si je vous parle plus précisément de ce troisième numéro, c’est pour plusieurs raisons mais avant tout et surtout que la rubrique se nomme « oldies but goodies » et que si on peut laisser passer un certain nombre de choses en les mettant sur le compte de l’effet rétro, le numéro 2 était la preuve que sous le nom de Charles Nicolas se cachait plusieurs artistes.
Pour faire court, autant la première histoire était dense pour une histoire de quatre pages, autant la deuxième était creuse et beaucoup plus mal dessinée. Blue Beetle n’y décochait qu’un coup de poing, se faisait assommer et, devenu prisonnier, arrivait à sauver sa vie en attirant un vendeur de journaux grâce à un billet dépassant d’une fenêtre. Si si. Voilà ce que je vous ai épargné. A part qu’au second numéro le personnage amorçait sa mutation en véritable super-héros. Adieu le costume de ville, le Blue Beetle utilisait désormais inexplicablement un costume en cotte de maille (bizarrement sans masque cachant son identité) et ne servait plus du tout de ses gadgets scientifiques: fini la solution pour révéler des numéros de voitures, oubliée la grenade à gaz et effacé le téléphone sans fil… Encore que le costume de Blue Beetle 1.2 comportait… des antennes et que si vous voulez vraiment y croire, Dan Garret avait peut-être modifié son costume pour incorporer à l’intérieur son fameux téléphone (d’où la présence d’antennes). Enfin ça c’est vraiment si vous voulez y croire, car le héros, lui, ne mentionnait plus ses gadgets. Voilà pour le #2, enchainons avec le troisième récit, qui complète la transformation…
Cette fois c’est visiblement l’équipe créative du premier épisode qui avait repris les commandes tant le scénario et les graphismes sont plus dynamiques et plus dans la norme de l’époque. L’histoire commence selon ce qui est désormais la « formule » de Blue Beetle: une scène d’action directement incorporée dans la case où figure le titre (souvenez-vous, dans le #1, ce passage voyait Dan blessé tentant d’arrêter une voiture). Là, on nous explique que Dan Garret/Blue Beetle s’est spécialisé dans la lutte contre les préteurs sur gage de la pègre. D’ailleurs la scène d’action est explicite: les hommes d’un prêteur cassent la figure d’un homme qui n’a pas pu rembourser 50 $ et leur patron leur conseille de jeter le corps inconscient dans le fleuve, de manière à ce qu’on pense à un suicide. Et puis tiens, maintenant que son compte est bon, voici venu le moment d’aller s’occuper d’un autre emprunteur, un certain monsieur Barnes (aucun lien avec Bucky). Bon, comment l’usurier pense récupérer son fric s’il s’amuse à rétamer systématiquement tous ceux qui tardent à le rembourser, Mystère. Ca, c’est typiquement le genre de raccourci propre aux comics de l’époque.
Bon mais où est notre Blue Beetle ? Il est déjà sur le coup. Conscient que la police n’arrive pas à coincer ce prêteur dangereux et ses hommes, Dan Garret a déjà infiltré la bande. Sous le pseudonyme de Monsieur Blake, il a emprunté de l’argent histoire de voir comment tout ça fonctionne. Et pour pousser le mécanisme à fond, Garret s’est bien gardé de rembourser quoi que ce soit… Du coup 15 jours plus tard les malfrats viennent corriger Monsieur Blake sans s’attendre à tomber sur un combattant expérimenté. « Monsieur Blake » leur flanque une sacrée raclée mais surtout quand les gangsters reviennent à eux ils trouvent… un scarabée bleu, le signe de Blue Beetle. Ils filent prévenir leur chef que le héros masqué est sur leur piste. Et comme la bande, terrifiée, menace même de fuir, le chef leur rappelle qu’il a des papiers signés de leur part, prouvant leur implication dans leur petit trafic. Mais ils remarquent à nouveau un scarabée bleu… Le Blue Beetle est là (bien que rien ne l’indique, on peut penser que Dan Garret a laissé les hommes partir après la première bagarre pour pouvoir les pister jusqu’au QG du gang).
Dans un style nettement plus physique que dans sa première apparition (souvenez-vous, le Blue Beetle « 1.1 » réglait ses affaires surtout par stratagèmes et par gadgets interposés), Blue Beetle passe à travers la fenêtre. On ne le voit pas forcément dans cette case mais, sur la tête, il est flanqué des deux longues antennes dont je vous parlais plus tôt. Son costume intègre aussi maintenant un large symbole ressemblant à un scarabée (qui évoque déjà un peu certains éléments dont se servira bien plus tard Steve Ditko pour sa version du personnage). A noter que contrairement à ce qui se fait chez la plupart des super-héros, le logo n’est pas centré de manière symétrique mais en travers de la poitrine. Le reste de la scène est essentiellement un gros combat au cours duquel le héros casse la figure à tout le gang, jusqu’au leader de la bande qui pensait pouvoir fuir… Mais non, même lui a droit à la démonstration de force…
Pendant ce temps au poste de police, on se demande vraiment comment mettre fin aux agissements de la bande des « prêteurs ». Le commissaire rencontre le chef de la police, nommé Burke, et lui passe d’ailleurs un savon mémorable pour le manque de progrès de l’enquête. Mais tout à coup on frappe à la porte. Les policiers ouvrent… et trouvent la bande ficelée avec un mot d’explication du Blue Beetle et la confession écrite des gangsters. Reconnaissant, le chef de la police explique alors qu’il demandera à ses enfants d’ajouter le nom du Blue Beetle à leurs prières. Et selon la formule consacrée l’histoire se termine () une nouvelle fois à la page 4avec l’agent Dan Garret et son partenaire de patrouille en train de lui expliquer qu’un jour il finira par mettre la main sur le Blue Beetle, gimmick visiblement destiné à clore chaque histoire du héros. A ce propos le rôle du Blue Beetle par rapport à la police semble « glisser ». D’accord le collègue de Garret parle toujours de coffrer BB mais en même temps le chef de la police n’a pas l’air d’avoir le moindre doute sur l’honnêteté du héros…
Autre chose. Je ne sais pas vous mais la scène du gang livré ficelé à la police, avec un mot d’explication, me fait assez penser à certaines méthodes d’un futur « tisseur-de-toile » et ces petits scarabées que le héros n’arrête pas de placer pour terrifier les gangsters. Vous ne leur trouvez pas un petit air de ressemblance avec les spider-tracers qu’utilisera un certain Spider-Man, des années plus tard ?
[Xavier Fournier]
A quand le blue beetle archéologue,et son joyau mystique?
Toujours des fils spirituels de Lavoisier: » rien ne se perd , rien ne se crée…… » lol
Est-il possible de retrouver ces histoires en rééditions ?
Et encore merci
Pascal: Ca s’est passé bien plus tard 😉
Lionel: Il y a eu des rééditions dans le monde des fanzines américains dans les années 70. Pour ma part je n’ai vu la première histoire (celle du Bettle à chapeau) réimprimée seulement dans l’excellent Blue Beetle Companion, une sorte d’encyclopédie dédiée aux différents Beetles, écrite par Christopher Irving mais disponible seulement en import.
Sinon il y a aussi eu des microfiches vers la fin des années 90 mais elles supposent l’utilisation d’un lecteur spécial. Tout un binz.
Enfin il y a aussi la solution des sites d’enchères. Les premiers numéros de Mystery Men sont hors de prix, n’y pensez même pas. Mais par contre il est possible parfois de faire des affaires en récupérant des exemplaires du Blue Beetle des années 40 bien en dessous de leur valeur théorique parce qu’une publicité est déchirée ou que le papier est jauni.
L’apparence du héros et le fait de laisser des scarabées ,ça me fait aussi penser au Fantôme du bengale qui laisse son logo en forme de tête de mort pour terrifier les truands.
En fait c’est une influence très « pulp », divers justiciers de ces « romans de gare » laissaient leur « marque de passage »…