Oldies But Goodies: National Comics #18 (1941)
4 décembre 2010[FRENCH] Principal super-héros patriotique de Quality Comics et patriarche des Freedom Fighters, Uncle Sam est une véritable allégorie des USA, arraché à la culture américaine générale pour devenir un personne de comic-books. Peut-être était-ce pour cela que c’est dans sa série que la réalité rattraperait la fiction en prévoyant carrément une page importante de l’Histoire…
Quand il apparaît en juillet 1940 (National Comics #1), Uncle Sam (inspiré par le personnage qui, dans la culture populaire, représente l’Amérique) a d’emblée deux choses pour lui. D’abord il est créé par Will Eisner (The Spirit), ensuite c’est, par la force des choses, un personnage patriotique qui précède Captain America de nombreux mois. Autant dire que Steve Rogers est un jeunot qui n’impressionne pas Sam. Pour l’esthétique, Will Eisner fait simple. Si le concept d’Uncle Sam s’est inscrit dans la culture américaine depuis les premières décennies du 19ème siècle, c’est aussi une célèbre peinture de James Montgomery Flagg (« Flagg » pour une illustration patriotique, on ne pouvait rêver mieux) que l’armée américaine avait utilisée pour la communication de son recrutement pendant la première guerre mondiale. L’image d’un Uncle Sam au visage sombre, pointant un doigt vers l’observateur sous le titre « I Want You » avait depuis fait le tour du monde. En 1940, au moment ou sortait National Comics #1, l’Europe avait déjà été happée dans la seconde guerre mondiale. Un conflit encore plus large couvait et ramener, sous forme de comics, le personnage qui avait animé le recrutement américain pendant la précédente guerre n’avait rien d’innocent. Un « Uncle Sam » lancé dans « National Comics » et qui, dès son premier épisode, affrontait des « Purple Shirts » (allusion à peine voilée aux Chemises Brunes et au fascisme) avant d’évoquer, dans les mêmes pages, le président des USA, on pouvait difficilement faire plus patriotique dans un comic-book de 1940. Même le Shield (le tout premier super-héros portant les couleurs du drapeau américain) n’était pas allé aussi loin.
Dans National Comics #1, on montrait un vieil homme, Ezra Smith, qui ressemblait physiquement à Uncle Sam et qui tentait de s’opposer à l’avancée d’un nazisme américain (les « Purple Shirts » déjà nommées). Mais il était abattu lâchement d’un tir dans le dos et son jeune compagnon (où un fils ? un neveu ?), Buddy, s’échappait dans la nuit pour échapper aux criminels. Mais il finissait par tomber sur Uncle Sam qui le rassurait avant d’aller arrêter, à lui seul, toute l’organisation néfaste. Sachant que l’auteur était Eisner, on pouvait chercher des rapprochements avec l’origine du Spirit, dans laquelle le héros est laissé pour mort avant de revenir en se faisant passer pour un « Esprit ». On ne voyait pas le corps d’Ezra et il semblait possible qu’Uncle Sam ne soit qu’Ezra profitant du fait qu’on le croyait mort pour mieux représenter une sorte d’esprit vengeur américain. Néanmoins quelques pages plus loin les « Purple Shirts » poussent un énorme rocher sur Sam pour l’écraser et la pierre, de taille à écraser une voiture, se casse sur le dos du héros, montrant qu’il a une résistance surhumaine. Par la suite on constatera qu’il a un éventail de pouvoirs encore plus larges comme, bien sûr, une force supérieure mais aussi une certaine capacité à se faire aider par les fantômes des grands héros de l’histoire américaine. Le Uncle Sam d’Eisner s’imposait donc comme un symbole vivant, tour à tour présenté comme une incarnation de la conscience collective américaine ou comme le fantôme d’un héros national. D’ailleurs c’était effectivement le cas : Le Uncle Sam populaire lancé au dix-neuvième siècle était basé sur un boucher, Sam Wilson [1], qui avait approvisionné les forces américaines pendant le conflit de 1812 qui les opposait à l’Angleterre.
Qui plus est la version imaginée par James Montgomery Flagg ressemblait énormément à Abraham Lincoln (président des USA assassiné en 1865) à qui on aurait blanchi la barbe. Celle d’Eisner cultivait un peu moins la ressemblance avec Lincoln (encore qu’Ezra Smith est abattu de la même manière que lui) mais on pouvait effectivement imaginer qu’il était, à un certain niveau, l’esprit du glorieux président… La palette de possibilités était large et Quality. L’éditeur de National Comics, s’était offert à peu de frais une icône (une sorte d’entité aussi mystique que laïque) et en était conscient. Uncle Sam resterait la seule vedette des couvertures de National jusqu’en 1944 et aurait droit, par ailleurs, à son propre trimestriel (Uncle Sam Quarterly).
Will Eisner, lui, passerait cependant vite à d’autres choses, laissant à différents auteurs le soin de continuer la carrière du héros. Selon les conventions de l’époque, cependant, la série resterait longtemps signée « Eisner ». Ainsi, si on se base sur l’identification du site comics.org, l’histoire qui nous intéresse aujourd’hui (parue dans National Comics #18 officiellement daté de décembre 1941) est en fait l’oeuvre du scénariste Gill Fox et du dessinateur Lou Fine. Dès la page d’ouverture Uncle Sam est montré en train de rosser des soldats allemands (avec des casques très reconnaissables, même si le dessinateur se gardera bien de montrer des croix gammées dans l’épisode, les remplaçant par un logo inventé pour l’occasion). Ce qui en soi-même n’était pas si étonnant car, pour le coup, Captain America était passé par là bien avant en allant jusqu’à casser la figure à Hitler sur sa première couverture. Le récit à proprement parler débute quand des avions « orientaux » bombardent l’ile de Guam et, au même moment, s’attaque à Pearl Harbor, ravageant le port et détruisant les navires de guerre. C’est cette case qui donne à National #18 une certaine valeur historique puisqu’il s’agit tout simplement de la première mention dans les comics de l’attaque de Pearl Harbor ! Sauf… sauf… qu’il faut faire une précision importante. Dans les comics américains, on antidate traditionnellement les revues de plusieurs mois, de manière à ce que les kiosquiers les gardent plus longtemps en rayon. A l’époque Un comic-book daté de décembre est donc en fait paru sans doute en octobre ou en novembre. Mais l’attaque réelle de Pearl Harbor s’est déroulé le 7 décembre 1941… Alors qu’il avait donc depuis deux mois une BD datée de « décembre » qui prévoyait l’attaque japonaise !
Bien sur, le hasard y est pour quelque chose. Le scénariste Gill Fox n’avait ni don de voyance, ni amitié particulière au sein de l’état-major nippon. Mais quand même… Uncle Sam annoncé précisément l’entrée des USA dans la seconde guerre mondiale, représentant même une déclaration le congrès américain (sauf que c’est le « secrétaire de la guerre » qui s’adresse aux congressmen, pas Roosevelt). Les USA sont alors montrés en train d’envoyer leur flotte dans le Pacifique pour en découdre. Mais c’est là qu’intervient Uncle Sam, devant le congrès. Il fait remarquer qu’en envoyant TOUTE la flotte dans le Pacifique l’Amérique laisse la côte Est sans défense. Les officiels lui répondent alors qu’il n’y a pas d’alternative, que la marine américaine ne peut pas agir sur les deux océans (dans la pratique, quelques mois, plus tard, on verra bien, pourtant, que c’est le cas). Pour illustrer les propos prophétiques d’Uncle Sam on nous montre cependant qu’au même moment une « flotte hostile » se masse dans un port méditerranéen, prête à se diriger vers la côte ouest de l’Afrique (d’où, sans doute, un grand raid naval partira pour attaquer l’Amérique du côté Atlantique).
Heureusement Uncle Sam a de la suite dans les idées. Si l’armée américaine ne peut surveiller l’Est, lui n’attend pas qu’on l’autorise. Dans un canot à moteur, Sam et Buddy arrivent en vue d’un port sur la côte du Maine (état du nord). Ils sont surpris de voir que tout est éteint et soupçonnent qu’il s’y passe quelque chose de bizarre. Bien vite, ils sont surpris par une foule de marins qui tentent de s’en prendre à eux. Mais ils ne sont pas de taille face à la force supérieure d’Uncle Sam. Cependant les marins arrivent à piéger Sam et Buddy dans un filet de pêche et à les enfermer dans une cale de bateau. Bien sur ça ne suffit pas à emprisonner le héros très longtemps. Il déchire le filet et, tout aussi facilement, est en train de déchirer la paroi du bateau comme si c’était du papier. Buddy et lui s’apprêtent à s’évader quand ils écoutent la radio du navire transmettre un code. Leurs agresseurs sont donc – comme on pouvait s’y attendre – des espions !
Uncle Sam (portant Buddy sur ses épaules) saute alors à la mer et fait preuve d’un de ses talents mystiques : non seulement il marche sur l’eau (à l’image d’un certain prédécesseur biblique) mais il court à la surface des vagues. Réalisant sans doute que les deux prisonniers se sont échappés, l’équipage du bateau ennemi lance alors une torpille vers eux mais elle ne produit pas l’effet prévu. Sam saute dessus (un peu comme quelqu’un qui ferait du surf) et la torpille les transporte encore plus vite sur la côte. Une fois sur le sol, Uncle Sam se contente de rediriger l’engin vers le bateau… Retour à l’envoyeur ! Le navire disparaît dans une grande explosion. Mais il n’empêche qu’il s’agissait seulement des « éclaireurs ». Une flotte complète (aux commandes d’officier lançant de grands « Ach » en début de phrase pour marquer leur accent allemand) est en train de se diriger vers la Nouvelle-Angleterre. Heureusement Uncle Sam arrive à convaincre l’armée de procéder à une détection sonore… et ils trouvent effectivement trace de l’armada ennemie. Rapidement on contacte le Secrétaire de la Guerre mais celui-ci, consterné, explique qu’il ne dispose plus que d’une demi-douzaine de bombardiers (les autres étant dans le Pacifique). Autant dire que l’Amérique n’a plus aucune défense.
Malgré ce manque de moyen, les rares avions disponibles attaque les envahisseurs mais la supériorité de ces derniers ne fait aucun doute. Bien vite le ciel de Portland est tapissé d’escadrons ennemis. C’est au tour de Buddy, l’ami de Sam, d’entrer en scène. Il s’assure du concours du club d’aviation locale et d’un… fabricant de piano qui donner toutes les cordes nécessaires. Il a un plan. Il faut croire que les pouvoirs nationalo-mystiques d’Uncle Sam s’étendent à Buddy car le plan en question consiste à… tendre des cordes de piano entre deux avions volant de manière de manière à ce que les allemands se prennent dedans. Et contre toute attente (ne me demandez pas comment) ça marche. Quelques bombardiers explosent en se prenant dans les cordes. Mais la réussite est limitée. Au sol Uncle Sam constate : « L’idée de Buddy était excellente mais leurs navires de combat vont bientôt nous écraser !« .
Mais alors qu’Uncle Sam regarde la baie de Portland, dans laquelle mouille la vénérable frégate Constellation, un gigantesque spectre lui apparaît. Celui du marin héroïque John Paul John, qui vient lui donner cet étrange conseil « J’ai toujours combattu le feu par le feu ». Quel spectre sympathique ! Bien sur, c’est oublier un peu vite que si John Paul Jones est un personnage populaire de l’histoire américaine il est né en Écosse et n’est arrivé aux USA qu’après s’être taillé une très mauvaise réputation dans la marine anglaise (où il avait servi à bord de bateaux « négriers », qui véhiculaient des esclaves) pour cruauté envers ses équipages (provoquant la mort de plusieurs de ses hommes). C’est entre autres choses pour échapper à des scandales qu’il s’établit aux états-unis… Mais vers 1788, s’étant trouvé sans emploi, Jones avait prêté allégeance à l’Impératrice Catherine de Russie, devenant officier dans la marine russe. En 1790 l’homme s’était finalement installé à Paris où il mourut. Même s’il devint un marin de légende, ce n’est pas franchement le genre de « patriote » qu’on imaginerait se matérialiser pour défendre un pays dans lequel, finalement, il n’a jamais séjourné longtemps. C’est d’ailleurs un problème que rencontrent beaucoup de héros de comics qui parlent avec des spectres « historiques », à savoir qu’en général les auteurs se basent sur le souvenir entretenu dans la mémoire collective mais pas sur la biographie effective de la personne. Du coup John Paul Jones n’est pas forcément le choix le plus politiquement correct pour cette situation…
Mais qu’importe, la phrase fait naître une idée dans l’esprit de Sam. Il se procure des bidons d’essence et avec l’aide des pêcheurs du coin, il fait prendre la mer au vieux navire Constellation (le héros prenant place à la barre bien sûr). Sans s’approcher de la flotte ennemie, le Constellation commence à verser de l’essence dans l’eau… Puis, une fois la tâche remplie, Sam et ses amis lancent une torche par dessus bord. Pendant ce temps les avions ennemis attaquent Boston mais Buddy et ses amis aviateurs continuent la stratégie des cordes à piano. Très vite, le ciel de Boston est nettoyé et l’avion de Buddy peut retourner vers Portland. C’est en survolant l’océan qu’ils peuvent alors comprendre la stratégie d’Uncle Sam : il a créé un cercle de feu autour de la flotte ennemie et celle-ci est prise au piège. Les allemands voient avec angoisse les flammes se rapprocher et s’inquiètent de l’effet qu’elles pourraient produire sur leur stock de munition. Ils n’ont d’autre choix que de se rendre. Bientôt l’armada capturée entre dans la baie de Portland, tandis que le fantôme de John Paul Jones tire son chapeau à Sam et aux gens du Maine. Uncle Sam lui rend la pareille : « Et hourrah pour le Capitaine John Paul Jones, tant que flottera notre drapeau, aucun ennemi n’écrasera notre pays !«
National Comics #18 est bien sûr resté célèbre pour son étrange prévision de l’attaque de Pearl Harbor. Bien plus tard, dans la série All-Star Squadron, le scénariste Roy Thomas lierait fort justement l’origine des Freedom Fighters (groupe dont Uncle Sam fait partie) à Pearl Harbor, mais dans une réalité alternative. Dans All-Star Squadron #31-35 (1984), pressentant que les Japonais vont attaquer dans le Pacifique, Uncle Sam enrôle différents héros (parmi lesquels la Miss America de Quality mais aussi Hourman) pour partir pour Terre-X, là où aucun héros ne défend l’Amérique. Mais du coup tout change : Les Freedom Fighters croisent les forces japonaises avant qu’elles attaquent Pearl Harbor et engagent le combat. La majeure partie des Freedom Fighters trouvent la mort (ou sont considérés comme morts, certains reviendront par la suite) mais du coup, constatant que l’effet de surprise ne joue plus, les Japonais annuleront leur attaque. Sur cette Terre-là Pearl Harbor est épargné mais Uncle Sam étant le seul Freedom Fighter restant à ce moment-là (et le seul à se souvenir que l’attaque aurait du avoir lieu) est considéré comme un fou. Ce qui d’ailleurs ne collait pas avec ce qui avait été montré pendant le Golden Age. Si Uncle Sam était coincé sur Terre-X et considéré comme un fou, comment pouvait-il être au même moment sur la Terre générale de DC en train d’empêcher l’attaque des nazis sur la côte Est ? Mais la contradiction a depuis été réglée. L’Histoire de l’univers DC s’étant réorganisé à la suite de Crisis en 1985-1986, tous ces événements sont désormais supposés s’être déroulés sur la même Terre (et ce malgré les retombées d’Infinite Crisis et 52). Les Freedom Fighters originaux sont donc tombés pendant la vraie attaque de Pearl Harbor, qu’ils n’ont pas pu empêcher malgré leur sacrifice. Mais lier Uncle Sam à Pearl Harbor reste une reconnaissance des événements décrits par anticipation dans National Comics #18.
[Xavier Fournier] [1] Si vous vous demandiez d’où le Faucon, partenaire occasionnel de Captain America, tenait son nom civil, ne cherchez pas plus loin !
Petite précision concernant l’origine historique de « Uncle Sam »:Ls viandes fournies par Sam Wilson arrivaient à l’armée Américaine marquée du logo US (initiales d' »Uncle Sam » mais aussi d' »United States ») c’est surtout cette proximité d’initiales qui a fait de l' »Oncle Sam » un symbôle patriotique.
Et nous , nous avons Marianne ! C’est tout de méme plus sexy qu’un papy barbu 😉
A propos des héros populaires de l’histoire américaine , entre Buffalo Bill , Jesse James ou Wyatt Earp ….on a le choix et ils n’ont rien a envier a John Paul Jones .
C’est vrai, et je me garderais bien de juger John Paul Jones alors qu’en définitive c’est un produit de son siècle. Je ne dis pas que c’est la pire raclure de l’histoire américaine. Juste que ce genre d’évocation fantomatique a le chic pour tomber dans un certain angélisme littéraire, comme si le CV des hommes célèbres était passé dans la grille de lecture de la Bibliothèque Rose 😉
Je confirme pour l’origine de Uncle Sam :
c’est d’ailleurs rappelé dans un graphique novel illustré Alex Ross et paru chez nous avant l’été dernier…
Euh oui mais personne ne disait le contraire (sauf le comic-book en question en fait, ce serait marrant un Uncle Sam qui pense qu’à filer de la viande à tout le monde). Attention (au passage) car cette mini-série « US » de Ross (traduite en VF à l’origine en 2001 chez Semic) n’est pas vraiment dans la continuité du personnage Quality/DC. C’est un peu comme le Shade de DC et le Shade de Vertigo.
Eh, filer de la viande à tout le monde… Pas si saugrenu : çà ne vous rappelle pas (de loin !) le Plan Marshall des USA et autres programmes céréales contre machines de l’ex-URSS…
Merci encore pour ces articles.
A quand un article sur Dynamic Man (l’homme de demain ou du futur) puisqu’on le retrouve dans Twelve et dans Project Powers dans des rôles importants…
J »ai effectivement quelque chose de prévu avec Dynamic Man et quelque chose d’important lié à sa première apparition. Je ne sais pas trop dans quel ordre ca va arriver par contre.
« C’est d’ailleurs un problème que rencontrent beaucoup de héros de comics qui parlent avec des spectres « historiques », à savoir qu’en général les auteurs se basent sur le souvenir entretenu dans la mémoire collective mais pas sur la biographie effective de la personne »
Ce n’est un problème que si on considère que ce sont les vrais fantômes qui se manifestent !
Mais on peut aussi penser que ce sont des images iconiques stockées dans l’inconscient collectif (ce que le regretté Roland Wagner appelait la psychosphère) qui se matérialisent quand le besoin s’en fait sentir 😉
Je crois d’ailleurs que c’est quelque chose qui avait été traité de manière plus tardive dans des séries comme le Kid Eternity de Vertigo.