Ses histoires pouvaient aussi bien mettre en vedette les 3 Rocketeers (trois astronautes récurrents qu’il avait créé pour le titre) que d’autres aventuriers interchangeables. Dans certains cas, le héros étant même simplement appelé « capitaine » et affublé d’une même combinaison bleue, il était même possible de penser que les histoires où les Rocketeers n’apparaissaient pas relevaient pourtant du même contexte. Elles auraient aussi bien pu raconter la jeunesse d’un des Rocketeers que décrire les événements d’une autre expédition appartenant à la même armée de l’espace tant les technologies et les tenues semblaient « raccord »…
Dans « Garden of Eden« , il semble bien que c’est le deuxième cas qui s’applique. Le récit commence directement sur une planète lointaine, où les astronautes ont déjà posé leur fusée et commencé à explorer les alentours. Et justement le Captain James revient vers le vaisseau en charmante compagnie. Il a trouvé une sculpturale blonde ! A l’autre bout du cosmos, sur une planète paradisiaque !
Les deux hommes d’équipage qui attendaient le retour de James ne manquent pas de remarquer l’apparition blonde. Le plus petit des deux s’écrie : « Hey ! Regardes ce qui revient avec le Capitaine… une fille !« . On notera au passage que c’est une pure réaction des astronautes de Kirby à l’époque. Peut-être pas propre à Kirby dans le sens où la société d’alors n’envisage pas que les femmes participent à l’exploration de l’espace. Mais en tout cas les astronautes du King ont le chic (C’est aussi le cas pour les Rocketeers dans Blast-Off #1) pour s’extasier comme des adolescents sur la seule fille du secteur alors qu’ils y a autour d’eux une vision qu’aucun terrien n’a vu avant eux. Pour l’autre homme d’équipage, tout se rejoint cependant : « Elle est magnifique ! Comme tout sur cette planète !« . En effet, ils sont entourés d’un décor paradisiaque, avec des plantes fantastiques et ils n’ont besoin d’aucun scaphandre. La planète inconnue est accueillante, parfaire pour abriter la vie humaine.
Voici le moment des introductions. Le narrateur nous explique qu’il est l’astronaute première classe Kip Rogers et qu’il accompagne le Captain James et un certain Dooley Forbes dans une mission d’exploration. Ils sont comme des éclaireurs envoyés pour préparer l’expansion de la Terre au delà du système solaire. Notons au passage que le nom de Kip Rogers évoque plein de choses par rapport au parcours de Kirby. Il évoque, un peu, le nom de Rip Carter, le tuteur des Boy Commandos. Mais Rogers, c’est aussi le nom civil de Captain America, co-création antérieure de Kirby. Sans chercher si loin, un des 3 Rocketeers se nomme Kip McCoy et comme dans cette histoire aussi il est question d’un trio d’astronautes, il y a des raisons de penser que Garden of Eden aurait pu être travaillé comme une aventure des Rocketeers puis modifiée à la va-vite (peut-être parce que l’éditeur ne voulait pas avoir que les seuls Rocketeers dans le magazine ?). Ou bien le Captain James et ses hommes seraient le prototype des Rocketeers, que Kirby aurait ensuite perfectionné ? Allez savoir…
Les trois astronautes ont de toutes manières d’autres préoccupations que de savoir s’ils sont la poule avant l’oeuf. Le Captain James présente aux deux autres la femme qui marche à ses côtés mais est interrompu par… la femme elle-même. Non seulement elle a l’allure humaine mais, comme elle l’explique elle-même : « Je parle votre langue mère. Je suis Anizaar et je vous souhaite la bienvenue !« . Incroyable. Une blonde qui erre à l’autre bout de l’univers et qui parle anglais. Mais le Captain James prévient les autres : « Elle peut lire nos esprits, les gars ! Elle a appris notre langue en la lisant dans mes pensées !« . Et Anizaar explique qu’elle a appris autre chose. Que le capitaine de l’expédition se méfie d’elle. Tout comme il se méfie de cet endroit. Et pourtant la femme cherche à le rassurer : « Mais il n’y a rien ici pour vous menacer ! Vous êtes les premières créatures vivantes à être venues ici à travers la grande noirceur… Je veux que vous restiez. Il y a tant à discuter !« .
Allez savoir comment mais James sait que la planète n’est pas une fille mais un garçon : « Il a moulé la fille à partir de sa propre structure atomique pour pouvoir communiquer avec nous ! Il a transformé sa surface planétaire entière dans un jardin d’Eden pour nous séduire ! Et quand nous avons décidé de partir il est s’est mis en colère. Tout ça m’avait rendu méfiant ! C’était trop parfait ! Et ce n’est pas le genre de la nature d’essayer de nous satisfaire !« . Alors que la fusée est dans l’espace on voit sous elle un bout de la planète, désormais violacée et sinistre, comme le bout d’une sorte d’organisme gigantesque…
Kip est pantois : « Imaginez ! Une planète qui est vraiment vivante ! Quelle découverte Capitaine !« . Et James poursuit ses explications. Il se doutait visiblement du pot aux roses depuis le début : « Imaginez comment Anizaar s’est senti quand nous sommes arrivés ! Des microbes qui volaient dans des vaisseaux spatiaux ! Il voulait nous étudier ! Découvrir tout à propos de nous ! Et je ne pouvais pas le laisser faire ! …Pas avant que nous en apprenions plus sur lui et ses pouvoirs ! Quand les gars de la Recherche vont entendre parler de ça, Anizaar aura bien plus de compagnie qu’il en voudrait !« . Et l’équipe d’astronautes repart vers la Terre en savourant son évasion. Fin.
La deuxième chose à souligner ne concerne pas les influences du récit mais bien ses conséquences. Ou disons ses suites. Quelques années plus tard, dans Thor #132 (octobre 1966) Jack Kirby introduira dans l’univers Marvel une autre planète vivante capable de se manifester, le cas échéant, sous la forme d’avatars humanoïdes (plutôt mâles) : Ego la Planète Vivante ! Et Ego sera présenté, en détail, comme un organisme vivant de taille planétaire au tempérament colérique… A l’instar d’Anizaar, monde dont insinuait à la fin de son apparition qu’il était du genre masculin. Tout comme la vraie forme, entr’aperçue, d’Anizaar se présentait sous une apparence violacée, Ego est lui aussi de cette couleur et se plait à apparaître sous la forme d’un visage gigantesque (encore que le visage que ce choisissait Anizaar était celui d’une pin-up). A croire qu’Anizaar et Ego ne sont qu’un seul et même monde, utilisant de deux pseudonymes différents ! Comme quoi aucune idée ne se perd jamais à l’intérieur de la Kirbysphère !
[Xavier Fournier]Après deux volets ayant conquis le box-office sans pour autant séduire la critique, Venom :…
Hasard du calendrier, Christopher Reeve fait l'objet de deux documentaires en ce mois d'octobre. Le…
Le documentaire Super/Man : L'Histoire de Christopher Reeve plonge au cœur de la vie de…
Pour bien commencer la semaine, Marvel Studios nous présentent les premières images de Thunderbolts*, prévu…
La série The Penguin s’inscrit dans l’univers sombre et corrompu du Gotham City, mis en…
Qui l'aurait cru ? La sorcière Agatha Harkness, ennemie de la Sorcière Rouge dans la…