Oldies But Goodies: Smash Comics #1 (Août 1939) Part 1

[FRENCH] Dès l’été 1939, un super-robot fait son apparition chez l’éditeur Quality Comics. Certes, les super-robots à cette époque, ça court les rues mais celui-ci ne peut qu’interpeller les lecteurs contemporains. Le détective Hugh Hazzard y entre en effet en possession du… Iron Man du Golden Age, dont il peut se servir indifféremment comme un automate à ses ordres ou… comme un exosquelette. Et ce n’est là qu’une des particularités notables de « Hugh Hazzard & Bozo The Iron Man » !!!

Peur sur la ville ! Un monstre de métal sème la terreur en perpétrant aussi bien des cambriolages que des enlèvements d’enfants. Cette créature indestructible fait la une des journaux… et le désespoir des services de la police, qui n’arrive pas à arrêter ce véritable tank monté sur jambes. Le commissaire Hunt a beau essayer de capturer le monstre, ses hommes arrivent toujours trop tard. Et quand bien même ils arriveraient en même temps que le robot, comment pourraient-ils espérer l’arrêter. Le seul à se réjouir de la situation, c’est le savant Von Thorp, l’inventeur et le propriétaire inconnu du « monstre » en question. C’est Von Thorp qui, secrètement, du fond de son laboratoire, pilote la campagne de terreur de son « Iron Monster ».

Au commissariat, Hunt est désespéré. Un de ses hommes finit par lui dire qu’essayer d’arrêter cet homme de métal serait trop « hasardeux ». En écoutant ce mot, le commissaire est pris d’une inspiration soudaine: « hasardeux » ? Bon sang, mais c’est bien sûr ! Le seul qui peut arrêter ce monstre c’est le fameux détective, Hugh Hazzard ! Aussitôt le policier demande qu’on lui passe le dénommé Hazzard au téléphone… Mais ça ne répond pas. Hazzard est en effet sorti courtiser une jeune femme nommée Pat. Le commissaire Hunt est donc obligé d’utiliser son autre moyen privilégié de contacter le détective. Il monte sur le toit de l’immeuble et tire une fusée éclairante dans la nuit. En voyant le signal, Hugh Hazzard sait immédiatement qu’on fait appel à lui. Gentleman, Hugh Hazzard prend la peine d’installer la belle Pat dans un taxi avant d’aller voir ses amis policiers.

Mine de rien cette technique saugrenue pour le contacter est intéressante. D’abord il est évident qu’on y retrouve un peu le même mécanisme que dans Batman, lorsque le commissaire Gordon appelait à l’aide le justicier chauve-souris avec un signal lumineux. Sauf que si nous sommes bien en août 1939 et que Batman existe donc déjà depuis plusieurs mois, l’usage du Bat-Signal n’interviendra que bien plus tard dans la série. Le signal qu’utilise Hunt pour convoquer Hazzard n’est donc pas une imitation du Bat-Signal: il le précède !

Cela dit le scénario pêche sur un point. Si la campagne du « Iron Man » (tel qu’il est nommé sur la couverture, surnom qu’il gardera pendant plusieurs années) est si terrible que ça pour la ville, comment expliquer qu’un « grand détective » comme Hugh Hazzard n’en ait pas entendu parler et qu’il faille attendre à ce que la police lance une fusée éclairante pour qu’il se manifeste ? D’autant qu’une fois arrivé au commissariat, il doit se faire expliquer toute l’histoire et qu’il trouve cette histoire de robot assez incroyable… Mais pendant qu’Hugh est dans le bureau du commissaire, ce dernier reçoit un coup de fil anonyme qui l’informe que le fameux professeur Von Thorp a été attaqué. Hunt et Hazzard se ruent au laboratoire du scientifique où ils découvrent son corps ensanglanté ainsi qu’une lettre leur expliquant qu’il a été séquestré par une bande de gangsters qui l’ont obligé à utiliser son invention pour le crime. Ils l’ont mortellement blessé et, avec sa dernière énergie, il semble que Von Thorp a trouvé la force de griffonner ce mot.

Les deux hommes sont tellement occupés à lire la lettre qu’ils ne remarquent qu’après coup que le corps de Von Thorp a disparu. En fait, il s’agissait d’une tentative du savant pour détourner les soupçons en se faisant passer pour mort. Peine perdue, Hugh Hazzard a vu clair dans son jeu. Il ne croit pas à la mort de Von Thorp et déduit que le scientifique a du se replier dans un nouveau repaire.

Hazzard patrouille la ville en voiture en espérant tomber sur le robot en action… Ce qui ne tarde pas à arriver, le robot est en effet en train d’enfoncer la devanture d’une bijouterie quand Hazzard finit par le trouver. Dans son nouveau labo, Von Thorp constate grâce à un détecteur de position que son robot s’est immobilisé. Il s’inquiète l’espace d’un instant puis se dit que la machine est sans doute en train de pulvériser un policier trop téméraire. D’ailleurs quelques instants plus tard l’homme de fer se présente, en portant son butin dans un sac. Tout à sa victoire, Von Thorp tombe des nues quand Hugh Hazzard surgit… du corps du robot. Il s’était en effet caché dans la large « poitrine » de l’engin et il lui a suffit de se laisser ramener jusqu’au Q.G. du criminel. Il explique enfin qu’il a vu clair dans cette histoire de fausse mort car Von Thorp avait utilisé de la peinture rouge pour simuler le sang, peinture qu’il avait aussi renversé sur ses chaussures. Et ainsi, grâce aux trainées de peinture, Hazzard a compris que le corps n’avait pas été emporté mais qu’il avait marché de lui-même. Le lendemain, les journaux titrent sur le fait que Von Thorp est vivant et qu’il a été apporté à la police… par son propre robot (sans doute dirigé par Hazzard).

Reste la conclusion de l’histoire. Hugh Hazzard retrouve Hunt au commissariat. Le policier le félicite, bien sûr, mais Hazzard est curieux : que va faire la police avec le robot ? Hunt explique alors que justement l’être de métal fait partie d’un chargement d’armes et de munitions qui vont être détruites, englouties dans la mer. En écoutant ceci, Hazzard s’éclipse sans perdre de temps. C’est que lui a une toute autre idée quand au devenir du robot. Il a d’ailleurs déjà emmené chez lui tous les équipements de contrôle de la machine. Hazzard se rue au port, s’empare d’un hors-bord et rattrape le bateau qui part en mer pour détruire toutes les armes. Sans être vu, il s’empare du « monstre de fer » et le ramène chez lui. Là, Hugh explique à la machine que désormais il l’appellera « Bozo » et qu’au lieu de servir le crime il l’aidera à le combattre.

Et l’homme et le robot trinquent alors (« Bozo » boit un petit bidon d’essence). Par la suite « Hugh Hazzard and Bozo The Iron Man » resteront jusqu’en 1943 une « feature » régulière de Smash Comics (soit 41 numéros), quoi que vers la fin le terme d’Iron Man est abandonné, remplacé par un plus anodin « Bozo The Robot ». Hugh Hazzard perfectionnera son usage du robot. Alors que là il se contente de se cacher à l’intérieur de la carcasse, il apprendra par la suite à utiliser « Bozo » comme un exosquelette qu’il peut manipuler de l’intérieur. Bozo n’arrêtera pas de se découvrir de nouveaux talents (comme le pouvoir de voler) ce qui fait que même si on n’est pas en face tout à fait de ce qu’on pourrait appeler le modèle de l’Iron Man de Marvel, on s’en approche quand même à plusieurs égards.

La période « Iron Man » consiste en gros en la première année de publication du personnage, utilisant d’ailleurs à partir du deuxième épisode un « logo » à géométrie variable qui utilisait les lettres de l’expression « Iron Man » comme si elles étaient percées de rivets (voir le scan ci-contre, qui est tiré de Smash Comics #2). Hasard ou pas ? L’Iron Man de Marvel utilisera bien plus tard un logo un peu dans le même esprit… Techniquement le personnage est aujourd’hui dans le domaine public (son éditeur, Quality Comics, n’ayant pas jugé utile d’en renouveler les droits depuis 1943) mais comme une bonne partie des héros Quality ont refait surface chez DC, c’est de ce côté qu’il faudrait surveiller un possible retour.

[Xavier Fournier]

(Smash Comics #1 contient différentes bandes dignes d’intérêt, c’est pourquoi ce week-end je vous donne un rendez-vous en deux parties. Vous venez de lire la première, retrouvez la seconde ce dimanche sur www.comicbox.com 😉 ).

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