Oldies But Goodies: Smash Comics #1 (Août 1939) Part 2
15 mars 2009[FRENCH] Il y a deux semaines, je vous parlais de quelques racines « comics » de Watchmen et en particulier du Hangman, à qui le Hooded Justice des Minutemen (l’équipe des années 40 dans l’œuvre d’Alan Moore et Dave Gibbons) doit beaucoup. Puisqu’hier je me suis lancé dans Smash Comics #1, il serait difficile de ne pas parler d’un personnage qui regroupe les deux sujets. A savoir un certain « Invisible Hood ». Encore que, dans les premiers mois créateurs et éditeurs ne semblaient pas trop savoir quel nom lui donner…
Vous l’avez peut-être aperçu sur la couverture de Smash Comics #1 chroniqué dès hier dans le cadre de cette rubrique (mais dans le cas contraire, pas de panique, voici le même scan ci-contre). L’image comportait en effet la mention d’un personnage nommé Hooded Justice (la « justice encagoulée », héros qu’on retrouve à l’intérieur rebaptisé The Invisible Hood (autrement dit la « cagoule invisible »). En fait (pour une raison mystérieuse) « Hooded Justice » était le titre du « feuilleton » dans lequel Invisible Hood apparaissait. Pourquoi avoir ainsi choisi d’utiliser deux termes proches mais différents (compliquant ainsi la notoriété potentielle du personnage), allez savoir… Toujours est-il qu’à l’intérieur on retrouve bien le titre « Hooded Justice » mais que le héros en est la Cagoule Invisible… Il s’agit d’un certain Kent Thurston dont on ne saura d’abord pas grand chose si ce n’est qu’il est là, à lire le journal à côté du téléphone. Ca tombe plutôt bien car, dans une scène digne d’un vaudeville le téléphone vient justement de sonner et c’est son vieil ami, l’inspecteur Bill Blake, qui lui demande de passer à son bureau. Pourquoi ? Comment ? On n’en saura rien. Aucune indication ne donne la profession de Thurston (deux lignes d’intro nous disent juste qu’il combat le crime sous l’identité du Invisible Hood) et on voit mal pourquoi l’inspecteur demanderait de l’aide à un quidam moyen. Sans doute que Kent Thurston est, comme Hugh Hazzard, un détective aidant la police à ses heures mais ça, les auteurs oublient tout simplement de nous l’expliquer.
Quoi qu’il en soit, Kent Thurston est visiblement un homme de confiance de Bill Blake puisqu’une fois arrivé dans le bureau, l’inspecteur ne tarde pas à lui expliquer que la troisième personne présente dans la pièce est le Maharajah de Raas qui « voyage incognito ». Enfin, plus maintenant que Blake vient de le dire à Thurston, mais bon, puisqu’on vous dit qu’il lui fait confiance. Le Maharajah de Raas explique alors qu’il est à la recherche d’un collier de pierres précieuses qui a été volé dans son pays et qui a une grande valeur symbolique pour sa nation. Son absence créée un grand trouble dans la population et il est donc venu en Amérique pour tenter de le récupérer. Mais Bill Blake l’arrête tout de suite : ses services ne peuvent retrouver le collier car les pierres ont dispersées entre différentes personnes. Là aussi, allez savoir pourquoi et comment Blake en sait si long… mystère et boule de gomme. Mais alors qu’ils sont réunis tous les trois, Blake reçoit un coup de téléphone qui l’informe qu’un fameux bijoutier vient d’être assassiné et qu’une partie de ses joyaux ont disparus. En sortant du commissariat en compagnie de Kent Thurston, Blake se demande à voix haute… Et si les pierres du Maharajah et celles du bijoutier étaient liées ? Quel fin limier, ce Blake…
Le soir même un riche financier, Peter Robinson, connu pour être collectionneur de pierre précieuses reçoit une étrange visite. Il a soudain l’impression qu’il n’est pas seul dans son appartement… Et il découvre qu’un homme mystérieux, drapé dans une sorte de costume de moine, s’est introduit chez lui, l’arme à la main. L’inconnu se présente : Il est l’Invisible Hood et il est venu prévenir Randolph qu’un danger plane sur lui. Heu… Randolph ? Mais deux cases plus tôt on nous l’a pourtant présenté comme étant Peter Robinson ?
Visiblement soit il y a maldonne au niveau du scénariste, soit Invisible Hood est un peu éméché soit l’histoire a été écourtée d’une page, comprimant un passage chez Robinson puis un autre chez un certain Randolph. Mais Invisible Hood continue comme si de rien n’était et prévient donc « Randolph » que des voleurs sont en train d’essayer de reconstituer un collier de pierres précieuses qui a été volé en Inde et qu’ils s’en prennent donc aux gens qui ont acheté ces bijoux. La preuve étant, explique Invisible Hood à « Randolph »… que Robinson – qui possédait certains des joyaux – a été assassiné plus tôt dans la soirée ! Bien que connaissant la réputation de héros d’Invisible Hood, « Randolph » ne veut rien entendre. Il ordonne au personnage masqué de partir, sinon il appellera la police. Pas du genre à se laisser faire, Invisible Hood utilise alors ses pistolets… qui ne tirent pas des balles mais diffusent un gaz soporifique (la ressemblance avec le Sandman de DC n’est sans doute pas accidentelle). « Randolph » tombe inanimé et Invisible Hood peut tendre son piège. Quand les gangsters arrivent chez Robinson/Randolph, ils trouvent la maison en apparence déserte mais les pierres sont en évidence. Ils s’en emparent et s’enfuient en voiture, sans vraiment réaliser qu’Invisible Hood les suit. Ils ont un vague doute à un moment, sans plus… Et Invisible Hood – à pied – arrive à suivre la voiture dans des circonstances pas vraiment claires.
Epiant le repaire des gangsters, Invisible Hood découvre qu’ils ont enlevé le Maharajah de Raas pour lui proposer un marché. Maintenant qu’ils ont retrouvé toutes les pierres du collier, ils lui proposent de le racheter au prix fort : deux millions de dollars (de l’époque) en échange des bijoux convoités. Mais pendant que la transaction est discutée, Invisible Hood est surpris par certains des voleurs. Il est fait prisonnier et emmené à l’intérieur de la maison où le héros ne tarde pas à se rebeller et à laisser parler ses poings, puis à nouveau ses pistolets à gaz. Pendant ce temps le Maharajah tente d’expliquer au chef des bandits que deux millions de dollars c’est trop, qu’une telle somme mettrait son pays sur la paille… Le gangster croit à un bluff et les choses risquent de dégénérer quand le bruit de la lutte entre Invisible Hood et le reste de la bande leur parvient. Bientôt, c’est une bagarre généralisée qui éclate, bagarre dont seul le Hood sort vainqueur. Tout ca se termine dans une sorte de réunion de débriefing au commissariat où se réunissent le Maharajah, Bill Blake ainsi que Kent Thurston que l’inspecteur a convié « en raison de son intérêt pour les pierres précieuses ». Une nouvelle fois Invisible Hood a réglé une affaire mais ca ne fait guère le bonheur de Bill Blake qui – ignorant qu’il s’agit de son ami – conclue en espérant qu’un jour il finira par mettre la main sur le personnage masqué (et on retrouve ici le même mécanisme que les premières aventures du Blue Beetle, qui se terminaient systématiquement avec l’ami policier du héros espérant coincer le personnage, sans réaliser qu’il s’agit de celui à qui il fait cette confidence). On peut parler du syndrome du « Sergent Garcia »… L’histoire s’achève sur un commentaire éditorial promettant aux lecteurs qu’ils pourront retrouver… Hooded Justice le mois prochain…
Vous n’aurez pas manqué de réaliser que la « Cagoule Invisible » n’a en fait rien du tout d’invisible, en tout cas dans ce premier épisode. Ma théorie (qui ne prétend rien d’autre qu’être une hypothèse) c’est que le personnage a sans doute été d’abord commandé sous l’un des deux noms (Hooded Justice ou Invisible Hood) et que l’éditeur n’aura finalement pas trouvé le terme assez spectaculaire, menant à un changement de nom de dernière minute (seulement partiel à cause de la précipitation). Le mois suivant, le terme « Invisible Justice » l’avait emporté sur la couverture, dans des conditions assez particulières. Sans doute que quelqu’un chez Quality Comics avait trouvé qu’il fallait justifier ce terme d’Invisible. Alors dans le deuxième épisode Kent Thurston rentrerait chez lui en se lamentant de n’avoir d’Invisible que le nom, expliquant que son rêve aurait été d’être invisible pour de bon. Coup de chance, dans le même épisode il allait sauver un scientifique qui, travaillant sur une formule d’invisibilité, allait lui permettre d’en enduire sa toge de pseudo-moine. A partir de ce moment-là, Invisible Hood deviendra un homme invisible pour de bon, s’éloignant du simple « encapuché » qu’il était à ses débuts et délaissant le surnom d’Hooded Justice. N’empêche que ce Hood, vêtu d’une toge rouge, capable de devenir invisible à la demande et armé de pistolets dans chaque main nous rappelle aussi un autre personnage bien plus moderne. Le Hood qui, de nos jours, créé des ennuis aux New Avengers. De là à penser que la toge du Hood moderne et celle du Invisible Hood ne sont qu’une seule et même tenue, malgré le fait qu’ils appartiennent à deux compagnies différentes…
[Xavier Fournier]
Une question que je me pose à propos de Sandman ainsi qu’à propos de ce personnage,c’est est-ce que c’était des héros qui tuent comme on en trouvait plein à l’époque?
Pas quand ils pouvaient l’éviter. Sandman et Invisible Hood utilisaient d’ailleurs des pistolets à fumée pour endormir leurs adversaires. Par contre de nombreux autres héros de l’Age d’Or n’avaient pas la même limite. Le Captain America des années 40 n’était pas du genre à laisser repartir vivant un saboteur s’il pouvait l’éviter… Où tout au moins il se gardait de lui sauver la vie quand cela était nécessaire.
Ok,merci.
Pour le Bourreau,vu le nom…
Mais bon,il fait comme il veut.