Oldies But Goodies: The Shadow (30 Mars 1942)
21 juillet 2012[FRENCH] Le charismatique Shadow fut et reste l’ancêtre de nombreux super-héros. Au point peut-être d’être un centre de gravité qui, rétrospectivement, écrase un peu les différents alliés qu’il avait dans la série. On se souvient volontiers de Margo Lane, qui reste vue comme LA femme dans l’entourage du Shadow. Mais on oublie régulièrement la sulfureuse Valda Rune qui, au lieu de se contenter d’être un faire-valoir, devint même une aventurière masquée portant un costume noir de femme-panthère… Une autre Catwoman ?
A ses débuts en 1930, le mystérieux Shadow (justicier aux talents hypnotiques, utilisant tout un réseau d’agents pour lutter contre le Mal) évoluait dans un univers exclusivement masculin. Lancé comme un héros de radio dans Detective Story Hour (juillet 1930), il avait connu dès avril 1931 une déclinaison sous forme de romans écrits par Walter B. Gibson. Mais à l’époque l’idée d’une femme pour infiltrer ou combattre les bas-fonds ne coulait pas de source. Elle aurait été associée à une femme aux mauvaises mœurs. Lutter contre le crime était un « boulot d’homme ». Dans les premières années, le Shadow ne s’entoura donc que d’alliés masculins. Ce n’est pas pour autant que ce collectif n’évoquait pas déjà une sorte de prototype de groupe de super-héros, avec des noms parfois évocateurs, comme « Hawkeye ». On comptait aussi la montagne de muscles Jericho Druke et quelques spécialistes présageaient déjà un peu la logique de Mission Impossible. Le point de repère le plus courant était Harry Vincent, un homme qui tente de se suicider au début du premier roman, à la suite d’une déception amoureuse. Mais que le Shadow sauve et arrive à le convaincre que, quitte à sacrifier sa vie, autant le faire au service de la Justice. C’est à travers les yeux d’Harry Vincent que le lecteur découvre alors graduellement qui est le Shadow et comment son organisation fonctionne. Mais des femmes là dedans ? Aucune. En tout cas pas en 1931.
En 1937, Walter Gibson décida cependant d’apporter un peu de mixité à ses romans en lançant, enfin, une femme dans la petite bande du Shadow: Myra Reldon était une aventurière dont le gimmick consistait à savoir se faire passer pour une asiatique, ce qui était utile pour infiltrer les organisations d’origine japonaise ou chinoise… Mais ne servait guère en d’autres occasions. C’est pourquoi Myra Reldon, la maîtresse du déguisement, fut finalement utilisée de façon relativement limitée. Et pour cause : Entre-temps les producteurs du show radio du Shadow avaient décidé, eux aussi, qu’ils avaient besoin d’une présence féminine. Il y avait trop de voix d’hommes dans le feuilleton et, pour que l’auditeur s’y retrouve plus facilement, il fallait la présence régulière d’une femme. La solution semblait simple : il semblait logique d’adapter Myra Reldon et d’étendre le champ de ses compétences. C’était sans compter sans un caprice d’un des producteurs, Clark Andrews, qui voulait une femme plus intime avec le Shadow (Myra n’était qu’une exécutante). Et Andrews, dans la foulée, décida de donner au nouveau personnage le prénom de Margot (rapidement transformé en Margo sans « t ») tout simplement parce qu’à l’époque le producteur fréquentait une actrice nommée Margot Stevenson.
La nouvelle alliée du Shadow, « Margo Lane », fut intégrée au feuilleton radio dès 1937. Walter Gibson n’y pouvait pas grand-chose mais ne sembla pas apprécier l’ajout : il s’efforça d’ignorer l’existence de Margo dans les romans. Entre 1937 et 1941, Margo Lane resta un personnage exclusivement réservé à la version radio. A plus forte raison parce que le premier serial cinématographique du Shadow fut produit trop tôt (en 1937) pour pouvoir prendre en compte l’existence de Margo. Pire, en 1938, le second serial consacré au justicier (« International Crime ») utilisa bien une assistante/alliée du Shadow mais la rebaptisa Phoebe Lane sans raison apparente (sans doute que là le producteur de la radio n’était pas présent pour imposer le prénom de sa fiancée). Ce n’est qu’à partir de 1940 que les serials se synchronisèrent avec ce qui se passait à la radio et que Margo Lane devint un personnage régulier des versions filmées.
Dans les romans ? Elle n’existait pas ! En tout cas pas dans les premières années. Il fallut attendre 1941 pour la voir enfin mentionnée. Il semble probable que l’éditeur de Gibson exigea que l’auteur synchronise les deux versions et Margo Lane fut finalement intégrée dans les ouvrages… Malgré les protestations des lecteurs puristes qui voyaient cela comme une contamination des romans…
En fait, Margo Lane avait connu une étape intermédiaire. Avant d’apparaître dans les romans, elle avait d’abord été intégrée dès 1940 dans les BD dérivées du Shadow, publiées de deux manières. Il y avait d’une part les strips de presse et de l’autre les comic-books du Shadow (qui souvent, au début, contenaient des réimpressions des strips mais aussi quelques histoires originales). La BD était sans doute plus considérée comme une adaptation du show radio que des romans, ce qui explique que Lane soit d’abord passée par là. D’ailleurs c’était sans doute un test pour Gibson, avant de l’injecter dans ses romans. Mais malgré cela l’auteur semblait ne pas vouloir laisser à Margo les coudées franches avec le Shadow. Peut-être pour marquer son territoire par rapport à un personnage qu’on avait injecté de force dans sa mythologie, Walter Gibson introduisit alors une autre femme dans l’équation. Une femme qui n’était pas mentionnée à la radio ou dans les romans.
En février 1942, le strip de presse du Shadow entama une nouvelle saga dans laquelle le héros et ses agents luttaient contre un malfaiteur nommé Althor. Ce dernier avait dans son entourage une danseuse blonde nommée Valda Rune (par opposition à Margo Lane qui était représenté comme étant brune). Valda était dans le camp d’Althor et de ce fait une ennemie du Shadow. Mais Walter Gibson était assez attaché à l’idée de rédemption (plusieurs des agents du Shadow étaient d’anciennes crapules qui avaient décidé de changer de vie et de se racheter). Quelques temps plus tard, Skeets Harley, un des agents du Shadow, expliqua qu’une Valda repentante voulait les aider à capturer Althor. D’ailleurs cette présentation donna lieu à une situation assez particulière. Les strips étaient réimprimés de manière aléatoire dans le comic-book publié de manière parallèle. Il est possible que la version strip était plus libre, moins sujette à des pressions des associations de moralité et que certains segments jugés trop violents pour être reproduits dans les comics. Ou tout simplement l’éditeur avait une gestion chaotique du matériel. Ce qui fait que la saga initiale dans laquelle furent publiés les débuts d’Althor et de Valda fut seulement publiée en strips, pas dans le comic-book. Les lecteurs de cet autre support firent donc directement la connaissance de la danseuse blonde dans l’épisode où elle apparaît pour se racheter (Shadow Comics vol.2 #6, septembre 1942). Sans que ce public puisse vraiment savoir de quoi elle voulait se racheter ! Le Shadow et ses agents acceptèrent rapidement la rédemption de Valda et lui firent confiance. Tous, sauf une : Margo Lane vivait visiblement mal l’idée de ne plus être la seule femme dans ce petit cercle. Margo était une jeune femme issue des couches aisées et on sentait Valda beaucoup plus canaille, issue des bas-fonds. Valda était, en un sens, une sorte de mise-à-jour du concept de Myra Reldon (Walter Gibson prenant cette fois la précaution de ne pas la spécialiser dans de seules enquêtes asiatiques). A noter que, bizarrement, les deux jeunes femmes ne tentèrent pas vraiment de séduire le Shadow. Il était trop mystérieux, trop hors d’atteinte. S’il y avait bien un triangle amoureux, il s’organisait plutôt autour de Skeets Harley, le premier qui avait fait confiance à Valda. Et la brune Margo semblait ne pas pouvoir supporter qu’on lui préfère une autre femme.
A partir de mars 1942, le strip s’employa donc à mettre en marche le retour du terrible Althor, avec cette fois Valda qui était du côté des bons. L’épisode fut modifié et réutilisé dans les comics quelques mois plus tard (Shadow Comics vol.3 #2, mai 1943), en s’inspirant d’un des romans basés sur les aventures du héros. Walter Gibson avait plus de dix ans de romans du Shadow derrière lui et, quand il avait besoin d’alimenter la BD, il avait toujours la solution de reprendre et de modifier le synopsis d’une vieille histoire. En l’occurrence il s’inspira de The Black Hush, un roman du Shadow remontant à 1933 dans laquelle une invention diffuse un rayon noir qui a la particularité de neutraliser tout mécanisme ou énergie, coupant les moyens de communication.
Gibson (ou un assistant) transforma l’histoire en la rebaptisant The Black Ray (« le rayon noir »). Pourtant ce qui marque sur la première page, dans la scène de présentation, c’est que si on voyait bien le rayon noir en question (qui sert à faire ressortir le titre), le Shadow est surtout occupé à combattre… une panthère noire. Quand à Valda, elle porte une combinaison moulante sombre, d’où dépasse une queue féline… Est-ce que Valda serait devenue une sorte de criminelle costumée ?
Au début l’histoire prend cependant son temps. Margo Lane explique à Lamont Cranston (une des différentes identités civiles du Shadow) que le jeune Skeet Harley l’a invité à une soirée de sa fraternité (l’équivalent d’un bal de promo). On peut d’ailleurs se demander si cette chipie de Margo ne tente pas de se servir de Skeet pour rendre jaloux Lamont. Mais ça ne marche pas. L’homme reste de marbre. Bien au contraire il explique qu’il se rend lui aussi à la même adresse. Mais que ferait Lamont dans un bal de fraternité ? Margo et Lamont vont donc partager le même taxi. Bien que le chauffeur ne soit pas nommé dans cette scène, il s’agit de Moe Shrevnitz, un personnage assez courant dans les romans à partir de 1934, qui était devenu le « taxi personnel » du Shadow après avoir été sauvé de gangsters qui voulaient le tuer pour lui voler son véhicule. Utilisé de manière courant dans les romans pour véhiculer le Shadow/Lamont à travers la ville, Moe était aussi présent dans la version radio. On le croisait également à l’occasion dans la BD et il était, de fait, un des rares agents à exister sur les trois supports. Mais au même moment, Skeet Harley est déjà au rendez-vous. Il attend Margo dans la rue et est convaincu que c’est elle quand un taxi s’arrête. Il se précipite d’ailleurs en prononçant son prénom… Mais c’est une blonde qui en surgit : Valda est très étonnée de rencontrer Skeet, lui demande ce qu’il fait là et le jeune homme, qui n’a visiblement pas trop envie d’expliquer à la jeune femme qu’il en a invité une autre, se met à bafouiller. Il change alors de sujet de conversation et lui demande, à elle, ce qu’elle fait dans le quartier.
En prenant Skeet par le bras, Valda explique alors qu’elle est sur la piste d’Althor, le « maître comploteur ». Elle a découvert qu’il possède une boutique de déguisements dans la rue. Le jeune homme oublie aussitôt ses projets de bal et décide d’aider la jolie blonde pour voir ce qu’il en est. Tous deux s’introduisent dans la boutique et, en voyant les différents costumes, Valda explique qu’il s’agit de déguisements pour les hommes de mains d’Althor (en réalité le dessin représente des tenues assez pittoresques comme des armures ou des robes de princesse, pas vraiment ce qu’il faut pour passer inaperçu dans la rue). Skeet trouve une porte fermée et en déduit qu’elle mène sans doute au repaire des malfaiteurs. N’ayant pas besoin de plus de preuves, Valda ordonne à Skeet d’aller chercher le Shadow. Elle surveillera les lieux en attendant.
Restée seule, Valda est cependant prise d’une curieuse idée : « Je vais jouer la sécurité et enfiler moi-même un costume ! ». Au premier abord on se demande bien en quoi se déguiser assurerait sa sécurité si elle était découverte par les hommes d’Althor. Mais elle explique à voix haute, en enfilant un costume noir comme la nuit : « Ils ne peuvent pas voir le Shadow parce qu’il porte un costume noir… Ils ne me verront pas dans celui-ci ! ». En fait le Shadow ne se contente pas de se camoufler grâce à un costume noir. Il arrive à se fondre dans l’environnement et à devenir pratiquement invisible grâce à une grande discipline mentale et à des dons d’hypnotisme. Mais sans doute Valda, nouvellement arrivée dans l’organisation, n’est-elle pas au courant. Même pour la plupart de ses agents le Shadow reste un être mystérieux. Néanmoins c’est à cause de cette idée que Valda enfile le costume noir : un déguisement de panthère ! Pour se cacher le visage, elle enfile aussi le masque (en forme de tête de chat). La voici déguisée en féline… Son allure fait alors forcément penser à la version classique de Catwoman ou, plus encore, à l’héroïne Miss Fury. Mais nous y reviendrons…
Pendant ce temps Skeet n’a pas eu de chance. A peine sorti de la boutique il a été fait prisonnier par les hommes d’Althor (déguisés de manière ridicule : certains sont habillés en pirates tandis qu’un autre ressemble à une sorte de Peter Pan avec des ailes de papillon dans le dos). Avant que le taxi de Margo et Lamont arrive dans la rue, la bande a déjà forcé Skeet à rentrer dans l’édifice. Le jeune homme ne pourra pas donner l’alerte. Heureusement pour lui, nul n’est besoin. Si Lamont Cranston se rendait à cette adresse, ce n’est pas par hasard. Le héros a visiblement mené une enquête similaire à Valda et en est arrivé aux mêmes conclusions. Il sait que la boutique appartient à Althor. C’est ça qu’il est venu voir dans cette rue. Et il s’inquiète. Si le repaire des gangsters est bien ici alors Skeet pourrait avoir des ennuis !
Dans la case suivante, Margo et Lamont ont trouvé le temps de s’introduire dans la boutique de déguisement. Le héros lui-même a enfilé ses vêtements noirs du Shadow ainsi que l’écharpe rouge qui lui cache le bas du visage. Parmi tous les vêtements, Margo s’arrête sur un indice en apparence dérisoire. Un sac de femme qui a l’air ancien. Ce qui étonne Margo c’est qu’il soit marqué de la lettre V. Le « V de la Victoire » pense la jeune femme. Et c’est ce qui l’étonne car, de façon induite, puisque la guerre est encore récente, elle s’étonne de trouver ce V sur un accessoire plus ancien. Le Shadow, pendant ce temps, a repéré la porte qui mène au Q.G. d’Althor. Il se retourne alors pour expliquer à Margo que le V n’est absolument pas là pour marquer la victoire. Ce sac appartient à Valda ! Ca se complique. Sachant deux de ses alliés dans l’endroit, le Shadow ne désire pas mettre une personne de plus en danger. Il ordonne à Margo de retourner l’attendre au taxi. La jeune femme, elle, est sidérée : « Alors Valda est liée à tout ça ? Pas étonnant que Skeet m’ai posé un lapin ! ».
Pendant ce temps Valda a suivi son idée première. Elle est arrivée à s’introduire dans les tunnels des gangsters, toujours déguisée en femme-chat. Elle aperçoit alors la bande qui entraîne Skeets. Les bandits présentent alors leur prisonnier à Althor. Ce dernier reconnaît tout de suite Skeet, auquel il a déjà été confronté dans l’aventure précédente (celle qui n’a été publiée que dans le strip, pas dans la version comics). Au loin Valda reconnaît son ex-allié. Se démasquant, elle apparaît alors à couvert et explique à Althor qu’elle a manipulé Skeet. Elle désirait justement qu’on le capture pour qu’il serve d’appât. Il s’agit en fait d’attirer le Shadow et de le piéger. « Bon boulot ! » s’exclame Althor. Et Skeet, pendant ce temps, a tout le loisir de se demander s’il ne s’est pas fait avoir…
Althor ne s’étonne pas de retrouver la danseuse déguisée en panthère. Il ordonne sur le champ qu’on enferme Skeet dans une cellule. Valda, elle, se dit intérieurement qu’elle va jouer le jeu pour plus en apprendre sur le plan d’Althor. Nous sommes donc rassurés. Valda n’est pas réellement revenue dans le camp du Mal. Elle joue un double jeu mais n’a pas trahi le Shadow et ses amis. Mais la duplicité est visiblement un trait féminin dans l’esprit des auteurs. Tandis que le Shadow s’est lui aussi introduit dans les tunnels, Margo n’a pas obéit. Elle n’est pas retournée au taxi. Au contraire elle a alors une idée assez similaire à celle de Valda. Elle trouve les habits civils de Valda et en déduit que, déguisée, elle a du s’introduire dans l’antre des bandits. Comme Margo cherche toujours à prouver qu’elle au moins égale mais sinon supérieure à Valda, elle décide de suivre un plan similaire. Elle s’empare d’un déguisement de fantôme (une sorte de drap blanc avec une capuche qui cache son visage) et s’aventure elle aussi dans le réseau de tunnels.
L’ennui, c’est qu’elle n’a pas mis le Shadow au courant de son plan. Le héros rôde déjà dans les tunnels en se servant de ses dons pour rester invisible. Margo passe donc devant le Shadow sans s’en rendre compte. Inversement le Shadow, en voyant cette silhouette blanche, est convaincu qu’il s’agit d’Althor ou d’un complice de ce dernier qui tenterait d’affoler les curieux en faisant croire à l’apparition d’un fantôme. Un quiproquo s’installe et le Shadow prend donc en filature son amie sans le savoir.
Pendant ce temps, Althor a commencé d’expliquer son plan à Valda. Installé devant un projecteur noir, le gangster explique à la jolie blonde, toujours habillée dans une tenue féline, qu’elle devra lui tirer dessus une fois qu’il aura actionné le projecteur de lumière noire. Althor lui tend son propre revolver et la jeune femme saute sur l’occasion : Elle va pouvoir tirer sur Althor avec sa propre arme et stopper la bande. Mais quand la lumière noire est activée et que la danseuse entre dans le rayon sombre, elle tire mais rien n’arrive. L’arme ne marche pas ! Althor explique alors que cette invention neutralise toutes les armes ! L’idée est de bloquer les revolvers du Shadow quand il viendra les traquer. D’ailleurs une alarme s’active ! Althor comprend que le Shadow approche et ordonne qu’on active la lumière noire.
Quand l’intrus arrive, Althor lui saute dessus. Mais Valda comprend vite que ce n’est pas le Shadow. C’est une personne recouverte d’un drap blanc. Quand on l’extirpe de ce déguisement, Valda reconnaît Margo Lane. Cette dernière, elle, est surprise de la tenue de sa rivale : « Salut Valda ! Comme ce costume te vas bien ! Miaou ! ». C’est loin d’être un compliment sachant la jalousie entre les deux femmes. Valda est déguisée en chat noir, symbole de la malchance et c’est très certainement ce à quoi Margo fait allusion. Althor ordonne qu’on l’enferme dans la même cellule que Skeet. Pendant ce temps le Shadow, toujours en mode invisible, a emprunté un autre chemin. Le détour fait qu’Althor a tout le temps d’expliquer à Valda le reste de son plan. Il lui présente Nagu, une panthère noire qui a tout spécialement été dressée pour tuer dans l’obscurité. La bête profitera de l’obscurité du rayon noir pour tuer le Shadow. Et comme les armes de ce dernier ne fonctionneront pas à cause du rayon…
Mais pendant ce temps Skeet et Margo ne restent pas les deux pieds dans le même sabot. Le jeune homme arrive à se glisser par une espace entre le haut de la cage et la voute du tunnel. Skeet a expliqué à Margo qu’il fait toujours confiance à Valda. Margo se fait un peu tirer l’oreille mais son compagnon de captivité insiste. Finalement Skeet arrive à passer de l’autre côté des barreaux et s’empare du déguisement de fantôme que portait la jeune femme. Elle prévient : « Sois prudent ! Ils m’ont attrapé quand je portais cette tenue ! ». Skeet n’est pas impressionné : « Ils auront une surprise s’ils tentent de capturer ce fantôme ! ». De son côté Valda a compris (sans doute après avoir vu Margo) que le Shadow se trouve dans l’édifice. Elle décide d’aller à sa rencontre et commence par aller demander aux prisonniers où leur chef se trouve. Il n’y a plus que Margo, qui ne se montre pas très coopérative : « Tiens, si ce n’est pas « Pussycat » Valda qui recherche le petit Skeet pour pouvoir le protéger ! ». Mais la blonde explique : « Il a besoin de protection ! Il y a une panthère en liberté ! Si tu vois le Shadow, préviens-le ! ». On l’aura compris la brune et la blonde ne sont pas très copines. Valda repart sans pour autant libérer Margo (peut-être aussi parce qu’elle pense que derrière les barreaux l’autre femme ne risque pas d’être attaquée par le fauve). Valda préfère se mettre à la recherche de Skeet.
Bientôt le Shadow arrive devant la cellule de Margo et tandis qu’il la libère en cassant le cadenas de la porte (c’est qu’il est costaud, le Shadow !), cette chère mademoiselle Lane reste aveuglée par la jalousie : « Valda rôde et tente de tout faire passer sur le dos d’une panthère ! ». On comprendra que le scénariste avait sans doute dans l’idée de jouer sur la confusion. On parle d’une panthère et, comme par hasard, Valda porte un costume de panthère noire. A un certain niveau l’auteur voulait sans doute multiplier les quiproquos. C’est d’ailleurs ce qui se passe dans la scène suivante. Skeet, toujours déguisé en fantôme blanc, aperçoit la vraie panthère. Mais de loin il croit qu’il s’agit de son amie : « Salut, Valda ! Ce costume est sacrément réaliste ! ». C’est à ce moment-là que Valda (la vraie, surgit dans la pièce. Trop tard : Le fauve est en train de bondir vers Skeet pour l’attaquer. Valda se précipite vers le jeune homme pour essayer de le protéger mais il semble bien que tous les deux vont être tués par la bête. Heureusement le Shadow, toujours invisible, est là. Il s’empare du fauve en plein bond et l’affronte à mains nues. Il ne prend cependant pas le temps de s’arrêter.
Alors que Valda et Skeets restent seuls dans la pièce (on ne sait pas trop où le Shadow a disparu avec la bête), la danseuse au costume noir s’écrie : « Seul le Shadow a pu arrêter cette panthère ! Maintenant aidons-le à trouver Althor ! ». Mais c’est le gangster et un de ses hommes de main qui les trouvent les premiers. Ils bondissent sur le fantôme blanc, pensant sans doute qu’il s’agit toujours de Margo. Puisque c’est Skeet sous le drap, rien ne les prépare à ce que leur cible soit plus musclée. Skeet arrive à renverser l’homme de main. Les deux agents du Shadow profitent alors de la confusion pour glisser le drap du fantôme derrière une grille fermée. Valda (avec son costume noir qui la rend presque invisible dans le noir) manipule le drap de manière à ce qu’on croie que le fantôme est passé à travers les barreaux. Althor est stupéfait. Il y aurait donc quelque chose de vraiment surnaturel ?
Plus tard le Shadow arrache le drap et découvre Valda. Celle-ci lui jure ces grands dieux qu’elle veut une seule chose. L’aider ! Le héros lui dit qu’elle peut le faire si elle sait comment ouvrir une porte qui bloque le passage. Valda tente le coup mais elle découvre que c’est une porte coulissante. Elle ne s’y attendait pas et, dans son élan, elle tombe à la renverse. La queue de chat de son costume reste coincée dans cette porte et le costume se déchire sous la poussée. Bientôt Valda se retrouve nue (mais le cadrage nous cache l’essentiel de son anatomie) : « Je vais devoir me débrouiller sans ce costume de chat ! ». Ce qui, au passage, laisse entendre que Valda ne porte pas de sous-vêtements, ce qui était loin d’être la norme à l’époque et renforce le côté sulfureux du personnage, en tout cas dans son ère d’origine. Pendant ce temps le Shadow a pénétré dans la pièce où Althor garde son « rayon noir ». Ce même Althor qui, de son côté, a récupéré la panthère Nagu. Apparemment ni Althor ni le scénariste ne se souviennent que le Shadow n’a fait qu’une bouchée du félin. Le gangster ordonne donc qu’on actionne le projecteur de lumière noire (celui qui bloque l’usage des armes) et lâche la panthère. Elle disparaît avec le Shadow dans l’obscurité. Les bandits entendent le bruit d’une gâchette qui fonctionne sans bruit de tir. Puis un grand choc. Ils pensent l’affaire réglée et rallument la lumière normale. A leur grande surprise ils trouvent la panthère inconsciente et un Shadow triomphant. Il s’est joué d’eux: il a seulement fait semblant d’utiliser un revolver qui n’avait plus de balles. Et dans le noir, il s’est contenté de refermer la porte d’entrée de manière à ce que le fauve s’assomme en lui bondissant dessus. Puis Margo et Skeet font irruption dans la pièce. Althor et son seul complice restant préfèrent s’enfuir en voiture. Le Shadow et Skeet sautent alors dans un autre véhicule qui transporte une version portable du rayon noir.
Restée dans le labyrinthe de tunnels, Margo retrouve Valda, toujours nue, qui se cache derrière une porte. La blonde dévêtue demande alors à l’autre femme de lui trouver des vêtements de rechange dans la boutique de déguisements. Mais Margo, sans doute par pur caprice, revient en disant qu’elle n’a pas trouvé les habits laissés par Valda. Elle lui ramène donc la seule « chose de style » qu’elle a pu lui trouver : Une robe imitant le style de la fin du 19ème siècle. Ainsi habillée, Valda ressemble à une ringarde. Margo lui jure alors que le rétro revient à la mode ces derniers temps.
De l’autre côté de la ville, la poursuite entre les deux voitures continue. Le Shadow s’impatiente et demande à Skeet d’actionner le rayon noir qu’ils transportent (Althor est un sacré idiot : c’est ce véhicule qu’il aurait du prendre !). La voiture d’Althor entre alors dans le rayon d’obscurité. Le gangster ordonne alors à son complice de préparer une bombe : pendant que le rayon noir est sur eux elle ne risque pas d’exploser. Et sans doute (mais le scénario ne nous dit rien à ce sujet) que le dit complice est capable de finaliser une bombe en pleine obscurité. Le Shadow est pourtant plus malin qu’eux. Il les prend de vitesse en exigeant que Skeet éteigne le rayon noir sans attendre. La bombe s’active avant qu’Althor ait pu réagir. Les deux gangsters sont soufflés (et sans doute tués) par l’explosion.
Quand Skeet et le Shadow reviennent au magasin de déguisements, ils trouvent les deux femmes. Margo se moque ouvertement de Valda dans sa tenue démodée : « Salut Skeet ! Je te présente une vieille gravure nommée Valda ! ». La blonde est furieuse mais Skeet ne réagit pas de la manière attendue. Au contraire il trouve que la tenue va bien à Valda et décide qu’elle est parfaite pour l’accompagner au bal de ce soir. Car c’est justement un bal costumé ! Avant de partir avec Skeet, Valda se retourne vers Margo pour se moquer d’elle : « Tu auras peut-être plus de chance l’an prochain, Margo ! ». Consternée, la jolie brune comprend alors que si Skeet lui avait donné rendez-vous devant cette boutique c’était justement pour choisir un déguisement. En donnant cette tenue à Valda, Margo a d’une certaine manière fait le jeu de sa rivale. En allumant une cigarette, Lamont Cranston termine l’histoire en ironisant : « Tu as finalement tout compris, Margo ! ».
Cette histoire ne semble pas avoir d’équivalent dans les romans du Shadow. C’est peut-être un synopsis de Walter Gibson qui aura été refusé par son éditeur littéraire car on sent en plusieurs endroits que le récit était prévu pour être plus long et plus détaillé, avec un jeu de confusion entre les personnages (les différentes personnes portant le drap du fantôme à un moment ou à un autre, Valda et la panthère noire qu’on confond…). Il y a aussi quelques autres indices que cette histoire était prévue pour la continuité des romans. L’idée du rayon noir était, nous l’avons dit, largement inspirée d’un roman antérieur du Shadow, The Black Hush (1933). Mais à la fin du livre cette première version du projecteur de lumière noire avait été détruite. Pourtant dans un autre pulp (Crime Insured, publié en 1937), des gangsters envahissent le QG secret du Shadow (le « Sanctum ») et il est fait mention d’un projecteur de lumière noire qui trône parmi les trophées du héros. Puisque celui du Black Hush a été détruit, cela semble indiquer qu’entre 1933 et 1937 le Shadow était supposé avoir affronté un autre rayon noir. Peut-être une nouvelle restée inédite ou retravaillée d’une manière ou d’un autre, qui sera restée dans les cartons.
L’image de la belle Valda dans sa tenue noire évoque de nombreux modèles de femmes fatales propres aux comics. A commencer par Catwoman. Mais, comme nous l’avons déjà vu dans cette rubrique, le look de Catwoman ne s’est fixé que dans l’après-guerre. Vers 1942 la tenue de Selina Kyle était plus banale que celle portée par Valda Rune. Ceux qui auront suivi le fil de nos précédentes chroniques se tourneront alors vers un autre modèle. La femme-chat avant Catwoman : la Miss Fury créée par Tarpe Mills. Dans un article titré « The Shadow: Strange Creature in Black – The Comic Book Years » disponible sur www.shadowsanctum.com, le spécialiste du Shadow Todd D. Severin rapporte d’ailleurs une anecdote assez croustillante à ce sujet : Lors de la sortie de la version comic-book de cette histoire du Shadow, l’éditeur Bell Syndicate (qui publiait les aventures de Miss Fury dans la presse) aurait pris ombrage de la ressemblance entre le déguisement de Miss Fury et celui de Valda Rune (et il est vrai qu’ils sont pratiquement identiques). Gibson, qui n’était pas homme à se laisser impressionner, aurait alors produit une liasse des strips originaux publiés dans la presse un an avant l’apparition de Miss Fury. Gibson aurait alors menacé de porter lui-même plainte contre le Bell Syndicate si ce dernier s’entêtait dans sa procédure. Le Bell Syndicate aurait préféré faire marche arrière plutôt que de risquer de se faire accuser de plagiat. Valda Rune modèle de Miss Fury, c’est une bien belle histoire qui ferait de notre jolie blonde une ancêtre de nombreuses femmes-chats. Mais c’est une histoire fausse, ou en tout cas tronquée.
Même s’il est bien possible que Gibson se soit vanté d’avoir fait peur à l’éditeur de Miss Fury, les choses ne peuvent pas être intervenues dans cet ordre. Le premier strip de Miss Fury est paru dans la presse en avril 1941. La première version de Valda Rune déguisée en femme-chat est parue fin mars 1942 dans les strips puis en 1943 dans les comics. Si le Bell Syndicate s’était offensé de la ressemblance entre Miss Fury et Valda dans son costume Pussycat, il n’aurait sans doute pas attendu la parution en comics et se serait manifesté dès l’étape des strips, en 1942. Et, dans tous les cas, Gibson aurait été bien incapable de produire une liasse de strips de sa femme-chat datant de 1941. A partir de là cette anecdote ne peut fonctionner que de deux manières. Il est probable que ce n’est pas le Bell Syndicate qui s’est offusqué de la parution en comic-books mais bien les éditions Timely (futur Marvel) qui à l’époque réimprimait les strips de Miss Fury sous forme de fascicules. Il parait logique que ce soit Timely/Marvel qui se soit étonné de la présence d’une copie dans un comic édité par un concurrent. Et éventuellement Gibson pourrait leur avoir fait cette réponse sans plus y réfléchir, en se basant sur les dates de parutions des réimpressions de Timely. Le bluff aurait fonctionné. Ou Timely et le Bell Syndicate n’aurait pas insisté en constatant que le costume était détruit au bout de quelques pages, laissant peu de chance qu’on revoit cette « Pussycat » dans l’état. L’autre possibilité c’est que Gibson ait produit non pas une liasse de strips mais bien un synopsis pour un roman antérieur, écrit avant 1941. L’auteur aurait alors défié le Bell Syndicate de le poursuivre et l’éditeur de Miss Fury aurait préféré en resté là pour des raisons déjà évoqués (fin du costume félin).
Quel but Gibson poursuivait-il vraiment en déguisant Valda de la sorte ? On notera que l’auteur prend soin, à un moment, de faire dire à son personnage qu’avec sa tenue noire elle pourra se fondre dans l’obscurité de la même manière que le Shadow. Ce qui fait que sa pseudo-Catwoman ressemble à une version féminine du Shadow. Même en termes d’autonomie la belle Valda semble se débrouiller mieux que les autres agents de l’Ombre. Souvenons-nous qu’elle trouve, seule, le repaire d’Althor et trouve le moyen d’y arriver avant le Shadow. La ressemblance réelle avec la Catwoman de DC se trouve également à un autre niveau, dans le besoin de rédemption de Valda et le fait qu’on (en tout cas Margo) ne lui laisse oublier sa vie passée, tandis que le Shadow semble ne pas douter de son envie de se racheter. C’est exactement le schéma vu dans Batman, quand Robin ne cesse de se méfier de Catwoman tandis que Batman, d’office, semble détecter en elle une capacité à faire autre chose que le mal. Valda comme Catwoman semblent vouloir échapper à leur passé mais la société (en dehors du héros principal de la série concernée) ne semble pas prête à les accepter. Valda serait donc en vérité inspirée par Catwoman non pas au niveau du costume mais en termes de mentalité ? C’est possible mais pas certain. Il existe une ultime possibilité… française.
Le Shadow était un concept avec un certain nombre de racines françaises. Au moment de donner une apparence à un personnage qui jusque-là n’existait qu’à la radio, l’éditeur avait purement et simplement allégrement copié l’esthétique d’un héros français nommé Judex. Création de Louis Feuillade et Arthur Bernède, Judex avait fait l’objet d’un serial en 1917 puis d’un autre (réalisé par Maurice Champreux, gendre de Louis Feuillade) en 1934. Un des premiers cartons de texte du serial muet présentait « L’Ombre Mystérieuse » (« The Mysterious Shadow »). Il semblerait que Judex ait profité d’une diffusion plus ou moins légale aux USA (il n’était pas rare que des exploitants revendent des bobines de films à d’autres pays). Et au moment de donner un visage au Shadow, on se serait simplement inspiré de ce « Mysterious Shadow ». La ressemblance Judex/Shadow est frappante et laisse peu de place au doute. Le feuilleton radio du Shadow avait un autre lien avec la culture française. Le générique du show était un air du compositeur français Camille Saint-Saëns. Mais en quoi cela nous éclairerait sur la genèse de Valda ? L’apparence du Shadow démontre que Gibson ou son éditeur était au moins en partie exposés au travail de Louis Feuillade et Arthur Bernède.
Un travail dans lequel on retrouvait, dans le rôle de l’antagoniste, la terrible Diana Monti, jouée par la comédienne Musidora (de son vrai nom Jeanne Roques). Spécialisée dans les rôles de femmes fatales, Musidora apparaît à l’occasion dans des combinaisons noires. En particulier dans un autre serial de Feuillade, les Vampires, où Musidora joue la voleuse Irma Vep (anagramme de « Vampire »). Ce rôle lui vaudra le surnom de « Vamp », ce qui donnera naissance à cette expression dans le langage populaire, y compris de l’autre côté de l’Atlantique. Même si Irma Vep n’a pas d’attribut félin, il en faudrait peu pour la transformer en Valda Rune. Officiellement la base de données IMDB place la date de sortie américaine du serial « les Vampires » en 1965. Or, en cherchant un peu dans la presse des années 20-30, on trouve divers articles (par exemple le Evening Independent du 7 mai 1923) qui font état des films de Musidora, allant jusqu’à faire des portraits de l’actrice… Qui la représentent dans sa combinaison noire. Il semble donc certain que les films de Feuillade ont circulé aux États-Unis à cette période et quelqu’un qui se serait assez intéressé à Judex pour lui emprunter divers éléments n’aurait pas manqué Les Vampires, film beaucoup plus provoquant pour l’époque. Quelqu’un n’aurait même pas été obligé de voir les films pour tomber sur un article consacré à Musidora, la représentant dans sa tenue noire. L’explication vaut d’ailleurs autant pour Gibson en train d’écrire le Shadow que pour Tarpe Mills en train de créer sa Miss Fury !
Pour ce que j’ai pu en lire, Valda ne fut pas utilisée dans les autres médias. Néanmoins, soulignons que plus de 335 romans ont été consacrés au Shadow, tandis qu’on compte 665 épisodes du show radio. Sur ces 665 épisodes, plus de 400 n’ont pas été conservés (il n’était pas courant de garder des archives à l’époque). On ne peut donc être totalement certain que cette histoire n’est pas en partie adaptée du show radio, où un équivalent de Valda aurait utilisé un costume similaire. Ce qui est sûr c’est que la Valda des BD, même privé de son costume de « Pussycat » allait continuer à hanter les pages des comics books comme une alliée fidèle du Shadow. Elle serait régulièrement l’objet de la jalousie de Margo mais, au fil des ans, Valda se désintéresserait de Skeet pour changer de fonction.
Dans l’après-guerre l’éditeur du Shadow allait en effet tenter d’imposer un nouveau personnage, Shadow Junior, le sidekick du Shadow. Et Shadow aurait ses propres aventures dans lesquelles il serait accompagné de Valda (ce qui permettait de dégager le terrain pour Margo dans les récits du « vrai » Shadow). Valda serait un élément régulier des comics pendant au moins cinq ans… Mais cette fois elle ne se déguiserait plus en femme-chat. Aujourd’hui Valda est un personnage largement oublié de la mythologie du Shadow. Elle n’est revenue sur aucun support ces dernières décennies, qu’il s’agisse des films ou des différentes BD qui font vivre l’univers du Shadow. Margo Lane, au début plus terne, a gagné par défaut et semble s’être inscrite dans l’imagerie collective comme la seule femme dans l’entourage du Shadow. Valda serait donc la grande perdante de la rivalité qui opposait les deux femmes ? Pas forcément. Car depuis plusieurs décennies les comics-books (s’alignant sur les films) ont représenté Margo Lane non plus comme une brune mais bien… comme une blonde. Est-ce que c’est Margo Lane qui a éclipsé Valda ? Il semble plutôt qu’à la longue les deux personnages ont fusionné…
[Xavier Fournier]
Plutôt bizarre qu’elle se retrouve nue alors que dans la scène où elle enfile son costume noire, elle porte des sous-vêtements.
Oui c’est vrai…
J’ai l’impression que le degré de puissance du Shadow varie selon les supports et les auteurs ; certains le présentent comme une sorte d’illusioniste , alors que d’autres , comme dans cette histoire, lui donnent des super-pouvoirs dignes du Pr Xavier. Quand à Chaykin, il en a carrément fait une sorte de méta-humain.
Mais je me suis toujours demandé quelle était la « vraie » explication » de ses dons, c’est-à-dire celle que Gibson avait en tête ?
En gros, oui, selon les auteurs les capacités du Shadow varient énormément. Pour certains c’est de l’illusion, pour d’autres c’est du surnaturel. Mais le tout participe beaucoup au mystère du personnage. Il n’y a psa de « vraie » explication; plutôt un ensemble d’éléments parfois contradictoires. Mais j’ai dans l’idée de faire quelques autres chroniques sur le Shadow et ses dérivés. Donc on aura sans doute l’occasion d’en parler plus en détail.